Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/gautier s. m.

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Administration du grand dictionnaire universel (8, part. 3p. 1090).

GAUTIER s. m. (gô-tié). Hist. Nom que l’on donna à des paysans français du xvie siècle, qui avaient pris parti pour la Ligue.

— Navig. Espèce de vanne ou d’arrêt pratiquée dans les rivières où l’on flotte à Dois perdu.

— Métall. Planches qui ramènent l’eau sous une roue hydraulique.

— Eacycl. Hist. On donne le nom de Gantiers à des paysans armés qui, de 1557 à 1589, se soulevèrent dans le Perche et dans presque toute la basse Normandie pour défendre leurs propriétés et leur liberté contre les gens de

fuerre. • Ces troupes de paysans, dit de Thou ans son Histoire universelle, étaient ainsi nommées de la Chapelle-Gautier (village du Perche). Ils avaient commencé à prendre les armes pour se défendre contre les entreprises des troupes qui couraient la province. D’abord ils n’avaient exercéaucune violence ; ensuite, leur nombre s’étant accru, ils en vinrent à attaquer des partis qui allaient au pillage, et rirent une cruelle boucherie de ces coureurs chaque fois qu’ils pouvaient les saisir. L’exemple devint bientôt contagieux et l’insurrection se répandit dans la plus grande partie de la province. Au son du tocsin, on voyait tous les gens de la campagne aban GAUT

donner leur travail, courir aux armes et se rendre au lieu qui leur était marqué par des capitaines établis dans chaque village. Quelquefois ils se trouvaient au nombre de plus de seize mille. A leur tête était tout ce qu’il y avait d’esprits brouillons en Normandie : le comte de Brissnc, récemment chassé d’Angers, de Mouy de Pierrecour, de Longchamp, le baron d’Echautfour, le baron de Tuboauf, de Roquenval, de Beaulieu, et plusieurs autres gentilshommes partisans de la Ligue, et qui assemblaient des troupes pour le parti, autour de Laîgle et d’Argentan. •

Ce fut aux environs de cette dernière ville que les Gnitihiers furent détruits, le 22 avril 1589. Étant accourus au secours de Falaise, assiégée par les troupes du roi, ils se virent attaqués, dans trois villages où ils s’étaient fortifiés, par le duc de Montpensier et ses lieutenants, liai armés pour la plupart, écrasés par l’artillerie ennemie, à laquelle ils n’avaient pas à opposer une seule pièce de canon, ils essuyèrent une défaite complète malgré leur vigoureuse résistance. Plus de trois mille restèrent sur la place. Des douze cents qui se rendirent à discrétion, quatre cents furent condamnés aux travaux publics ; on relâcha les autres après leur avoir fait jurer de ne plus.reprendre les armes ; ce qu’ils jurèrent... mais un peu tard.