Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/RIBAUT (Jean), navigateur français

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Administration du grand dictionnaire universel (13, part. 4p. 1170).

RIBAUT (Jean), navigateur français, né à Dieppe vers 1520, mort au fort Caroline (Floride) en 1565. Coligny, voulant ménager un refuge à ses coreligionnaires menacés de persécution, chargea en 1562 Ribaut, dont il connaissait le zèle comme protestant et l’habileté comme marin, d’aller chercher en Amérique un lieu propre à établir une colonie. Ribaut visita les côtes orientales de l’Amérique du Nord, construisit sur une île de la Caroline du Sud une redoute qu’il appela Charles-Fort, y laissa une garnison et revint en France (1563). Après avoir pris part à la guerre civile, il repartit pour la Caroline avec 7 navires et 400 émigrants (1565), Mais, à peine débarqué, il fut attaqué par une flotte espagnole, commandée par Menendez, et perdit ses navires dans une tempête en voulant combattre l’ennemi. Les Espagnols s’emparèrent alors des retranchements français et massacrèrent sans pitié les émigrants ; malades, femmes, enfants, rien ne fut épargné. Par ordre de Menendez, les cadavres des principaux officiers furent attachés à des gibets avec cette inscription : « Pendus non comme Français, mais comme hérétiques. » Quant à Ribaut, il fut poignardé par derrière et écorché encore palpitant. On envoya sa peau en Europe et on planta les lambeaux de son corps coupé en morceaux sur des piquets autour du fort. Cet acte d’atroce barbarie ne demeura pas impuni. Trois ans après, Dominique de Gourgue en tira de justes représailles. Après s’être emparé du fort Caroline, il fit pendre les Espagnols aux mêmes arbres où ils avaient pendu les Français et fit attacher aux cadavres cette inscription : « Non comme Espagnols, mais comme assassins. »