Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Langue (DE L’ENSEIGNEMENT DE NOTRE), par M. Ch. Marty-Laveaux

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Administration du grand dictionnaire universel (10, part. 1p. 161).

Langue (DE L’ENSEIGNEMENT DE NOTRE), par M. Ch. Marty-Laveaux (Paris, 1872, in-12). Ce petit volume est une sorte d’introduction à une série qui doit constituer tout un Cours historique de langue française. L’auteur se propose d’examiner ces trois questions : conditions indispensables à la connaissance suffisamment approfondie d’une langue ; manière dont la nôtre a été étudiée jusqu’ici ; méthode à l’aide de laquelle elle devrait l’être. À propos de ces questions difficiles, l’auteur pose une série de problèmes intéressants. Il comprend d’une manière si vive et si piquante le rôle du dictionnaire et de la grammaire, la question embarrassante de la ponctuation, les règles de l’étymologie, qu’on doit penser que son Cours historique n’aura rien de banal et offrira un grand attrait de lecture. Bien qu’il se propose de rester populaire, il n’exclut pas de ses traités cette érudition qui fait le côté sérieux d’un livre, et qui ne le rend aride et ennuyeux qu’entre des mains maladroites. Nous nous permettrons cependant de signaler à l’auteur une question mal posée dans son programme, et qu’il comprendra mieux, nous en sommes sûr, quand il en viendra à la traiter au long : il s’agit du n final, qui se lierait toujours, à ce qu’il paraît croire, au mot suivant commençant par une voyelle : nation narmée, la population nest grande. Personne ne prononce de cette façon. Mais, en revanche, M. Marty-Laveaux ne paraît pas avoir remarqué que la liaison du n ne se fait pas toujours de la même façon, la syllabe perdant ou conservant, suivant les cas, sa nasalité : mo nhomme et j’en nai vu. Le rôle de n final est donc triple ; c’est sur cette pente aux exceptions qu’il serait, comme dit bien M. Marty-Laveaux, grand temps de s’arrêter.