Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/OC (ok). Particule qui signifiait Oui

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Administration du grand dictionnaire universel (11, part. 3p. 1209).

OC (ok). Particule qui signifiait Oui, dans le dialecte roman qui se parlait au sud de la Loire.

Langue d’oc, Langue romane que l’on parlait au sud de la Loire : La Gaule compte deux langues romanes, la langue d’oïl et la Langue d’oc. (E. Littré.)

— Encycl. On divisait, au moyen âge, les langues néo-latines, ou issues du latin, en trois branches : la langue d’oc, la langue d’oil et les langues de si, dénominations tirées de la manière de dire oui, soit au sud de la Loire, entre la Loire et les Pyrénées (oc), soit au nord de la Loire (oïl), et en Espagne, en Portugal et en Italie (si). La langue d’oc et la langue d’oïl, particulières à la France, sont deux rameaux de ce qui constituait la langue romane ; c’est donc à tort que l’usage s’est établi longtemps de ne considérer comme langue romane que l’idiome parlé dans le Midi. L’erreur est venue de ce que la domination romaine a laissé plus de traces au midi qu’au nord de la Loire, quoique le latin ait tout aussi bien contribué à former la langue des trouvères que celle des troubadours.

La langue d’oc s’est constituée, d’après quelques auteurs, postérieurement aux invasions germaniques, du mélange du latin parlé jusqu’alors au sud de la Loire, dans la Lyonnaise, la Narbonnaise et la Provence, avec les idiomes des envahisseurs ; suivant d’autres, et c’est l’opinion la plus probable, elle s’est formée, au moment même de la conquête romaine, du mélange du latin des conquérants avec les idiomes celtes et gaulois parlés dans ces contrées. Aucun monument littéraire n’atteste, il est vrai, la réalité de cette dernière hypothèse, puisque les premières poésies des troubadours sont de beaucoup postérieures à l’époque de la domination romaine ; mais un peuple ne perd pas sa langue tout à coup, comme par décret, et l’on doit croire que les populations gauloises, en adoptant le latin, le modifièrent suivant le génie de leur propre langue, leur mode de prononciation et les conditions mêmes de leur organe vocal. C’est toujours ainsi que se forment les idiomes nouveaux. Si le latin pur fut employé dans les actes officiels et parlé correctement dans les villes, il est bien supposable qu’il en fut autrement dans les campagnes où la vieille sève gauloise ne put s’imprégner qu’à la longue d’un élément étranger. La langue d’oc, même perfectionnée du VIe au XIIe siècle, garde encore des traces des divers idiomes parlés au sud de la Gaule antérieurement aux invasions des barbares, éléments grecs provenant de la colonie marseillaise, éléments ibériens qui ont persévéré dans l’idiome basque, éléments celtiques qui formaient à l’origine le fond de la langue. Ces éléments se sont éliminés peu à peu pour faire une plus grande place au latin ou tout au moins à des dérivations du latin, mais ils ont subsisté à l’état de racines dans un grand nombre de mots ; l’élément germanique est comparativement peu important.

La langue d’oc, plus analytique que le latin, possédait l’article et les verbes auxiliaires ; ses diverses formes de conjugaison étaient empruntées au latin, ainsi que la suppression du pronom ; des flexions particulières désignaient les personnes. Les terminaisons sont latines et se reconnaissent sous une légère altération ; par exemple, pour les verbes, les désinences en unt, ent et ant sont, dans la langue d’oc, eu, on, en et an ; pour les substantifs et les adjectifs, les désinences en us sont changées en o et os ; quelquefois elles sont supprimées : solus, en langue d’oc sol ; sapiens, savi ; visus, vis, etc. ; le pluriel se forme d’ordinaire, comme en français, par l’adjonction d’un s. Il n’y a pas de genre neutre.

Parlée sur la surface d’un territoire très-étendu, la langue d’oc n’a jamais été uniforme ; elle s’est, dès l’origine, divisée en un grand nombre de dialectes : le languedocien, l’agenais, le catalan, le limousin, l’auvergnat et le provençal ; le béarnais, le poitevin, le saintongeois, le périgourdin ont formé des subdivisions moins importantes. Tous ces dialectes subsistent encore, les uns à l’état de patois, les autres à l’état de langue restée plus ou moins littéraire. Nous avons consacré des articles spéciaux aux plus importants (V. CATALAN, LANGUEDOCIEN, LIMOUSIN), ce qui nous dispense d’entrer dans des détails plus précis.

La langue d’oc a été l’objet, depuis le commencement de ce siècle, d’études très-importantes ; mais, par suite de l’erreur que nous avons signalée plus haut, c’est sous le nom de langue romane qu’on l’a désignée pendant longtemps. Le Dictionnaire de la langue romane, do Roquefort (1815, in-8o), est particulier à la langue d'oc et à ses divers rameaux, car on ne reconnaissait alors aucun caractère roman à la langue d’oïl ; tel est aussi le Lexique roman ou Dictionnaire de la langue des troubadours’', de Raynouard (1836-1844, 6 vol. in-8o). M. Honnorat a publié un Dictionnaire provençal-français ou Dictionnaire de la langue d’oc ancienne et moderne (1846-1850, 4 vol. in-8"), entreprise distincte de la précédente et plus actuelle. Bien qu’il offre les radicaux des. mots en indiquant les langues qui les ont fournis, ce dictionnaire se rapporte autant et plus même à la langue moderne qu’à l’antique langue des troubadours, à laquelle est spécialement consacré le Lexique de Raynouard. Aussi l’œuvre d’Honnorat présente-t-elle des parties dont Raynouard ne s’est point préoccupé : les noms particuliers aux coutumes, aux usages, aux institutions du Midi languedocien ; les noms des meubles, des instruments, des outils ; ceux des différents êtres appartenant aux règnes divers de la nature ; enfin, ce glossaire présente environ 90,000 mots des différents dialectes provençaux, avec leur prononciation figurée et leurs équivalents en trois langues : allemand, espagnol, portugais. Nous citerons encore, comme une excellente source de renseignements, le Tableau historique et littéraire de la langue parlée dans le midi de la France, par M. Mary-Lafon (1842, in-18).