Histoire des églises et chapelles de Lyon/Saint-André

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H. Lardanchet (vol. IIp. 197-200).

SAINT-ANDRÉ

Église Saint-André, vue d’ensemble (D’après un dessin de M. Desjardins, architecte).

En 1845, le quartier qui s’étendait du cours Lafayette à Saint-Fons, le long du Rhône, était sans église et comptait une population d’environ 3.000 âmes. De généreux habitants, frappés de l’éloignement de la paroisse Saint-Louis de la Guillotière, conçurent le projet d’une nouvelle église. Parmi eux se trouvaient MM. André dit Adrien Combalot, Huvet, Jangot, Jean-Antoine Bermond de Vaulx, Blaise Rémy, Antoine Maulet, enfin Jean-Baptiste Ballet, architecte. Ils s’assemblèrent et reçurent promptement des adhésions et des souscriptions ; on fixa, près du chemin de Béchevelin, l’emplacement de la future église. Le principal propriétaire était M. Combalot ; généreusement, il offrit les 1.350 mètres de terrain nécessaires pour la construction projetée. Ses voisins, MM. Huvet et Jangot, cédèrent aussi 1.430 mètres de terrain, en vue d’établir une place et des rues autour de l’église. Deux actes furent passés à ce sujet le 2 août 1845 : il y est dit notamment que Combalot a hérité de ce terrain de son père, André Combalot, brasseur de bière, décédé le 16 mai 1841. Les souscripteurs s’engagèrent en outre à donner à la ville de la Guillotière la possession du terrain et de l’église une fois construite. Ajoutons qu’en effet, la ville accepta le don, et en retour, paya les frais de première installation évalués à 16.000 fr.

L’église, provisoire fut établie à cette époque : elle était à trois nefs, elle dura une quinzaine d’années, c’est-à-dire jusqu’au moment où fut établie, sur le même emplacement, l’église définitive. De son côté, l’administration ecclésiastique confia la direction de la paroisse à M. l’abbé Gorand, qui la dirigea pendant quatre années et qui, après plusieurs postes successifs, fui nommé curé de Saint-Pierre à Lyon, où il mourut. Son successeur fut M. Barjot, à qui est due l’idée première de l’église définitive.

Intérieur de Saint-André.

En 1859, l’église provisoire étant par trop exiguë pour la population qui augmentait sans cesse, M. Barjot, curé actif et dévoué, commença les travaux de l’église définitive. Le plan en fut achevé par M. Desjardins, architecte, le 16 août 1859 ; il fut approuvé par Mgr de Bonald le 20 février 1860, et le 11 juin suivant par M. Vaïsse, préfet du Rhône, et maire de Lyon.

On construisit l’abside, les transepts et la première travée des nefs ; à Noël 1864, on entra dans l’église neuve, qui, ajoutée à la partie conservée de l’ancienne église, formait un édifice suffisant pour la population de l’époque ; puis on s’arrêta, faute de ressources, en démolissant à mesure les parties de la chapelle provisoire qui ne servaient plus.

En 1897, M. l’abbé Laurent, curé depuis cinq ans, entreprit d’achever la vaste église commencée ; il confia cette œuvre à M. Desjardins architecte, fils de celui qui, quarante ans auparavant, avait commencé l’édifice. On hésita pendant quelque temps pour savoir si on exécuterait le plan primitif, ou si l’on diminuerait d’une travée la longueur de l’église. A la vérité, le 1er  février 1897, le conseil de fabrique avait volé l’achèvement de l’église sur le plan conçu primitivement, mais revenant sur sa première volonté, il décida, en avril 1897, de diminuer d’une travée la longueur de l’église. C’était, sans doute, économiser 60.000 francs, mais diminuer la superficie d’environ trois cents places. M. Laurent, après de mûres réflexions, déplora cette décision ; il comprit en effet que l’église perdrait ainsi son harmonie et ses proportions, et que plus tard elle serait trop petite pour contenir les fidèles d’une paroisse qui compte aujourd’hui 20.000 âmes et qui, à certains jours de fête, n’est point trop vaste avec ses 2.000 places. Enfin, le 29 décembre
Saint-André (façade actuelle).
1897, sur les observations de M. le curé, le conseil se décida à exécuter intégralement le plan primitif, c’est-à-dire à ajouter à ce qui était déjà construit, trois travées, le porche et le clocher. La dépense totale fut estimée par l’architecte à 341.000 francs, mais de fait, ce chiffre fut très largement dépassé, puisque la somme totale dépensée s’éleva à 443.000 francs. Les travaux furent commencés de suite, et durèrent jusqu’en 1901 ; le 20 octobre de cette année, l’édifice fut bénit par le cardinal Coullié. Pour couvrir la somme considérable des dépenses effectuées, MM. Cluzel et Laurent purent trouver de généreux bienfaiteurs, et ce ne sera pas manquer à la discrétion que de citer ici quelques-uns des noms les plus importants : en 1891, Mme  veuve Dupoizat lègue 30.000 francs ; Mme  Michon donne, en 1892, 3.000 francs ; M. Pition, membre du conseil de fabrique, 12.000 francs en 1890 ; Mme  Rajot, un legs important en 1896 ; enfin, une veuve Carnet, 3.000 francs.

Primitivement, il n’y eut à Saint-André que deux vicaires ; plus tard, pour desservir une paroisse aussi populeuse, on dut en ajouter un troisième, et, en 1883, un quatrième.

La chaire de Saint-André a vu parfois des prédicateurs célèbres qu’il convient de mentionner ; tels l’abbé Combalot, frère de celui qui donna le terrain de l’église primitive ; M. l’abbé Hernard, aumônier des sœurs Saint-Charles, à Oullins, dont les prédications obtinrent, à Saint-André, un succès mérité. Il importe de mentionner encore deux missions, prêchées, la première par le Père Nusbaum, Rédemptoriste la seconde, par le Père Tollin, de la même congrégation.