Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/LACOMBE-SAINT-MICHEL (Jean-Pierre), conventionnel

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Administration du grand dictionnaire universel (10, part. 1p. 34).

LACOMBE-SAINT-MICHEL (Jean-Pierre), conventionnel, né dans le Languedoc vers 1740, mort en 1812. Il était capitaine d’artillerie à l’époque de la Révolution et faisait partie du corps de Broglie. Soldat depuis vingt-cinq ans et décoré de la croix de Saint-Louis, il embrassa néanmoins les principes de la Révolution avec chaleur. Aussi, lorsque Broglie prit le commandement des troupes rassemblées autour de Versailles et destinées par la cour à dissoudre l’Assemblée, il manifesta énergiquement ses sentiments patriotiques. Dans les grandes journées des 12, 13 et 14 juillet, il se joignit au peuple et contribua à la prise de la Bastille. Aussi fut-il destitué la nuit suivante. En 1791, le département du Tarn le nomma députa à l’Assemblée législative. Il prit sa place à l’extrême gauche, s’éleva, dès le commencement de la session, contre les officiers royalistes qui quittaient l’armée pour aller rejoindre les émigrés, proposa des mesures pour les punir et pour les remplacer, fit décréter la translation à Orléans des ministres et autres personnes mises en accusation par l’Assemblée, et, enfin, fit adopter plusieurs modifications importantes dans l’organisation militaire. Au 10 août, il contribua à l’attaque du château des Tuileries, fut ensuite envoyé en mission, par l’Assemblée, au camp de Soissons, puis à l’armée de Bayonne, pour faire accepter le décret de déchéance de Louis XVI, enfin en Savoie, pour destituer le général Montesquiou.

Réélu député à la Convention nationale, il y vota la mort du roi sans appel ni sursis. Peu de temps après, ses connaissances militaires et son dévouement à la cause de la Révolution le firent charger d’une nouvelle mission, en Corse, afin d’approvisionner cette île et d’y faire exécuter les décrets des diverses assemblées, relatifs à la constitution civile du clergé, aux prêtres réfractaires, etc. Il eut alors à lutter contre le parti corse qui s’était déclaré hostile à la France, résista avec une grande vigueur aux Anglais, que Paoli avait appelés dans l’île, et refusa de leur rendre Bastia. Mais les vivres ayant fini par lui manquer entièrement, il fut obligé, faute de secours, d’évacuer la Corse. De retour au sein de la Convention, il reçut bientôt une nouvelle mission auprès de l’armée des Ardennes, aux succès de laquelle il contribua avec l’énergie et la capacité qu’il a montrées dans tous les actes de sa vie publique. En février 1795, il fut nommé membre du comité de Salut public, n’eut aucune part aux excès de la réaction thermidorienne et entra, après la session conventionnelle, au Conseil des Anciens, où il fut souvent chargé de rapports sur la partie militaire, et où il soutint vigoureusement le Directoire contre la réaction royaliste, qui commençait à se démasquer, même au sein des conseils. Élu président le 28 octobre 1797, il réclama vivement, le 15 janvier suivant, des indemnités pour les citoyens acquittés par la haute cour de Vendôme (affaire Babeuf). Sorti du Corps législatif en mai 1798, il reprit son grade dans l’artillerie, fut nommé presque aussitôt ambassadeur de la République à Naples, mais quitta cette cour en 1799, fatigué des tracasseries mesquines qu’on faisait au républicain et à l’ancien conventionnel. Il rentra alors dans l’armée, fut employé successivement comme général de brigade, puis de division, enfin comme inspecteur général d’artillerie, servit avec distinction dans la campagne d’Italie, en 1805, dans le Hanovre pendant la campagne de Prusse, puis en Espagne. Mais ses fatigues et l’altération de sa santé l’obligèrent à quitter le service. Il se retira dans son domaine de Saint-Michel, où il acheva ses jours au milieu de vives souffrances. La France perdit en lui un officier de haute valeur et un citoyen austère et dévoué.