Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/MARIE, surnommée Marie-roi, reine de Hongrie, fille de Louis d’Anjou, roi de Hongrie et de Pologne

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Administration du grand dictionnaire universel (10, part. 4p. 1193).

MARIE, surnommée Marie-roi, reine de Hongrie, fille de Louis d’Anjou, roi de Hongrie et de Pologne, née en 1370, morte à Bude en 1395. Elle avait douze ans lorsque, à la mort de son père, elle fut proclamée roi de Hongrie (1382), pendant que sa sœur Hedwige recevait de son côté la couronne de Pologne. Pendant la minorité de la jeune reine, la régence fut confiée à sa mère Élisabeth, princesse artificieuse, qui accorda toute sa confiance au palatin Gara, non moins artificieux et avide de pouvoir qu’elle-même. La façon déplorable avec laquelle gouvernèrent ces deux personnages excita le mécontentement des grands, particulièrement de la puissante famille Horwathi, et amena une vive fermentation dans la Dalmatie. À l’appel des magnats mécontents, Charles le Petit, roi de Naples, se rendit à Agram avec une armée, sous le prétexte ostensible de rétablir la paix en Hongrie, mais en réalité pour s’emparer de la couronne (1385). À cette nouvelle, Élisabeth s’empressa de faire conclure le mariage de sa fille Marie avec Sigismond de Luxembourg, qui devait monter sur le trône impérial, et qui alla chercher des troupes et de l’argent en Bohême ; puis elle se rendit avec Marie à Bude, auprès du roi Charles, pour connaître ses dispositions. Ce prince les tira rapidement d’incertitude en se faisant proclamer roi de Hongrie et en exigeant que Marie renonçât au trône. La jeune princesse voulut résister ; mais sa mère lui conseilla de céder à la violence et, qui plus est, la fit assister au couronnement de Charles. Quelques jours après, Charles était assassiné par un sicaire d’Élisabeth et de Gara, les italiens composant la garde royale étaient massacrés et Marie était de nouveau proclamée reine de Hongrie. Ce meurtre ne devait pas rester longtemps impuni. Élisabeth ayant conduit la jeune reine en Croatie pour y rétablir l’ordre, Ladislav Horwathi fondit sur l’escorte royale, fit décapiter Gara, noyer Élisabeth sous les yeux de sa fille et conduisit la jeune reine prisonnière à Novigrod, d’où elle fut envoyée à Naples pour être livrée à la vengeance de la veuve de Charles. Mais les Vénitiens, qui s’étaient prononcés en faveur de Marie, établirent une croisière sur les bords de la Dalmatie, firent prisonnier Jean Horwathi, geôlier de la reine, et délivrèrent cette princesse (1387). Après une année de captivité, Marie arriva à Agram, où elle trouva son époux, Sigismond, qui, à la têt d’une armée levée en Bohème, était rentré en Hongrie pour y comprimer l’insurrection. Lorsque les deux époux furent arrivés à Ofen, la diète décréta qu’ils régneraient conjointement ; mais Marie abandonna complètement à son mari la direction des affaires. Sigismond s’attacha à réduire les rebelles, s’empara de Ladislav Horwathi, qu’il fit supplicier d’une manière effroyable, pour venger la mort d’Élisabeth, et battit complètement, en 1392, Étienne, prince de Moldavie. Quant à Marie, qui eut beaucoup à souffrir des infidélités de son mari, elle mourut à vingt-cinq ans.