Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/PHILIPPE LE BON, duc de Bourgogne, fils de Jean sans Peur

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Administration du grand dictionnaire universel (12, part. 3p. 813-814).

PHILIPPE LE BON, duc de Bourgogne, fils de Jean sans Peur, né à Dijon en 1396, mort à Bruges en 1467. Après le meurtre de son père (1419), il lui succéda et, sacrifiant sa patrie à ses inimitiés, traita avec Henri V, roi d’Angleterre, le reconnut comme régent de France et héritier présomptif de Charles VI, joignit ses armes aux siennes, entra à Paris avec lui et servit le parti anglais jusque sous Charles VII. Il fit ensuite alliance avec ce prince par le traité d’Arras (1435) et se réconcilia même avec la maison d’Orléans en contribuant au rachat du duc d’Orléans, prisonnier des Anglais, et en lui faisant épouser une de ses nièces. La création de l’ordre de la Toison d’or, la répression de plusieurs révoltes des Gantois, sa participation à la ligue du Bien public, la fondation de l’université de Dôle, la rédaction des coutumes de Bourgogne, des encouragements donnés aux lettres, des efforts efficaces pour la prospérité de ses États, occupèrent la dernière partie de sa vie. Philippe le Bon joignait à un grand courage une rare modération, une courtoisie chevaleresque, une humeur affable, un esprit de justice et une promptitude à pardonner qui lui valurent son surnom. Néanmoins, il fit preuve parfois d’une ambition peu scrupuleuse et d’une colère vindicative. Il avait la passion du faste et ses mœurs étaient très-relâchées, on lui connaît quatorze enfants naturels. Il aimait les lettres et les arts, attirait à sa cour des littérateurs, des poètes, des peintres, des musiciens envers qui il se montrait d’une grande libéralité. Nul souverain de son temps ne possédait autant de puissance et de richesse. Ses ambassadeurs tenaient le premier rang après ceux des rois, et les envoyés des princes d’Asie l’appelaient le grand prince d’Occident. Il aimait la paix et ne reculait devant aucun sacrifice pour éviter de nouvelles collisions. Aussi sa popularité était-elle grande dans ses États. « Ses sujets, dit Commines, avoient grandes richesses à cause de la longue paix qu’ils avoient eue et pour la bonté du prince sous qui ils vivoient, lequel peu tailloit ses sujets ; il me semble que ces terres se pouvoient mieux dire terres de promission que nulles autres seigneuries qui fussent sur la terre. » Philippe le Bon avait été marié trois fois : à Michelle de France, à Bonne d’Artois et à Isabelle de Portugal, dont il eut Charles le Téméraire qui lui succéda.