Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/barbeau s. m.

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Administration du grand dictionnaire universel (2, part. 1p. 213).

BARBEAU s. m. (bar-bo — lat. barbellus, même sens ; formé de barba, barbe, à cause des barbes de ce poisson). Ichthyol. Poisson du genre cyprin, très-commun dans les étangs et les rivières. On en trouve des individus qui ont jusqu’à un mètre de longueur : Les barbeaux du Rhône sont surtout estimés. Les œufs de barbeaux sont fortement purgatifs. La forme du corps du barbeau est oblongue. (V. de Bomare.) Par l’allongement de sa tête, le barbeau a quelque analogie avec le brochet. (Daudin.)

Barbeau de mer, Rouget.

— Agric. L’une des nombreuses pièces dont se compose la charrue usitée dans la Brie.

— Bot. Nom vulgaire de plusieurs espèces de centaurées, et particulièrement du bluet : Les barbeaux fleurissent plus vite parmi les blés qu’en bordures dans les jardins. (B. de St-P.) On donne le nom de barbeau jaune à quelques centaurées à fleurs dorées, celui de barbeau musqué à la centaurée musquée. {Guérin.)

— Adj. De couleur du barbeau ou bluet : Il portait un habit bleu barbeau. (Balz.)

— Encycl. Les barbeaux forment un sous-genre du genre cyprin, famille des cyprinoïdes, ordre des malacoptérygiens abdominaux, d’après la classification de Cuvier. Le barbeau est caractérisé principalement par la brièveté de ses nageoires dorsales et caudales, et par les quatre barbillons ou filaments qu’il porte à la mâchoire supérieure. Une forte épine remplace le deuxième et le troisième rayon de sa nageoire dorsale. C’est un poisson d’eau douce ; on le trouve surtout, en Europe, dans les contrées orientales voisines de la mer Caspienne, dans le Nil, au nord de l’Atlas et dans la péninsule de l’Inde. On en connaît aujourd’hui plus de soixante espèces, parmi lesquelles nous ne citerons que le barbeau commun (cyprinus barbus de Linné).

Le barbeau commun est plus long et moins comprimé que la carpe. Ses couleurs sont aussi riches que variées : d’un gris olivâtre pâle sur le dos, avec des reflets dorés peu brillants, parfois avec des tons bleu d’acier, il prend insensiblement des teintes d’un blanc argenté jaunâtre, devenant sous la poitrine et la gorge d’un blanc mat, avec des reflets un peu nacrés. La nageoire dorsale est grise, plus ou moins olivâtre, avec quelques points bruns un peu effacés entre les rayons ; la nageoire pectorale est pâle, et la caudale bordée de teintes rembrunies. Ce poisson habite l’Allemagne, l’Angleterre, la Belgique et la France. Il est assez rare en Italie, où l’on trouve cependant plusieurs autres espèces du même genre ; en Angleterre et en Allemagne, il est si commun que le pêcheur le moins adroit peut en prendre, en une heure, des quantités prodigieuses. Le barbeau aime les eaux claires et courantes ; dans les eaux stagnantes, sa chair devient molle et insipide. On le mange souvent, quand il est très-jeune, confondu avec le goujon ; un peu plus grand, il est peu agréable pour l’alimentation, à cause de la quantité d’arêtes dont sa chair est hérissée. On s’accorde généralement à dire que ses œufs sont dangereux à l’époque du frai, et qu’ils causent des maux de ventre ou des vomissements, qui sont parfois accompagnés de symptômes alarmants. Le barbeau se tient d’ordinaire sous les pierres et les roches ; mais sa voracité donne au pêcheur mille moyens de l’attirer dans ses filets. Les meilleurs appâts sont les petits poissons, les hachis, les insectes, surtout la chenille du saule ; enfin un petit sac dans lequel est renfermée une pâte composée de fromage, de jaunes d’œufs et d’une parcelle de camphre. Le lin mis à rouir dans les rivières est aussi un appât puissant pour les barbeaux, qui se rassemblent en foule aux environs. La grandeur de ce poisson est très-variable : dans les petites rivières, il a rarement plus de 35 ou 40 centimètres ; dans la Seine, aux environs de Paris, il ne dépasse guère 75 centimètres ; mais dans l’Elbe, il atteint fréquemment jusqu’à 1 m. 60, et Cuvier prétend qu’on en a vu qui avaient 3 m. de long. Lorsqu’il atteint ces dimensions extraordinaires, sa chair est très-estimée.