Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/WESTERMANN (François-Joseph), célèbre général français

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Administration du grand dictionnaire universel (15, part. 4p. 1315).

WESTERMANN {François-Joseph), célèbre général français, né à Molsheim (Alsace) en 1751, décapité en 1794. Il servit d’abord dans un régiment de cavalerie, qu’il quitta, en 1773, avec le grade de sous-officier, se fit remarquer, au commencement de la Révolution, par l’exaltation de ses sentiments patriotiques, devint greffier de la municipalité d’Haguenau, fut incarcéré comme coupable d’avoir excité quelques émeutes, puis, rendu à la liberté, il vint à Paris, où il se lia avec les révolutionnaires les plus ardents. À la journée du 10 août 1792, il se mit à la tête d’une colonne de Marseillais et de Brestois, qu’il conduisit au feu avec une très-grande bravoure. Nommé aussitôt adjudant général par le conseil exécutif, il reçut de Danton la mission secrète de se rendre auprès de Dumouriez, avec des instructions concernant les négociations entamées avec le duc de Brunswick. Dumouriez le mit à la tête d’une légion de volontaires parisiens, toujours placée à l’avant-garde, et qui, sous un tel chef, devint fameuse par ses exploits. Après la défection de son général en chef, Westermann, soupçonné d’être un de ses partisans, subit une courte détention et fut envoyé avec sa légion dans la Vendée. Le bouillant courage qu’il montra dans cette guerre, le caractère implacable qu’il y déploya le rendirent la terreur des chefs royalistes. Le 20 juin 1793, avec 1,200 hommes, il prit d’assaut Parthenay, que défendait Lescure avec 8,000 royalistes. Deux jours après, s’étant porté sur Clisson, il réduisit en cendres le château de ce chef vendéen. Il s’empara aussi de Châtillon sur La Rochejacquelein, dont il livra également le château aux flammes. Châtillon fut pris et repris. La dernière fois qu’il y entra, Westermann fit un affreux carnage des royalistes, et, ne pouvant tenir la ville, il ne l’abandonna qu’après y avoir mis le feu. À la bataille du Mans, si désastreuse pour les Vendéens, il fut couvert de blessures et eut trois chevaux tués sous lui. Il eut part ensuite, avec Kléber, à la victoire de Savenay. Westermann aspirait au commandement en chef. Il dénigrait Rossignol et Ronsin (v. ces noms), qui avaient obtenu un avancement plus rapide. Lié avec Danton et ses amis, il s’appuyait sur eux pour parvenir à son but, et, en effet, ceux-ci le prônèrent partout. Philippeaux, en mission dans la Vendée, le proclamait le seul général capable de terminer la guerre ; Camille Desmoulins tenait le même langage dans le Vieux cordelier. On accusait le comité de Salut public de vouloir éterniser les troubles en refusant le suprême commandement à Westermann. Les jacobins, dirigés par Robespierre, défendaient le gouvernement, attaquaient à leur tour les dantonistes avec beaucoup de vigueur. Westermann apparut inopinément à Paris au plus fort de la querelle. On le considéra comme le bras dont Danton et ses amis devaient se servir pour renverser Robespierre, et il fut arrêté avec eux. Lorsqu’il s’entendit accuser de conspiration devant le tribunal révolutionnaire, il s’écria : « Moi, conspirateur ! Je demande à me dépouiller nu devant le peuple. J’ai reçu sept blessures par devant ; elles sont encore saignantes. Attendez, du moins, malheureux, qu’elles soient cicatrisées ! » Il monta sur l’échafaud avec beaucoup de fermeté.