Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/ORLÉANS (Louise-Marie-Adélaïde DE BOURBON-PENTHIÈVRE, duchesse D’), femme du précédent et mère du roi Louis-Philippe

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Administration du grand dictionnaire universel (11, part. 4p. 1483-1484).

ORLÉANS (Louise-Marie-Adélaïde de Bourbon-Penthièvre, duchesse d’), femme du précédent et mère du roi Louis-Philippe, née à Paris en 1753, morte à Ivry-sur-Seine en 1821. Fille unique du duc de Penthièvre et de Marie-Thérèse-Félicité d’Esté, elle se trouva l’héritière de l’immense fortune de la maison de Penthièvre. Elle venait d’accomplir à peine sa seizième année lorsqu’elle fut mariée, le 5 avril 1769, à Louis-Philippe d’Orléans, alors duc de Chartres, depuis duc d’Orléans et surnommé Égalité. De ce mariage naquirent trois fils, savoir : celui qui fut depuis le roi Louis-Philippe, le duc de Montpensier et le comte de Beaujolais, morts tous deux jeunes, et deux filles jumelles, Mademoiselle de Chartres et Louise-Marie-Adélaïde-Eugène, connue plus tard sous le nom de Madame Adélaïde. Bien que, dès les premières années de son mariage, les goûts de la duchesse d’Orléans différassent à quelques égards de ceux de son mari, elle fit tout pour lui être agréable et vécut toujours dans une parfaite harmonie avec lui. Elle consentit pour lui plaire à paraître à la cour, pour laquelle elle avait peu de goût, et elle se fit recevoir franc-maçonne à la loge de la Folie-Titon le 28 février 1776. Elle suivit son mari dans plusieurs voyages en Hollande, dans le midi de la France, en Italie, et visita Gênes, Rome, Naples et les diverses cours de la péninsule. D’un caractère doux et paisible, elle trouva un vif sujet d’affliction dans les circonstances qui tourmentèrent si violemment la vie de son mari. De mœurs irréprochables, elle sut conserver sa réputation intacte et pure et s’attirer le respect de tous les partis. Aussi ne crut-elle point devoir quitter la France à l’époque la plus terrible de la Révolution. Après la mort tragique de son mari, elle put traverser ces temps d’orages, protégée par sa qualité de femme, malgré ses titres et sa parenté, et eut le bonheur de sauver sa personne, ses enfants et tous les biens de sa famille, du côté paternel, c’est-à-dire l’entier héritage des biens de la maison de Bourbon-Penthièvre.

Le 10 février 1791, la duchesse d’Orléans était allée joindre le duc de Penthièvre, son père, à sa résidence d’Eu. À l’occasion du voyage de Varennes, ils furent tous deux mis en arrestation pendant quinze jours, après lesquels, rendus à la liberté, ils vinrent habiter successivement Radepont, Anet et enfin, au mois de juin 1792, le château de Bizy, près de Vernon.

Le duc de Penthièvre venait de mourir paisiblement, lorsque parut le décret du 24 brumaire an II (6 oct. 1793) prononçant l’expulsion de tous les membres de la famille des Bourbons qui n’étaient pas mis en jugement. La duchesse d’Orléans, conduite à Paris, fut détenue provisoirement à la prison du Luxembourg, puis transférée dans la maison de santé du docteur Belhomme, où elle resta volontairement jusqu’en septembre 1797. Après le 18 fructidor, elle dut s’expatrier et passa en Espagne, après avoir reçu du Directoire une pension annuelle de 100,000 francs. En 1808, au début de la guerre d’Espagne, elle quitta Figuières, où elle s’était fixée, se rendit à l’île de Minorque, puis passa à Palerme, où elle assista au mariage de son fils avec la princesse Amélie des Deux-Siciles.

Après la Restauration de 1814, la duchesse d’Orléans rentra en France, où elle fut remise en possession de ceux de ses biens qui avaient été réunis au domaine et qui avaient été affectés à des services publics sous les précédents gouvernements ; le tout constituant une immense fortune. Pendant les Cent-Jours, elle resta à Paris, et Bonaparte lui assigna, en échange de ceux de ses biens que la législation nouvelle réintégrait au domaine de l’État, une pension annuelle de 300,000 francs. Sous la seconde Restauration, la duchesse d’Orléans vécut dans une sorte de retraite, au milieu de sa famille, loin de la cour, continuant, comme par le passé, à se montrer charitable et bonne.