Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/PHILIPPE VI, dit de Valois, chef de la deuxième branche des Capétiens

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Administration du grand dictionnaire universel (12, part. 3p. 810-811).

PHILIPPE VI, dit de Valois, chef de la deuxième branche des Capétiens, né en 1293, successeur de Charles le Bel (1328). Chef de la réaction féodale tentée dès la mort de Philippe le Bel, sous la direction de son père (Charles de Valois), il commença par dispenser les seigneurs de payer leurs dettes. Ces nobles aventuriers prétendaient qu’il y avait une conspiration des hommes de bas état pour ruiner la noblesse française, et, en conséquence, ils obtinrent d’abord un ordre du roi pour que tous leurs créanciers fussent mis en prison et leurs biens séquestrés ; puis vint l’ordonnance qui réduisit toutes leurs dettes aux trois quarts, à quatre mois de terme, sans intérêts. Philippe leur rendit aussi le droit de guerre privée. Ce règne fut fécond en grands événements. Appelé par Louis, comte de Flandre, qui avait été chassé par ses sujets, Philippe remporta sur les communes flamandes la célèbre victoire de Cassel (1358), qui eut pour résultat le rétablissement de Louis, la ruine de Cassel, de Bruges, d’Ypres et de Courtrai, et le supplice d’un grand nombre de bourgeois des cités soulevées. Dix ans plus tard éclata la célèbre guerre de Cent ans entre la France et l’Angleterre, déterminée par la protection qu’Édouard III accordait à Robert d’Artois, ainsi que par ses prétentions à la couronne de France (il était petit-fils de Philippe le Bel). Après quelques hostilités de Philippe en Guyenne (1337), suivies d’un armistice (1338) presque aussitôt rompu, la guerre se poursuivit sur les côtes d’Angleterre, dans le Cambrésis et le Vermandois (1339). Allié au brasseur Artevelde, chef des communes de Flandre révoltées de nouveau, Édouard prit le titre et les armes de roi de France et vint débarquer dans les Pays-Bas, après avoir anéanti la flotte française à la bataille de l’Écluse (1340). Coupée par quelques trêves, la guerre recommença en 1344. Édouard obtint en Guyenne quelques succès, balancés par ceux du duc de Normandie dans l’Angoumois. Il fit ensuite une descente en Normandie et ravagea tout le pays jusqu’aux portes de Paris. Refoulé à travers la Picardie jusqu’au delà de la Somme, il se retrancha au-dessus du village de Crêcy, où il fut attaqué par Philippe (26 août 1346), et remporta cette célèbre victoire de Crécy, si funeste à la France et dont le principal résultat fut l’établissement des Anglais dans le royaume.

Édouard alla ensuite faire le siège de Calais, dont les héroïques habitants furent obligés de capituler, après la résistance la plus glorieuse. La médiation du pape Clément VI amena une nouvelle trêve (1347). Philippe de Valois mourut avant la reprise des hostilités (1350), laissant la France épuisée par des calamités de toute nature : peste noire (1348), famine, misères inénarrables, bandes anglaises licenciées par la trêve et qui parcouraient le pays en commettant d’horribles ravages, brigandages de la secte mystique des flagellants (1349), impôts écrasants, exactions, taxes arbitraires, altérations des monnaies et autres rapines. Philippe VI ajouta à ses domaines les comtés de Champagne, de Brie, d’Anjou et du Maine, Montpellier, Latte et le Dauphiné (cette dernière acquisition fit donner au fils aîné de France le titre de dauphin, conservé depuis). Cruel, avare, superstitieux et despote, ce prince multiplia les persécutions contre les juifs, les hérétiques, les marchands lombards, etc. Ces proscriptions étaient, d’ailleurs, un prétexte à des confiscations et faisaient partie des revenus de la couronne ; le juif était la chose du roi et l’hérétique était taillable à merci. Les altérations des monnaies, la création de l’impôt du sel (gabelle), les taxes extraordinaires sur les denrées et les salaires, les confiscations, les excès de toutes sortes se multiplièrent également et firent de ce règne une des époques les plus désastreuses de notre histoire.