Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Ornano (alphonse d')

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Administration du grand dictionnaire universel (11, part. 4p. 1488).

ORNANO (Aiphonse d’), maréchal de France, fils de Sampiero, né à Ajaccio (Corse) en 1548, mort a. Paris en 1610. Il faillit, tout jeune encore, être livré aux Génois avec son frère Antoine, par l’imprudente confiance de leur mère. Antoine de Saint-Florent, l’ami de leur père, atteignit heureusement en pleine mer le navire qui les portait et les ramena en France. Admis peu après parmi les enfants d’honneur de François II, il alla, dès l’âge de dix-sept ans, rejoindre son père qui allait combattre pour la liberté de son pays. Cette guerre héroïque, commencée en 1565, laissa par la mort de son père, assassiné en 1567, Alphonse seul chef des patriotes. Pendant deux ans, il lutta énergiquement contre les Génois, réchauffant ie zèle de ses compatriotes ; mais, abandonné par beaucoup de ses partisans, il dut enfin déposer les armes. En 15G8, il conclut avec André Doria un traité honoi able et quitta la Corse, emmenant les plus fidèles patriotes. Il fut bien accueilli k la cour de France, où sa réputation de courage l’avait précédé, et où l’on n’avait pas oublié les services rendus par son père. Le 21 janvier 1569, il leva un régiment corse et, le 26 novembre, il fut nommé par Charles IX colonel général de toutes les troupes corses. En 1570, il se rendit en Languedoc k la tête de son régiment. Fidèle au parti de la cour, il quitta le maréchal de Damville, qui s’était déclaré pour les calvinistes, et alla rejoindre le duc d’Uzès, qui avait embrassé la cause royale (1575). Il obtint, k la suite de cette campagne, le titre de colonel général de toutes les troupes italiennes, reçut des lettres de naturalisation et fut nommé gouverneur de Valence. Le premier usage qu’il fit de la bienveillance royale fut d obtenir la mise en liberté de ses partisans, prisonniers de la république. Nommé en 15SC gouverneur de la ville de Pont-Saint-Esprit, il la défendit vaillamment contre deux attaques du duc de Montmorency, puis il s’empara, malgré Châtillon, de Collias, Marguerites et Remoulins, conclut une trêve pour les diocèses de Nîmes et d’Uzès, et, le 16 août de la même année, uni à La Valette, il mit en fuite, à la tête de 1, 200 arquebusiers, 4, 000 Suisses et 400 calvinistes, en Dauphiné, sur les bords du Drac. D’Ornano fut nommé ensuite conseiller d’Etat et lieutenant du roi en Dauphiné. Cré* maréchal de camp en 1588, il commanda l’armée du Dauphiné, conclut une trêve avec Lesdiguières et fut un des premiers à reconnaître Henri IV en 1589. Fait prisonnier en 1590, il recouvra la liberté l’année suivante, se rendit en Dauphiné où il battit les ligueurs, et fut nommé lieutenant général en Languedoc ; de là, il passa dans le Lyonnais, où il vainquit successivement le duc de Nemours et le connétable Jean Velazquez de Castille. S’étant jeté dans Lyon pour faire reconnaître le roi, il en chassa les échevins et devint provisoirement gouverneur de la ville et de toute la province. Il maintint, en outre, dans l’obéissance Grenoble et Valence. En 1595, il se démit de la lieutenance du Languedoc et alla joindre ses troupes à celles de Lesdiguières, qu’attaquait en Provence le duc d’Epernon. Celui-ci fut battu et se soumit. Henri IV nomma alors d’Ornano chevalier de ses ordres, maréchal de France (1597) et l’autorisa à céder k son fils le titre de colonel général des Corses. Appelé, à la mort de Matignon, au poste de lieutenant général de la Guyenne, il donna pendant une peste l’exemple du plus courageux dévouement, fonda des hôpitaux et assainit Bordeaux en faisant dessécher les marais qui l’entouraient. En 1609, il se rendit k Paris, se fit opérer de la taille et mourut des suites de cette opération.