Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/ORLÉANS (Hélène-Louise-Élisabeth de MECKLEMBOURG-SCHWERIN, duchesse D’), femme du précédent

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Administration du grand dictionnaire universel (11, part. 4p. 1484).

ORLÉANS (Hélène-Louise-Élisabeth de Mecklembourg-Schwerin, duchesse d’), femme du précédent, née à Ludwigslust en 1814, morte à Richmond en 1858. Toute jeune encore elle perdit sa mère, puis son père, fut élevée par sa belle-mère dans la retraite et reçut une forte et solide éducation. Le roi de Prusse, qui eut l’occasion de la voir à Tœplitz en 1830 et d’apprécier ses qualités, conçut pour la jeune princesse une vive amitié, et lorsque le duc d’Orléans, voyageant en Allemagne en 1836, se rendit à Berlin, Frédéric-Guillaume IV ne crut pouvoir mieux lui prouver sa sympathie qu’en l’engageant à épouser la princesse Hélène. Le duc d’Orléans suivit ce conseil. Son mariage fut célébré à Fontainebleau le 30 mai 1837, selon le rite catholique et le rite protestant. Les quatre années qui suivirent furent autant d’années de bonheur pour la princesse. Par les aimables qualités de son esprit et de son cœur, elle avait su conquérir l’affection de tous les membres de sa nouvelle famille et avait eu la joie de mettre au monde deux fils. D’un autre côté, la vive tendresse qu’elle ressentait pour son mari, son goût prononcé pour les lettres et les beaux-arts, ses idées élevées et libérales, lui avaient acquis la sympathie de tous ceux qui l’approchaient. Pendant un voyage qu’elle fit avec son mari dans le midi de la France en 1839, elle put, à l’empressement des populations, aux ovations préparées parle monde officiel, entrevoir l’avenir politique de la famille sous les plus brillantes couleurs. Elle se trouvait aux eaux de Plombières lorsqu’elle apprit la foudroyante nouvelle de la mort du duc d’Orléans (1842). En arrivant à Neuilly, elle ne put voir que le cercueil de son mari, « qui avait tout son cœur, » selon ses propres expressions. À partir de ce moment, elle prit des habits de deuil qu’elle ne devait plus quitter et se consacra entièrement à l’éducation de ses fils. Lorsque éclata la révolution de Février 1848, lorsque Louis-Philippe eut abdiqué en faveur de son petit-fils, le comte de Paris, la duchesse se rendit avec ses deux enfants et le duc de Nemours à la Chambre des députés, dont la majorité des membres lui était favorable. M. Dupin annonça l’abdication du roi et proposa la duchesse pour régente ; mais tout à coup l’Assemblée fut envahie ; vainement, à deux reprises, la duchesse voulut prendre la parole, sa voix fut étouffée, on demanda la formation d’un gouvernement provisoire ; le désordre fut bientôt à son comble, et elle dut quitter l’Assemblée avec M. Jules de Lasteyrie. On la conduisit à l’hôtel des Invalides, qu’elle quitta pendant la nuit, et elle gagna la Belgique, puis l’Allemagne. Par la suite, elle se rendit en Angleterre avec ses deux fils et passa plusieurs années à Richmond, où s’étaient réfugiés Louis-Philippe et sa famille. C’est là qu’elle s’éteignit le 18 mars 1858. Un de ses anciens professeurs, M. Schubert de Munich, a publié sur elle une intéressante biographie, qui a été traduite en français sous le titre de Lettres de S. A. R. Mme la duchesse d’Orléans (Genève). On y trouve des lettres de cette princesse, écrites en français et en allemand, et qui sont fort remarquables par l’élévation des pensées et par la noblesse des sentiments.