Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/PAUL (Paul DE SAUMUR, connu sous le nom de Chevalier), célèbre marin français

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Administration du grand dictionnaire universel (12, part. 2p. 424).

PAUL (Paul de Saumur, connu sous le nom de Chevalier), célèbre marin français, né dans un bateau en 1597, d’une lavandière qui faisait le trajet de Marseille au château d’If, mort à Toulon en 1667. Comme il était enfant naturel et que sa mère ne pouvait lui donner le nom de son père, il reçut celui de Paul, qu’il devait illustrer et qu’il tenait de son parrain, Paul de Fortia, gouverneur du château d’If. À neuf ans, poussé par le goût des aventures, il se glissa dans un navire qui allait partir. Le capitaine s’aperçut en pleine mer de sa présence et dut le garder. Après avoir navigué pendant plusieurs années, il s’engagea comme matelot sur une galère de l’ordre de Malte. Ayant, dans un duel, tué un de ses supérieurs, il fut condamné à mort ; mais la rare intrépidité dont il avait fait preuve en toute occasion lui valut sa grâce, et bientôt il devint capitaine d’un brigantin. Avec ce navire, il fit la chasse aux galères turques, dont il devint la terreur, et il amena à Malte des prises si nombreuses que le grand maître de l’ordre le nomma frère servant d’armes et chevalier de grâce. C’est à partir de ce moment qu’il fut appelé le chevalier Paul. Sa renommée parvint jusqu’au cardinal de Richelieu, qui l’appela en France et le nomma capitaine de vaisseau. Par la suite, il devint chef d’escadre (1647), lieutenant général et vice-amiral. En avril 1647, il combattit pendant cinq jours de suite, avec des forces de beaucoup inférieures, une flotte espagnole qu’il eût anéantie si elle n’avait reçu tout à coup six vaisseaux de renfort. En 1650, avec deux vaisseaux, il remporta une victoire complète près de la Corse, sur cinq vaisseaux de guerre espagnols. Le grand maître de l’ordre de Malte l’ayant nommé chevalier de justice en 1651, il lui fit présent d’un navire armé estimé à 400,000 livres. En 1663, il détruisit un grand nombre de corsaires et fit une campagne en commun avec le duc de Beaufort. Il ne rentra à Toulon qu’en 1667 et reçut alors le commandement général de la marine de cette ville. Il mourut la même année, laissant un nom redouté des ennemis de la France et béni des innombrables chrétiens qui lui devaient leur liberté. Il s’était élevé, avec le produit des richesses qu’il avait conquises sur mer, une habitation célèbre de son temps. Louis XIV, étant allé à Toulon, alla voir, avec toute sa cour, le chevalier, qui le reçut avec une magnificence extraordinaire. À cette époque, le chevalier Paul était aussi célèbre que Jean Bart et que Duquesne. Il avait assisté à autant de combats et fait autant de prises que chacun de ces illustres marins. On doit attribuer le peu de célébrité dont il jouit de nos jours à ce que ses opérations navales eurent toutes pour théâtre la Méditerranée, et qu’il ne combattit jamais que contre les Espagnols et contre les musulmans. Sa gloire eût été plus durable s’il eût eu les Anglais pour adversaires. Il laissa par son testament tout son bien aux pauvres.