Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/PHILIPPE (Matthieu BRANSIET, en religion le frère), supérieur général des frères des écoles chrétiennes

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Administration du grand dictionnaire universel (12, part. 3p. 814-815).

PHILIPPE (Matthieu BRANSIET, en religion le frère), supérieur général des frères des écoles chrétiennes, né au hameau de Gaschat, commune d’Apinac (Loire), en 1792, mort en janvier 1874. Il appartenait à une nombreuse famille de paysans. Après avoir reçu une instruction des plus élémentaires à une école de village, il se rendit en 1809 à Lyon et entra, comme novice, à l’institut des frères de la doctrine chrétienne. En 1810, il fut chargé d’une classe et admis dans la congrégation sous le nom de frère Philippe. Trois ans plus tard, il devint directeur d’une école de cabotage à Auray, puis fut successivement nommé directeur des écoles de Reims et de Metz, de l’établissement de Saint-Nicolas-des-Champs à Paris (1823), visiteur des écoles de Paris, assistant du supérieur général (1830) ; enfin, il succéda au frère Audelet comme supérieur général de la congrégation. Par son activité, son habileté et son zèle, le frère Philippe contribua beaucoup à l’extension considérable des écoles congréganistes, qui comptait 2,300 frères en 1838, et dont le nombre s’élevait, à sa mort, à près de 10,000, instruisant 380,000 élèves. Très-versé dans les questions d’instruction élémentaire, il fut appelé, à diverses reprises, à exposer ses idées et les résultats de son expérience devant les commissions chargées de réorganiser l’instruction populaire. Lors de la déclaration de guerre à la Prusse (août 1870), le frère Philippe offrit ses services et ceux des frères au ministre de la guerre et donna l’exempte aux membres de sa congrégation, attachés aux ambulances comme brancardiers et infirmiers, en allant ramasser les blessés et ensevelir les morts. Le gouvernement de la Défense nationale lui donna la croix de la Légion d’honneur, qu’il accepta sur les instances du docteur Ricord. En 1873, il fit un voyage à Rome à l’occasion de la béatification du Père de La Salle. Le frère Philippe a écrit un assez grand nombre de petits livres d’histoire sainte, de grammaire, d’arithmétique, etc., qui sont encore en usage chez les frères et qui portent les initiales F. P. B. (frère Philippe Bransiet). Nous citerons, entre autres : Abrégé de géographie ; Abrégé de géométrie ; Abrégé de grammaire ; Abrégé d’histoire sainte ; Cours d’histoire ; Dictionnaire de la langue française ; Exercices orthographiques ; Nouveau traité d’arithmétique décimale ; Sujets d’examen ; Recueils de problèmes, etc. On lui doit en outre quelques livres religieux : Méditations sur saint Joseph (1864, in-12) ; Explication en forme de catéchisme des épîtres et évangiles de tous les dimanches et des principales fêtes (1864, in-8o, 2e édit.) ; Résumé des méditations à l’usage des frères des écoles chrétiennes (1866, in-18) ; Méditations sur la passion de Notre-Seigneur (1867, in-18) ; Méditations sur l’Eucharistie (1868, in-18) ; Méditations sur la très-sainte Vierge(1869, in-18). Mentionnons également : De la vocation en général et spécialement de la vocation à l’état religieux ; De l’infidélité à la vocation religieuse ; Souvenirs de noviciat. Conduite à l’usage des écoles chrétiennes ; les Douze vertus d’un bon maître ; Sujets d’examen particulier à l’usage des frères des écoles chrétiennes, etc. Enfin, il a édité les Méditations du vénérable J.-B. de La Salle (1858, in-8o). Horace Vernet a fait le portrait du frère Philippe (v. plus bas) et, après sa mort, le sculpteur Oliva a exécuté un excellent buste du directeur général des frères.

Philippe (portrait du frère), par Horace Vernet. On a fait grand bruit autour de ce portrait, qu’ont popularisé la gravure et la lithographie. Les frères de la doctrine chrétienne, désirant posséder le portrait du général de leur ordre, s’adressèrent à Horace Vernet, qui refusa leur argent et ne voulut accepter d’eux qu’un crucifix en ivoire. Le portrait fut exposé au Salon de 1845, où il fit fureur. Le sujet prêtait ; la bonhomie et la simplicité de cette figure, qui rappelle celle de saint Vincent de Paul, l’austérité du vêtement, tout invitait à un chef-d’œuvre. Sans être un chef-d’œuvre, le portrait exécuté par Horace Vernet compte parmi ses meilleurs morceaux. La tête est empreinte d’une bonhomie fine ; l’attitude est pleine de simplicité et les tons dorés de la peinture sont d’un effet agréable. On pourrait souhaiter plus d’élévation dans le style ; toutefois, M. Edmond About s’est montré trop sévère lorsqu’il a dit : « Le style, qui manque absolument, a été remplacé par une chaussure caractéristique et une célèbre lézarde dans la muraille. »