Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/ORLÉANS (Jean-Baptiste GASTON D’), troisième fils de Henri IV et de Marie de Médicis, frère de Louis XIII

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Administration du grand dictionnaire universel (11, part. 4p. 1481).

ORLÉANS (Jean-Baptiste Gaston d’), troisième fils de Henri IV et de Marie de Médicis, frère de Louis XIII, né en 1608. Il fut connu d’abord sous le nom de duc d’Anjou. Gaston, prince d’un esprit médiocre et d’un lâche caractère, se trouva mêlé, sans gloire et sans succès, à tous les troubles qui agitèrent la France pendant le règne de Louis XIII et la minorité de Louis XIV ; il sortit quatre fois du royaume et y rentra quatre fois à main armée. Représentant de la féodalité expirante, il lutta contre le terrible cardinal, mais se couvrit d’opprobre par les lâchetés qu’il commit pendant cette lutte insensée. Une chose qui soulève l’indignation, c’est la facilité avec laquelle il se livrait aux intrigues et aux complots et l’insouciance égoïste et lâche avec laquelle il abandonnait ou livrait ceux qui s’étaient dévoués à sa fortune. D’Ornans, le jeune Chalais, Cinq-Mars, de Thou, Montmorency furent les plus célèbres d’entre ses victimes. Richelieu le maria, en quelque sorte malgré lui, avec Mlle de Montpensier (1626) et lui fit donner en apanage les duchés d’Orléans et de Chartres, le comté de Blois, etc. Resté veuf moins d’un an après, il voulut contracter un second mariage avec Marie de Mantoue, mais le roi et la reine s’y opposèrent. Irrité d’une opposition à laquelle il savait que le cardinal avait la plus grande part, Gaston quitta la cour et se retira dans ses gouvernements, puis en Lorraine (1631), où il contracta un mariage secret avec la princesse Marguerite. Ses armements, ses intrigues avec la reine mère, réfugiée à Bruxelles, ses vaines menaces, ses négociations avec les cours étrangères n’intimidaient pas Richelieu, plus puissant que la famille même du roi, et qui déjà avait frappé les principaux amis et conseillers de Gaston. Celui-ci, après diverses tentatives avortées, entra en négociation avec les Espagnols et le duc de Montmorency, gouverneur du Languedoc, et commença la lutte avec des troupes étrangères. Le combat de Castelnaudary renversa tous ses projets ; il fit sa soumission (1632), laissa trancher la tête à Montmorency et, peu après, s’enfuit de nouveau à Bruxelles, où il recommença ses intrigues avec Marie de Médicis. Il se soumit de nouveau en 1635, connut et encouragea le complot du comte de Soissons pour l’assassinat de Richelieu (1636) et joua un rôle militaire assez médiocre dans les premières hostilités contre l’Espagne. En 1642, un jeune et frêle courtisan, Cinq-Mars, conçut le projet de renverser le colosse contre lequel s’était brisée toute la haute noblesse de France ; Gaston d’Orléans entra tout naturellement dans cette conspiration, signa un traité secret avec les Espagnols, alors en guerre contre la France, en reçut des subsides et, lorsque le complot eut été découvert, « demanda grâce, à son ordinaire, en chargeant et abandonnant ses complices » (président Hénault), contre lesquels ses seules révélations servirent de preuves. Après la mort du roi son frère et du cardinal, Gaston fut nommé lieutenant général du royaume et se réhabilita un peu par ses trois campagnes de 1644, 1645 et 1646 contre les Espagnols et le duc de Lorraine. Pendant les troubles de la Fronde, il ne joua qu’un rôle inférieur, se mêlant par caractère à toutes les intrigues, soutenant et trahissant tour à tour les frondeurs, contribuant à l’arrestation des princes et changeant de parti au gré de ses caprices ou de ses intérêts. Quand Louis XIV rentra dans Paris (1653), Gaston, malgré ses soumissions ordinaires, fut relégué à Blois et n’eut plus désormais aucune importance. Il mourut en 1660, ne laissant que des filles (v. Montpensier). On lui attribue des Mémoires de ce gui s’est passe de plus considérable en France depuis 1608 jusqu’en 1635 (Amsterdam, 1683 ; Paris, 1685 ; Paris, 1756).