Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/MARIE (sainte) la Pénitente, nièce du solitaire Abraham

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Administration du grand dictionnaire universel (10, part. 4p. 1188).

MARIE (sainte) la Pénitente, nièce du solitaire Abraham, née en 445, morte en 475. Orpheline à l’âge de sept ans, elle fut recueillie par son oncle l’anachorète Abraham, qui lui fit bâtir une petite cellule près de la sienne et l’éleva dans toutes les pratiques d’une dévotion exaltée. Marie avait vingt ans lorsqu’un ermite du voisinage s’introduisit dans sa cellule sous prétexte de tirer profit de ses enseignements, surexcita son imagination et ses sens et parvint à la séduire. Peu après, la jeune fille quittait la solitude où elle avait vécu jusque-là, gagnait une ville prochaine et, s’abandonnant à toutes ses passions, devenait une courtisane. Abraham conçut une vive douleur de la conduite de sa nièce. Ayant appris le lieu où elle s’était réfugiée, il résolut d’aller l’arracher à sa vie de honteuse débauche. Il prit un habit de soldat, se couvrit la tête d’un large chapeau qui lui couvrait une partie du visage, et ainsi déguisé s’introduisit dans la maison qu’habitait Marie. Bientôt après, il était en présence de sa nièce, qui ne le reconnut point et donna l’ordre qu’où leur préparât un bon repas.

« Après qu’ils eurent fait grande chère, dit Baillet, la fille le convia d’entrer dans sa chambre pour s’aller coucher. Abraham y entra de cet air gai qu’il s’était donné et s’assit sur le lit qu’on leur avait préparé. Que. ne fait point une charité ingénieuse pour sauver une âme ?... Abraham sur cela, voyant que la fille se mettait en devoir de le déshabiller, lui dit de bien fermer la porte auparavant. Puis l’ayant fait approcher, il la prit par le bras, comme s’il eut voulu la baiser, et ôtant tout d’un coup ce grand chapeau qui lui couvrait le visage... » On devine la fin de cet épisode un peu risqué dans la vie d’un illustre anachorète. « Dès le point du jour, Abraham prit sa nièce en croupe, ou plutôt il la mit sur son cheval qu’il conduisait à pied, et s’en alla joyeux comme le pasteur qui a retrouvé la brebis qu’il avait perdue et qui la rapporte sur ses épaules. »

Dès lors Marie vécut saintement, partageant ses heures entre la prière et la méditation des Écritures, jeûnant et pleurant sans cesse ses erreurs d’autrefois. C’est ainsi qu’elle mourut à l’âge de trente ans. L’Église l’honore le 29 octobre.