Histoire d’une Marie/p2/13

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F. Rieder et Cie, éditeurs (p. 251-262).
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XIII



La porte bâillait un peu… Oui… c’était du Bach… ou peut-être du Beethoven, il ne savait pas au juste, mais en tout cas, quelque chose de beau, puisque celle qui en jouait, était une grande artiste. Il écoutait comme on respire un bon parfum. Il regardait aussi. Ces cuivres, ces plâtres, il pendait là de ces objets qu’on aime à revoir parce qu’on ne les trouve pas chez les bourgeois. Au fond, ces deux grandes ailes : une Victoire. Autrefois, lui aussi, cette Victoire… Bast ! qu’était-il maintenant ?…

Il sonna. Il la regarda venir. Oh ! pas une Marie ! Drapée dans du rouge à grands plis, un nez découpé « Je veux », des yeux qui pensent, un air à l’appeler « Impéria » et aussi « la Madone ».

— Bonjour, Mademoiselle, j’ai à vous remettre ceci.

Elle tâta le papier. Il y a huit jours, un M. Boulant, journaliste, lui avait écrit : « Mademoiselle, à l’occasion de votre concert, je me propose de publier votre portrait… »

— Ah oui ! mais entrez donc.

Elle s’effaçait. Évidemment, il avait mis des gants clairs pour entrer. Il fit :

— Pas la peine, Mademoiselle… c’est de la part de M. Boulant. Au revoir !

Il marcha vite : il rageait un peu, comme quand on a raté quelque chose qu’on aurait voulu réussir. Il rentra ; il dit à Marie :

— À propos, j’ai rapporté ses clichés à Germaine Lévine. Ce doit être une femme bien intéressante.

À trois heures, il arriva au journal. On annonçait un gros tremblement de terre. Il pensait à la dame :

— Pas de lettre ?

À cinq heures, on lui remit une lettre. La dame remerciait Henry Boulant. Elle était contente du portrait, plus contente encore de la critique qui entourait le portrait. C’est toujours ainsi : la critique, un autre l’avait faite. Comment lui expliquer cela ? Il commença : « Mademoiselle. » Il remplit deux pages. À la troisième, il traça : « Croyez, Mademoiselle… » En somme que devait-elle croire ? « Croyez, Mademoiselle, qu’il existe, et non loin, quelqu’un qui vous admire dans l’ombre… »

Le soir, il dit à Marie :

— J’ai reçu un petit mot de Germaine Lévine.

Le lendemain, au journal, on enterrait un ministère. Il s’informa :

— Pas de lettre ?

Qu’un homme admire dans l’ombre une Germaine Lévine, cela ne fait pas pousser de lettres. Il sortit un peu de l’ombre : « Mademoiselle… » Il parla d’abord d’un certain troisième étage qui lançait, à pleins accords, peut-être du Bach, peut-être du Beethoven, en tout cas quelque chose de fort beau. À cause de ces fenêtres, il eut à parler de certain square qui se trouvait précisément en dessous de ces fenêtres ; ensuite de certain sapin bien triste de languir dans ce square sous cette fenêtre ; encore de certain banc près de ce sapin ; encore de certain homme qui ressemblait sur le banc à ce sapin si triste.

Le lendemain, pour que dans ce square on pût voir des fenêtres ce certain homme, il alla s’asseoir, près du sapin, sur ce banc. Il n’avait rien dit à Marie de sa lettre. Il n’avait pas dit non plus, que, depuis beaucoup de jours, il venait ainsi tous les jours s’asseoir sur ce banc…

Oh non ! Il n’aimait pas cette femme. Il y a des femmes qui vivent symboliquement haut à leur troisième étage. Même dans la rue, elles sont au troisième étage. Comme Émile avec des couleurs, comme lui, s’il l’avait pu, avec des mots, ces femmes, avec des sons, affirment : « Je ne suis pas une telle… pas une telle… écoutez : … Je suis Germaine Lévine. » À ces femmes, qu’importe, à ras du sol, un Henry Boulant, si loin d’un troisième étage. Ces femmes-là ne sont pas des femmes. De son banc, on les regarde, on les vénère, on en rêve, on y pense un peu à la façon des Trappistes quand ils pensent à la Vierge. Les aimer, non. Simplement ceci : on est un journaliste, on est un raté, on porte un chapeau melon, soit ; mais au moins que cette femme sache que ce journaliste, ce raté, cet Henry Boulant, n’est pas un Henry Boulant comme tout le monde, que sous le chapeau melon dorment des idées qui ne sont pas le melon de tout le monde et qu’ainsi — oh ! presque rien — du haut de ce troisième étage, sur ce chapeau melon, elle laissât tomber un rien, une miette de sa pensée…

Il expliqua cela tout au long dans une lettre, et de plus, que s’il avait une Marie, cette Marie ne comptait guère, et qu’au besoin, malgré cette Marie, il viendrait, comme un pauvre, mendier sa miette.

Ce soir-là il ne parla pas encore à Marie de sa lettre. Le jour suivant, joua-t-on là-haut du Bach ou du Beethoven ? Il ne vint rien des fenêtres. Peut-être parce qu’elle écrivait sa lettre. Au journal, on reformait un ministère :

— Rien pour moi ?

— Non, rien.

Il dit à Marie :

— Je ne sais pas, je me sens un peu triste.

— Raconte-moi cela, mon gosse.

— Voilà : je m’embête.

Le lendemain, après le square, il eut sa lettre. Oh ! pas longue ; ce qu’une Impéria répond : « Je ne vous connais pas ; à peine vous ai-je entrevu ; mon refus ne vous vise donc pas, mais je ne puis croire… »

Qu’une Impéria réponde « non », soit. Mais la Madone, pouvait-on admettre que la Madone refusât de croire ? « Et le square, Madame ? Le sapin, le banc, cet homme tous les jours sur ce banc ? » C’étaient des preuves, cela !

Il rentra. Marie servit le dîner. Il pensait à ses preuves. Elle dit :

— Tu vois, je verse là-dessus du Madère. Il grogna :

— Mais, Marie, comprends donc ! Il n’y a pas que la viande et le Madère. Tu es vraiment par trop matérielle !

Il ne dormit pas. Il rêva comme on rêve quand on est maître de ses rêves. Germaine Lévine avait dit « non ». Mais cela ne faisait rien. Il allait mourir ; elle venait par pitié ; elle lui donnait la main, il mourait ainsi et c’était doux, plus doux que tout, meilleur que vivre !

Le lendemain, au journal :

— Pas de lettre ?

— Non, pas de lettre.

Au lit, il pensa : « Ce que j’ai rêvé hier était bête : je vais rêver autre chose. » Elle avait dit « non », mais cela ne faisait rien. Il était peintre ; il travaillait dans une tour. Rien que des portraits d’après elle. Celui qu’il achevait était un grand chef-d’œuvre. Elle venait. Elle disait : « C’est bien. »

Les autres jours :

— Pas de lettre ?

— Non, pas de lettre.

Il s’arrangea de la sorte cinq rêves, un par jour sans lettre. Et vous voyez, il avait donné de bonnes preuves. Le sixième jour, il vint une lettre. Soit, elle ne prétendait pas nier l’amour ; mais l’amour… l’art est bien meilleur. Et puis, elle avait une petite fille… et puis… D’ailleurs, elle ne voulait pas.

Il n’eut pas le courage d’une lettre. Il ne dit rien à Marie. Il trouva pour s’occuper tous ses rêves. Elle avait dit « non », mais ce n’était plus un rêve.

Le lendemain, au journal, de quoi parla-t-on ? Il relut sa lettre. Elle se terminait par une belle phrase : « Hélas ! vous le voyez je ne puis plus grand’chose pour vous. »

Elle disait « Hélas ! » Même en refusant : « hélas ! » « Mademoiselle, comme vous êtes bonne ! » D’ailleurs, à ne rien pouvoir, elle pouvait tout pour lui. Une Germaine Lévine, parce qu’elle existe, met dans la vie une grande lumière. Si elle était heureuse, Mademoiselle, tant mieux ; lui, s’il devait souffrir, tant mieux. Il souffrirait pour qu’elle fût heureuse… Mais si heureuse que l’on soit, la vie est malfaisante et alors savoir qu’il existe dans l’ombre…

Il pleurait en terminant sa lettre. Il la relut. Il se trouva avoir écrit une phrase bien longue : « Mademoiselle, je vous le jure, vous n’auriez qu’un signe à faire, pour qu’aujourd’hui, demain, dans des mois ou dans des années… » Une telle promesse, Marie eût bien pleuré ! Pourtant, il ne supprima rien ; il mit en dessous un beau paraphe, un peu comme on signe un serment.

Le lendemain, Ida dut venir. La veille, à Marie qui disait : « Tu sais, je ne dors pas, mon chéri », il avait répondu : « Moi, je tombe de sommeil. » Il dit à Ida : « Le pagha, si vous saviez comme il a mal à la tête ! » et après, quand elle fut partie, à Marie seule : « Ida, reçois-la si tu veux ; moi, elle m’embête. »

On peut faire le compte : quinze jours, un serment, une Germaine Lévine, cela tue un pagha.

C’est peut-être ce qui arrive quand par-dessus le devoir, cette pauvre mèche, on a mis dans sa vie une grande lumière. Ce que l’on veut ensuite ? Encore plus de lumière.

Qu’on lui répondît non, il suppliait : « Vous êtes Impéria et vous êtes la Madone » ; il l’invoquait : « Je suis votre moine » ; il s’obstinait : « L’unique enchantement, de vous seule je le veux », et ainsi à ce qu’il disait, même à ce qu’il ne disait pas, elle avait beau se dérober : « Je ne puis rien pour vous », elle avait beau, à coups de subjonctif, cingler : « Il vaudrait mieux que vous m’oubliassiez… » assiez, tant qu’elle voulait, eh ! oui, il était son moine, eh ! non, il ne l’oublierait pas, eh ! oui, d’elle seule viendrait l’enchantement de sa vie, — parce qu’on est Henry Boulant, et qu’Henry Boulant, lorsqu’une porte se refuse, que derrière cette porte il y a une lumière, si dur, Madame, que vous la… barrassiez, eh ! oui… eh ! oui… il faut que cette porte s’ouvre…

Que le temps file, qu’après trente-cinq, on compte : « J’ai trente-six ans », qu’est-ce que cela fait ? Il allait jusqu’au square. Il limait :

— Madame, vous êtes riche… moi j’ai faim : un peu de rêve, s’il vous plaît. Il y a les tavernes, il y a les champs qui sont beaux, il y a… Moi je suis ici… Hier la pluie, j’étais là ; demain la pluie, je serai là… Du Beethoven, n’est-ce pas, que vous jouez, Madame ? Ce serait bon de parler avec vous des choses dont on parle quand on écoute du Beethoven. Et ce blanc, près de votre fenêtre, de si loin je ne distingue pas, on dirait une sculpture. Vous ne le croyez pas, et pourtant si, je pourrais longtemps vous parler de cette sculpture. Oh ! je sais : que suis-je, moi ? Moins de pommade, une sale veste, des mains sans gants, des mains de pauvre, et dans ces mains une œuvre, alors n’est-ce pas ?… Madame, si vous saviez ce que j’ai fait pour avoir, dans ces mains, une œuvre. J’ai eu tort ? Oui peut-être… oui bien sûr, je le comprends maintenant en regardant si haut vers votre fenêtre. Ne parlons pas de cela, Madame.

Il changeait de lime :

— Madame, je vois là votre petite fille : elle est jolie tout plein, dans ce square. Bonjour, ma petite fille. Tu t’appelles Ève, je crois ? Un jour, Madame, j’ai défini l’enfant : un cancer au sein. Par la vôtre, j’ai compris : l’enfant est une autre fleur sur le sein fleuri de sa mère… Pssst ! ma petite fille, ne te penche pas comme cela sur l’eau ! Tu dis ? Tu avais un petit n’oizeau ? Ah ! ah ! Il est mort ? Oh ! Parce qu’il mangeait le sable de sa caze. Dis-moi, pourquoi ce sable, ma petite fille ? Ah ! ah ! pour le petit n’oizeau y faire sa grande… Madame, je vous demande pardon ; mais savoir que chez vous vivait un petit n’oizeau, que ce petit n’oizeau mangeait son sable, que ce sable servait à certaines choses, et que certaines choses, chez vous, cela s’appelle faire sa grande… Madame, pour un pauvre, ce sont des miettes…

Il savourait ces miettes.

Le lendemain :

— Madame, vous êtes riche, moi j’ai faim, un peu de rêve, s’il vous plaît…

Pendant un an. Un jour, elle appela cela : de la guitare. Ce jour-là, Marie eut tort. Certes, il aimait beaucoup sa Marie ; il pensait beaucoup à sa Marie ; mais que devient une Marie quand on y pense les yeux vers un troisième étage ? Une Marie ne vit pas au troisième étage ; soignant son gosse, une Marie vit terre à terre. N’est-ce pas de cette Marie, alors déjà terre à terre, que quelqu’un de très proche vous a dit : « L’épouser ? Non et non. » Il gardait, là-dessus, beaucoup de lettres. Ces lettres, il les relisait ; il pensait : « je suis injuste », et pourtant il y avait cette porte qu’il fallait qu’on ouvre, il y avait cette lumière dont on voulait toujours plus, il y avait cette Germaine Lévine qui n’était pas une Marie, et alors, à vouloir ouvrir cette porte, à vouloir ce plus de lumière, à… non pas aimer, mais vénérer cette Germaine Lévine, cette Marie « toujours oui », cette Marie « amuse-toi, mon gosse », cette Marie, si loin d’une Germaine Lévine, devenait, qui sait ? une Marie gênante ; devenait, c’est clair, une Marie agaçante ; devenait une Marie, qui, le jour de la guitare, n’aurait certainement pas dû lui dire :

— Qu’as-tu ? J’ai trouvé une bonne recette, écoute, je vais te la lire : Salsifis frits…

Il lui arracha la recette :

— Oh ! toi, tu ne penses qu’à ton ventre.

Il planta là son dîner, il courut jusqu’au square et, cette fois, lui qui tremblait devant Germaine Lévine, il n’eut plus peur :

— Madame ! cria-t-il… Madame, reprit-il, en plus doux, j’ai reçu votre mot… vous parlez de guitare, mais il ne s’agit pas de guitare.

Oh ! non, il ne s’agissait pas de guitare !

Il s’agissait, Madame, qu’il était content de l’avoir rencontrée et qu’alors… cela ne vous ennuie-t-il pas de marcher avec un homme ?… il lui expliquerait tout. Il s’agissait, Madame,… prenez garde, une voiture… que ces choses sont bêtes à dire, mais qu’il est insupportable d’avoir tous les jours avec sa femme des histoires de salsifis frits. Oui, frits, Madame ! Il s’agissait qu’un jour il avait écrit : « Aujourd’hui, demain, dans des années… » ; il s’agissait qu’une telle phrase voulait dire… attention, un trottoir… qu’il n’aimait pas sa femme, que jamais il n’avait aimé sa femme, qu’il avait besoin de lumière, Madame, qu’il ne voulait pas, comme un idiot, sa vie durant, brandir une guitare ou limer une porte, et qu’en fin de compte, il ne restait qu’une chose à faire :

—  Madame, je suis venu. Faites le signe, dites-moi : quittez votre femme.

Elle dit :

— Je vous défends de quitter votre femme.

— Mais, Madame, puisque je vous le dis : c’est une simple question de malles : elles sont pour ainsi dire prêtes. Me renvoyer là, vous n’avez pas le droit… Je puis agir sans vous.

— Je vous le défends…

— Mais entendez-moi ; ce n’est pas pour vous. Je vivrais seul. Tenez, là : cette mansarde. Je viendrais de temps en temps… Vous… j’enrage de ne pas trouver les mots, est-ce que je sais moi, vous… n’êtes pas une femme.

Et ce devait être vrai. Ils étaient arrivés sur une place, des gens couraient ; à les voir courir, il semblait bien que ce qui les mouillait si fort c’était une fameuse averse :

— À vous, dit-il, je n’oserais offrir d’entrer quelque part… Madame, je vous en prie, faites-moi signe.

Elle dit :

— Je vous ordonne de retourner chez votre femme.

Elle leva les yeux. Il vit : il flottait beaucoup de bleu dans ses yeux ; elle souriait un peu ; elle avait, sur ses lèvres, frotté un rien de rouge, et tout cela si beau, tout cela si pur, tout cela tellement d’une Madone, que, dût-il en crever, tantôt il dirait « oui », mais pas maintenant, pas tout de suite, dans une minute, Madame, qu’il eût le temps de se remplir les yeux, de se bourrer la tête, pour après la retrouver toute. Il put la regarder ainsi…

— Voilà, Madame,… maintenant… je pars…

… Comme on s’arrache.

N’y eut-il pas du sang, hors de lui, tout du long, bas de son cœur ?

Vraiment, ce qu’on appelle être carrément lancé au diable. Alors, croyez-vous, tout fut fini ? Ah bien oui !… Évidemment, à cette minute, il eût suffi d’une de ces automobiles qui, d’un homme en plein dans une histoire, font un homme qu’on ramasse, en conclusion de cette histoire. Les sales machines, ce n’est jamais quand il le faut, qu’elles vous écrasent.

Il rentra. Une maman était là :

— Maman, si tu savais comme j’ai de la peine.

Après, soigné par cette maman, peut-être bien qu’il fut malade. Cela semble probable, puisqu’il guérit. Après, peut-être bien qu’un jour il retourna au square et qu’au lieu de ces fenêtres à Bach ou à Beethoven, il vit de ces fenêtres passées au blanc, comme quand une Germaine Lévine n’est plus là. Cela semble certain, puisqu’il y pendait une affiche : Appartement à louer. Qu’est-ce que cela fait ?

Autrefois, avant tous les Henry, il y avait eu Henry le gosse. Encore un peu cet Henry qui faisait mé-mé aux petits Jésus. Cet Henry-là aimait une femme, oh ! pas une grande : deux tresses dans le dos, des yeux on ne saurait dire, et belle !… oh si belle ! Quand l’avait-il vue pour la première fois ? Il était au collège, elle habitait la ville. Alors, les jours de promenade, quand on prenait le rang, Henry se mettait à trembler, Henry un jour se permit une syncope, parce que tantôt on passerait devant une fenêtre où il apercevrait peut-être cette femme. Il ne l’apercevait d’ailleurs jamais ; il savait d’avance qu’il ne l’apercevrait jamais, puisque cette femme n’existait pas. N’importe : en classe, à l’étude, à la chapelle, il se tenait comme un ange pour rester digne de cette femme ; elle s’appelait Irma Idéal.

Quand on a été ce gosse, une Germaine Lévine, pas besoin de la voir. Plus haut que les reins qui sont pour le vice, plus haut que le cœur, la place pour Marie, une Germaine Lévine, comme Irma Idéal, loge au troisième étage, près de la tête, la place pour le rêve.

Et s’il fut triste, cela ne se vit pas. Il y avait, tout près, une boutique ; il entra, il dit :

— Monsieur, voulez-vous me montrer cette bague ; non, pas celle-là, l’autre avec une pierre, on dirait du sang.

Après, quand il l’eut essayée, il dit :

— Voilà, Monsieur, gravez là-dessus que nous sommes le 13 décembre. Mettez aussi l’année. Mais pas en trop grand, pour, plus tard, graver une autre date.

Cela fit simplement un Henry qui, guéri de la fièvre, pour sa première sortie, avait eu l’idée de se payer une bague avec une petite pierre rouge.