Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/PHILIPPE (Philippe CAUVY, connu au théâtre sous le nom de), chanteur français

La bibliothèque libre.
Administration du grand dictionnaire universel (12, part. 3p. 814).

PHILIPPE (Philippe CAUVY, connu au théâtre sous le nom de), chanteur français, né en 1754, mort vers 1820. Il obtint, très-jeune, de beaux succès en province et débuta à la Comédie-Italienne le 9 août 1780, par le rôle d’Octave, dans le Magnifique, opéra de Grétry. Il joua ensuite les rôles de don Alonze, dans l’Amant jaloux, d’Alcindor, dans la Belle Arsène, d’Azor, dans Zémire et Azor. Doué à la fois de grands avantages extérieurs, d'une voix moelleuse, pleine de grâce et d'expression dans les morceaux de sentiment, Philippe obtint un succès complet et fut, peu après, nommé sociétaire. Néanmoins, pendant quatre ans, cet artiste fut réduit à créer des rôles médiocres. Le côté sérieux de son talent s’accommodait mal des puérils personnages d’amoureux d’opéra-comique. Enfin, en 1784, Grétry lui confia le rôle du roi dans Richard Cœur de Lion ; mais Philippe fut atteint, à la dernière répétition, d’un enrouement qui le força à prier le maestro d’ajourner la représentation de son œuvre. « Vous savez, lui dit Grétry, que je cherche avant tout à imiter la nature ; or, quoi de plus naturel que de s’apercevoir que la captivité prolongée du roi Richard a altéré la pureté de sa voix ? Le public comprendra cela à merveille. » Philippe s’exécuta, quoique à moitié rassuré, mais l’événement donna raison à Grétry. Les spectateurs applaudirent vivement le chanteur, et, dès ce moment, sa réputation égala celle de Clairval. Sedaine et Grétry composèrent désormais, à l’intention de Philippe, des personnages chevaleresques que, seul, il était capable d’interpréter. Il quitta le théâtre, en 1805, après être resté vingt-cinq ans sur la brèche, changeant d’emploi sans voir diminuer ses succès. Son talent de comédien avait grandi grâce à l’âge et à l’expérience ; son style s’était épuré ; enfin, il donna son nom à un emploi. Pendant longtemps, on fut engagé en province pour chanter les Philippe. Outre Richard Cœur de Lion, ses principales créations sont : le marquis, de la Dot, opéra de Dalayrac ; le comte, dans Nina ou la Folle par amour, opéra de Dalayrac ; Timur, dans l’Amitié à l’épreuve, de Grétry ; Sans-Quartier, dans les Méprises par ressemblance, de Grétry ; le comte d’Albert, dans l’opéra de ce nom, de Grétry ; Edoin, dans Azémia ou les Sauvages, de Dalayrac ; le général Auguste, dans Sargines, de Dalayrac ; Pierre le Grand, dans l’opéra de Grétry ; Coradin, dans Euphrosine, de Mehul ; le comte de Boleslas, dans Lodoïska, de Kreutzer, etc.