Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/mémoire s. m.

La bibliothèque libre.
Administration du grand dictionnaire universel (11, part. 1p. 3).

MÉMOIRE s. m. (mé-moi-re — de mémoire s. f.). Exposé sommaire d’une question ; indications générales sur une affaire ; exposé des faits et des moyens d’une cause à plaider : Mémoire justificatif. Dresser un mémoire. Rédiger un mémoire. J’ai lu tous les mémoires de Beaumarchais. J’ai peur que cet écervelé n’ait, au fond, raison contre tout le monde. (Volt.)

— Dissertation sur quelque partie d’une science, sur quelque fait scientifique ou historique : Un mémoire sur l’empoissonnement des rivières. Un mémoire sur le Masque de fer.

— État de ce qui est dû à un marchand, à un artisan, pour ses fournitures ou ses travaux ; note détaillée de ce qui est dû à un homme de loi pour ses vacations, ses déboursés, ses écritures : Régler le mémoire de son tailleur. Solder le mémoire de l’épicier. Faire une diminution sur le mémoire du marchand de vin. Arrêter le mémoire des frais. Dufresny épousa sa blanchisseuse faute de pouvoir payer ses mémoires. (A. Karr.)

Mon père te paîra, l’article est au mémoire.
Régnard.

— Fam. Mémoire d’apothicaire, Facture dans laquelle les prix sont extrêmement exagérés.

— Pl. Comptes rendus, recueil des dissertations lues dans une société savante ou littéraire : Les mémoires de l’Académie des sciences.

— Documents à l’aide desquels on écrit l’histoire : Cet historien a travaillé sur des mémoires fort exacts.

— Relation écrite des événements qui se sont passés durant la vie d’un homme, et dans lesquels l’auteur a joué un rôle ou dont il a été témoin : Les mémoires de Sully. Les mémoires du cardinal de Retz. Tout homme qui a assisté à de grandes choses est apte à faire des mémoires. (Ste-Beuve.) Les mémoires de Chateaubriand, dans leur partie politique, n’ont pas pris le temps de se calmer, de cuver leur rancune. (Ste-Beuve.)

— Syn. Mémoires, annales, archives, etc. V. ANNALES.

— Encycl. Législat. Lorsque des parties soutiennent un procès, elles peuvent adresser au tribunal compétent des mémoires avec preuves et pièces à l’appui, destinés à établir les droits du demandeur ou du défendeur. Les mémoires produits en justice doivent être rédigés dans des termes modérés et convenables. Ils ne peuvent être poursuivis comme diffamatoires s’ils se bornent à traiter des faits de la cause ; mais il n’en saurait être de même s’ils relatent des faits diffamatoires, étrangers à la cause, et s’ils sont rendus publics. En cas de publicité, les tiers étrangers au procès, et qui se trouvent attaqués, peuvent intenter une action civile contre l’auteur du mémoire. Les tribunaux peuvent d’office supprimer les mémoires qui leur sont présentés s’ils sont calomnieux, et, en certains cas, condamner la partie à des dommages-intérêts. Les avocats et les officiers ministériels qui ont signé des mémoires outrageants peuvent être frappés par les juges de peines disciplinaires. Sous l’ancien régime, lorsqu’il n’y avait que des procédures écrites, on faisait grand usage des mémoires judiciaires, qu’on livrait à la publicité afin de se rendre favorable l’opinion publique et par suite celle des juges. Un certain nombre de ces mémoires sont restés comme des monuments de l’éloquence judiciaire. Nous citerons particulièrement ceux de Pellisson, de Servan, de Lally-Tollendal, de Beaumarchais et de Mirabeau.

Dans les affaires litigieuses où l’État se trouve mis en cause, la partie réclamante doit toujours présenter préalablement un mémoire. C’est au moyen de mémoires que s’instruisent les affaires concernant l’enregistrement, les contestations devant les conseils de préfecture et devant la juridiction où la plaidoirie n’est pas admise.

Enfin, il est une autre sorte de mémoires que nous ne saurions passer sous silence ; nous voulons parler de ceux que présentent à leurs débiteurs les fournisseurs quelconques, les médecins, les pharmaciens, les marchands, les ouvriers, etc. Les réclamations pour mémoires non payés doivent être portées devant le juge de paix. Là, l’individu cité peut contester l’exactitude du mémoire, en demander la réduction ou bien encore soutenir qu’il ne doit rien. Le demandeur doit prouver, par les moyens employés pour établir les obligations ou les payements de toute nature, que ce qu’il réclame lui est bien dû, et celui qui soutient qu’il a payé doit fournir la preuve de sa libération.

— Littér. On donne le nom de mémoires à des publications de genres très-différents, qu’il est cependant possible de ramener à deux classes : les mémoires où l’on disserte et les mémoires où l’on raconte. À la première classe appartiennent : les mémoires diplomatiques, instructions remises à des ambassadeurs ou à des plénipotentiaires, en vue d’exposer une situation politique, de poser les bases d’un arrangement, etc. ; les mémoires administratifs, qui jouent le même rôle, non plus de puissance à puissance, mais entre fonctionnaires et ministres ; les mémoires judiciaires, plaidoyers écrits dans lesquels s’exposent et se discutent les faits d’une cause. Il n’est presque pas d’avocat qui n’ait rédigé des mémoires de ce genre, et l’énumération de ceux seulement qui ont fait un peu de bruit nous entraînerait trop loin. Nous nous contenterons de citer les éloquents Mémoires écrits par Voltaire en faveur de Sirven, Calas, La Barre, et les spirituels Mémoires de Beaumarchais, qui sont restés l’un de ses meilleurs titres de gloire. Les dissertations sur des points d’érudition, qu’il s’agisse de littérature, de science ou d’art, portent aussi fréquemment le nom de mémoires ; elles se rattachent à la première classe, où figurent par conséquent ces mémoires auxquels les Académies décernent chaque année des prix ou des mentions, et, à plus forte raison, ces grands travaux consignés par les corps savants eux-mêmes dans le recueil de Mémoires que chacun d’eux publie depuis sa fondation : Mémoires de l’Académie des sciences (depuis 1669) ; Mémoires de l’Académie des inscriptions (depuis 1717) ; Mémoires de l’Institut, qui contiennent un choix des travaux des cinq Académies depuis leur réunion en un seul corps. Les nombreux recueils de Mémoires publiés par les Académies de province rentrent encore dans la même classe. En dehors de ces œuvres collectives, il y a encore des recueils de mémoires qui méritent d’être cités ; tels sont les Mémoires pour servir à l’histoire des hommes illustres, de Niceron (1727-1738 ; 40 vol. in-8o), ouvrage plein de renseignements précieux ; les Mémoires historiques et critiques, de Camusat et Lamartinière (1722, 3 vol. in-8o) ; les Mémoires ou Journal de Trévoux (1701-1775, 205 vol. in-12) sont une œuvre collective, mais n’appartiennent pas à un corps constitué en société savante.

La seconde classe se compose de mémoires historiques et de mémoires biographiques. Elle est extrêmement riche, chez nous surtout.

La France est le pays des mémoires et des chroniques, plus encore que des histoires. « Pourquoi n’avons-nous que des mémoires au lieu d’histoire, et pourquoi ces mémoires sont-ils pour la plupart excellents ? se demande Chateaubriand dans le Génie du christianisme ; le Français a été de tous les temps, même lorsqu’il était barbare, vain, léger et sociable ; il réfléchit peu sur l’ensemble des objets, mais il observe curieusement les détails, et son coup d’œil est prompt, sûr et délié : il faut toujours qu’il soit en scène, et il ne peut consentir, même comme historien, à disparaître tout à fait. Les mémoires lui laissent la liberté de se livrer à son génie. Là, sans quitter le théâtre, il rapporte ses observations, toujours fines et quelquefois profondes ; il aime à dire : « J’étais la… Le roi me dit… J’appris du prince… Je conseillai… Je prévis le bien, le mal. » Son amour-propre se satisfait ainsi ; il étale son esprit devant le lecteur, et le désir qu’il a de se montrer penseur ingénieux le conduit souvent à bien penser. De plus, dans ce genre d’histoire, il n’est pas obligé de renoncer à ses passions, dont il se détaché avec peine. Il s’enthousiasme pour telle ou telle cause, tel ou tel personnage ; et tantôt insultant le parti opposé, tantôt se raillant du sien, il exerce à la fois sa vengeance et sa malice. »

Les anciens connaissaient ce genre d’ouvrages tout personnels et qui en ont d’autant plus de prix. La Retraite des Dix mille, de Xénophon, les Mémoires sur Socrate, du même éminent historien, les Confessions de saint Augustin et même les Commentaires de César ne sont autre chose que des mémoires. Il n’est donc pas nécessaire que l’ouvrage porte ce titre de mémoires pour rentrer dans cette catégorie ; les titres de Souvenirs ou de Confessions lui sont donnés tout aussi bien, et, pour être complet, il nous faudrait parler des Souvenirs de Mme de Caylus et des Confessions de J.-J. Rousseau, bien qu’ils ne soient pas appelés mémoires. Nous nous contenterons pourtant de les mentionner.

La classe des mémoires historiques est fort nombreuse, depuis ceux de Joinville et de Froissart, jusqu’à ceux qui concernent la Révolution française. Chaque période a trouvé des chroniqueurs dans cette multitude d’hommes de guerre, de diplomates ou de simples curieux qui, ne cherchant pour la plupart qu’à consigner des souvenirs personnels, ont écrit toute l’histoire de leur temps. Ainsi les croisades revivent dans les Mémoires de Joinville (1547, in-8o) ; les guerres anglaises et l’histoire des grandes compagnies, dans les anciens mémoires du XIVe siècle, où l’on apprendra la vie de Bertrand Du Guesclin (1692, in-4o). Au règne de Charles VII se rapportent les curieux Mémoires de Jacques Du Clercq (1448-1467), imprimés seulement en 1823 (4 vol. in-8o), et les nombreuses relations concernant Jeanne Darc et ses compagnons d’armes ou contemporains : Mémoires de Florent d’Hilliers, etc. ; à celui de Louis XI, les Mémoires de Philippe de Comines (1464-1468), regardés comme un des monuments les plus précieux et les plus intéressants de l’histoire de France, et les Mémoires d’Olivier de La Marche (1562, in-8o) ; les guerres de religion ont leurs terribles chroniques dans les Commentaires de Montluc, dans les Mémoires de Saulx-Tavannes (1596, in-4o), dans ceux de François de La Noue (1587, in-4o) et dans les Mémoires ou Histoire secrète d’Agrippa d’Aubigné, publiés seulement de nos jours (1823).

Les Mémoires de la reine de Navarre, sœur de François Ier ; ceux de Pierre de l’Estoile, Journal des règnes de Henri III et de Henri IV (1621, 4 vol, in-4o), de Jacques Pape, de Neufville de Villeroy, de Claude Groulard, de Marillac éclairent le XVIe siècle du jour le plus vif. À partir de Henri IV, les Mémoires deviennent de plus en plus nombreux ; nous avons les Mémoires de Sulty autrement dits Mémoires des sages et royales économies d’Estat de Henri le Grand (1638, 2 vol. in-8o), auxquels Jean Le Laboureur a donné une suite en 1662 ; les Mémoires et correspondance de Dupleasis-Mornay ; les Négociations du président Jeannin ; les Mémoires du duc de Rohan, ceux du maréchal d’Estrées et de Ponchartrain, ceux du maréchal de Bassompierre (1665, 2 vol. in-12) ; ceux du cardinal de Richelieu. Aucune époque n’est plus riche que celle de la Fronde en confidences historiques personnelles ; tant de gens intriguent et combattent, qu’il n’est pas étonnant d’en rencontrer un grand nombre jaloux de transmettre à la postérité leurs faits et gestes : Mémoires de Mathieu Molé (1855, 4 vol, in-8o) ; Mémoires du cardinal de Retz (1731 ; 4 vol. in-8o) ; Mémoires de Gui Joly (1718 ; 2 vol. in-12), ils font suite à ceux du cardinal de Retz ; Mémoires de La Rochefoucauld (1662) ; Mémoires de Mme de Motteville (1723, 5 vol. in-12) ; Mémoires de Mlle de Montpensier (1729) ; Mémoires de Loménie de Brienne (1717-1723, 3 vol. in-12) ; Mémoires de Daniel de Cosnac (1852, 2 vol. in-8o). Avec ceux de cet intrigant prélat, on pénètre déjà dans une période plus calme du règne de Louis XIV, et les Mémoires de Sirot (1683, 2 vol. in-12), donnent un compendium historique de 1605 à 1650. Les Mémoires de Marie Mancini, connétable de Naples, rédigés par Saint-Brémont (1676, in-12), tiennent autant du roman que de l’histoire ; mais on a de précieux, renseignements, pris au jour le jour, sur tout le règne, dans les Mémoires du marquis de Dangeau (1817, 4 vol. in-8o), et la chronique souvent scandaleuse du palais, l’envers des grands événements, les querelles d’alcôve et d’étiquette dans les médisants Mémoires de Saint-Simon (1788, 3 vol. in-8o et 1829, 10 vol. in-8o). La politique et l’administration sont plus spécialement envisagées dans les Mémoires du marquis de Pomponne, ministre d’État en 1691 (1860, in-8o), dans ceux de Lefebvre d’Ormesson (1860, in-8o) ; les faits militaires dans les Mémoires du maréchal de Berwick (1670-1716), et dans ceux du maréchal de Feuquières (1775, in-8o). On a enfin des renseignements anecdotiques dans les Mémoires pour servir à l’histoire de Louis XIV, par l’abbé de Choisy (1727, 3 vol. in-12) ; dans les Mémoires de La Porte, valet de chambre du roi de 1624 à 1656 (1766, in-8o) ; dans les Mémoires secrets de Duclos (1790-1791, 2 vol. in-8o) ; sans compter les études restreintes à quelques années seulement du règne, comme les Mémoires de Mme de La Fayette (1688-1689) ; les Mémoires sur Mme de Maintenon, par les dames de Saint-Cyr (1846, in-12).

’Le règne de Louis XV se présente avec les Mémoires du maréchal de Richelieu (1790, 4 vol. in-8o), ceux du duc de Luynes’(1850, 2 vol. in-8o), les Mémoires de Mme de Hausset sur Mme de Pompadour (1824, 2 vol. in-8o), les Mémoires du marquis d’Argenson (1857, 5 vol. in-8o). Le règne de Louis XVI et la période révolutionnaire ont enfanté un nombre incalculable de mémoires ; nous nous contenterons de citer :les Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette par Mme Campan (1822, 3 vol. in-8o) ; les Mémoires du duc de Lauzun (1822, 2 vol. in-18) ; les Mémoires de Mme Élisabeth (1858) ; les Mémoires de Mme Roland (1795) ; les Mémoires et correspondance de Mallet du Pan (1852) ; les Mémoires posthumes du comte de Custine (1794, 2 vol. in-8o) ; les Mémoires de Dumouriez (1794) ; les Mémoires de Bailly, de Riouffe, de Barbaroux, publiés dans la collection des Mémoires relatifs à la Révolution française ; les Mémoires de Marmontel (1804, 4 vol. in-8o). Le plus grand nombre de ces publications n’a vu le jour que bien après la tourmente ; tels sont les Mémoires de Barère (1843) ; les Mémoires de Levasseur (1840, 4 vol. in-8o) ; les Mémoires de Thibaudeau sur le Directoire et le Consulat (1824-1826, 2 vol. in-8o) ; les Mémoires sur Carnot rédigés par son fils (1861-1864, 2 vol. in-8o), et l’on annonce comme devant paraître les Mémoires de Barras, qui ne peuvent manquer d’être curieux.

Presque tous les généraux de l’Empire nous ont laissé des mémoires :Mémoires du général Rapp (1823, in-8o) ; Mémoires du général Gourgaud (1822-1825, 8 vol. ïn-8o) ; Mémoires de Savary, duc de Rovigo (1828, 8 vol. ih-8o) ; Mémoires du roi Joseph (1853-1854, 10 vol. in-8o) ; Mémoires de Marmont, duc de Raguse (1856-1857, 8 vol. in-8o) ; Mémoires du prince Eugène (1858-1860, 10 vol. in-8o) ; Mémoires du roi Jérôme (1861-1864, 5 vol. in-8o). On possède encore sur cette période les Mémoires du comte de Ségur (1826) et les Mémoires de Bourrienne (1829-1831, 10 vol. in-8o).

À l’étranger, nous trouvons parmi les mémoires historiques :les Mémoires de Frédéric II (1750) ; les Mémoires de Catherine II (1859) ; les Mémoires de Franklin (1817) ; les Mémoires de Mme Elliott sur la Révolution française ; les Mémoires et correspondance de Jefferson (1829, 4 vol. in-8o), si importants pour l’histoire des États-Unis ; les Mémoires et correspondance diplomatique de Joseph de Maistre (1858, in-8o) ; les Mémoires de Rostopchine, etc.

Le caractère historique des longues séries de mémoires que nous venons d’énumérer est d’autant plus accusé qu’on remonte plus haut. En se rapprochant de l’époque contemporaine, ils prennent le plus souvent la forme de simples souvenirs individuels et biographiques. Même dans les Mémoires de Marmont, du duc de Rovigo, du roi Jérôme, les événements ne servent véritablement que de cadres aux personnages qu’il leur a été donné de faire valoir. Cette présomption assez outrecuidante se retrouve à un plus haut degré encore, et mêlée à des bavardages de femmes, dans les Mémoires de Mme de Genlis (1825, 8 vol. in-8o) et dans ceux de la duchesse d’Abrantès (1836, 6 vol. in-8o), qui n’ont presque plus rien d’historique et ne sont, dans leurs parties sérieuses, que des compilations.

La période parlementaire de notre histoire est retracée dans les Mémoires d’outre-tombe de Chateaubriand (1849-1850, 12 vol. in-8o) ; les Mémoires pour servir à l’histoire de mon temps de M. Guizot (1858-1867 ; 10 vol. in-8o) ; les Mémoires d’un bourgeois de Paris du docteur Véron (1854, 6 vol. in-8o) ; les Mémoires et souvenirs de M. Dupin (1858, 4 vol. in-8o).

Les mémoires des auteurs ou artistes dramatiques forment une classe à part ; on a même réuni les principaux en un seul corps :Collection de mémoires sur l’art dramatique (1824-1825, 14 vol. in-8o). Les plus connus sont les Mémoires de Goldoni (1787, 3 vol. in-8o) ; les Mémoires critiques de Collé (1805) ; les Mémoires de Mlle Clairon (1799) ; les Mémoires de miss Bellamy ; les Mémoires de A.-G. Iffland et de Brandes ; les Mémoires de Fleury, rédigés par M. Latilte (1842, 2 vol. in-8o) ; les Mémoires de Talma, rédigés par Alexandre Dumas (1849, 2 vol. in-8o).

Cette classe de mémoires nous servira de transition pour passer aux mémoires purement biographiques. Il y en a d’excellents, par la forme surtout, et la fantaisie, qui y tient une grande place, en augmente encore la verve ; ce sont les Mémoires de Benvenuto Cellini, ce maître hâbleur (1833, 2 vol. in-8o) ; les Mémoires de Casanova (1825, 4 vol. in-12) ; les Mémoires de Luther (1837, 2 vol. in-8o), beaucoup moins graves qu’on ne s’attendrait à les trouver sous la plume d’un réformateur de religion ; les Mémoires du comte de Gramont, qui ne sont que des récits d’aventures galantes ; les Mémoires de Mme d’Épinay, précieux pour la connaissance de la société française au XVIIIe siècle, ainsi que les Mémoires de Mme Du Deffant ; les Mémoires de Psalmanazar, autobiographie de ce personnage étrange qui a caché son vrai nom (1764, in-8o) ; les Mémoires de Latude (1793) ; les Mémoires de Goethe ; les Mémoires de Mme Godwin (1802) ; les Mémoires de lady Stanhope ; les Mémoires du duc de Normandie, rédigés par Saint-Edme sur des notes du prétendu baron de Richemond (1831, in-8o) ; les Mémoires d’Alexandre Dumas (1852, 10 vol. in-8o) ; les Mémoires de Paul de Kock (1853, in-18) ; les Mémoires de Garibaldi, rédigés par Alexandre Dumas (1860) ; les Mémoires d’un journaliste, de M. de Villemessant (1867-1873).

La fantaisie domine encore davantage dans les Mémoires de Joseph Prudhomme et les Mémoires de Bilboquet, curieux tableaux des mœurs de la société française sous Louis-Philippe et au commencement du second Empire. Enfin, puisque tout le monde écrivait ses mémoires, le demi-monde a voulu avoir les siens et l’on a vu successivement paraître : les Mémoires de Lola Montès ; les Mémoires de Thérésa ; les Mémoires de Rigolboche ; les Mémoires d’une femme de chambre ; les Mémoires d’une biche anglaise, et jusqu’aux Mémoires de Mabille ! Un plaisant a même édité les Mémoires de l’hippopotame ; les Mémoires de Léotard ont eu aussi leur jour de vogue. Ceux que ces drôleries ou ces fadeurs ne peuvent intéresser ont trouvé dans les Mémoires de Lacenaire, les Mémoires du bourreau de Londres, les Mémoires de Sanson et les Mémoires de Canler de plus fortes émotions.