Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/amputation s. f. (supplément)

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Administration du grand dictionnaire universel (16, part. 1p. 134).

* AMPUTATION s. f. — Encycl. Art vétér. Les amputations des membres, qui occupent une si large place en chirurgie humaine, n’offrent pas la même importance dans la chirurgie vétérinaire, parce que, dans l’immense majorité des cas, il est impossible d’obtenir un résultat utile de ces opérations. Chez l’homme, on ne pratique l’amputation d’un membre malade que lorsqu’on a perdu tout espoir de le guérir, et notamment lorsque la vie est mise en danger par l’affection dont il est atteint. Les cas nombreux qui rendent, chez lui, cette opération nécessaire peuvent tous se présenter chez les animaux ; mais ils ne deviennent que très-exceptionnellement, chez ces derniers, des motifs d’amputation. Cependant, chez les petits animaux, lorsque les propriétaires désirent avant tout les conserver vivants, on peut pratiquer l’amputation d’un membre ; mais chez les grands animaux que l’on garde pour le travail, une telle opération ne doit presque jamais être.faite, puisqu’elle les met plus ou moins complètement dans l’impossibilité de rendre aucun service. Dans ce cas, il vaut mieux sacrifier le sujet, si l’amputation est le seul moyen de guérison, que ne s’exposer à des frais inutiles, ou le livrer à la consommation, si c’est un animal de boucherie. Dans certains cas cependant, l’amputation des membres est indiquée, chez les grands animaux comme chez les petits : lorsqu’on veut tirer parti d’un animal précieux pour la reproduction, garder jusqu’à la mise bas une femelle de prix pleine, ou conserver une vache dont les qualités laitières sont parfaites. Enfin, on peut encore, sur les espèces qui ont les extrémités divisées, pratiquer l’amputation d’un ou de plusieurs doigts ou onglons atteints de maladies incurables.

Les faits relatifs à l’amputation des membres chez les animaux sont très-peu nombreux dans les annales de la science, ce qui prouve combien sont rares les circonstances qui réclament, eu chirurgie vétérinaire, cette opération. Au reste, outre les circonstances qui, comme nous venons de le voir, s’opposent aux amputations des membres chez les grands quadrupèdes, il existe d’autres causes qui agissent dans le même sens ; telles sont : le volume et le nombre des muscles et des vaisseaux à couper, l’extrême difficulté d’arrêter les pertes de sang, la grande étendue des plaies, l’indocilité des animaux malades, la presque impossibilité de les maintenir dans une position tranquille, de fixer les appareils de pansement, etc. Ces inconvénients sont beaucoup moindres chez les petits animaux et chez les oiseaux, ce qui permet encore de pratiquer plus souvent, chez eux, l’amputation. « Au reste, dit M. Gourdon, cette opération ne présente pas plus de danger, en elle-même, chez les animaux que chez l’homme ; elle en offrirait plutôt moins, n’étant pas aggravée par les influences morales. Sur toutes les espèces, elle est d’autant plus grave que le sujet est plus âgé, que le membre est plus volumineux, plus charnu, que la partie malade est plus rapprochée du tronc, qu’il existe d’autres affections sur les organes internes, etc. Enfin, elle est toujours contre-indiquée quand on n’a pas l’espoir d’obtenir lu guérison, ou quand la maladie pour laquelle on la met en usage peut se reproduire, comme il peut arriver quand il s’agit d’un cancer. »

Chez les animaux, comme chez l’homme, les amputations peuvent se faire de deux manières principales : 1o par la section de l’os, ce qui constitue les amputations dans la continuité ; 2o par la séparation des os dans les articulations, ce que l’on appelle amputations dans la contiguïté ou désarticulations.