Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/LOUIS DE FRANCE, dit le Grand Dauphin, unique fils légitime de Louis XIV

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Administration du grand dictionnaire universel (10, part. 2p. 721).

LOUIS DE FRANCE, dit le Grand Dauphin, unique fils légitime de Louis XIV, né à Fontainebleau en 1661, mort en 1711. Il eut pour gouverneur Montausier, et pour précepteur Bossuet, qui a composé pour lui son Discours sur l’histoire universelle. Il profita peu des leçons de ce maître. L’étude lui faisait horreur. On rapporte qu’une dame lui ayant raconté un jour ses souffrances, « Madame, lui dit le Dauphin, faites-vous des thèmes ? - Non, monseigneur. — Eh bien ! vous n’avez qu’une idée imparfaite du malheur. » Mais s’il avait un dégoût profond pour la lecture et pour tout travail intellectuel, il excellait par contre dans les exercices du corps, et il avait une véritable passion pour la chasse. À treize ans, il assista au siège de Dole. Il eut le commandement de l’armée du Rhin en 1688, et de celle de Flandre pendant les campagnes de 1690-1693. Il avait plus de bravoure que de talents militaires ; aussi se borna-t-il à ravager le Palatinat sans oser rien entreprendre contre le prince Louis de Bade. Louis, qui fut fils de roi, père de roi, « était le plus médiocre des princes, dit Duclos. L’état de nullité où son père le tint pendant toute sa vie la lui fit passer dans une continuelle oisiveté. » Il assistait au conseil des ministres, mais sans s’occuper des affaires politiques. Tremblant devant le roi son père, il n’osait jamais, en sa présence, exprimer son opinion sur un sujet quelconque ; mais, dans l’intimité, il lui arrivait souvent de critiquer la politique de Louis XIV. « Il était, dit Saint-Simon, sans vice ni vertu, sans lumières ni connaissances quelconques, radicalement incapable d’en acquérir, très-paresseux, sans imagination, sans goût, sans choix, sans discernement, né pour l’ennui qu’il communiquait aux autres et pour être une boule roulant au hasard par l’impulsion d’autrui, opiniâtre et petit en tout à l’excès, avec une incroyable facilité à se prévenir, à tout croire, absorbé dans sa graisse et dans ses ténèbres, et qui, sans aucune volonté de mal faire, eût été un roi pernicieux. «

Marié en 1679 à Marie-Christine de Bavière, il en eut trois fils : Louis, duc de Bourgogne ; Philippe d’Anjou, roi d’Espagne ; Charles, duc de Berry. À l’exemple de son père, il eut des intrigues galantes qui firent quelque scandale à la cour. On cite notamment sa liaison avec Louise de Caumont, qui épousa en 1688 le comte de Roure ; puis son long attachement pour une fille d’honneur de Conti, Mlle  de Choin, qu’il finit par épouser secrètement. Ce prince fut emporté par une attaque de petite vérole.