Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Vendôme (PLACE), célèbre place de Paris

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Administration du grand dictionnaire universel (15, part. 3p. 844).

Vendôme (place), célèbre place de Paris, située dans le Ier arrondissement, à laquelle on arrive du côté nord par la rue de la Paix et du côté sud par la rue de Castiglione. L’origine de cette place remonte au règne de Louis XIV. Un arrêt du conseil, du 2 mai 1686, rendu sur la proposition de Louvois, alors ministre et surintendant des bâtiments, décréta l’établissement dans le faubourg Saint-Honoré d’une grande place, tant pour la décoration de Paris que pour la facilité des communications dans ce quartier. Louvois se mit à l’œuvre et acquit l’hôtel de Vendôme, situé rue Saint-Honoré, au débouché de la rue de Castiglione. La démolition de cet hôtel n’ayant mis à découvert qu’un emplacement jugé insuffisant, Louvois eut l’idée d’acquérir et d’abattre de même le couvent des capucines. Les travaux d’aménagement de la nouvelle place Vendôme, alors place des Conquêtes, purent ainsi être poursuivis. La pénurie des finances, conséquence de guerres perpétuelles, et la mort subite de Louvois les suspendirent jusqu’en 1699, époque où Louis XIV, par lettres patentes du 7 avril, chargea directement le corps municipal de les reprendre, lui abandonnant en don l’emplacement acquis et les matériaux déjà rassemblés, à la condition unique d’édifier la place sur un plan autre que le plan primitif de Louvois. Ce plan primitif consistait à faire de la place Vendôme un carré environné de bâtiments destinés à recevoir la bibliothèque du roi, les différentes Académies et à former les hôtels des monnaies et des ambassadeurs extraordinaires. La ville accepta le traité et sous-traita elle-même moyennant la somme de 620,000 livres, fixant à 1701 l’achèvement des travaux, qui furent immédiatement repris et menés avec beaucoup de vigueur. Mansard en donna le dessin. La place Vendôme, carrée, présente néanmoins des pans coupés à chaque angle et, par le fait, huit façades. La décoration de ces façades se compose d’un ordre corinthien élevé sur un soubassement. Au-dessus de l’entablement corinthien sont des lucarnes de pierre de formes variées. Les pans coupés angulaires se composent d’un avant-corps de trois arcades et de deux arrière-corps d’une arcade chacun. Le tout, couronné de frontons, est d’un effet imposant et magistral.

Les hôtels qui environnent la place Vendôme furent bâtis, pour la plupart, pour le compte de fermiers généraux. Le 16 août 1699 eut lieu l’inauguration d’une statue équestre de Louis XIV au centre de la place. Cette statue, œuvre de Girardon, haute de 21 pieds, pesant 60,000 livres, avait été coulée le 1er décembre 1692 par Jean-Balthazar Relier. Louis XIV, à cheval, les rênes d’une main, l’autre étendue, portait l’éternel costume romain en vogue dans l’art du temps. Sur le piédestal, de marbre blanc, se lisaient diverses inscriptions à la gloire du roi-soleil, auxquelles on joignit plus tard des cartels, médaillons et trophées allégoriques : Minerve, l’Afrique, l’Amérique, etc.

Cette statue resta debout près d’un siècle ; la main du peuple l’abattit le 10 août 1792. La place Vendôme vit son nom changé en celui de place des Piques, qu’elle ne quitta officiellement qu’à l’avènement de Napoléon Ier. Quelque temps après, l’empereur conçut le projet du monument dont nous allons parler dans l’article suivant.

Des hôtels qui bordent la place Vendôme, deux sont occupés, l’un par l’état-major de la place de Paris, l’autre par le ministère de la justice.