Histoire des Canadiens-français, Tome II/Chapitre 3

La bibliothèque libre.
Wilson & Cie (IIp. 27-38).

CHAPITRE III

1627 — 1629


Formation de la compagnie des Cent-Associés, dite de la Nouvelle-France. — Flotte anglaise sur le Saint-Laurent. — Reddition de Québec. — Familles restées dans le pays après le départ de Champlain.

R
i quelque chose pouvait consoler Champlain dans ces tristes conjectures, c’était la nouvelle heureuse et si longtemps attendue que l’administration du Canada passait aux mains d’une compagnie mieux inspirée que les associations précédentes. Un grand événement politique s’était produit en France durant les deux dernières années : Richelieu dirigeait les affaires du royaume. Ceux qui s’intéressaient au Canada pour le bon motif avaient trouvé ce ministre bien disposé en faveur de leurs projets. L’amitié d’un grand homme est un bienfait des dieux ; on peut dire aussi que sa protection est un bonheur pour les petits et les déshérités.

Armand J. du Plessis, troisième fils de P. du Plessis, seigneur de Richelieu, naquit à Paris en 1585. Destiné d’abord à la carrière des armes, sous le nom de marquis de Chillon, il embrassa l’état ecclésiastique lorsque son frère Alphonse eut renoncé à l’évêché de Luçon. Il succéda à ce dernier, fut sacré à Rome (1607), et se livra avec grand succès à la prédication. Nommé par le clergé du Poitou aux États-Généraux (1614), il s’y distingua par une rare éloquence, s’attacha à la reine-mère, Marie de Médicis, qui le créa son aumônier, puis au maréchal d’Ancre ; devint (1616) secrétaire d’État, de la guerre et des affaires étrangères ; prit part aux démêlés de Marie de Médicis avec son fils, Louis XIII ; fut obligé de se retirer d’abord dans son diocèse, puis à Avignon, où il passa deux ans, et composa plusieurs ouvrages de théologie. Le duc de Luynes, successeur du maréchal d’Ancre, le rappela et le fit nommer cardinal (1622). Poussé par la reine-mère, il entra au conseil (1624), malgré l’antipathie du roi. C’est alors que sa hauteur de vues et son habileté politique se manifestèrent dans tout leur éclat. Il commença par une alliance avec les Anglais et les Hollandais et une guerre heureuse contre l’Italie, à propos de la Valteline, province de Lombardie. L’extension de la puissance française en Europe fut le but de toute sa vie. Il battit les protestants de France qui avaient repris les armes (1625) ; mais, entravé par les misérables intrigues de Gaston duc d’Orléans, frère du roi, il eut recours à l’échafaud pour se débarrasser des conspirateurs (1626). En même temps, il se fit nommer surintendant-général de la marine. Voilà comment nous le voyons (1627) occupé des affaires du Canada, qui relevaient de son ministère.

La première pensée de Richelieu, au sujet des colonies, avait été de les placer directement sous la protection de la couronne ; mais il dut s’en rapporter bientôt à un autre système, celui des compagnies qui se chargeaient, moyennant des avantages commerciaux, de peupler ces pays. L’autorité du roi devait néanmoins, entendait-on, se faire sentir suffisamment pour contraindre les associés à remplir leurs obligations. Les pièces[1] que nous allons mettre sous les yeux du lecteur exposent le plan du ministre mieux que nous ne saurions le faire :

Acte d’établissement des Cent-Associés, 27 avril 1627 :

« Le roi, continuant le même désir que le défunt roi Henri-le-Grand, son père, de glorieuse mémoire, avait de faire rechercher et découvrir ès pays, terres et contrées de la Nouvelle-France, dite Canada, quelque habitation capable pour y établir colonie, afin d’essayer, avec l’assistance divine, d’amener les peuples qui y habitent à la connaissance du vrai Dieu, les faire policer et instruire à la foi et religion catholique, apostolique et romaine ; monseigneur le cardinal de Richelieu, grand-maître, chef et surintendant-général de la navigation et commerce de France, étant obligé par le devoir de sa charge de faire réussir les saintes intentions et desseins des dits seigneurs rois, avait jugé que le seul moyen de disposer ces peuples à la connaissance du vrai Dieu était de peupler le dit pays de naturels français catholiques, pour, par leur exemple, disposer ces nations à la religion chrétienne, à la vie civilisée, et, même y établissant l’autorité royale, tirer des dites terres, nouvellement découvertes, quelque avantageux commerce pour l’utilité des sujets du roi ;

« Néanmoins, ceux auxquels on avait confié ce soin avaient été si peu curieux d’y pourvoir, qu’encore à présent il ne s’y est fait qu’une habitation, en laquelle, bien que pour l’ordinaire on y entretienne quarante ou cinquante Français, plutôt pour l’intérêt des marchands que pour le bien et l’avancement du service du roi au dit pays ; si est-ce qu’ils ont été si mal assistés, jusqu’à ce jour, que le roi en a reçu diverses plaintes en son conseil, et la culture du pays a été si peu avancée que, si on avait manqué d’y porter une année les farines et autres choses nécessaires pour ce petit nombre d’hommes, ils seraient contraints d’y périr de faim, n’ayant pas de quoi se nourrir un mois après le temps auquel les vaisseaux ont accoutumé d’arriver tous les ans.

« Ceux aussi qui avaient, jusqu’à présent, obtenu pour eux seuls tout le commerce ès dits pays, ont eu si peu de pouvoir et de volonté de le peupler et cultiver qu’en quinze années que devait durer leur traité, ils ne se sont proposé d’y faire conduire au plus que dix-huit hommes ; et encore, jusqu’à présent, qu’il y a sept ans que les articles en furent dressés, ils ne se sont mis en aucun devoir, ni commencé de satisfaire à ce dont ils étaient obligés. Car, bien qu’ils soient tenus de passer pour trente-six livres chacun de ceux qui voudraient aller au dit pays de la Nouvelle-France, ils se sont rendus si difficiles et ont tellement effarouché les Français qui y voudraient aller habiter, que bien qu’il semble que l’on leur permette pour leur usage le commerce avec les sauvages, néanmoins c’est avec telle restriction que s’ils ont un boisseau de blé pour leur travail plus qu’il ne leur faut pour vivre, il leur est défendu d’en secourir les Français et autres qui en pourraient avoir besoin, et sont contraints de l’abandonner à ceux[2] qui ont la traite, leur étant de plus la liberté ôtée de le donner à qui leur pourrait apporter de France les commodités nécessaires pour la vie… C’est pourquoi, après avoir examiné diverses propositions sur ce sujet, et ayant reconnu n’y avoir moyen de peupler le dit pays qu’en révoquant les articles ci-devant accordés à Guillaume de Caen et ses associés comme contraires à l’intention du roi, mon dit seigneur le cardinal a convié les sieurs de Roquemont, Houel, Lataignant, Dablon, Duchesne et Castillon de lier une forte compagnie… faisant le nombre de cent leurs associés, promettant faire passer au dit pays de la Nouvelle-France deux à trois cents hommes de tous métiers dès l’année prochaine 1628 et pendant les années suivantes en augmenter le nombre jusqu’à quatre mille de l’un et de l’autre sexe dans quinze ans prochainement venant, et qui finiront en décembre que l’on comptera 1643 ; les y loger, nourrir et entretenir de toutes choses généralement quelconques nécessaires à la vie, pendant trois ans seulement ; lesquels expirés, les dits associés seront déchargés, si bon leur semble, de leur nourriture et entretenement, en leur assignant la quantité de terres défrichées, suffisantes pour leur subvenir, avec le blé nécessaire pour les ensemencer la première fois et pour vivre jusqu’à la récolte lors prochaine, ou autrement leur pourvoir en telle sorte qu’ils puissent, de leur industrie et travail, subsister au dit pays et s’y entretenir par eux-mêmes. Sans toutefois qu’il soit loisible aux dits associés et autres faire passer aucun étranger ès dits lieux, mais peupler la dite colonie de naturels français catholiques[3]. En chacune habitation[4] qui sera construite par les dits associés, afin de vaquer à la conversion des sauvages et consolation des Français y aura trois ecclésiastiques au moins, lesquels les dits associés seront tenus loger, fournir de vivres, ornements et généralement les entretenir de toutes choses nécessaires, tant pour la vie que fonction de leur ministère, pendant les dites quinze années, si mieux n’aiment les dits associés, pour se décharger de la dite dépense, distribuer aux dits ecclésiastiques des terres défrichées, suffisantes pour leur entretien… D’avantage, Sa Majesté accordera aux dits associés, pour toujours, le trafic de tous cuirs, peaux et pelleteries de la dite Nouvelle-France, et… tout autre commerce, soit terrestre ou naval qui se pourra faire… à la réserve de la pêche des morues et baleines seulement, que Sa Majesté veut être libre à tous ses sujets… Pourront néanmoins les Français habitués ès dits lieux avec leurs familles, et qui ne seront nourris ni entretenus aux dépends de la dite compagnie, traiter librement des pelleteries avec les sauvages, pourvu que les castors par eux traités soient par après donnés aux dits associés, qui seront tenus de les acheter d’eux sur le pied de quarante sous tournois la pièce… Et pour exciter d’autant plus les sujets de Sa Majesté à se transporter ès dits lieux et y faire toutes sortes de manufactures, accordera Sa Majesté que tous artisans du nombre de ceux que les dits associés s’obligent de faire passer au dit pays et qui auront exercé leurs arts et métiers en la dite Nouvelle-France durant six ans, en cas qu’ils veulent retourner en ce royaume, seront réputés pour maîtres de chef-d’œuvre et pourront tenir boutique ouverte dans Paris et autres villes… Et attendu que les marchandises, de quelque qualité qu’elles puissent être, qui viendront des dits pays et particulièrement celles qui seront manufacturées ès lieux de la Nouvelle-France, proviendront de l’industrie des Français, Sa dite Majesté exemptera, pendant quinze ans, toutes sortes de marchandises, provenant de ladite Nouvelle-France, de tous impôts et subsides, bien qu’elles soient voiturées, amenées et vendues en ce royaume… Sa Majesté ennoblira jusqu’à douze des dits associés, lesquels jouiront à l’avenir de tous privilèges de noblesse, ensemble leurs enfants nés et à naître en loyal mariage… Ordonnera Sa Majesté que les descendants des Français qui s’habitueront au dit pays, ensemble les sauvages qui seront amenés à la connaissance de la Foi et en feront profession, seront censés réputés naturels français et comme tels pourront venir habiter en France, etc…[5] »

Deux des articles portent, en outre, que le roi donne à perpétuité aux associés, en toute propriété, justice et seigneurie, le fort et habitation de Québec avec tout le pays de la Nouvelle-France, dite Canada, le long des côtes depuis la Floride, en rangeant les mêmes côtes jusqu’au cercle arctique, et depuis l’île de Terreneuve jusqu’au grand lac (Huron) ou mer douce ; les dites terres pourront, au gré des associés, être améliorées, aménagées et distribuées aux personnes qui les habiteront ; néanmoins, en cas d’érection de duchés, marquisats, comtés et baronnies, seront prises lettres de confirmation de Sa Majesté. Ce peu de mots renfermait en germe la tenure des terres du Canada, chose bien humble et bien utile toute à la fois, mais dont plusieurs écrivains ont fait une institution pompeuse et nuisible, après l’avoir baptisée du faux nom de régime féodal. Nous y reviendrons.

Membres de la compagnie des Cent-Associés qui acceptent la charte ci-dessus : Claude de Roquemont, écuyer, sieur de Brison, demeurant à Paris, rue du Temple, paroisse Saint-Nicolas-des-Champs ; noble homme maître Louis Houel, sieur du Petit-Pré, conseiller du roi et contrôleur-général des salines en Brouages, demeurant à Paris, rue des Bernardins, paroisse Saint-Nicolas-du-Chardonnet, tant pour lui que pour noble homme David Duchesne, conseiller, échevin de la ville du Havre-de-Grâce, et pour noble homme Gabriel de Lataignant, majeur de la ville de Calais, y demeurant ; noble homme Simon Dablon, syndic de la ville de Dieppe et y demeurant, étant aussi de présent en cette ville de Paris, logé rue Montorgueil, en la maison du Cheval-Blanc, dite paroisse Saint-Eustache ; honorable homme Jacques Castillon, bourgeois de Paris, y demeurant, rue du Mouceau et paroisse Saint-Gervais[6]. »

Le 7 mai, pour la conduite des affaires de la Compagnie sont nommés douze directeurs, dont six au moins demeurant à Paris et le surplus dans les autres villes du royaume, savoir : messieurs Alix, secrétaire du roi ; Bonneau, secrétaire du roi ; Aubert, secrétaire du roi ; Robineau, trésorier de la cavalerie ; Quentin, sieur de Richebourg ; Raoul L’huillier, marchand de Paris ; Barthelemy Quantin, marchand de Paris ; Jean Tuffet, marchand de Bordeaux ; Gabriel Lataignant, majeur ancien de Calais ; Jean Rozée, marchand de Rouen ; Simon Le Maistre, marchand de Rouen ; Houel, contrôleur des salines en Brouages. Le même jour, l’intendance du pays de la Nouvelle-France et de la compagnie des Cent-Associés est donnée au sieur de Lauzon, conseiller du roi en ses conseils d’État et privé, maître des requêtes ordinaires de son hôtel et président du grand conseil[7]. Messire Jean de Lauzon, né en 1582, était alors, ou fut plus tard (1640), intendant du Dauphiné, puis (1648) directeur des finances du roi. De 1627 à 1657, sinon jusqu’à 1664, il a pesé d’un poids considérable dans les conseils des Cent-Associés ; comme tel, nous n’avons pas toujours à l’admirer, car son intérêt personnel joue incontestablement un grand rôle dans la plupart de ses actions.

« Noms, surnoms et qualités des Cent[8]-Associés en la compagnie de la Nouvelle-France : Messire Armand, cardinal de Richelieu, grand-maître, chef et surintendant général de la navigation et commerce de France ; messire Antoine uzé, chevalier des ordres du roi ; marquis d’Effiat[9] Chilly et Lonjumeau, conseiller du roi en ses conseils et surintendant des finances ; messire Isaac Martin de Mavroy, conseiller du roi en ses conseils et intendant de la marine ; Jacques Castillion, bourgeois de Paris ; François Saint-Aubin, demeurant à Paris ; Louis d’Ivry, demeurant à Paris ; Pierre Leblond, demeurant à Paris ; Martin Anceaume, demeurant à Paris ; Simon Claventin, demeurant à Paris ; Jean Bourget, demeurant à Paris ; maître Louis Huel[10], sieur du Petit-Pré ; François Derré[11], Adam Mannessier, bourgeois et marchand de la ville du Havre-de-Grâce ; François Bertrand, sieur du Plessis G. de Prie ; maître Martin Haguener, notaire du Chastelet de Paris ; maître Guillaume Nicolle, avocat au grand conseil ; Gilles Royssel, sieur de Senneville ; maître André Daniel[12], docteur en médecine ; Charles[13] Daniel, capitaine pour le roi en la marine ; Jacques Berruyer, escuyer, sieur de Mauselmont ; maître Pierre Boulanger, conseiller du roi et élu à Montiviliers ; maître Jean Téron, conseiller du roi et payeur des espèces de messieurs de la cour du parlement de Rouen ; Claude Potel, marchand de Paris ; Henry Cavelier[14], marchand de Rouen ; Jean Papavoine, marchand de Rouen ; Simon Le Maistre, marchand de Rouen ; Jean Guenet, marchand de Rouen ; Claude de Roquemont[15], escuyer, sieur de Brisson ; André Terru, marchand pelletier à Paris ; François Castillion ; Antoine Reynaut, escuyer, sieur de Montmor ; Hugues Cosnier, sieur de Belleau ; maître Jean Poncel, conseiller du roi en sa cour des Aides de Paris ; Sébastien Cramoysy[16], marchand libraire juré à Paris ; Guillaume Prévost, marchand de Paris ; Gabriel Lataignant, ancien mayeur[17] de la ville de Calais ; David Duchesne, conseiller et échevin de la ville française du Havre-de-Grâce ; maître Michel Jean, avocat à Dieppe ; maître Nicolas Le Masson, conseiller du roi ; messire Isaac de Razilly[18], chevalier de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem ; messire Gaspard de Loup, écuyer, sieur de Monsau ; René de Bethoulat, écuyer, sieur de la Grange ; Fromenteau, aide des maréchaux de camp et armées de Sa Majesté ; maître Jean de Tayot, conseiller du roi, trésorier de France, général des finances à Soissons ; Jean Vincent, conseiller et échevin de Dieppe ; Nicolas Langlois, veuve de feu Nicolas Blondel, conseiller et échevin de Dieppe ; Jean Rozé, marchand de Rouen ; Samuel Champlain, écuyer, capitaine pour le roi en la marine ; maître Nicolas Eslye, sieur du Pin, lieutenant général en la haute-justice de Mauny ; Jean Taffet, marchand bourgeois de la ville de Bordeaux ; messire Paul Bailly, conseiller et aumônier du roi ; Georges Morin, chef de penneterie de Monsieur frère du roi, abbé de Saint-Thierry au Mont d’Or les Reims ; maître Louis de la Cour, principal commis de l’épargne ; maître Ythier Holuer, conseiller et secrétaire du roi ; maître Pierre Robineau, conseiller du roi et trésorier général de la cavalerie légère de France ; maître Jacques Paget, conseiller du roi et receveur des tailles de Montidier ; maître Charles Dufresne, secrétaire de monsieur le général des galères ; maître Jean Le Saige, conseiller du roi et receveur des tailles à forêts ; messire Charles Robin, sieur Duvau, conseiller du roi et grand maître des eaux et forêts en Touraine ; maître Thomas Bonneau, sieur Duplessis, conseiller et secrétaire du roi ; Charles Robin, sieur de Coursay ; Jacques Bonneau, sieur de Beauvais ; Raoul Lhuillier, marchand de Paris ; Charles Fleuriau ; René Robin, sieur de la Rochefarou ; Mathurin Beaudeau, bourgeois de Paris ; maître Robert Godefroy, conseiller du roi et trésorier général de l’extraordinaire des guerres ; maître Claude Bragelogne, conseiller du roi, surintendant et commissaire général des vivres, des camps et armées de France ; maître Jacques Bordier, conseiller et secrétaire du roi ; maître Claude Margonne, conseiller du roi et receveur général à Soissons ; maître Jérôme de Saint-Onge, conseiller du roi et trésorier de France en la généralité de Champagne ; Étienne Hervé, bourgeois de Paris ; maître Bertrand de Champflour, secrétaire de monsieur le duc de Retz ; maître Pierre Feret, secrétaire de monsieur l’archevêque de Paris ; maître Antoine Cheffault, avocat au parlement ; Barthelemy Quantin, sieur de Moulinet ; Prégent Proust, bourgeois de Paris ; maître du Buyer, conseiller et secrétaire du roi et de ses finances ; maître Jean Potel, conseiller et secrétaire du conseil privé du roi ; maître Nicolas le Vasseur, conseiller du roi et receveur général des finances à Paris ; Octavio Mey, bourgeois de Lyon ; Bonaventure Quantin, sieur de Richebourg ; maître Pierre Aubert, conseiller et secrétaire du roi ; maître Guillaume Martin, sieur de la Vernade, conseiller du roi, trésorier et receveur général des finances en Bretagne ; maître Aimé Lirou, conseiller du roi et trésorier général de France à Paris ; Claude Giradin, marchand de Rouen ; maître Simon Dablon, syndic de la ville de Dieppe ; Jean Chiron, marchand de Bordeaux ; Jean David, marchand de Bayonne ; maître Étienne Pavillon, conseiller du roi et trésorier provincial des guerres en Saintonge ; Jean Pontac, bourgeois de Paris ; Claude Lemyre, bourgeois de Paris ; Didier Lemyre, bourgeois de Paris ; Pierre Desportes, sieur de Ligneres ; Guillaume Vernière, demeurant à Paris ; Claude Chastelain, commis de l’extraordinaire des guerres ; Jean de Jouy, demeurant à Paris ; Pierre Fontaine, sieur de Neuilly ; maître Jean Pelleau, conseiller secrétaire du roi et audiencier en la chancellerie de Guienne ; Antoine Novereau, marchand de Rouen ; François Mouet, marchand de Rouen ; Jacques Duhamel, marchand de Rouen ; maître Jacques Dauson de Bourzau, conseiller du roi en sa cour de parlement de Bordeaux et président aux enquêtes d’icelle. Ce que dessus extrait, le dix-septième jour de mai, mil six cent vingt-neuf, par les notaires gardenotes du roi notre sire, au Chatellet de Paris, soussignés, sur les minutes des actes signés par les dessus, (signé) J. Laggua Enezzam, F. D.[19] »

Ni M. de la Ferté, abbé de la Madeleine, ni M. Jean de Lauson ne figurent ici comme associés.

M. le duc de Ventadour remit à Sa Majesté sa charge de vice-roi. M. le cardinal de Richelieu et M. le maréchal d’Effiat, surintendant des finances, furent les chefs de la compagnie, mais le commandeur de Razilli, M. de Champlain, l’abbé de la Madeleine, M. de Lauson en devinrent bientôt les véritables têtes. « Le reste était composé de riches et d’habiles négociants et des principaux bourgeois de Paris et de plusieurs villes de commerce. Enfin, il y avait tout lieu d’espérer que la Nouvelle-France allait devenir un des principaux objets de l’attention du ministre, étant soutenue par une si puissante compagnie[20]. »

Dans sa relation de l’année 1627, Champlain ne fait pas la moindre allusion à la compagnie des Cent-Associés. Il est vrai que cette dernière ne se proposait de commencer ses opérations dans la Nouvelle-France que l’année suivante, et que, en attendant, les sieurs de Caen étaient encore regardés comme les principaux officiers de l’ancienne compagnie qu’ils représentaient. Émeric de Caen, revenu de France le 30 mai (1627), avait assisté aux assemblées des Trois-Rivières, comme on l’a vu. Au mois d’octobre, il faisait la pêche à la baleine dans le bas du fleuve. Son activité était comparable à celle de son oncle ; comme elle aussi, elle était toute dirigée vers le commerce. De 1621 à 1627, période durant laquelle le Canada fut virtuellement gouverné par les de Caen, il ne s’y fit pas d’autres progrès que ceux accomplis par Champlain avec les minces ressources dont celui-ci disposait ; aussi voit-on qu’il s’en plaint amèrement dans son rapport de 1627. Guillaume de Caen n’était pas revenu à Québec cette année, à cause de la défense qui lui en avait été faite ; c’était son neveu qui le remplaçait, avec l’aide de Pontgravé ; mais ils étaient souvent aux prises ; car Pontgravé représentait ou les intérêts ou l’esprit de l’ancienne compagnie qui avait été forcée de s’amalgamer avec celle du sieur de Caen, et cela constituait en quelque sorte un troisième parti : celui de Champlain et des habitants, celui de Pontgravé et des anciens marchands, et celui de la compagnie de de Caen. Dans son Histoire de la Nouvelle-France (i, 166), Charlevoix dit que Pontgravé retourna à Québec (1627) « pour quelques intérêts de M. de Monts[21] et de la société. » De son côté, Champlain explique que Pontgravé était revenu à Québec (17 juin) sur la prière que lui en avait faite Guillaume de Caen, disant « que s’il trouvait moyen de passer en quelque vaisseau pour s’en venir hiverner en ce lieu (à Québec), il lui ferait un sensible plaisir, pour avoir l’administration des choses qui dépendaient de son service. Ce que voyant, tout incommodé qu’il était, par l’instante prière qu’il lui en avait faite, il s’était embarqué en un vaisseau de Honfleur pour venir à Gaspé, et de là prit une double chaloupe avec six ou sept matelots et son petit-fils[22], pour s’en revenir à Québec, où en chemin il avait reçu de grandes incommodités de ses gouttes, ce qui en effet étonna un chacun, et même le dit de la Ralde[23], à ce qu’il me dit, qu’il n’eut jamais cru que le dit du Pont eut voulu se retirer en un tel risque ayant l’incommodité qu’il avait[24]. »

Cinq ou six colons importants paraissent être venus dans le pays vers cette date, sinon auparavant :

Noble homme Jean Godefroy, sieur de Lintot, né 1608, fils de Pierre Godefroy et de demoiselle Perrette Cavelier, de Lintot, au pays de Caux, Normandie, fut amené dans la Nouvelle-France par Champlain et servit d’interprète durant plusieurs années. Il était d’une famille dont quelques membres avaient été anoblis[25]. Lorsque les Anglais eurent pris Québec (1629), Godefroy se retira chez les sauvages ses amis, et au retour de Champlain (1633), il se fixa aux Trois-Rivières. On peut le regarder comme le fondateur de ce dernier poste. Il épousa (15 décembre 1636) Mlle Marie Leneuf, native de Caen. La compagnie des Cent-Associés lui concéda quatre ou cinq seigneuries aux environs des Trois-Rivières. En 1651, il était membre du conseil de la colonie. Louis XIV lui accorda des lettres de noblesse (1668), renouvelées plus tard (1721) en faveur de son petit-fils, le juge René Godefroy de Tonnancourt. Cette belle famille a brillé pendant plus d’un siècle parmi nous.

Avec Jean Godefroy était sans doute venu son frère Thomas, sieur de Normanville, interprète et homme d’une bravoure souvent signalée. De 1634 à 1652, il demeura aux Trois-Rivières. C’est près de ce lieu que les Iroquois le firent prisonnier (1652) ; il périt sur le bûcher.

« Jean-Paul », ainsi mentionné par Champlain en 1623, était peut-être Jean-Paul Godefroy, parent des deux Godefroy ci-dessus. Il était fils de Robert Godefroy et de Marie Marteau, de Saint-Nicolas-des-Champs, Paris. Nous le voyons commis de la traite aux Trois-Rivières (1636) ; commandant les navires de France à Québec (1648) ; membre du conseil de la colonie ; envoyé en mission à Albany (1651). Il avait épousé, à Québec (1646), Marie-Madeleine, fille de Pierre Le Gardeur de Repentigny. Il ne laissa pas de postérité ; l’une de ses filles, Charlotte, se fit religieuse ursuline à Québec.

Honorable homme Guillaume Hubou, natif de la Normandie, épousa, le 16 mai 1629, Marie Rollet, veuve de Louis Hébert, et demeura à la côte Sainte-Geneviève.

François Marguerie, né 1614, fils de François Marguerie et de Marthe Romain, de Saint-Vincent de Rouen, Normandie, est du nombre des interprètes du temps de Champlain qui ont le plus attiré l’attention des historiens. Il se noya, en 1648, près des Trois-Rivières.

Robert Giffard, né 1587 à Mortagne, au Perche, était attaché, comme médecin, aux vaisseaux qui faisaient le voyage annuel du Canada. En 1627, une cabane qu’il s’était fait construire à la Canardière, pour jouir de la chasse et de la pêche, fut le théâtre du meurtre d’un nommé Dumoulin et d’un autre Français, domestique de Mme Hébert, que les sauvages avaient pris pour le serviteur et le boulanger du docteur Giffard.

Soit que la compagnie de la Nouvelle-France n’eût pas encore songé à envoyer des vivres à Québec, ou que de Caen se fût chargé de ce soin, toujours est-il que l’automne de 1627, après le départ des vaisseaux, on constata que le poste était très mal approvisionné. « Je m’étonnais, écrit Champlain, comme l’on nous laissait en des nécessités si grandes, et en attribuait-on les défauts à la prise d’un petit vaisseau par les Anglais, qui venaient de Biscaye, comme le dit sieur de Caen me le mandait… Nous demeurâmes cinquante-cinq personnes, tant hommes que femmes et enfants, sans comprendre les habitants du pays… Sur ces cinquante-cinq personnes, il n’y avait que dix-huit ouvriers, et il en fallait plus de la moitié pour accommoder l’habitation du cap Tourmente, faucher et faire le foin pour le bétail pendant l’été et l’automne… »

Cet état de gêne allait en s’aggravant, et, à la fin de juin 1628, les secours de France n’étaient pas encore arrivés. De Caen avait eu la précaution d’emporter de Québec les barques, voiles et cordages dont Champlain eût pu tirer parti pour aller au devant de la flotte. Il avait fait plus dans sa trahison, car c’en était une : il avait donné avis aux Anglais de la situation de la colonie. La guerre de religion rallumée en France servait de prétexte à la conduite de ce marchand dépité. Les huguenots trouvaient à satisfaire leur haîne contre l’établissement de Québec, qu’ils avaient constamment vu d’un mauvais œil, et qu’ils voulaient ruiner par le fer et le feu, puisque l’occasion s’en présentait. Les frères Louis, Thomas et David Kertk, protestants, natifs de Dieppe, mais entrés au service de l’Angleterre, conduisirent dans le Saint-Laurent dix-huit vaisseaux, pour se saisir de tout ce qu’y possédaient les Français. La ferme du cap Tourmente, où l’on employait neuf ou dix hommes, fut brûlée, avec quarante ou cinquante têtes de bétail renfermées dans les étables. Foucher, qui avait la surveillance de ce lieu, y fut fort maltraité ; Nicolas Pivert, Marguerite Lesage sa femme, sa nièce et un autre homme emmenés captifs. David Kertk envoya sommer Champlain de remettre le fort ; mais la courageuse réponse qu’il en reçut le détermina à attendre quelque temps. Peu après, Thierry Desdames, arrivant à Québec, malgré tous les obstacles, apporta une commission du roi pour Champlain, et annonça que le sieur de Roquemont s’avançait avec les premiers navires de la compagnie des Cent-Associés. Par malheur, Louis Kertk rejoignit Roquemont[26] dans le voisinage de Tadoussac, et, après une lutte acharnée, qui dura plus de quatorze heures, le captura. Néanmoins, Québec ne tomba point cette année au pouvoir de l’ennemi.

L’hiver de 1628-29 fut très dur à Québec. Mme Hébert avait quelques provisions qu’elle partagea avec les récollets. On comptait réunies soixante et seize personnes, dont vingt Français et un missionnaire revenus du pays des Hurons. Le printemps arrivé, tout le monde se jeta dans la forêt pour y chercher des racines. Champlain et les chefs de familles parlaient de se réfugier chez les sauvages. Pontgravé, souffrant de la goutte, songeait à partir pour Gaspé, mais il changea d’avis ; d’autres montèrent sur une chaloupe et se dirigèrent vers le golfe. Enfin, les Anglais reparurent, et, le 20 juillet 1629, Champlain se rendit à Louis Kertk. Pontgravé, retenu au lit, ne s’embarqua qu’après le départ de Champlain. La conquête, si conquête il y eût, ne fut pas une grosse affaire ; cependant, Kertk y gagna le titre de chevalier.

« Les habitants français devaient avoir chacun vingt écus, et le reste confisqué aux vainqueurs — de quoi on fit de grandes plaintes, s’en trouvant, dès lors, plusieurs (habitants) qui étaient fort riches. Ceux qui voulurent bien rester au pays obtinrent quelques avantages, surtout la famille de monsieur Hébert[27]. »

« La guerre de 1626 contre les calvinistes et les Anglais fut un des événements les plus funestes pour le Canada, en mettant à néant les desseins et entreprises de Richelieu sur l’Amérique. Souvent la destinée d’une nation tient à un événement misérable en apparence, mais gros de conséquences. C’eût été un grand point de gagné en effet si les premiers efforts de la compagnie Richelieu, vigoureusement poussés par l’énergique habileté du ministre, eussent pu arriver à bonne fin ; si tous ces convois avaient débarqué leurs colons et si l’établissement se fût trouvé à l’abri de tout trouble par la paix et une garnison suffisante ; le progrès de la colonie dirigé par un homme intelligent et dévoué comme Champlain, appuyé par le concours du cardinal, eût marché d’un pas rapide. Le Canada eût atteint dès lors le degré d’accroissement qu’il n’obtint que quarante ans plus tard, sous l’administration de M. Talon et le ministère de Colbert. Un millier de colons débarqués et installés en 1630, suivis non pas même des quatre mille colons promis par la compagnie, mais seulement de quelques autres envois, auraient assuré à cette contrée un développement de population assez prompt et assez considérable pour lui permettre d’affronter sans péril les invasions qui entraînèrent sa perte au milieu du siècle suivant[28]. »

Les courageux pionniers de la Nouvelle-France, captifs sur des vaisseaux anglais, laissaient derrière eux trente années de travaux et leurs plus chères illusions. Moins d’un siècle après Jacques Cartier, la France subissait un cinquième échec plus humiliant que les quatre autres dans ses tentatives de colonisation sur le Saint-Laurent ; ce ne devait pas être le dernier. Quelle triste récompense, à soixante et quinze ans, pour Pontgravé[29], qui ne pouvait plus espérer le retour d’événements favorables à son ambition, et qui voyait se perdre d’un coup les fruits d’une longue carrière consacrée à la poursuite de l’idée française en Amérique ! Quelle déception pour Champlain, à soixante et deux ans, que de voir la persistante infortune encore attachée à son œuvre et l’anéantissant à peu près sans rémission ! Cinquante malheureux prisonniers ramenés sur la côte d’Europe par des navires anglais, représentaient les débris d’une avant-garde qui était allée se sacrifier au bénéfice de la France sur des plages lointaines, sans avoir été ni secourue ni même applaudie.

Des vingt habitants dont la présence est constatée de 1608 à 1628, cinq repassaient en France, mais devaient revenir : Samuel de Champlain, Olivier le Tardif, Thierry Desdames, Jean-Paul Godefroy et Robert Giffard. Hébert et Jonquest étaient décédés. Les treize qui restaient au Canada sont les suivants : Nicolas Marsolet, interprète, non encore marié ; Étienne Brulé, interprète, célibataire ; Guillaume Couillard, artisan et cultivateur ; Guillemette Hébert, sa femme ; enfants : Louise, Marguerite, Louis[30] ; Abraham Martin, pilote ; Marguerite Langlois, sa femme ; enfants : Anne, Eustache, Marguerite, Hélène ; Nicolas Pivert[31] ; Marguerite Lesage, sa femme ; une nièce et un jeune homme ; Pierre Desportes ; Françoise Langlois, sa femme, et leur fille Hélène ; Jacques Hertel, interprète, resté chez les sauvages, non encore marié ; Jean Nicolet, interprète, resté chez les Algonquins de l’Ottawa, non encore marié ; Adrien Duchesne, chirurgien ; sa femme, de nom inconnu ; Jean Godefroy, interprète, resté chez les sauvages, non encore marié ; Thomas Godefroy, interprète, célibataire ; Guillaume Hubou, cultivateur, marié à Marie Rollet, veuve de Louis Hébert ; enfant : Guillaume Hébert ; François Marguerie, interprète, resté chez les sauvages, non encore marié. En tout trente et une personnes.

Ceux qui restaient dans le pays constituaient précisément la partie stable de la population : les habitants. Il est donc faux de dire que le Canada fut alors abandonné ? Ce premier germe des familles canadiennes ne mérite ni l’indifférence ni l’oubli des historiens, puisqu’il n’a point désespéré de la patrie nouvelle et s’y est développé contre toute attente. Cent trente et un ans plus tard (1760), les Canadiens se virent dans la même situation ; cette fois encore, ils eurent le courage de rester Canadiens. Telle est notre histoire : nous nous sommes ancrés dans le sol en dépit du va-et-vient des influences européennes. En 1629, sur moins de cent personnes qui se trouvaient dans la colonie, un tiers et davantage se composait d’habitants — et ceux-là demeurèrent fidèles au poste, sans craindre la mauvaise fortune.

D’autres Français, qui ne firent point souche dans le pays, continuèrent d’y résider sous les Kertk. Ce sont : Gros-Jean, de Dieppe, interprète des Algonquins, ami des Anglais ; Le Baillif, natif d’Amiens, arrivé en 1622 en qualité de sous-commis, et chassé par de Caen « pour être grandement vicieux » ; il se donna aux Kertk (1629), qui en firent leur commis et lui confièrent les clefs du magasin des Français, qu’il avait eu la précaution de se faire remettre afin de se venger de de Caen. On l’accuse d’avoir enlevé à Corneille, sous-commis, cent livres en or et en argent, outre certains effets ; c’est lui, dit-on, qui s’empara des vases sacrés de l’église de Québec. Les Anglais finirent par s’indigner de sa conduite scandaleuse. Par surcroît, Le Baillif maltraita tant qu’il le put les familles qui n’avaient point voulu repasser en France. Pierre Reye ou Raye, charron, natif de Paris, qualifié par Champlain de « renégat, perfide, traître et méchant », passa également au service de Kertk. Un nommé Jacques Couillard, sieur de l’Épinay, capturé par Thomas Kertk comme il arrivait de France, fut conduit à Québec ; il devait être parent de Guillaume Couillard, dont la descendance a porté le surnom de l’Épinay. Deux Français, l’un appelé Le Cocq, charpentier, et l’autre Froidemouche, envoyés de la Malbaie à Québec par Émeric[32] de Caen, se firent prendre par les Anglais de Québec, qui les gardèrent pour les faire travailler.


  1. Acte d’établissement des Cent-Associés, 27 avril 1627 ; approuvé par Richelieu, 29 avril ; accepté par les associés, 2 mai ; ratifié par le conseil du roi et signé par le roi, au camp devant la Rochelle, 6 mai ; lettres d’attaches signées par Richelieu, 18 mai.
  2. La compagnie de Guillaume de Caen.
  3. Ce dernier mot mettait un terme aux dissensions que nous avons signalées, surtout dans l’espace du quart de siècle qui va de 1600 à 1626. Désormais, les colons, les hivernants, les employés, les chefs seront tous d’une même religion, et les choses n’en iront que mieux.
  4. Poste de traite, village.
  5. Édits et Ordonnances, i, 5-10. Nous avons supprimé certains passages sans valeur pour notre travail.
  6. Édits et Ordonnances, i, 11
  7. Édits et Ordonnances, i, 16.
  8. Cette liste renferme cent sept noms. Un article des conventions accordées le 29 avril 1627, porte que chacun des associés pourra admettre à ses bénéfices qui bon lui semblera, mais sans conférer le droit de vote, lequel reste acquis aux seuls Cent-Associés. (Édits et Ordonnances, i, 15.)
  9. Antoine Coiffier, marquis d’Effiat, né 1581, négocia le mariage de Charles i, roi d’Angleterre, avec Henriette de France (1624). Il se signala à la bataille de Carignan (1630) ; mourut en 1632. Il eut pour fils le fameux Cinq-Mars qui périt sous la hache de Richelieu (1642).
  10. C’est de lui que la rivière Ouelle tient son nom.
  11. Sieur de Gand. On le trouve au Canada en 1635 et plus tard.
  12. Antoine Daniel, « bourgeois de Dieppe, marchand mercier grossier, » exerçant une charge municipale importante en 1620, s’était marié avec Marguerite Martin. Son fils aîné, André, ci-dessus, demeurait (1632) rue d’Écosse, à Dieppe. Il mourut vers 1637. Le second fils fut le capitaine Charles Daniel, mentionné plus loin. Un autre, Adrien, devint avocat à Dieppe. Un quatrième nous est plus connu : c’est le père jésuite Antoine Daniel, l’un des martyrs de 1648, chez les Hurons.
  13. Frère du précédent. Marié, à Dieppe, le 4 octobre 1620, avec Hélène Lemare. Jeune encore, en 1624, il commandait un navire qui, parti de Dieppe pour le Canada, soutint sans désavantage un rude combat contre des bâtiments anglais. Nous le retrouverons dans le golfe Saint-Laurent en 1629.
  14. Henri Cavelier, « mercier grossier, » était frère de Jean Cavelier, exerçant le même état, et qui fut le père du découvreur René-Robert Cavelier de la Salle.
  15. On peut le regarder comme successeur de Guillaume de Caen. C’est surtout avec lui que Richelieu s’entendait pour la conduite des navires de la nouvelle compagnie.
  16. Né à Paris, 1585. Il a imprimé les célèbres Relations des jésuites de la Nouvelle-France. Lorsque Louis XIII établit l’imprimerie royale au Louvre, 1640, Sébastien fut chargé de la diriger. Il mourut à Paris en 1669, (Voir Harrisse : Bibliographie, 60.)
  17. Premier officier de l’hôtel de ville, ou maire.
  18. En 1626, il avait présenté un mémoire traitant des colonies en général, en vue de l’accroissement de la puissance maritime de la France. (Harrisse : Bibliographie, etc., p. 54.)
  19. Cette liste a été publiée par M. J.-O. Dion dans la Revue Canadienne, 1870, p. 850.
  20. Charlevoix : Histoire de la Nouvelle-France, i, 165.
  21. Faut-il croire que de Monts vivait encore ?
  22. Desmarêts. Un autre parent de Pontgravé, le capitaine La Salle, naviguait alors dans le Saint-Laurent, au Maine et au Labrador.
  23. Revenu de France, cette année (1627), il y retourna à l’automne.
  24. Œuvres de Champlain, p. 1125, 1210.
  25. Voir la Revue de Montréal, 1880, p. 357.
  26. À son bord était le sieur Le Faucheur, bourgeois de Paris, qui se rendait à Québec, avec sa famille, pour y résider.
  27. Le père Le Clercq : Premier Établissement, i, 408.
  28. Rameau : La France aux Colonies, ii, 12.
  29. Sagard (Histoire du Canada, p. 947) raconte que, vers 1628, le jeune Pontgravé étant aux Moluques avec un navire chargé d’épiceries pour la France, fut invité par des Hollandais à prendre part à un festin, et que durant le repas il eut la douleur de voir que ces mêmes Hollandais faisaient brûler son vaisseau resté non loin de là. Frappé d’une trahison aussi noire et accablé par la pensée que sa ruine s’en suivrait, il entra dans un fervent esprit de pénitence, demanda pardon à Dieu de ses fautes et mourut presque aussitôt, le cœur brisé par le chagrin. « Il donnait de grandes espérances de sa personne, tant de sa valeur que de son bel esprit. »
  30. Elizabeth, baptisée 9 février 1631.
  31. Ramené à Québec même par les Anglais.
  32. Sur la fin de l’été 1629, il revenait de France lorsque son vaisseau fut enlevé par Thomas Kertk.