Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/MONTMORENCY (Matthieu II DE), petit-fils du précédent, surnommé le Grand ou le Grand connétable
MONTMORENCY (Matthieu II DE), petit-fils du précédent, surnommé le Grand ou le Grand connétable, né vers 1174, mort en 1230. Toute sa vie fut une suite de faits glorieux. Il se distingua au siège de Château-Gaillard et contribua à la conquête de la Normandie sur les Anglais (1203), prit part à la bataille de Bouvines (1214) et fut nommé connétable en 1218. Il commanda l’armée de Louis VIII dans la glorieuse campagne contre les Anglais, par laquelle ce prince inaugura son règne ; la Saintonge, le Périgord, le Limousin furent repris, et les Anglais, réduits à la Guyenne et à Bordeaux, eussent peut-être été chassés si Louis VIII n’eût eu la malheureuse pensée de s’engager dans la croisade contre les albigeois. Ce roi, se sentant mourir, confia son fils aîné (Louis IX) au connétable :
Et Mahin de Montmorency
Proia-til que par sa mercy
Présist en garde son enfant ;
Et il l’ottroya en plorant.
(Chronique de Philippe Mouskes, évêque de Tournay.)
Montmorency tint fidèlement sa promesse et fut le plus ferme appui de la reine Blanche, régente de France. Il mourut en 1230. Par ses alliances et celles de ses aïeux, il tenait à toutes les maisons souveraines de l’Europe.
MONTMORENCY (Matthieu IV DE) dit le Grand, grand chambellan, mort vers 1305. Il prit part aux expéditions de la Pouille et de l’Aragon, où il donna des preuves de sa brillante
valeur, reçut de Philippe IV la terre de Damville et la charge de grand chambellan, se signala en 1294 sous Charles de Valois en
Guyenne, et fut mis en 1295 à la tête d’une flotte
avec laquelle il incendia Douvres et ravagea
la côte d’Angleterre. Par la suite, Matthieu
donna de nouvelles preuves de bravoure à
Fumes, à Courtrai et à Mons-en-Puelle
(1304).
MONTMORENCY (Charles DE), mort en 1385.
Il se distingua par ses exploits militaires. Il devint grand panetier en 1336, maréchal en
1343, fit le siége de Nantes et força Jean de
Montfort à se rendre, se battit ensuite contre
les Anglais en Guyenne, assista à la malheureuse bataille de Crécy et escorta Philippe VI dans sa fuite (1345). L’année suivante, il devint chambellan, capitaine général sur les
frontières de Flandre, battit les Flamands
près du Quesnoy (1348), et prit part à la bataille
de Poitiers. En 1360, il fut l’un des négociateurs du traité de Brétigny, si funeste aux intérêts de la France, puis dut se rendre
en Angleterre comme un des otages du roi Jean. Par la suite, Charles V l’admit dans son conseil et le choisit pour parrain du dauphin,
depuis Charles VI. — Son fils, Jacques de Montmorency, né en 1370, mort en 1414, prit part à la bataille de Rosbecque (1382), fut
chambellan de Charles VI et prit le titre de premier baron de France, comme étant le plus ancien baron du domaine royal.
MONTMORENCY (Jean II DE), chambellan,
né en 1402, mort en 1477. Il s’est fait connaître
par sa fidélité à la couronne de
France. Dépouillé par les Anglais de ses domaines
dans l’Île-de-France (sous Charles VII)
il les recouvra quelques années après. Sous
Louis XI, ses deux fils se déclarèrent pour
Charles le Téméraire, duc de Bourgogne ;
indigné de cette félonie, il fit sommer l’aîné,
Jean, seigneur de Nivelle, et son autre fils de
rentrer dans le devoir ; cette sommation demeura
sans résultat. Montmorency, outré,
traita ses fils de chiens et les déshérita. Telle
est l’origine d’une des versions du proverbe
sur le chien Jean de Nivelle, qui s’enfuit quand on l’appelle.
MONTMORENCY (Anne DE), connétable de France, né à Chantilly en 1492, mort, à Paris en 1567. Il eut pour marraine Anne de Bretagne,
épouse de Louis XII, et fut élevé avec le jeune duc d’Angoulême (depuis François Ier). Il fit ses premières armes en Italie,
combattit à Ravenne (1512), à Marignan
(1515), seconda Bayard dans sa belle défense
de Mézières (1521), fut nommé maréchal en
1522, et en 1524 força le connétable de Bourbon
à lever le siège de Marseille. Après
Pavie (1525), il partagea la captivité de
François Ier, paya une forte rançon, et prit
ensuite part aux négociations qui amenèrent
le traite de Madrid (1526). La charge de
grand maître de France et le gouvernement
du Languedoc furent le prix de ses services.
Dès ce moment jusqu’à sa disgrâce, il fut
l’âme des conseils de François Ier, et dirigea
particulièrement les finances. En 1536, Charles-Quint
envahit à la fois la Provence, la Champagne et la Picardie. Montmorency, chargé de défendre la Provence, en fit un
désert, dans le but d’affamer l’ennemi. Des
Alpes à la mer et de Marseille au Dauphiné, tout fut dévasté ; villages, fermes, moulins, cultures, tout fut brûlé. Retranché dans un camp inattaquable, le maréchal attendit patiemment
que l’armée de l’empereur se fût consumée devant Marseille. « La Provence fut sauvée, » dit un historien ; c’est-à-dire
qu’elle fut détruite. Il est douteux que l’ennemi
l’eût aussi complètement ravagée que
son défenseur. Montmorency reçut la dignité
de connétable et le titre de Fabius français.
L’année suivante, et jusqu’à la trêve de Nice
(1538), il combattit les impériaux sans résultat
considérable. Disgracié en 1541, il se retira
à Chantilly. Après la mort de François Ier (1547), il rentra en faveur, réprima avec la plus grande cruauté les révoltes de
la Guyenne (1548), perdit la bataille de Saint-Quentin (1557)j
où il fut fait prisonnier, et, dans l’intérêt de sa liberté poussa à la conclusion du traité déshonorant de Cateau-Cambrésis
(1559). Écarté des affaires sous François II, il ne reparut à la cour que sous Charles IX, et forma avec le duc de Guise et le maréchal de Saint-André l’association connue sous le nom de triumvirat (1561), ligue d’intérêts personnels plus encore que de conviction religieuse. Montmorency se signala
dès cette époque par son zèle fanatique contre les calvinistes. Le massacre de Vassy, la bataille de Dreux (1562), où il fut
fait prisonnier par Condé, la pacification d’Amboise (1563), la prise du Havre sur les
Anglais, furent les derniers événements auxquels
il prit part. Il fut tué à la bataille de
Saint-Denis (1567), livrée contre les huguenots.
Anne de Montmorency était un homme de guerre du premier ordre, mais dur et cruel, et d’une cupidité indigne de son nom et de son rang.
MONTMORENCY (Louise DE), dame de Châtillon, sœur du précédent, une des