Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/PIERRE (saint), en latin Petrus, en langue syro-chaldaïque Céphas (rocher), l’un des douze apôtres, le premier de tous et le vicaire du Christ, selon les traditions de l’Église

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Administration du grand dictionnaire universel (12, part. 3p. 980-983).

PIERRE (saint), en latin Petrus, en langue syro-chaldaïque Céphas (rocher), l’un des douze apôtres, le premier de tous et le vicaire du Christ, selon les traditions de l’Église, né vers l’an 10 avant notre ère, mort en 66 après Jésus-Christ, à Rome, suivant l’opinion consacrée, à Babylone ou même à Antioche, d’après quelques auteurs. Quoique Pierre ait reçu le titre de prince des apôtres et que les papes se considèrent comme ses successeurs sur le siège épiscopal de Rome, son séjour et son martyre à Rome restent douteux. Il aurait dû préoccuper plus que tous les autres l’attention des évangélistes et du rédacteur des Actes ; mais loin de là, on a sur lui beaucoup moins de renseignements certains que sur Paul. Les Évangiles, contradictoires sur bien des points en ce qui le touche, ne mentionnent que la légende de ses rapports avec Jésus ; les Actes racontent ses miracles et se taisent sur son apostolat proprement dit ; l’histoire ecclésiastique elle-même n’offre sur saint Pierre que des traditions et des conjectures dont quelques-unes ne peuvent être soutenues.

Avant que le nom de Céphas lui eût été imposé par Jésus-Christ, Pierre se nommait Simon ; il avait pour frère André ; leur père s’appelait Jonas. Tous deux étaient pêcheurs. Les circonstances relatives à la première entrevue de Pierre avec Jésus et à sa vocation à l’apostolat sont racontées diversement dans les Évangiles. Suivant Matthieu, la scène se passa sur les bords de la mer de Galilée ; Jésus, y rencontrant les deux frères qui jetaient leurs filets, leur dit : « Venez avec moi, je vous ferai pêcheurs d’hommes ; » et ils le suivirent. C’est dans une autre occasion et longtemps après, à Césarée, que Jésus, suivant le même narrateur, lui dit cette parole mémorable : « Tu es heureux, Simon Bar Joua... Et je te le dis, tu es Pierre, et sur cette pierre j’édifierai mon Église, et les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle. Je te donne les clefs du royaume des cieux. » Dans Luc, Jésus rencontre pour la première fois Simon au chevet de sa belle-mère malade, qu’il guérit miraculeusement ; suivant saint Jean, André et Simon étaient deux disciples de saint Jean-Baptiste et lorsque Jésus vint se faire baptiser dans le Jourdain, André lui présenta son frère. « Jésus, après l’avoir considéré, lui dit : « Tu es Simon, fils de Jonas ; désormais tu t’appelleras Céphas, ce qui veut dire pierre. » Ces divergences sont assez remarquables ; ce ne sont pas les seules. Quoi qu’il en soit, Pierre, dès le commencement de la mission du Christ, accompagne presque partout le maître et occupe la première place ; il est institué le premier des douze apôtres (Matt., ch. X, 2 et suiv.) ; c’est en sa présence que s’accomplit la transfiguration ; il n’y a là que lui, Jacques et Jean, frère de ce dernier (Matt., ch. XVII, 1 ; Luc, ch. IX, 28). Matthieu est le seul des évangélistes qui rapporte la circonstance où Jésus commanda à Pierre de venir à lui en marchant sur les eaux ; en revanche, Luc raconte une pêche miraculeuse que Jésus lui fait accomplir. À travers ces légendes, Pierre apparaît avec une physionomie spéciale, tour à tour ardent et pusillanime, confiant et manquant de foi. Les interrogations qu’il pose à son maître, au cours de ses prédications et de ses entretiens familiers, décèlent un homme dans l’esprit duquel il y a toujours place pour le doute, malgré les miracles dont il a été le témoin ; mais une seule parole du Christ le convainc et il se prosterne, quitte à revenir un peu après à ses défiances habituelles. Jésus paraît l’avoir bien jugé, puisque, en réponse à ses dernières protestations de fidélité, un peu avant l’arrivée de Judas et l’arrestation, il lui disait : « En vérité, je te le dis, cette nuit, avant que le coq ait chanté, tu m’auras renié trois fois. » Dans la scène qui suit, c’est-à-dire au moment où les gardes des pontifes et des pharisiens, armés de haches et de bâtons, viennent s’emparer de Jésus, à la lueur des torches, saint Pierre, selon l’Évangile de Jean, eut seul l’idée d’opposer de la résistance ; il tira l’épée du fourreau et coupa l’oreille d’un des serviteurs du prince des prêtres. Les autres évangélistes ne nomment pas Pierre et se contentent de dire : « Un de ceux qui étaient avec Jésus, Et ecce unus ex his qui erant cum Jesu...(Matt., XXVI, 51) ; Unus autem quidam de circumstantibus (Marc, XIV, 47) ; Unus ex his qui circum ipsum (Jesum) erant (Luc, XXII, 49, 50). Aussi Jean, pour donner plus de poids à son témoignage, nomme-t-il aussi l’homme à l’oreille coupée ; « C’était, dit-il, un certain Malchus. »

Le reniement de saint Pierre est un des faits capitaux de sa légende ; aucun des évangélistes ne l’a passé sous silence ; il s’en faut pourtant qu’ils soient tous d’accord sur les détails. D’après Matthieu, c’est une servante qui interroge l’apôtre, l’ayant reconnu à son parler pour un Galiléen ; une autre femme renouvelle la même demande quelques instants après, puis ce sont les assistants, les hommes assemblés dans le corps de garde, qui s’adressent à Pierre et le font renier une troisième fois celui qu’il avait juré de suivre jusqu’à la mort. D’après Marc, c’est la même servante qui, trois fois de suite, interpelle Pierre ; d’après Luc, c’est d’abord une servante, puis un des assistants (alius videns eum, v. 58), puis un autre (alius quidam, v. 59) ; d’après Jean, c’est d’abord la portière, qui refuse de le laisser entrer, puis les assistants et enfin un parent de Malchus, auquel Pierre avait coupé l’oreille quelques instants auparavant, circonstance caractéristique. Il est vrai que Jean est le seul qui lui attribue le fait de l’oreille coupée et cet acte de bravoure mis au compte de Pierre, toujours si timoré, semble bien extraordinaire.

La rare faiblesse qu’il avait montrée dans cette occasion décisive n’empêcha pas le Christ, après sa résurrection, de le confirmer comme pasteur de son troupeau. Trois fois, il lui dit ; Pasce agitas meos. Jean est le seul aussi qui parle de cette apparition.

Après la descente du Saint-Esprit sur les apôtres (en tout ceci nous suivons la légende sans la discuter), Pierre commença ses missions apostoliques ; il est fâcheux que l’on n’ait pas sur ces missions des renseignements aussi précis que sur celles de saint Paul. Les Actes des apôtres, saint Justin et Eusèbe, lui font évangéliser la Palestine, présider ce que l’on a appelé le premier concile de Jérusalem ou concile des Apôtres, opérer de nombreux miracles et des conversions publiques, accomplir de grands voyages dans l’Asie Mineure, confirmer l’Église d’Antioche, aller au moins deux fois à Rome et y souffrir enfin le martyre sous Néron. Ce sont des faits qui appartiennent à la tradition sacrée, mais qui n’ont aucun caractère historique. Les Actes des apôtres lui attribuent en outre une foule de visions et de guérisons miraculeuses. À Jérusalem, peu de temps après la Pentecôte, comme il montait au temple avec Jean, — preuve que les chrétiens ne se séparaient pas ostensiblement des Juifs, — il guérit un boiteux en présence d’un grand nombre de personnes assemblées sous le portique de Salomon. Un peu plus tard, il frappe de mort Zéphira et Ananias, qui avaient voulu faire partie de la petite association chrétienne et n’avaient pas mis tout leur argent dans la bourse commune. Les Actes lui font ensuite évangéliser Lydda ou Diospolis, près de Damas, où il guérit un paralytique ; Joppé (Jaffa), où il ressuscite la sainte veuve Tabitha. À Joppé, comme il priait sur la terrasse de la maison d’un tanneur, où il recevait d’ordinaire l’hospitalité, il eut une vision : il vit le ciel ouvert et une nappe relevée aux quatre coins en descendre. Ayant regardé à l’intérieur de la nappe, il y vit des animaux de toute espèce et crut entendre une voix qui lui disait : « Tue et mange. » Et sur l’objection qu’il fit que plusieurs de ces animaux étaient impurs : « N’appelle pas impur ce que Dieu a purifié, » répondit la voix. Pierre donna à cet avertissement un sens symbolique et comprit qu’il s’agissait des gentils appelés, aussi bien que les Juifs, à la communion chrétienne. C’est à la suite de cette vision qu’il aurait admis au baptême un soldat romain, le centurion Cornélius ou Corneille, et converti tous les assistants, sur lesquels le Saint-Esprit descendit comme sur les apôtres. Cette fable paraît avoir été imaginée par Luc pour faire disparaître toute trace de dissentiment entre Pierre, considéré comme chef de l’Église et Paul, l’Apôtre des gentils. Il raconte, en effet, que la communauté de Jérusalem, lorsque Pierre lui rendit compte de ces conversions, lui reprocha aigrement d’avoir admis à la communion « des gens qui avaient encore leur prépuce » et d’avoir mangé avec eux. Pierre se disculpa en racontant sa vision et l’ordre qui lui avait été symboliquement donné par le Seigneur. Si les choses s’étaient passées de cette façon, la querelle qui éclata si vivement entre Pierre et Paul lorsque celui-ci vint pour la première fois à Jérusalem, précisément à cette époque (41 de l’ère chrétienne), n’aurait pas eu sa raison d’être. Or cette querelle, portant sur l’admission des incirconcis et qui fut tranchée par Pierre et toute la communauté hiérosolymite contre Paul, est bien réelle et il en reste un témoignage énergique dans l’Épître aux Galates (II, 6 et suiv.).

Tout porte à croire que Pierre, à partir de ce retour à Jérusalem, continua d’y séjourner, comme chef de la primitive Église, de celle qui s’opposait à l’admission des incirconcis et qui pensait que Jésus n’était venu sauver que les Juifs, et qu’il fit seulement quelques courts voyages en Palestine et en Syrie. Il était à Jérusalem en 44, lorsque Hérode Agrippa Ier, irrité contre les sectateurs de la religion nouvelle, qui cependant faisait bien peu de bruit, fit trancher la tête à l’un des apôtres, Jacques, fils de Zébédée, frère de Jean. La persécution ne s’arrêta pas là ; on était au commencement des fêtes pascales, fête où se manifestait toujours, chez les Juifs orthodoxes, un redoublement de fanatisme. Agrippa, pour plaire aux prêtres, fit jeter Pierre en prison ; il se proposait de le mettre en jugement avec quelque solennité et de le faire condamner à mort, lorsque lui-même passa de vie à trépas. Les portes de la prison s’ouvrirent pour le captif qui, avec son imagination orientale, vit dans sa délivrance quelque chose de miraculeux ; il raconta que, pendant une de ses extases, un ange était venu le délivrer après avoir frappé ses gardes d’un sommeil invincible. Pierre était encore à Jérusalem lors du second voyage de Paul et il assista à cette réunion appelée concile des apôtres, où fut agitée, sans être résolue, la grave question de savoir si l’on pouvait être damné en conservant son prépuce (58a « près J.-C). Paul relate encore une entrevue qu’il eut avec Pierre à Antioche, peu de temps après, où il résista en face à ses prétentions d’isolement, aux conditions restrictives qu’il mettait à la publication de l’Évangile : Cum autem venisset Cephas Antiochiam, dit Paul, in faciem ei restiti, quia reprehensibilis erat. Il s’agissait encore de la circoncision ; Pierre, prenant un moyen terme, admettait au baptême les gentils, et en cela il s’écartait des orthodoxes purs, mais il les forçait à se faire circoncire ; c’est ce que Paul trouvait répréhensible. Les chrétiens qu’il baptisa sous cette condition prirent, ainsi que leurs descendants, le nom de nazaréens, et cette secte subsista jusqu’au Ve siècle. Saint Augustin appelle les nazaréens des « hérétiques nés de l’erreur que professait Pierre avant qu’il eût été rappelé à son devoir par Paul. » Il accuse donc Pierre d’avoir été le fondateur d’une hérésie. « La dispute entre saint Pierre et saint Paul sur une erreur manifeste du premier, comme le prouve très-catholiquement saint Augustin, dispute qui semble n’avoir eu lieu que pour former le premier anneau de la formidable chaîne d’arguments contre l’infaillibilité des papes, a beaucoup embarrassé les Pères de l’Église. La plupart d’entre eux ont employé toute l’adresse dont ils étaient pourvus pour mettre l’un et l’autre de ces apôtres à l’abri de tout reproche, ce qui, certes, n’était pas facile… Rien de plus curieux que de voir le cardinal Baronius se débattre vainement pour échapper à un dilemme qu’il se pose à lui-même. « Il faut nécessairement, dit-il, que Pierre fût coupable si Paul avait raison de le trouver répréhensible, ou que Paul le fût s’il le reprenait à tort ; il faut que saint Pierre ait péché ou que saint Paul ait menti. » (De Potter, Hist. du christianisme, I, 67.)

À partir de cette rencontre de Pierre et de Paul à Antioche, on n’a plus aucun renseignement sur Pierre. Cependant les écrivains ecclésiastiques des siècles postérieurs, saint Justin, saint Irénée, Eusèbe, Tertullien, saint Jérôme admettent tous comme certain qu’il vint à Rome une première fois sous le règne de Claude, c’est-à-dire entre 41 et 54, qu’il s’y rencontra avec Simon le Magicien, dont il surpassa, par de véritables miracles, les surprenants sortilèges, rencontre qui est devenue le point de départ de légendes absurdes ; puis qu’il revint à Rome sous Néron (54-68) pour y subir le martyre avec Paul. Ces affirmations ne reposent sur rien. Les Actes des apôtres, après avoir parlé de sa sortie de prison, en 44, disent que, de là, il se rendit « dans un autre lieu, » et egressus abiit in alium locum (XII, 17) ; c’est la dernière mention qu’ils font de lui. Cela n’empêche pas les auteurs de s’étayer de ce témoignage en disant que cet « autre lieu » c’est Rome, évidemment. Clément, qui passe pour avoir succédé à Pierre sur le siège épiscopal de Rome, et qui, en tout cas, ayant secondé Paul dans une de ses missions en Macédoine était bien informé du destin des premiers apôtres, accorde à Pierre cette courte mention : 0 IUtçoî Sià EtjV.ov â » ov, oùjt ïva, oùîèoûo àWà nXtlovaç Int^vt^Xfi rôvou :  ;, xaï où-wû (lap-cupT)(iaî ticopéuOij « ; xov ôsp(tXoljuvov tôhov xr^ SôÇqç. « Pierre, victime d’une injuste jalousie, fut soumis non une fois, ni deux fois, mais plusieurs fois à de grandes fatigues et, ayant ainsi porté témoignage, parvint au séjour de gloire qu’il avait bien mérité. » (Ire Lettre aux Corinthiens, ch. V.) Cette mention d’un témoin que Baur nomme le plus ancien et le plus digne de foi constate seulement que Pierre avait mérité le royaume de Dieu par un long et pénible apostolat, et il semble déraisonnable d’en conclure autre chose. Les théologiens s’en étayent cependant pour prouver leur thèse favorite ; ils traduisent v.&- ïous par tortures, (lapxup^aorç par ayant souffert le martyre, et disent que, de toute nécessité, Clément a sous-entendu lv’Parut— Comme ceiaf on a toujours raison. Eniin, ils s’appuient encore sur les chroniqueurs arméniens et arabes comme Samuel d’Ani, Aboulfaradj et autres, qui, se copiant mutuellement, affirment que Pierre vint k Rome et y rfbcupa vingt-sept ans, suivant le premier, vingt-cinq ans, suivant le second, le siège épiscopal. Ils feignent de ne pas s’apercevoir que ce séjour de vingt-sept ou même vingt-cinq ans est insoutenable, soit qu’on le place à partir de l’année 44, sous Claude, puisque saint Pierre était" k Jérusalem en 58, lors de ce qu’on a appelé le concile des apôtres, soit qu’on le place après sa rencontre avec Paul k Antioche, vers 53 ou 55, puisqu’on lui fait souffrir le martyre en 66. Enfin le silence de Paul, en dehors de toute preuve contraire, est concluant ; Paul, arrivant k Rome en 61, dit bien qu’il y trouva une petite communauté chrétienne déjà établie ; comment n’eût-il

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pas parlé de son fondateur si c’eût été le premier des apôtres et surtout si, comme l’affirment les historiens ecclésiastiques, ils s’étaient rencontrés à Rome pour coopérer k l’établissement de la religion nouvelle ?

Parmi les livres reconnus comme canoniques figurent deux Épîtres de saint Pierre ; leur authenticité est douteuse ; la seconde même est abandonnée, comme apocryphe, par quelques théologiens. La première est adressée aux Églises de Pont, de Galatie, de Cappadoue, d’Asie et de Bithynie ; on en a conclu que Pierre avait évangélisé ces régions si vaguement désignées. Elle se termine . ainsi:à L’Église coélue, — qui est dans Babylone, et mon fils Marc vous saluent. » Si l’on prend le mot Babylone k la lettre, Pierre aurait écrit cette épître de Babylone ; mais les docteurs prétendent qu’il faut entendre la grande Babylone modernej Rome. Les protestants (v. de Potter, Histoire du christianisme), rapprochant au contraire cette indication du genre de supplice que la tradition catholique affirme avoir été celui do Pierre, concluent qu’il s’agit bien réellement de Babylone, la vieille capitale de l’Orient, car ce genre de supplice, le crucifiement la tête en bas, usité chez les Parthes, était inconnu aux Romains. Ils croient donc que Pierre est mort à Babylone. En réalité, ce n’est là encore qu’une conjecture, et l’on ignore absolument l’endroit où saint Pierre est mort, comme le genre de supplice qu’il a subi, si toutefois même il a été supplicié. La question du séjour et de la mort de Pierre à Rome, qui a de l’importance à certains points de vue, puisqu’elle intéresse l’origine même de la papauté romaine, a été débattue une dernière fois dans un congrès historique tenu à Rome entre catholiques et protestants, les 9 et 10 février 1872. Les orateurs des deux partis ont de nouveau produit toutes les preuves pour et contre, sans arriver k aucun résultat; le résumé des discussions se trouve dans le Resoconio autentico delta disputa intorno alla venuta di san Pietro in îioma (Rome, 1872), l’ouvrage le plus complet qui oxiste sur ce problème historico-religieux. L’argumentation des catholiques se réduit à ceci:Nous avons pour nous la tradition la plus ancienne ; les textes dont nous l’appuyons sont vagues, il est vrai ; il faut les interpréter pour leur’faire dire ce que nous y voyons, mais on n’en trouve pas qui dise expressément le contraire ; de plus, nous vous montrons le tombeau de saint Pierre, nous vous montrons ses reliques, une partie de ses vêtements, la chaire où il a prêché, etc. . Vous ne pouvez en faire autant, à Si saint Pierre n’est pas mort k Rome, dit l’abbé Fèvre (la Semaine du clergé, 9 septembre 1874), il est mort quelque part ; si saint Pierre est mort quelque part, on doit retrouver son tombeau, — Montrez-nous le tombeau t « Voilà une argumentation pressante ; mais c’est k celui qui affirme un fait à en apporter la preuve et non pas aux adversaireskprouver le contraire ; or, ni le tombeau ni les reliques fabriquées en vue de la solution de la question ne peuvent passer pour des preuves, en l’absence d’un témoignage certain.

Tout ce qui reste aux catholiques, c’est la tradition. On n’en trouve pas de trace antérieurement au lie siècle. Saint Justin (ne siècle) raconte la lutte de saint Pierre et de Simon le Magicien k Rome ; mais ce n’est là qu’une légende qu’il faut rayer des discussions historiques. Il se trompe, d’ailleurs, lourdement en affirmant qu’une statue avait été élevée k Rome à Simon; il en rapporte l’inscription:simoni. dko. sancto ; or, cette inscription existe encore, elle est au Vatican, et Justin l’avait mal lue ; c’est celle du dieu sabin Semo Sancus, sbmoki. deo. SANCO; cela fait voir quelle est la valeur des témoignages des Pères de l’Église, quand on ne peut pas les contrôler. Cet épisode fantastique de la vie de saint Pierre prête, d’ailleurs, k d’autres interprétations. On peut suivre, dans le3 auteurs du r=r et du ne siècle, les traces, laissées dans tous les esprits par la dispute de Pierre et de Paul au sujet de la circoncision, l’antagonisme déclaré des deux écoles, antagonisme poussé au point que, d’après les Actes des apôtres, une contre-mission confiée k l’apôtre Jacques fut

attachée aux pas de Paul, le suivit en Galatie, en Bithynie, dans les villes qu’il évangélisait, pour contrecarrer ses prédications et défaire son œuvre. C’est dans le même ordre d’idées que, Paul ayant été k Rome, la légende imagina d’y faire transporter aussi Pierre, dans le même but que Jacques en Galatie. Au m et au lira siècle, lorsqu’on fut convenu de déclarer, malgré l’évidence des textes, que Pierre et Paul avaient toujours été d’accord, qu’ils évangélisaient de concert, cette légende devenait gênante : on la transforma en celle de la lutte de saint Pierre avec Simon le Magicien. Ainsi, saint Justin représente l’apôtre attaché aux pas du thaumaturge, le suivant dans les villes qu’il fascinait de ses miracles et en opérant de meilleurs. Au me siècle seulement, avec Origène et Tertullien, la légende se compléta en ce qui regarde la mort de Pierre. Denys de Corinthe (mort en 178) avait dit seulement : « Il fut crucifié k Rome ; » Origène ajoute : « Crucifié la tête en bas. » Tertullien, Lactance, Augustin, Eusèbe* saint Jérôme (w « , ive, et vo siècle) suivirent la même opinion ; leurs allusions prouvent l’existence de la lé PIER

gende concernant le séjour de Pierreà Rome, la croyance générale qu’elle obtenait, mais non pas la réalité de ce séjour. Enfin, lorsque Constantin fit bâtir la première basilique de Saint-Pierre, autour de la grotte qui passait cour renfermer le corps du martyr et que l’on montre encore dans la crypte de l’église actuelle (v. l’article ci-après), la tradition était complète ; mais il est impossible de déterminer k quelle époque ce prétendu tombeau commença à être en vénération chez les premiers chrétiens.

Il a été répandu, sous le nom de Pierre, une foule de récits apocryphes : un Évangile de saint Pierre, une Apocalypse de saint Pierre, une Proclamation (mipu-fiia) de saint Pierre, les Gestes de saint Pierre (upoÇus FU-Tfiou), etc. ; ces livres furent composés par des Juifs hellénistes du 11= et du me siècle. Les bollandistes ont tiré de manuscrits du vc siècle les éléments d’une Vitasancti Pétri, placée par eux au volume de juin (l’Église célèbre la fête de saint Pierre le 29 juin) et quLest absolument apocryphe. Le plus curieux des anciens documents à consulter sur saint Pierre est le recueil connu sous le titre de Homélies de saint Clément ou Clémentines, édité pour la première fois par Cotelier, Patres sévi apostoli&i (Paris, 1672, 2 vol. in-go) et qui était auparavant un des plus rares de l’antiquité chrétienne. L’auteur da ce livre, le pseudo-Clément, vivait incontestablement k la fin du ne siècle et il attribua par supercherie ses propres élucubrations à Clément de Rome, premier ou troisième successeur de saint Pierre, suivant les diverses supputations ecclésiastiques ; mais cette supercherie n’empêche pas qu’on ne puise chez lui des renseignements certains. Il suppose que le pape Clément rend compte k l’Église de Jérusalem des progrès de la communauté de Rome et transmet à saint Jacques des Extraits des

prédications de Pierre durant ses missions. Ces extraits, au nombre de dix-neuf, constituent autant d’homélies dont l’ensemble forme le roman du christianisme k son origine ; c’est là que se trouve développée toute la légende de Pierre et de Simon le Magicien et la réfutation des doctrines du thaumaturge par l’apôtre. Baur, qui a fait de ce roman une étude approfondie, a parfaitement mis en lumière (les Clémentines critiquées, par le docteur Baur [Hambourg, 1844, in-8 » ], et Église chrétienne des premiers siècles [1S53, in-soj) que les doctrines de Simon ne sont autres que celles de Paul, que Simon est probablement un personnage imaginaire dans lequel on a incarné les tendances pauliniennes. C’est k lui que revient l’honneur de cet aperçu qui démêle une foule de choses restées obscures dans l’histoire de l’établisse ’ment du christianisme. V. Clémentines.

— Le reniement de saint Pierre, dont nous avons parlé plus haut, a donné lieu k quelques allusions :

t.

« II est des vices et des vertus de circonstance. Nos dernières épreuves étaient au-dessus de toutes les forces humaines I Et puis, j’ai été plutôt abandonné que trahi ; il y a eu plus de faiblesse autour de moi que de perfidie : c’est le reniement de saint Pierre ; le repentir— et les larmes peuvent être k la porte. »

(Mémorial de Sainte-Hélène.) Il voulait votre épée au lieu de vos discours, Lorsque sa royauté, mourante de faiblesse, Au perron de Saînt-Cloud convoquait la noblesse. Mais, timides amis, loin du royal château. Vous versiez dans ces jours vos pleurs incognito, De » mt une servante, on vous eut vu peut-être Au premier chant du coq renier votre maître.

Barthélémy.

« L’inventeur du régime de la communauté venait d’être élevé au rang d’un dieu quand la mort l’enleva. Peut-être y eut-il dans cette éclipse profit pour sa mémoire. Sous un jour vaporeux, ses idées acquirent plus de crédit, prirent plus d’empire. Il se survivait dans des apôtres zélés, mais qui pour cela n’en étaient pas moins prudents ; plus d’un, en effet, renia te maître avant le premier citant du coq. C’est l’histoire de toutes les révélations. »

Louis Reybaud.

Pierre (saint), par M. Hippolyte Rodrigues (1873, ia-8 « ). Ce volume, qui ne traite pas de toute la vie de saint Pierre et n’embrasse qu’un très-court espace de temps, de l’an 29 k l’an 38, forme la.seconde partie da l’Histoire des chrétiens, de l’an -6 à l’an 38, dont la première partie a pour titre le Moi des Juifs (1873, in-^S0). On y assiste k la première éclosion de la petite Église qui se groupa autour du chef des apôtres dès le lendemain de la mort de Jésus ; on en suit les tendances principales, fort différentes, comme on sait, de celles qui prévalurent par la suite. L’auteur a bien saisi la physionomie de cette association qui continuait les véritables traditions de Jésus, k laquelle les femmes apportèrent leur dévouement exalté, leurs tendresses mystiques, qui avait pour principale condition la vie en commun et présentait par conséquent, d’une façon tranchée, ce caractère communiste remarqué par Lucien dans son Peregrinus. C’est l’histoire de l’ébionisme et nou celle du catholicisme qu’on semble ra PIER

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conter ; mais, de l’an 29 à l’an 38, jusqu’à ce que Paul se fasse l’Apôtre des gentils et que ses idées pénètrent même le petit cénacle de Jérusalem, l’ébionisme est tout le catholicisme, quitte k passer ensuite pour une détestable hérésie. Avec la connaissance profonde qu’il a des mœurs juives, l’auteur a donné k son récit de la couleur, une grande précision de détails ; k ce point de vue, son ouvrage est intéressant : il plaît comme tout livre qui replace les hommes et les choses do. l’antiquité dans leur vrai milieu.

M. Rodriçues ne s’attache pas, comme M. Renan, a faire une discussion critique des textes, k établir des hypothèses k l’aide de rapprochements et d’inductions ; il procède plutôt comme l’auteur dramatique ou le romancier qui devinent une situation SOU3 deux phrases d’un historien et prennent quelques mots pour point de départ de toute une scène. C’est par scènes détachées, par dialogues, qu’il présente l’histoire de ces neuf années du christianisme ; on voit d’abord la fuite des disciples après le supplice dutnaitre, puis une scène entre Pilate et Caïphe le soir du supplice, le retour des disciples k Jérusalem aux fêtes de Pâques de l’année suivante, l’arrestation de Pierre, sa confrontation devant le sanhédrin, la mort d’Ananias et de Zaphira, la lapidation de saint Étienne, enfin la vocation du diacre Philippe et la conversion de Paul. Sauf une petite dissertation sur ce qu’on a appelé le don des langues (v. don, dans le Dictionnaire ; nos conclusions sont k peu près les mêmes que celles de M. Rodrigues), une autre sur l’hellénisme et une note étendue sur l’esprit et la date des Actes des apôtres, tout est revêtu d’une forme dramatique qui donne du relief aux faits, mais en leur enlevant une partie de leur certitude.

M. Rodrigues explique très-bien la suite des idées qui rendaient inévitable la croyance en la résurrection de Jésus ; nulle part Pierre et les apôtres n’affirment ce miracle comme un fait, mais comme une déduction nécessaire : Jésus ne pouvait être resté au sépulcre, ce principe de vie étant incompatible avec la mort. Si Jésus n’était pas ressuscité, il fût resté inférieur aux prophètes, à Élie, k Moïse, qui « n’ont point connu la mort, » suivant l’expression biblique ; àRomulus, dont le corps a disparu ; à Adonis mémo qui, lui aussi, ressuscita le troisième jour, etc. ; pour le narrateur, les apôtres et les disciples se sont enfuis de Jérusalem le lendemain même de la mort de Jésus, effrayés de ce coup de force, et n’ont plus osé reparaître qu’un ou après. Mais les scènes qui suivent, la conversation de Caïphe et de Pilate, l’interrogatoire de Pierre par Caïphe lorsque l’apôtre rut revenu k Jérusalem, etc., ne peuvent être données que comme de simples fantaisies historiques ; elles ne reposent sur rien, pas même sur ces quelques mots d’un historien qui peuvent servir de point de départ k un développement dramatique.

Un autre point de vue de l’auteur qu’il nous est difficile d’accepter, c’est la continuelle ingérence des Romains et de Pilate, non-seulement dans le procès de Jésus, mais dans les premiers conciliabules d’où sortit le christianisme. S’autorisant du mot cohors employé par Jean seul pour désigner la troupe qui arrête Jésus, tandis que les trois autres évangélistes parlent d’une multitude armée de bâtons et d’épées envoyée par les prêtres, M. Rodrigues voit dans cette troupe une cohorte romaine forte de 600 hommes et envoyée par Pilate. Mais comment expliquer alors que Pilate, lorsqu’on lui amène Jésus, dise : « Remmenez cet homme ; jugez-le suivant votre loi » (Jean, xvm, 31), si c’est lui qui l’a fait arrêter ? Le même point de vue conduit l’auteur k supposer que Pierre a été inquiété par Pilate après la guérison du boiteux ; que le procurateur l’a fait appeler, lui a reproché de vouloir continuer la sédition de Jésus pour se l’aire roi des Juifs, toutes choses dont il n’y a pas trace dans les Actes. Il n’y est question que des réclamations des Juifs orthodoxes, et, en effet, ces querelles se débattaient entre sectaires juifs, sans que les Romains eussent seulement l’idée de s ! en mêler. L’auteur fait de même acquiescer Pilate au jugement du sanhédrin qui renvoie Pierre absous ; il pense aussi que le procurateur devait autoriser, les conciliabules des premiers chrétiens et qu’il leur permettait d’user sur leurs frères du droit de vie et de mort, comme en témoigne l’affaire d’Ananias et de Zaphira pour laquelle Pierre ne fut pas inquiété. C’est 1k une conclusion bien exagérée ; cette odieuse affaire d’Ananias, en dehors du miracle qui ressort de ces deux morts subites, n’est pas assez avérée pour qu’on en tire une induction quelconque. Pilate ne la connut pas plus que la guérison du boiteux, par la raison qu’on n’a jamais parlé d’un miracle qu’un siècle ou deux après sa date.

Pierre (saint). Iconogr. Suivant Nicéphoro Calliste, écrivain grec du xive siècle, saint Pierre avait la taille droite et haute, la tête et le menton fournis d’un poil épais et crépu, mais court, le visage rond et les traits un peu vulgaires, les sourcils arqués, le nez long et aplati à l’extrémité. Ce portrait, dont Nicépnore a peut-être puisé les indications dans d’anciens auteurs que lui fournit la riche bibliothèque de Constantinople, s’accorde parfaitement avea les images que les artistes chrétiens des premiers siècles nous ont lais- sées. Parmi ces images, nous citerons d’aboni, k cause de leur incontestable antiquité, celles que nous offrent dos vases de verre il fond doré provenant des catacombes et qui ont été publiés par Buonarroti, Bosio, Boldetti, Garrucci (Vetri ornati di figure in oro, Rome, X858, pi. ix h xvl, xx kxxv) ; le plus souvent, saint Pierre y est figuré avec saint Paul, tantôt en buste, tantôt en pied. On trouve aussi, dans les catacombes, quelques fresques où sont représentés les deux apôtres. Les mosaïques où ils sont figurés sont surtout nombreuses : il nous suffira de citer celles du baptistère de Sainte-Constance, qui est du temps de Constantin, de Sainte-Sabine, de Sainte-Agathe in Suburra, de Sainte-Marie in Cosmedin, de Saint-Laurent in agro Verano, de Saint-André in Barbara, de Sainte-Praxède, de Sainte-Cécile, à Rome ; du baptistère de Ravenne, etc. Ces mosaïques ont été publiées par Ciampini. Los images des deux apôtres se rencontrent très-fréquemment sur les sarcophages et les pierres sépulcrales des premiers siècles, soit séparément, soit avec les autres apôtres ; assez souvent la scène se présente ainsi : Jésus-Christ, debout sur un monticule, remet à. saint Pierre, qui est à sa gauche, un volume deroulé, emblème des pouvoirs qu’il lui confère ; l’apôtre reçoit ordinairement ce volume sur un par de son manteau, par respect ; à droite, saint Paul s’incline profondément.

Dans les représentations que nous venons de signaler, les deux apôtres ont souvent k la main un volumen ou rouleau de papier ; quelquefois, la main droite, sortant seule de dessous le manteau, est disposée comme pour la bénédiction latine, ce qui fut d’abord un geste oratoire propre k ceux qui se disposaient k parler et réclamaient ainsi le silence. Les attributs particuliers de saint Pierre affirment tous sa prééminence sur les autres apôtres. De nombreux monuments primitifs, peintures, mosaïques, sculptures, nous le montrent avec les ciefs en main, ou dans l’acte de les recevoir du divin Maître ; c’est une traduction figurée des promesses faites par le Sauveur à celui qu’il établissait chef de ses apôtres et de son Église : Tibi dabo claves regiti cœlorum (Matth., xv, 19). Dans la mosaïque du baptistère de Ravenne, outre l’emblème des clefs, suint Pierre se distingue par une espèce de tiare dont il est coiffé, tandis’que les autres apôtres ont la tète nue. Quand le Lavement des pieds est représenté sur les monuments primitifs, c’est toujours saint Pierre, et saint Pierre seul, qui est mis en scène ; un sarcophage d’Arles le fait voir manifestant par ses gestes et par l’animation de son visage son étonnement de l’exemple d’humilité donné par Jésus. Quand l’Église est figurée sous l’emblème de la barque, c’est saint Pierre qui manie l’aviron. Un des attributs les plus ordinaires du prince*des apôtres, dans les représentations antiques, est une croix gemmée ou quelquefois simple, qu’il tient de la main gauche, appuyée contre son épaule, tandis que de la droite il reçoit de Jésus le volume déroulé. Cet attribut de la croix fait allusion au genre de mort de l’apôtre.

Il est parlé, dans les Actes de saint Sylvestre, de deux personnages que Constantin aurait vus en songe et qu’il reconnut dans les portraits de saint Pierre et de saint Paul que ce pontife avait placés sous ses yeux. «Quelque parti que l’on prenne au sujet de la vision elle-même, dit M. l’abbé Martigny, on est en droit d’inférer de ce traitque l’Église romaine possédait dès lors un modèle consacré pour l’effigie de ces deux apôtres. » On conserve, dans la chapelle de la Confession de Saint-Pierre, k Rome, une peinture sur argent que la tradition a désignée comme ayant appartenu à saint Sylvestre : outre saint Pierre et saint Paul, représentés k mi-corps, nimbés, vêtus d’une tunique et d’un manteau, tenant un volumen dans la main gauche et faisant de la main droite un geste oratoire, on y voit le Christ qui lève la main pour bénir et qui a la tête entourée d’un nimbe crucifère, et, au-dessous des deux apôtres, un pape entouré de trois évêques qui joignent les mains. Cette peinture, dont il existe une médiocre gravure au Cabinet des estampes de la Bibliothèque nationale de Paris, ne nous paraît pas avoir été exécutée avant le xto ou le xiio siècle. Les figures des deux apôtres seulement ont été gravées par Joachim Filidonii.

Dans la grande nef de la basilique de Saint-Pierre, à Rome, on voit une statue de bronze du prince des apôtres, dont les dévots usant le pied k force de le baiser : saint Pierre est assis et donne, de la main droite, la bénédiction à la manière latine. Cette statue, d’un style médiocre et sans noblesse, a été regardée par certains archéologues comme une figure de Jupiter transformé en apôtre. On pense qu’elle aurait été coulée au temps de Constantin. Il y a, dans l’église Sa.iut-Jeande-Latran, deux statues de grandeur naturelle, qui passent pour être du xe siècle et qui représentent, l’une saint Pierre tenant les clefs de la main gauche et levant la droite pour bénir, l’autre saint Paul tenant un livre fermé et une épée nue appuyée sur son épaule. Des statues en bronze doré des doux apôtres, d’une exécution moderne, sont placées dans la Confession de Saint-Pierre. La colonne Trajane est surmontée d’une statue du prince des apôtres sculptée par délia Porta. D’autres statues de saint Pierre ont été exé PIEK

cutées par Monot (figure de marbre colossale, k Saint-Jean-de-Latran), CamiUo Mariani église Santa-Maria-sopra-Minerva, k Rome), Baccio Bandinelli (cathédrale de Florence), Lombardo (bronze, à Saint-Mare de Venise), Carlone (église Saint-Ambroise, à Gênes), C. Eberhard (portail de l’église de Tous-les-Saints, à Munich), Jérôme Duquesnoy (église Notre-Dame-de-Ia-Chapelle, k Bruxelles), Del vaux (cathédrale de Namur), Thorwaldsen (gravé par Pietro Polo), Dcbay père (chœur de la cathédrale de Nantes), Louis Geefs (Salon de 1839), Gérard (fronton de l’église de la Madeleine, k Paris), E. Thomas (péristyle de l’église Saint-Sulpice, à Paris), Jean Valette (égBse Notre-Dame-de-Bercy), Char-1 es Iguel (Salon de 1868), Dantan jeune (église de la Trinité, à Paris), etc.

Des figures de saint Pierre, peintes en Italie au xive siècle, font partie de l’ancien musée Napoléon III au Louvre (nos 29, 41, 63, 69, 77, 97). Un tableau de cette collection (n<> 34), exécuté dans la manière de Giotto, représente l’Exhumation des corps de deux martyrs en présence de saint Pierre et de saint Paul,

Parmi les peintres modernes qui ont représenté saint Pierre, les uns en pied, les autres en buste, nous citerons par l’ordre alphabétique : le cavalier d’Arpino (dont la composition a été reproduite en mosaïque pour Saint-Pierre de Rome), Marco Basaiti (Saint Pierre et d’autres saints, peinture intéressante, malheureusement altérée par les restaurations, dans l’église San-Pietro-di-Castello, à Venise), Fr. Boucher (gravé par Jean Haussart), le Caravage (Saint Pierre, saint Jacques et saint Jean, gravé par J. Murphy), Carpaccio (Saint Pierre bénissant plusieurs saints, au musée de Berlin), Amiibal Carrache (gravé par P. Bartoîozzi, par C. Bloemaert et Baron), B. Cesi (pinacothèque de Bologne), J.-B. de Champagne (musée de Bruxelles), P. Christophsen (Saint Pierre et sainte Dorothée, collection royale d’Angleterre), C. Dolci (musée des Offices), Albert Durer (Saint Pierre et saint Jean, tableau daté de 1526, à la pinacothèque de Munich), Van Dyck (gravé par John Faber), û. Feti (pinacothèque de Munich), J.-B. Franck (galerie de Dresde), Giuseppe Grassi (galerie de Dresde), le Guerchin (au Louvre, gravé par J.-G. Bartsch), le Guide (musée de Madrid), tlerrera (musée de Dresde), Lanfranc (Saint Pierre en prière, au Louvre ; gravé dans le recueil de Landon), Ch. Le Brun (gravé par N.-F. Bertrand), Liotard (pastel, au musée de Genève), Fr. Meneses y Osorîo (ancienne galerie Aguado), Raphaël Mengs (aux musées de Madrid et devienne, gravé par D. Cunego et par Joseph Kovatsch), Navarrete el Mudo (musée de Madrid), Gius. Nogari (galerie de Dresde), J.-B. Pierre (gravé par Marguerite de Lorme), Moreels (gravé par A. Blooteling), Moritz (gravé uar C. Forssel), Domenico Passignano (k l’Académie des beaux-arts de Florence), J. Restout (autrefois dans la chapelle de la Sorboue), Ribera (musée de Madrid, lithographie par Paul Aequel), Rubans (volet du triptyque de la Pêche miraculeuse, à Notre-Dame de Malines), Fr. Stringa (musée de Modène), le Tintoret (au palais Corsini, à Florence), F. Vanni (gravé), etc. Signalons encore les estampes de Ant.-Aug. Baeck, W. Baillie (1761), J.-B. Baibé, Nie. Bazin, Beccafuini (clair-obscur), Christophe Blake ou Bianchi, Gio.-Ant. da Brescia, Franz Brun (1559), J. Callot, Crispin de Passe (d’après Jodocus van Winghen), Paolo Farinati, H. Goltzius (1589), Honeruogt, Jaspar lsac, Lagrenée, Michel van Lochon, Bart. Manini, J. Messager, B. Passarotti, etc.

Des compositions nous offrent souvent les figures de saint Pierre et de saint Paul réunies ; tels senties tableaux du Guerchin (gravé par Bartolozzi), du Guide (gravé par Gaetano Gandolfi en 1785 et par G. Cipriani en 1804), Rubens (à la pinacothèque de Munich, gravé pur R. Eynhonedts), P. Véronèse (église de San-Pietro-in-Castello de Venise). Lucas da Leyde a gravé, en 1517, Saint Pierre et saint Paul tenant le saint suaire.

•Nous décrivons ci-après les célèbres fresques de la chapelle des Brancacci, dans l’église des Carmes, k Florence, où Masolino, Masaccio et Fra Filippo Lippi ont retracé les Actes de saint Pierre. Des fresques sur te même sujet ont été exécutées par Orazio di Paris Alï’ani sur les murs de l’église des bénédictins de Pérouse ; mais elles sont aujourd’hui ruinées. Cette même église de Pérouse possédait des bas-reliefs en bois, représentant les Actes de saint Pierre et de saint Paul, qui passaient pour avoir été exécutés d’après les dessins de Raphaël. Ces Actes sont retracés dans un bas-relief de bronze, exécuté sous le pape Clément VIII et qui décore la chapelle de la Confession de Saint-lJierre, k Rome. Ils ont été peints, dans une loggia du Vatican, par Lanfranc, dont les compositions ont été gravées en dix-huit pièces par P.-S. Bartolt. Un rétable attribué à Jacopo da Casentino, artiste du xive siècle, représente les Sujets suivants : Saint Pierre distribuant les dignités ecclésiastiques ; Saint Pi&re délivré de prison et le Crucifiement de saint Pierre ; ce rétable appartient au musée des Offices. Dans le chœur de la cathédrale de Cologne, un artiste allemand du xive siècle a peint sur les murs diverses scènes de la vie de saint Pierre et de saint Sylvestre : selon Waugen, ces peintures se distinguent par des propora"

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tiens convenables, une composition animée, des draperies de bon goût ; mais les têtes sont conventionnelles et très-peu expressives. Jungwierth a gravé, au xvuie siècle, la Vie de saint Pierre, en six planches, d’après J. Zimmermann. De nos jours, M. Biennoury a

eint sur les murs de l’église Saint-Séverin,

Paris, les épisodes suivants : Reniement de saint Pierre ; Saint Pierre recevant les clefs du paradis ; l’A veuglement et la conversion de saint Paul ; Saint Pierre et saint Paul dans la prison Mameriine ; Y Exaltation de saint Pierre et de saint Paul. M. Bouguereau a peint, dans l’église Saint-Augustin, à Paris : Saint Pierre baptisant et Saint Pierre évangélisant.

Voici maintenant l’indication sommaire de quelques-unes des représentations qui ont été faites des principaux traits de la vie du prince des apôtres.

La Vocation de saint Pierre ou la Pêche miraculeuse a été représentée par Raphaël (gravé par Ugo da Carpi, le Maître a l’étoile, Nicolas Dorigny, etc.), Dumont le Romain (autrefois dans i’égiise des Chartreux, à Paris), Michel Corneille (autrefois à Notre-Dame de Paris), le Baroche (musée de Bruxelles), D. Ciampelli (gravé par P. Bctini, 1684), Van Geel (sculpture de la chaire à prêcher de l’église Saint-André, à Anvers), etc. V. PÊCHE MIRACULEUSE.

Sutnt Pierre marchant sur les eaux a été représenté parleCigoli (Académie des beaux-arts de Florence, gravé par F. Gregori, par G.-A. Lorenzini et par G. Cantini), Vasari (au Louvre, tableau provenant de l’église Saint-Louis-des-Français de Rome), Girolamo Mutiano (gravé par Cornelis Cort, 1562, et par Cornelis Galle), Lanfranc (tableau du musée de Naples, reproduit en mosaïque k Saint-Pierre de Rome, gravé par Nicolas Dorigny et par Gérard Audran), le Giotto (composition exécutée en mosaïque pour le Vatican, en 1535, et gravée par N. Béatrizet en 1559), Alessandro Allori (musée des Offices), etc.

Le Reniement de saint Pierre a été figuré par le Caravage (tableaux au musée de Dresde et au palais Corsini, à Florence, et estampe datée de 1603), un artiste de l’école du Calabrese (musée du Louvre, n» 312), Van Dyck (musée de Naples), le Guerchin (gravé par Pasqualini), Gérard Honthorst (musée du Louvre, no 222), Manfredi (musée du Belvédère), P. Molyn (gravé par W. Akersloot), Gérard ’Seghers (autrefois dans la galerie Fesch, gravé par Schelte van Bolswart et par A. Pauli), Steenwych (musée de Madrid), David Teniers (musées de Dresde et du LOU7 vre), Valentin (anciennement dans la galerie Delessert ; un second tableau dans la galerie Suermondt, à Aix-la-Chapelle), B. West (gravé par V. Green en 1780), etc.

Le Repentir de saint Pierre ou Saint Pierre pleurant son péché a été peint par Sim. Cantarini (galerie de Florence, gravé par Nicolet), J. Cossiers (gravé par C. Lauwers), Dtf.’trich (musée de Besançon), Antoine Dien (gravé par Pierre Drevet), Carlo Dolci (musée des Offices), le Dominiquiu (musée de Madrid), Luca Giordano (musée de Madrid), le Guerchin (musée du Louvre, n° 49), le Guide (au palais Pitti, aux musées de Montpellier et du Belvédère), Lagrenée (Salon de 17G5), Lanfranc (musées des Offices, de Dresde, de Dijon), Rembrandt (gravé par Van Vliet en 1G34), Ribera (musées de Munich et du Belvédère, et eau-forte datée de 1621), Bart. Sehidone (musée de Naples), Claude Vignon (gravé par Jean Convay), Martin de Vos (gravé par Mans von Lochon), etc. Mentionnons encore tes estampes de Nicolas Bazin, A. Bloemaert, Is. Briot, Cochin fils, Carlo Faucci (d’après le Guerchin), Nicolas Langlois (d’après Le l’autre).

Suint Piei’re recevant les clefs de l’Église ou Saint Pierre établi chef de l’Église. Tableaux de Brémond (église de La Villette, k Paris), Jacopo da Empoli (église de la Trinité, à Florence), le Guida (cathédrale de Fano, gravé par Gio.-B. Bolognini), H. de Hess (fresque de l’église de Tous-les-Suints, k Munich), Ingres (gravé par Pradier, par Réveil), Girolamo Mutiano (chapelle de la sacrjstie des Béuéficiers, k Saint-Pierre de Rome), le Pérugin (fresque de la chapelle Sixtine), Raphaël (tapisserie du Vatican), Fed. Zuccaro (gravé par Corn. Cort en 1567), Giulio Clovio (aquarelle sur vélin, faisant partie de la collection des dessins du Louvre). Bas-relief du Bernin, au-dessus d’une des portes de Saint-Pierre de Rome.

Saint Pierre préchant. Peintures de Fra Angelico (musée des Offices), Fra Filippo Lippi (gravé par C. Lasinio), Poerson (autrefois dans la cathédrale de Paris), Poiidoro Caldara (gravé en elair-obscur par Hugo da Carpi). Statue de Bra (Salon de 1824).

Saint Pierre et saint Paul voyageant avec leurs disciples. Tableau de Simou Vouet, autrefois k Notre-Dame de Paris.

La Séparation de saint Pierre et de saint Paul. Tableau de [.anfranc (au Louvre, gravé par Et. Picart et par A. Ciiatuigner).

Saint Pierre conférant le diaconat à saint Étienne. Tableau de Carpaccio (musée de Berlin).

. Saint Pierre béttissant la famille de Corneille le centenier. Tableaux d’Aubin Vouet (autrefois k Notre-Dame de Paris), de C. Fabrtcius (gravé par J.-J. Ooriman).

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Saint Pierre et saint Jean courant au sépulcre. Gravé par V. Green, d’après B. West.

Saint Pierre et saint Jean confirmant les premiers fidèles. Tableaux de Fr. Grellet (Salon de 18G5) et de J.-M. Doze (Expos, univ. de Lyon, en 1872).

Saint Pierre trouvant la monnaie du tribut dans un poisson. Tableaux de Rubens (volet de la Pèche miraculeuse, k Notre-Dame de Malines) et de Ribera (au palais Corsini, k Florence).

Saint Pierre guérissant le boiteux à la porte du temple. Tableaux de Simone Cantarini (église San-Pietro de Fano, gravé par Girol. Ferroni), L. Cardi (gravé par Nicolas Dorigny), Cazes (église Saint-Germain-des-Prés, k Paris), G. Lallemand (autrefois k Notre-Dame de Paris), Raphaël (tapisserie au Vatican), Achille Lecaron (Salon de 1844), Marquis (Salon do 1838), Poussin (gravé par L. Audran), L. Sylvestre (autrefois k Notre-Diime de Paris), Pierino del Vuga (gravé par Giulio Bonasone), Carie Vanloo (autrefois dans l’église do Saint-Pierre-des-Arcs, k Paris), Roncalli délie Pomaranco (église des Saints-Apôtres, k Florence), Fr. Mancini (reproduit en mosaïque k Saint-Pierre de Rome), etc. Eau-forte de Rembrandt.

Saint Pierre guérissantles malades avec son ombre. Tableaux de La Hyre (au musée du Louvre), autrefois k Notre-Dame de Paris), Jouvenet (autrefois dans l’église des Grands-Augustins, k Paris), Subleyras (musée de Toulouse), Lutil (Salon de 1846), J.-M. Pierre (autrefois dans la chapelle de Saint-Symphorien, k Saint-Germain-des-Prés, k

Paris).

Saint Pierre ressuscitant Tabitke. Tableaux du Guerchin (au palais Colonna, k Rome, gravé par C. Bloemaert), Placido Costanzi (reproduit en mosaïque, k Saint-Pierre de Rome), C. Schoenherr (galerie de Dresde), Alex. Lacmlein (Salon de 1843), Cazes (peint pour Saint-Germain-des-Prés), Testelin (autrefois k Notre-Dame de Paris, gravé par Bosse), Eustache Le Sueur (peint pour l’église Saint-Étienne-du-Mont, gravé par Duflos), Abel de Pujo ! (église de Saint-Pierre, à Douai),

Saint Pierre délivré de prison ou la Délivrance de saint Pierre. Tableaux de i’Albano (au palais Pitti et au musée des Offices), Mario Balassi (gravé par F, Gregori), le Calabrese (musée de Dresde), un artiste de l’école du Caravage (musée du Louvre, n" 534), J.-B. Corneille (autrefois à Notre-Dame de Paris, gravé par B. Picart), A. Coypei (gravé par Guill. Chasteau), Deshais (gravé par Parizeau en 1765), le Dominiquin (église de Saint-Pierre-ès-liens, k Rome, gravé par P. Daret, par A. Cunego, etc.), le Guerchin (au musée de Madrid, gravé par Lorenzini et par B. Manini), G. Honthorst (musée de Berlin), La Fosse (autrefois dans l’église de l’Assomption, k Paris), Fr. Mola (gravé par J. Coflin), P. Neefs (au Louvre, n» 345), Léon Paillère et Picot (Salon de 1824), J. Pinas (gravé par P. Lastman), Raphaël (fresque de la chambre d’Héliodore, au Vatican), Ribera (au musée de Dresde, gravé par Marco Pitteri), Robort-Fleury (Salon de 1S40), Rubens (au palais Pallavioini, k Gênes), Aubin Vouet (musée de Toulouse), J. van Staaveren (autrefois dans la galerie Delessert), Steenwyck le père (date de 1604, au musée du Belvédère), Steenwyçk le fils (daté de 1621, même musée), Valentin (musée de Dijon), Vanloo l’aîné (autrefois k Saint Germain-des-Prés, k Paris (Cornelis Wael (église Saint-Ambroise, k Gênes). Sculpture de Luca délia Robbia, au musée de Florence. Tapisserie de Beauvais, du xve siècle, au musée de Cluny. Estampes de Bern. Rode, Bernard Lens to Vieux, Bergholz, L. Borzoni, W. Akersloot (d’après Hondius), Bause (d’après A. Bloemaert). V. DÉLIVRANCE DE SAINT PIERRE (VI, p. 365).

Jésus apparaissant à saint Pierre aux portes de Rome. Gravure de Giulio Bonasone, d’après Raphaël. Tableau de Pierre Mignard (autrefois k Notre-Dame de Paris, gravé par Bosse).

Martyre ou Crucifiement- de saint Pierre. Fresques de Michel-Ange (chapelle Pauline, au Vatican), Fr. Imperato (église Saint-Pierre, k Naples), Giunta de Pise (église supérieure de Saint-François-d’Assise). Tableaux de Nie. dell’ Abbate (musée de Dresde, gravé par Jac. Folkema), Fabrizio Boschi (galerie de l’Académie de Florence), Séb. Bourdon (autrefois k Notre-Dame de Paris, aujourd’hui au Louvre, gravé par Nie. Tardieu), Calabrese (autrefois dans la galerie d’Orléans, gravé par Desplaces), Caravage (copie par Bloemaert, au musée de Dresde), Annibal Carrache (musée de Montpellier), le Dominiquin (gravé par Jean Audran), Armand Dumaresq (Salon de 1853), Van Dyck (musée do Bruxelles), L. Gaetano (mosaïque d’après un dessin de Palma, k Saint-Marc de Venise), Justus van Ghent (autrefois dans l’église Saint-Jacques, h Garni), Ant. Gilbert (Salon de 1865), le Guide (tableau du musée du Vatican, reproduit en mosaïque k Saint-Pierre de Rome, gravé par Cratlbunara et par P. Lastman), La Hyre (tableau peint en 1G36), le Parmesan (gravé en clair-obscur par Antouio Fautuzzi et par Caraglio), Rubens (tableau daté de 1633, k Cologne), Subleyras, (musée du Louvre, gravé par Jean Baruault), Martin de Vos (gravé), . Wullfaei ?

(Salon de 1867). Bas-reliefs de Luca délia Robbia (musée des Oftices), d’Ant. Filarete et Simone., frère de Domuo (porte de bronze de Saint-Pierre de Rome), de J. Berger (bois, au musée de Bruxelles). Eau-forte de Louis de Boullongne !e père (1645). Gravures de Gio.-B. de Cavallerii et de Michèle Lucchese (d’après Michel-Ange). V. crucifiement de saint Pierre (V, p. 602).

Pierre (les actes de saint), célèbres fresques de Masaccb, de Masolino da Panieale et de Lippi, dans la chapelle des Brancaoci, église des Cannes, à Florence. La riche et puissante famille des Brancacci, dont un membre, Felice di Michèle, fut plusieurs fois ambassadeur de la république florentine (de M18 à 1434), avait fondé une chapelle particulière, comme c’était alors l’usage, dans l’église des Carmes nouvellement réédifiés et solennellement consacrée en 1422. Masolino da Panieale fut chargé de décorer cette chapelle ; il y travailla en 1423 et 1424, et, étant parti pour la Hongrie en 1424, il fut remplacé par Masaccio, alors âgé de vingt-trois ans seulement, mais qui avait déjà manifesté son merveilleux génie. Masaccio lui-même s’éloigna de Florence en 1427 et laissa l’œuvre inachevée ; elle fut reprise et terminée par Fra Filippo Lippi, selon quelques autours, ou par Filippino Lippi, comme ont essayé de le démontrer les savants annotateurs de la dernière édition de Vasari (Florence, 14 vol., 1846-1870).

Les peintures de la chapelle des Brancacci doivent être considérées comme un des plus importants et des plus admirables monuments de la Renaissance italienne. « Elles marquent un des immenses progrès de l’art, a dit un critique, et, à près d un siècle de distance, elles participent déjà de l’ampleur magistrale qui brillera dans les œuvres de Raphaël. » Elles comprennent quatre grandes compositions et huit petites, formant deux rangées superposées. Deux des petites compositions représentent, l’une Adam et Eve assis au pied de l’arbre de la science du bien et du mal, l’autre Adam et Eve chassés du paradis ; la première est attribuée à Masolino da Panieale, la seconde à Masaccio. Des six autres petites compositions, une passe encore pour avoir été peinte par Masolino, trois par Masaccio et deux par Lippi. Celle de Masolino représente Sain* Pierre préchant a de nombreux auditeurs, les uns debout, les autres agenouillés ; parmi ceux-ci on remarque une femme, Ut tête encapuchonnée d’une étoffe noire. Lippi a peint Saint Paul visitant saint Pierre dans sa prison et la Délivrance de saint Pierre : dans la première de ces compositions, saint Paul, vêtu d’une robe verte et d’un manteau rouge, montre le ciel à saint Pierre dont le visage apparaît derrière une fenêtre grillée ; dans la seconde, le vieil apôtre joint les mains eu suivant le bel ange, vêtu de blanc, qui l’emmène hors de la prison ; un jeune garde, assis et appuyé sur son arme, ne semble pas se douter de cette évasion. Les trois petites compositions peintes par Masaccio nous montrent : Saint Pierre distribuant des aumônes, Saint Pierre guérissant des malades avec sua ombre et Saint Pierre baptisant. Dans cette dernière scène se trouve une figure d’homme nu qui a été vantée par Vasari et qui est restée célèbre dans l’histoire de l’art : admirable pour la correction du dessin, elle est admirable aussi pour la vérité de l’expression ; on croit la voir frissonner de froid. Dans & Distribution des aumônes, Pierre, accompagné de saint Jean, met une pièce de monnaie dans la main d’une jeune femme coiffée d’un turban et qui porte un enfant en chemise sur son bras. Le personnage qui, dans la Guërison des malades, est coiffé d’une capuche rouga et s’appuie sur un bâton passe pour être le portrait de Masolino.

Masaccio n’a exécuté en entier qu’une des quatre grandes compositions, celle qui représente Jésus ordonnant à saint Pierre d’aller prendre dans la gueule d’un poisson la monnaie pour payer le tribut. La scène, distribuée avec une simplicité magistrale, est grave, solennelle, imposante. Les personnages, au nombre de quinze, sont groupés au milieu d’un vaste paysage, sur le bord d’un lac. Le Christ, retenant de la main gaucho son manteau, désigne, de la droite, la pièce d’eau par un geste plein de noblesse. Les apôtres témoignent, par leurs uttitudes, de leur foi et de leur dévouement. Masaccio a introduit son propre portrait dans ce tableau ; c’est le personnage placé le plus près de la maison, à la gauche du Christ ; il est vêtu d’un manteau violet et a le visage presque de profil ; c’est une çhysionomie énergique et même un peu rude, qui dénote un caractère vigoureusement trempé. Deux autres groupes de cette fresque représentent, l’un Saint Pierre retirant les quatre drachmes de ta gueule dupoisson, l’autre Saint Pierre payant le tribut.

Chacune des trois autres grandes compositions offre deux actions, deux scènes différentes, comme cela se voit fréquemment dans les tableaux antérieurs au xvie siècle. Celle qui représente, comme sujet principal, Saint Pierre ei saint Paul ressuscitant Eutychus a été commencée pur Masaccio et terminée par Lippi : les deux saints, l’un à genoux, l’autre debout, sont en prière, tandis que le jeune prince, agenouillé sur un linge à côté de crânos.et d’ossements humains, témoigne sa )oie d’être ressuscité ; une foule «ombreuse,

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où il n’y a pas une femme, assiste au miracle. La seconde scène, à droite, nous montre Saint Pierre préchant, assis sur un trône et les yeux levés au ciel, en présence de moines et d’autres personnages vêtus à la mode florentine du xv» siècle.

L’une des deux autres grandes compositions, Saint Pierre guérissant un estropié et ressuscitant Petronillaou Tabithe, est l’œuvre de Masolino. La scène principale se passe sur une place publique ; l’estropié, la tête enveloppée d’un biindeau blanc, tend la main à saint Pierre, qui le relève. Dans l’autre scène, la ressuscitée, encore enveloppée de son suaire, les bras croisés sur la poitrine, est debout et regarde l’apôtre, qui la bénit.

La quatrième grande composition, enfin, est tout entière de la main de Lippi, qui y a représenté Saint Pierre et saint Paul disputant avec Simon le Magicien et le Crucifiement de saint Pierre. Dans la première scène, les deux saints se retournent vers Simon, qui tient un rouleau de papier de la main droite et qui, de la gauche, saisit Pierre au collet ; le proconsul, assis sur son trône, entre deux assesseurs vieux et graves, tend la main vers les disputeurs. D ; ms la scène du Crucifiement, deux bourreaux demi-nus soutiennent la croix sur laquelle le saint est fixé la tête en bas, et un troisième la hisse au moyen d’une corde. Parmi les figures de cette fresque, accusées avec une remarquable énergie., on a cru reconnaître les portraits de Filippino Lippi, de Botticelli et de Poltaiuolo.

Dans ces fresques, où la part de Masaccio est considérable, ■ le maître initiateur, dit H. Paul Mantz, ne se contente pas de restituer à la figure humaine la vérité de la physionomie, de l’attitude et du costume ; il rend le même service à la nature ambiante, aux paysages, aux architectures qui entourent l’homme et qu1 s’associent à sa vio. Masaccio n’a pas seulement réhabilité l’acteur, il a reconstitué le théâtre où le drame s’accomplit. Dans ses grandes scènes de la chapelle dos Brancaoci, le décor, très-sobre dans ses lignes et volontairement atténué dans ses colorations, est aussi vrai, aussi beau que les personnages dont l’artiste a raconté les aventures. Ces paysages sont sévères et solennels, comme les faits évangéliques qu’ils encadrent. »

Les Actes de saint Pierre ont été gravés par Ferd. Gregori et par C. Lasinio ; plusieurs des compositions ont été reproduites dans l’Histoire des peintres de toutes les écoles.

l’icrrc rcceinul les clef» de l’Église (SAINT), fresque du Pérugin, à la chapelle Sixtine (Rome). Le Christ, vêtu d’une robe violette et d’un manteau bleu, remet les clefs de l’Eglise à saint Pierre, qui est agenouillé devant lui, la main sur la poitrine. Derrière le prince des apôtres, onze autres disciples sont debout ; -derrière Jésus, il y a huit personnes, parmi lesquelles on distingue une femme vêtue d’un manteau sombre, deux vieillards à barbe blanche et deux jeunes gens coiffés de bonnets rouges. Ces diverses figures, dessinées avec une remarquable élégance, savamment drapées et ayant pour la plupart des têtes très-caractérisées, sont évidemment des portraits. Au fond, de nombreuses figurines montent ou descendent les degrés d’un vaste escalier qui conduit à un édifice a rotonde flanqué de deux portiques ; des arcs de triomphe a trois baies s’élèvent de chaque côté de cet édifice, dont ils sont séparés par des arbres au feuillage léger.

Vasari nous apprend que cette fresque, une des plus nettes et des mieux conservées de la Sixtine, fut exécutée par le Pérugin en collaboration avec dom Bartolommeo délia Gaua, abbé de Saint-Clément d’Arezzo. Elle a été gravée dans le Valicano descritto(M, pi. 141) d’Érasme Pistotesi et dans le premier volume de ï’Ape Italiana délie belle arti (pi. xxx),

Pierre (LE RENIEMENT DE SAINT), tableau

de David Tèiiiers le jeune (musée du Louvre). À part le violent anachronisme qui consiste à transporter la scène dans un corps de garde flamand, ce tableau est un des plus remarquables du maître. Dans une salle basse et enfumée quatre soudards jouent aux cartes et un cinquième suit le jeu d’un œil attentif. Saint Pierre, au second plan à gauche, se chauffe devant une haute cheminée contre laquelle s’appuie Un paysan, assis et vu de dos. Une servante interroge l’apôtre en lui touchant le bras d’un geste familier très-uaturel, et un homme placé derrière lui attend curieusement sa réponse ; il vtentd’ôter sa pipe de sa bouche et lu tient a la main. En ce moment, un coq, perché sur la cheminée, se met à chanter. Dans le fond, trois soldats se disposent à sortir précédés d’un portedrapeau. La toile est signée : David Teniers, f. an. 1646. Ce tableau si naïf et si animé est parfait au point de vue de la composition et de la couleur ; il provient de la collection de Louis XVI qui l’avait acheté m,320 livres à la vente du comte de Merle ; il a été gravé par Delaunay.

Pierre recevant les clefs du paradis (SAINT) OU Jésus-Christ donuuut les clefs à suint

Pierre, tableau d’Ingres, au musée du Luxembourg. Jésus, montrant d’une main le ciel, remet, de l’autre main, les clefs du paradis à. saint Pierre qui, un genou on terre, lève vers le Seigneur son visage bruni dont l’expression est mêlée d’étoiinement et de respect. A

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droite sont groupés les autres apôtres. Au fond, on aperçoit une ville. Cette composition est l’interprétation du passage suivant de saint Matthieu : « Et moi aussi je vous dis que vous êtes Pierre et que sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes de 1 enfer ne prévaudront point contre elle. Et je vous donnerai les clefs du royaume des cieux, et tout ce que vous lierez sur la terre sera aussi lié dans les cieux. • Ingres a peint cette toile en 1S20 pour l’église de la Trinité-du-Mont, à Rome, où l’a remplacée une copie exécutée par Murât ; elle a été transportée au musée du Luxembourg et a figuré à l’Exposition universelle de 1855. Th. Gautier en a fait un éloge excessif : t C’est un tableau d’un style sévère, qui rappelle les cartons d’Hampton-Court ; les draperies sont largement agencées, les têtes ont un caractère énergique et robuste, comme il convient a des pécheurs d’hommes qui vont jeter le filet sur l’univers pour ramener les âmes. Le saint Pierre est superbe ; la tête du Christ mêle au type traditionnel le sentiment particulier de 1 artiste ; c’est ainsi que les maîtres savent être neufs en traitant des sujets en apparence usés. La couleur de ce tableau, que chaque jour améliore, prend une intensité toute vénitienne ; les gris, tant reprochés à M. Ingres il y a quelques années, ont disparu sous une belle teinte chaude et dorée ; les draperies, d’abord un peu entières de ton, se sont harmonieusement rompues. » Une autre fois, T. Gautier a été un peu moins louangeur ; il a reconnu que le type de la tète du Christ est un peu lourd et que les plis de son manteau bleu sont trop compliqués. M. Du Camp a exprimé l’avis que l’artiste aurait mieux fait de laisser à l’église de la Trinité-des-Monts ce tableau qui est, en réalité, fort inférieur à d’autres œuvres du même pinceau ; « L’ordonnance générale est sans mouvement ; les draperies des personnages sont lourdes ; leurs chairs mates n’ont pas de transparence ; dans toute cette composition on sent trop l’effort qui n’a point abouti. » Le Saint Pierre recevant les clefs a été gravé au burin par Pradier et au trait par Réveil. Une petite esquisse de ce tableau appartient à Mme Monteu-Gilibert et a figuré à l’exposition posthume des œuvres d’Ingres en 1867.

Pierre (LE CRUCIFIEMENT CE SAINT), Sujet

représenté par divers artistes. V. crucifiement.

Pierre guérissant le paralytique (SAINT) OU la Guérïsou du boiteux, tapisserie (arazzo) exécutée d’après un carton de Raphaël, au Vatican. La scène se passe sous le péristyle du temple ; saint Pierre, accompagné de suint Jean, rencontré un paralytique qui lui demande l’aumône ; il lui prend la main et lui dit : « Lève-toi et marche I « La foule qui se rend au temple est frappée d’étonnement et d’admiration à la vue du miracle. Quelques personnes toutefois, ignorant ce qui se passe, contrastent pur leur indifférence avec celles qui sont témoins du prodige ; dans ce nombre, on remarque une femme avec son nourrisson dans les bras. À droite, on voit aussi deux autres femmes avec de jeunes enfants nus, dont l’un porte deux colombes attachées au bout d’un petit bâton. À gauche, un infirme se traîne vers les apôtres dans l’espoir d’obtenir lui aussi sa guérison. Les colonnes torses du péristyle, décorées d’élégantes arabesques, semblent avoir été imitées de celles qui se voient dans l’église de Saint-Pierre et qui passent pour avoir appartenu au temple de Jérusalem.

Le carton de Raphaël se voit à Hampton-Court ; il a beaucoup souffert et a été repeint en plusieurs endroits. La tête du second paralytique, qui est un des morceaux les mieux conservés, est fort belle et a sans doute été peinte par Raphaël lui-même. La manière dont sont traitées quelques autres têtes et les ombres noirâtres des chairs de quelques figures font supposer à Passavant que Jules Romain a travaillé à ce carton.

Cette magnifique composition a été gravée, d’après la tapisserie, par Louis Sonunerau (1780), Carlo Délia Rocca (1825) et P. Marchetti ; d’après le carton, par Nie. Dorigny, B. Lépicié (1721), Sim. Gribeliu, James Fittler, John Simon (manière noire), E. Kirkal (manière noire), Th. Halloway ; d’après des dessins ; pur Gio.-Bat. Franco, Dom. Veneto, le Parmesan (clair-obscur de 3 planches), Jac. Bos, etc.

Une ancienne tapisserie reproduisant celle du Vatican appartient à la galerie de Dresde.

Pierre institué elief de l’Église (SAINT) OU

le Posée oto» uiens, tapisserie (arazzo) exécutée d’après un carton de Raphaël, au Vatican. Le sujet de cette composition est tiré de l’Évangile de saint Jean (xxi) : ■ Après qu’ils eurent mangé, Jésus dit à Simon Pierre ; « Simon, fils de Jean, m’aimez-vous plus que ne m’aiment ceux-ci î — Oui, Seigneur, lui répondit-il, vous savez que je vous aime. » Jésus lui dit : « Paissez mes brebis (pasce « ooes meas). ■ Et deux fois encore le Christ ressuscité répéta son interrogation et son commandement. Raphaël a présenté le Christ debout, indiquant de la main gauche un troupeau de brebis et, de la droite, saint Pierre agenouillé et tenant les clefs du paradis. Los autres apôtres, au nombre de dix seulement, car le traître Judas n’est pas là, sont debout derrière Jésus et se montrent diversement émus de sa parole. Dans le paysage qui

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forme le fond du tableau, on voit une barque de pêcheur, il gauche.

Le carton de Raphaël, que possède la galerie de Hampton-Couri, est d un dessin très-arrêté ; les lumières et les ombres sont disposées par grandes et belles masses, mais le coloris est généralement gris, quoique transparent et puissant. Raphaël, selon Passavant, semble avoir exécuté lui-même la figuro du Christ, avec les trois apôtres qui en sont le plus rapprochés. La coloration des draperies accuse la manière de Francesco Penni, qui aida le maître dans l’exécution de ses cartins pour les arazzi du Vatican. Le Pasce ooes meas a été gravé, d’après la tapisserie, par Michel Sorello, A.-P. Tardieu, Louis Sommerau : d’après le carton, par Nicolas Dorigny, B. Lépicié (1721), Sim. Gribelin, Jnmes Fittler, John Simon, E. Kirkal, Th. Halloway, d’après des dessins, par Diana Ghisi (de Mantoue), Giulio Bonasone, P. Soutman (sous la direction de Rubens), F. Mazot, Gérard Audran, "J.-F. Cars, etc.

Pierre (CHAtNES DE SAINT). V. LIMAILLE (la

sainte).