Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/LEBYD (Abou-Okil-Lebid ben Rabiat), célèbre poëte arabe

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Administration du grand dictionnaire universel (10, part. 1p. 294-295).

LEBYD (Abou-Okil-Lebid ben Rabiat), célèbre poëte arabe, né vers l’an 575, mort l’an 42 de l’hégire (662 de J.-C). Il était fils de Rebyah ou Rabiat, de la tribu d’Emir ibn-Sassaa, que sa libéralité avait fait surnommer le Rabiat des indigents. Il avait quarante-cinq ans environ et sa réputation, comme poète, était établie depuis longtemps, lorsque Mahomet commença à publier sa loi. Lebyd se montra d’abord hostile au mahométisme ; mais le prophète ayant guéri l’oncle du rimeur, par la vertu d’un crachat mêlé à une motte de terre, celui-ci se convertit à l’islamisme et ne composa plus, dit-on, d’autres vers que le chant par lequel il remerciait Dieu de son retour à la vérité. Lebyd avait hérité de l’esprit charitable de son père et se rendait matin et soir à la mosquée pour distribuer des aliments à ceux qui étaient dans le besoin. Il mourut en recommandant à ses filles de ne porter son deuil qu’une année. « Celui qui a pleuré un an entier, disait-il, ne mérite plus aucun reproche. » On connaît de lui des Satires, une Elégie sur la mort d’Ardal, son frère, et une Moullacat célèbre, traduite par M. Sylvestre de Sacy. Sous ce nom de moallacat ou moallacah (suspendus), on comprenait sept poëtnes fameux, composés pour l’avènement de Mahomet, et suspendus à la coupole de la Caaba, temple de La Mecque. Mahomet professait une haute estime pour la personne et le talent de Lebyd. « La plus belle sentence qui soit sortie de la bouche d’un Arabe, disait-il, est celle que Lebyd prononça lorsqu’il dit : Tout ce qui n’est pas Dieu n’est rien ! »