Histoire des Canadiens-français, Tome II/Chapitre 6

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Wilson & Cie (IIp. 75-92).

CHAPITRE VI

1636 — 1639


Familles établies de 1636 à 1639. — Collège des jésuites. — Religieuses hospitalières et ursulines.



E
n six ou sept années (1632-39), les agents de la compagnie, ou plutôt quelques concessionnaires de seigneuries avaient amené plusieurs cultivateurs — les vrais éléments de la force future du Canada — mais sans atteindre le chiffre sur lequel on était en droit de compter. Pour se défendre de ce manque de parole, les directeurs disaient que leur entreprise étant une œuvre religieuse aussi bien que nationale, leur sollicitude s’étendait non-seulement sur les Français, mais encore sur les sauvages, dont la conversion et la civilisation étaient l’objet de leurs vœux les plus sincères ; et en conséquence, ils prenaient un soin tout particulier du choix des colons, voulant avant tout former une population morale, religieuse et propre à édifier les infidèles.

Il n’y a pas à douter du rôle qu’a joué l’influence du clergé dans le recrutement de nos colons ; les étrangers l’admettent, et on est surpris de voir ensuite ceux-ci affirmer — sans preuve — que nous descendons d’une classe de misérables chassés par les tribunaux français. Ces deux propositions ne s’accordant pas, passons outre et faisons plutôt un reproche à la compagnie des Cent-Associés qui négligea si impolitiquement de fortifier le Canada par l’envoi de nombreuses familles, choisies comme celles que nous allons faire connaître, car la France n’en a jamais été dépourvue :

Pierre de Launay, né 1616, fils de Gilles de Launay et de Louise Dubois, de Fresnay-le-Boesme, au Maine, est cité comme l’un des commis de la compagnie, en janvier 1636 ; en 1645, il épousa, à Québec, Françoise, fille de Louis-Henri Pinguet ; sa descendance existe encore.

Jacques Gourdeau, sieur de Beaulieu, né 1614, fils de Nicolas Gourdeau, procureur au siège royal de Niort, Poitou, contribua, avec Jean Bourdon, à composer le feu d’artifice[1] qui fut tiré à Québec, le 19 mars 1637, en l’honneur de saint Joseph, patron du pays ; en 1652, à Québec, il épousa Éléonore de Grandmaison, veuve du sieur de Chavigny ; il fut assassiné (1663) dans sa maison, à l’île d’Orléans, avec l’un de ses domestiques ; sa descendance est nombreuse dans les environs de Québec.

Nicolas Pelletier, charpentier, de Saint-Pierre de Galardon, en Beauce, avait épousé Jeanne Roussy, et tous deux étaient arrivés à Québec en 1636, sinon auparavant. Leur descendance est très nombreuse.

Nous avons parlé des familles Le Gardeur, Le Neuf et Poutrel.

Antoine Brassard, maçon, né 1609, Normandie, épouse à Québec, 14 janvier 1637, Françoise Méry, née 1621, demeurant dans sa maison de la Grande-Allée, à présent rue Saint-Louis ; leur descendance a été, pendant plus d’un siècle, très nombreuse à Québec ; on la retrouve dans les gouvernements des Trois-Rivières et de Montréal, sous les noms de Brassard et Deschenaux ; elle a fourni plusieurs religieuses et six prêtres, dont un est le fondateur du séminaire de Nicolet. M. Ferland, de qui nous empruntons ces notes, ajoute que Deschenaux, employé longtemps dans les bureaux des intendants Hocquart et Bigot, était de cette famille ; c’est le même qui, après 1760, se trouvant à la tête d’une fortune considérable, acheta plusieurs seigneuries. Son fils fut juge aux Trois-Rivières.

Pierre de la Porte, qui possédait une terre sur le chemin du cap Rouge au mois de mai 1637, était originaire de la paroisse de Saint-Sulpice de Paris, où il paraît être retourné, car sa femme, Anne Voyer, lui donna dans cette ville, en 1646, une fille, Marie-Anne, laquelle se maria à Québec, en 1665, avec le notaire François Génaple dit Bellefond, de la paroisse de Saint-Méry de Paris.

François Bélanger, né 1612, paroisse de Touque, Normandie, était à Québec en 1636. L’année suivante, il y épousa Marie, fille de Jean Guyon. En 1653, il était syndic-adjoint de la Longue-Pointe. Ses nombreux enfants se sont établis autour de Québec.

Jamen Bourguignon se maria à Québec, le 30 novembre 1636, avec Claire Morin, de Notre-Dame de Mortagne, au Perche.

Charles-Étienne Sevestre, de Paris, marié vers 1607 avec Marguerite Petitpas, eut plusieurs enfants, dont trois arrivèrent à Québec en 1635 ou 1636, savoir : 1o Étienne, qui se noya (1640) en compagnie d’Adrian d’Abancour ; 2o Jacques, qui mourut célibataire en 1685 ; 3o Charles, marié, vers 1627, à Marie Pichon ; les filles de ces derniers : Madeleine, Denise et Marguerite, ont possédé partie d’une seigneurie située entre Dautray et Lavaltrie ; Charles fut un citoyen respecté ; il mourut à Québec en 1657, et sa femme en 1661.

Jacques Selle dit Lépine épousa à Québec, le 21 septembre 1637, Marie Bérard. Le second de leurs fils, Paul, eut pour parrain (1640) « Pierre de Puyseaux, sieur de l’habitation de Sainte-Foy. » Marie Bérard se remaria (1670) et mourut à Québec (1719), âgée, dit-on, de cent ans.

Louis Sédillot, né 1600, à Montreuil, en Picardie[2], avait épousé Marie Charrier, du même lieu ; il en eut une fille qui se maria avec Bertrand Fafart. En secondes noces, sa femme, Marie Grimoult, lui donna plusieurs enfants dont l’aîné fut baptisé à Québec, le 21 décembre 1637. Trois de ses fils ont fondé des familles sous les noms de Brisval, Desnoyers et Montreuil. On sait que la coutume du temps était de prendre un surnom qui, le plus souvent, remplaçait celui de la famille souche.

Honorable homme René[3] Maheu, parent des Couillard, était de Mortagne, au Perche. En 1648 il épousa Marguerite Corriveau. Il était pilote sur le fleuve Saint-Laurent. Vers 1651 il demeurait à l’île d’Orléans, et c’est près de sa maison que le grand-senéchal Jean de Lauson fut tué (1661). Louis, fils de René Maheu, fut chirurgien à Québec.

Jacques Maheu, fils de Nicolas Maheu et de Louise Chichon, de Bubertz ou paroisse Saint-Michel Auvertuy, au Perche, épousa à Québec, le 26 septembre 1639, Anne Convent, née 1601, veuve de Philippe Amyot. En 1646, Maheu était « le plus proche habitant du coteau Sainte-Geneviève. » De 1659 à 1661, on le voit faire la pêche à la morue et au loup-marin, à Gaspé. Il demeurait alors au Chateau-Richer.

De 1639 à 1700, sept chefs de famille du nom de Maheu se fixèrent dans les environs de Québec ; deux étaient du Perche, un du diocèse de Meaux. Ils ont laissé une nombreuse postérité.

René Mézeray, né 1611, à Thury près Caen, Normandie. Il se maria à Québec (1641) avec Hélène Chastel et n’en eut point d’enfant. Sa seconde femme, Nicole Gareman, lui en donna douze, dont plusieurs furent les chefs de nombreuses familles établies autour de Québec.

Robert Caron épousa à Québec, 25 octobre 1637, Marie Le Crevet ou Le Crevel, née 1621, en Normandie. Il fut un des premiers habitants de Sainte-Anne et Saint-Joachim ; sa descendance occupe encore la terre qui lui fut concédée ; plusieurs branches se sont répandues non-seulement à la côte de Beaupré, mais sur la rive sud du fleuve et dans le gouvernement des Trois-Rivières, où cette famille a fourni au clergé et à la politique des hommes distingués. Feu l’honorable René-Édouard Caron, lieutenant-gouverneur de Québec (1873-76), et le fils de celui-ci, l’honorable Adolphe-Philippe Caron, actuellement ministre de la milice et de la défense, sont issus de la branche demeurée à la côte de Beaupré.

Claude Poulin, de Tourouvre, au Perche, épousa à Québec, le 3 août 1638, Jeanne Mercier. En 1640, il est mentionné aux Trois-Rivières, mais il alla bientôt s’établir à la côte de Beaupré.

Étienne Racine, né 1607, fils de René Racine et de Marie Loysel, de Fumichon près Lisieux, en Normandie, passa contrat de mariage à Québec, le 16 novembre 1637, avec Marguerite, fille d’Abraham Martin, âgée de treize ans dix mois et douze jours. Le mariage eut lieu le 22 mai suivant. « Étienne Racine, Robert Caron et Claude Poulin furent des premiers habitants de la côte de Beaupré ; ils s’établirent dans la partie qui forme aujourd’hui les paroisses de Sainte-Anne et de Saint-Joachim ; les terres qu’ils y prirent avaient de huit à dix arpents de largeur sur une lieue et demie de profondeur. Tous trois furent chefs de familles patriarcales, qui ont conservé jusqu’à ce jour les héritages de leurs pères, avec leurs sentiments religieux et leurs bonnes vieilles coutumes[4]. » Racine mourut en 1689, dix ans après sa femme.

Louis-Henri Pinguet, né 1588, à Tourouvre, au Perche, avait épousé Louise Boucher et vint au Canada probablement avant 1637. Cette dernière année, au mois d’août, nous le voyons partir de Québec avec les hommes qui allaient rencontrer les Iroquois dans le haut du fleuve. Il avait alors trois enfants ; deux ont laissé de nombreuses descendances.

Denis Duquet ou Duquay, né 1605, épousa à Québec, 13 mai 1638, Catherine, née 1627, fille de Philippe Gauthier sieur de Comporté et de Marie Plichon, de Saint-Étienne du Mont, Paris. Leur postérité est répandue dans tout le Canada. Deux autres enfants du sieur de Comporté, Guillaume et Charles, se sont mariés à Québec en 1648 et 1656.

Thomas Hayot, du Perche, paraît être arrivé au Canada avec sa femme, Jeanne Boucher, en 1637 ou 1638. Il fut fermier des terres des jésuites à Beauport, conjointement avec Gaspard Boucher, jusqu’au 11 juin 1646. Hayot a laissé une nombreuse descendance.

François Drouet, né 1616, fils de Charles Drouet et de Madeleine Delaunay, de Saint-Hilaire de Mortagne, Perche, épousa à Québec, 12 octobre 1638, Perrine, née 1618, fille de Jean Godin et de Cuillemette Le Magnan, de Saint-Thomas de la Flèche, Anjou.

Adrien d’Abancour dit la Caille, de Saint-Vaux, évêché de Soissons, Picardie, avait épousé, vers 1617, Simone d’Orgeville, née 1589 ; leur seule enfant, Marie, épousa Jean Jolliet, à Québec, 9 octobre 1639. Adrien d’Abancour et Étienne Sevestre se noyèrent, 2 mai 1640, étant à la chasse. Simone d’Orgeville mourut à Québec en 1649.

Jean Jolliet, né 1574, fils de Claude Jolliet, de Sezanne, en Brie, était charron de la compagnie des Cent-Associés, à Québec, où il épousa, le 9 octobre 1639, Marie d’Abancour. Son fils, découvreur du Mississipi, a immortalisé le nom de Jolliet.

Antoine Damien, né 1611, fils de Jean Damien et de Jeanne Barret, de Rouen, Normandie, paraît être venu dans ce pays en 1639. Le 6 octobre 1641, à Québec, il épousa Marie, née 1623, fille de Jean Joly et de Simone Fouquet.

Noël Morin, charron et tonnelier[5], né 1616, fils de Claude Morin et de Jeanne Moreau, de Saint-Étienne de Comte-Robert, en Brie, épousa à Québec, le 9 janvier 1649, Hélène Desportes, veuve de Guillaume Hébert. D’eux naquirent : « Germain Morin, premier prêtre canadien et membre du séminaire de Québec, où il laissa une belle réputation ; Morin de Rachebelle, un des premiers enfants du pays qui aient été appelés au conseil supérieur de Québec ; Alphonse Morin, qui s’établit à la pointe à la Caille (Saint-Thomas), où sa postérité porte le nom de Morin-Valcourt ; Marie, la première Canadienne qui embrassa l’institut des hospitalières à Montréal : elle a écrit les annales de l’Hôtel-Dieu de cette ville[6]. » L’honorable Auguste-Norbert Morin, publiciste et homme d’État, descendait de la branche de cette famille établie dans le comté de Bellechasse.

Guillaume Bigot, né 1614, fils de Louis Bigot et de Bertranne Malescort, de Torcé[7] près Rennes, Bretagne, épouse à Québec, 8 septembre 1639, Marie, fille de Jacques Panie et de Marie Pouchet.

Jean Gory ou Goury, né 1611, fils de Hervé Gory et de Cateline Bourgeois, du Pont-Diard ou Pont-Aven, basse Bretagne, épousa à Québec, 12 septembre 1639, Isabeau, fille de Jacques Panie et de Marie Pousset, de Saint-Maclou, de Rouen. En 1642, à la suite d’un démêlé[8] avec M. de Montmagny, il fut amené à Montréal par M. de Maisonneuve.

Pierre Garemand dit le Picard, natif de Picardie, et sa femme, Madeleine Charlot, firent baptiser leur fille Marguerite, à Québec, le 10 décembre 1639. Ils étaient mariés depuis une dizaine d’années, puisque leur fille aînée, Nicole-Madeleine, était née en 1631. En 1642-43, cette famille vécut aux Trois-Rivières, mais elle alla bientôt s’établir au Cap-Rouge, près Québec, où les Iroquois enlevèrent le père le 10 juin 1653, avec son fils Charles âgé de huit ans. L’automne de 1655, les jésuites rachetèrent ce jeune garçon captif chez les Onneyouths ; nous voyons que plus tard, en 1676, Charles épousa Marie Gonnentenne et vécut à Québec.

Honorable homme Jean Cochon[9], né 1591, à Saint-Martin de Dieppe, Normandie, épousa Marguerite Cointal et en eut une fille, Marguerite, née 1620, laquelle épousa Jean Gangnon ou Gagnon, à Québec. À Dieppe, en 1622, Cochon s’était marié en secondes noces avec Jeanne Abraham, née 1603. Ils paraissent être venus au Canada vers 1638, peut-être dès 1634, et ils s’établirent au Chateau-Richer, où leur descendance existe encore. On compte dans celle-ci l’honorable Joseph Cauchon, journaliste vigoureux, homme politique éminent, aujourd’hui lieutenant-gouverneur du Manitoba.

Jean Gagnon, né 1611, fils de Pierre Gagnon[10] et de Renée Royer, de Tourouvre[11], Perche, épousa[12] à Québec, le 29 juillet 1640, Marguerite, née 1620, fille de Jean Cochon et de Marguerite Cointal, de Dieppe.

Le 14 février 1642, à Québec, Pierre Gagnon, né 1616, frère de Jean ci-dessus, épousa Vincente, née 1624, fille de Jean Desvarieux et de Marie Chevalier, de Saint-Vincent d’Aubermail, pays de Caux, Normandie.

À Québec aussi, le 30 septembre 1647, Mathurin Gagnon, né 1606, frère des deux Gagnon précédents, épousa Françoise, née 1634, fille de François Boudeau ou Godeau et de Jeanne Jehanne, de Guyon, Normandie.

De ces trois frères, établis au Chateau-Richer[13], sont sorties d’innombrables familles[14], répandues dans tous les lieux où l’on rencontre des Canadiens.

Noble homme François Chavigny[15] de Berchereau, de Créancée, Champagne, arriva dans le pays vers 1640. Il venait d’épouser Éléonore de Grandmaison, née 1622, veuve d’Antoine Boudier, sieur de Beauregard. Il se fixa à Sillery, où on lui avait accordé des terres ; son influence était grande dans la Nouvelle-France ; M. de Montmagny le nommait pour le représenter durant ses absences de Québec. Étant de même province que M. de Maisonneuve, mademoiselle Mance et mademoiselle Bourgeois, et de plus leur ami personnel, il était consulté par les fondateurs de Montréal tout autant que par ceux de Québec. Au cours d’un voyage qu’il fit en France dans l’intérêt de sa santé, il y mourut (1651), et sa veuve épousa à Québec, 1652, Jacques Gourdeau sieur de Beaulieu, natif du Poitou. Éléonore avait des terres à l’île d’Orléans, et elle y accorda un refuge aux Hurons lorsque ces pauvres sauvages furent chassés de leur pays, 1649-50. Elle se fit donner, 1652, les deux terres de Chavigny, dont son deuxième mari avait commencé l’exploitation, et le fief voisin, nommé aujourd’hui Deschambault. Sa maison de l’île d’Orléans ayant été consumée par le feu, 1651, elle la rebâtit et en fit sa demeure, si elle n’y était déjà établie. C’est là que le sieur Gourdeau fut assassiné, 1663, par un domestique qui mit le feu à la maison pour cacher son crime. En quatrièmes noces, Éléonore épousa Jacques Des Cailhaut de la Tesserie, dont il sera parlé. Les enfants de Chavigny et de Gourdeau ont fait des alliances honorables, et leur descendance est encore parmi nous.

On cite en outre, comme étant arrivées avant 1640, mais sans pouvoir en fixer la date, les personnes dont les noms suivent :

Guillaume Boivin, qui jusqu’à 1666 fut au service de pères jésuites.

Jacques Boissel, né 1601, boucher, avait épousé récemment Marie Éripert ou Héripel, née 1611. Deux de leurs fils, Noël et Gilles, ont fondé de nombreuses familles.

Nicolas Bonhomme dit du Lac et dit Beaupré, né 1603, fils de Nicolas Bonhomme et de Marie Gayon, de Sainte-Croix de Fécamp, pays de Caux, Normandie, épousa à Québec, le 2 septembre 1640, Catherine, née 1616, fille de Léonard Goujet et de Catherine Dufrençoys, du bourg de Thury, Normandie. Leur descendance est nombreuse dans le district de Québec.

Pierre Gadois, né 1594, à Saint-Martin[16] d’Igé, évêché de Seez, au Perche, avait épousé Louise Mauger, née 1598. Ses enfants se sont répandus à Montréal et à Québec.

Guillaume Grimaud, du pays de Caux, Normandie, arrivé avant 1640, épousa, en 1648, Suzanne Bayeux, de Brouage, en Saintonge.

Nicolas Macart dit Champagne, fils de Thomas Macart et de Marguerite Hardy de Mareuil-sur-Die, en Champagne, arrive avant 1640, se maria (1646) avec Marguerite Couillard, veuve de Jean Nicolet. Au contrat de mariage étaient présents : M. de Montmagny, René et Louis Maheu, cousins de Marguerite Couillard ; Louis Couillard, son frère ; Marie Renouard, femme de Robert Giffard ; Pierre de Launay, commis ; Jean Gagnon, prêtre ; Gilles Nicolet, prêtre ; René Robineau, écuyer ; Nicolas Fromage, sieur de Trois-Monts, et Jacques de la Ville. Les filles de Macart ont contracté alliance avec Le Gardeur, Bazire, d’Alogny, Gourdeau et autres. Le seul de leurs fils qui paraisse avoir été marié fut conseiller au conseil souverain de Québec.

Pierre Massé, arrivé avant 1640, épousa, à Sillery (1644), Marie Pinel de la Chesnaie. Sa postérité est encore répandue dans les campagnes de Québec.

M. Mauger, de Saint-Martin-du-Vieux-Bellesme, Perche, paraît être le beau-père de Pierre Gadois ; il était à Québec avant 1640.

Jean Millouer dit Dumaine, né 1616, fils de Pierre Millouer et de Françoise Naoulet, de Saint-Léger en Charny proche Laval, Maine, épousa, à Québec (1642), Barbe, fille de Jean Hubou et de Jeanne Goupil de Duménil-Durant, puis en secondes noces (1651), Jeanne, fille de Pierre Leroy et de Françoise Godefroy, de la ville d’Angers. De ses trois filles, l’une s’est mariée trois fois.

Pierre Paradis, de Tourouvre, au Perche, se maria probablement en France. Sa femme, Barbe Guyon, lui donna huit enfants dont la descendance est extrêmement nombreuse.

Paul de Rainville, né 1619, de Touques, en Normandie, paraît être arrivé avant 1640. Peu après, il épousa Pauline Poète. De la côte de Beaupré, sa descendance a envoyé des branches sur divers points du Canada.

Les registres et les mémoires du temps nous font connaître certaines personnes qui n’appartenaient point à la classe des colons et qu’il faut, par conséquent, inscrire à part : Monsieur de Lisle, chevalier de Malte, personnage très pieux, lieutenant de M. de Montmagny, paraît avoir commandé aux Trois-Rivières vers les mois de juin et juillet 1636 ; en 1641, il était encore dans le pays. Un gentilhomme du nom de Saint-Jean, arrivé en 1635 sinon auparavant, accompagna M. de Montmagny dans ses inspections. M. de Maupertuis paraît avoir été chargé de la surveillance de la traite aux Trois-Rivières dès 1635. François de Ré (il signait Derré), plus connu sous le nom de M. Gand[17], l’un des Cent-Associés, commis-général des vivres, fut envoyé de Québec aux Trois-Rivières le 4 mai 1636 ; on le cite comme étant très charitable ; il donna le terrain sur lequel les jésuites établirent (1638) la mission de Sillery ; en 1640, il occupait une salle voisine de l’église paroissiale, à Québec, et avait la garde du greffe des notaires[18] ; sa mort, survenue en mai 1641, fut très regrettée. Jean Amyot, arrivé vers 1635, passa plusieurs années de sa première jeunesse à la résidence de Sainte-Marie des Hurons ; il était d’une grande bravoure ; plusieurs traits honorables de son caractère ont été consignés dans les Relations ; très agile aux exercices du corps ; humeur enjouée ; interprète aux Trois-Rivières de 1645 à 1648, il se noya, cette dernière année, en traversant le fleuve. De 1636 à 1663, il y eut, à Québec, le notaire Audouard. Le notaire Jean Guillet ou Guitet a fait des actes en 1637 et 1638. Lespinasse, aussi notaire à Québec en 1637, paraît avoir fait un acte en 1641. Thierry Desdames, revenu de France, naviguait dans le golfe Saint-Laurent en 1628 et 1629 ; informé de la prise de Québec, il repassa la mer ; nous le retrouvons sur le fleuve, près du lac Saint-Pierre, en 1637, commandant une chaloupe armée contre les Iroquois ; de 1639 à 1643, il eut la direction du poste de Miscou, et les Relations nous le mentionnent encore dans ce lieu trois années plus tard, en faisant l’éloge de ses services. Le capitaine Raymbaut était sur le fleuve en 1637, ainsi que Jacques Jeffart, à la poursuite des Iroquois. Guillaume Tronquet, secrétaire de M. de Montmagny (1638), et commis au greffe et tabellionnage de Québec (1644-46), est cité comme secrétaire du même gouverneur en 1646, et à titre d’intéressé dans la traite des pelleteries. Martial Piraube, notaire royal, fit des actes, à Québec, de 1639 à 1643. On rencontre aussi, en 1639, le nom de Guillaume Thibault qui ne se rattache à aucune famille stable du pays ; il est parrain d’un sauvage.

Le groupe des Trois-Rivières, beaucoup moins nombreux que celui de Québec, ne présente qu’une courte liste de colons. Les premiers noms qui figurent au registre sont ceux des hommes décédés du mal-de-terre :

1635. 6 février, Jean Guiot dit Négrier, du bourg de Chambois, évêché de Sée, Normandie. 6 mars, Pierre Drouet, charpentier, de l’évêché de Rouen. 9 mars, Isaac Lecomte, tailleur d’habits, de Lintot, évêché de Rouen, calviniste converti depuis son arrivée au Canada. 23 mars, Guillaume Née, marié en la paroisse de Saint-Georges de l’archevêché de Rouen. 7 avril, Michel Sonet, marié au hameau nommé Diepdal, de la paroisse de Saint-Martin de Canteleu, archevêché de Rouen. 26 avril, Michel Coysy, natif de Diepdal, de Saint-Martin de Canteleu. 7 juillet,… Lefebvre, valet de M. le général Du Plessis, noyé en se baignant proche du fort. — 1636. 9 février. Un manœuvre nommé Antoine…, de la paroisse de Sélincourt, évêché d’Amiens, Picardie, marié en la même paroisse. — 1637. 1er juillet, Claude Sylvestre, jeune garçon, de la paroisse de Saint-Hilaire de Paris.

Citons maintenant les Français, employés du poste :

Le registre mentionne, en 1635, Jean Dorival, maître-valet du fort. L’automne de la même année, Jean Nicolet, de retour du Wisconsin. Dans le cours des cinq premiers mois de 1636, on voit les noms des personnes suivantes aux Trois-Rivières : Nicolas Courson, aide du chirurgien ; Robert Hache, domestique des pères jésuites — cité aussi en 1637, 1638, 1639, 1640 ; Jacques Hertel (parent de Jacques Hertel déjà mentionné), domestique des jésuites ; il mourut à Québec vingt ans plus tard ; Jean Aleaume, boulanger du fort ; Jean Rousseau, natif de Paris, tué en 1643 par la décharge d’une arme à feu. L’année 1637, nous trouvons les noms de M. de la Treille, commis ; Aimé de la Perle, chirurgien du fort ; Jean Monfort, maçon ; François Petit-Pré, qui voyagea souvent avec les jésuites dans le haut Canada ; Pierre Corré et Joblin Bridé, le dernier desquels fait baptiser son fils, Charles, le 3 mai 1638. En 1638, deux nouveaux noms : Martin de Vaultpain et M. Brest. L’année suivante, nous relevons les noms qui suivent : Jean de Saint-Hilaire, Nicolas Fouin, David Dunet dit Deslauriers et Joseph De Beaune. Daniel Carteron, employé des jésuites, était aux Trois-Rivières en 1639. On l’envoya, plus tard, au pays des Hurons, d’où il revint en 1646 ; il y retourna la même année. Vers la fin d’août 1648, on le renvoya aux Trois-Rivières, où il demeura, toujours au service des pères, jusqu’à 1651 au moins ; car cette année, on le voit accompagner le père Buteux dans son premier voyage sur le Saint-Maurice.

La liste qui suit est celle des habitants :

L’été de 1636, arriva de France Michel du Hérisson, qui pendant plus de trente ans fut l’un des principaux citoyens des Trois-Rivières.

Bertrand Fafard dit Laframboise, charpentier, né 1620 (d’Évreux, en Normandie ?) était établi aux Trois-Rivières en 1637. Vers 1644, il épousa, à Québec, Marie, née 1627, fille de Louis Sédillot et de Marie Charier, de Montreuil, Picardie. Sa nombreuse descendance porte les noms de Fafard, Longval, Laframboise, Lapavanne, Delorme.

Il n’arriva que deux colons aux Trois-Rivières en 1639 : Jean Poisson, natif de Mortagne, au Perche, se maria, vers 1644, avec Jacqueline Chamboy ; leur fils, François, reçut de Michel Pelletier, sieur de la Pérade (marié à Jacqueline Chamboy devenue veuve), la seigneurie de Gentilly, et fut la souche d’une belle et nombreuse descendance.

Christophe Crevier, sieur de la Mêlée, boulanger, de Saint-Jean, évêché de la Rochelle, s’était marié à Rouen, 1636, avec Jeanne Enard, née 1619, et lorsqu’il arriva à Québec, vers 1638, il avait une fille, Jeanne, qui épousa (1652) le gouverneur Pierre Boucher. Dès 1639, il était établi aux Trois-Rivières. Ses[19] enfants[20] ont donné à l’Église du Canada plusieurs hommes distingués, des seigneurs, des militaires et des commerçants. Ludger Duvernay, fondateur de la Minerve et de la société Saint-Jean-Baptiste, était un Crevier-Duvernay.

François de Champflour est cité, le 27 décembre 1639, comme gouverneur des Trois-Rivières. Il resta dans ce poste[21] jusqu’à la fin d’août 1642, et partit alors pour commander au fort Richelieu (Sorel). L’automne de 1643, on le rétablit aux Trois-Rivières, et il garda la direction des affaires jusqu’au mois d’octobre 1645, où il retourna en France. L’année suivante, à Paris, il portait encore le titre de commandant aux Trois-Rivières lorsque lui fut concédé un fief situé dans les limites actuelles de cette dernière ville ; mais il ne paraît pas être revenu au Canada, et vendit son fief (1649) à Jacques Le Neuf de la Poterie. On peut citer, comme étant de sa famille, les personnes suivantes : 1630, maître Bertrand de Champflour, secrétaire du duc de Retz, membre des Cent-Associés ; 1641, Trois-Rivières, Marcel Champflour ; 1642, Trois-Rivières, Amable de Champflour ; 1646, maître Claude Champflour, greffier au bailliage de la paroisse de Saint-Marcel, demeurant au cloître de l’église du dit Saint-Marcel, à Paris ; 1663, un nommé De Champflour signe un acte comme membre des Cent-Associés.

De 1634 à la fin de 1639, nous constatons, aux Trois-Rivières, la présence de six femmes mariées, une veuve, deux petites filles et quatre petits garçons. Les colons stables étaient, à cette dernière date : Jean Godefroy, Thomas Godefroy, Jacques Hertel, Le Neuf du Hérisson, Jean Nicolet, Sébastien Dodier, Jean Sauvaget, François Marguerie, Guillaume Isabel, Guillaume Pepin, Bertrand Fafard, Pierre Blondel, Jean Poisson, Christophe Crevier.

Qui voudra suivre jusqu’à nos jours la lignée des familles dont nous saluons simplement l’arrivée en ce pays, devra ouvrir le dictionnaire généalogique de M. l’abbé Tanguay. Un poète canadien, M. Louis Fréchette, couronné par l’Académie française, a écrit de beaux vers sur cet ouvrage du savant abbé :

Quand l’Histoire, prenant son austère burin,
Des âges qui s’en vont, sur ses tables d’airain,
  Fixe l’empreinte ineffaçable,
Son œil impartial n’a pas de trahisons,
Mais forcé d’embrasser d’immenses horisons,
  Il néglige le grain de sable.

Le pic au front altier lui cachant le sillon,
Elle n’aperçoit point le timide oisillon
  Qui bâtit son nid dans les seigles ;
Son fier regard, qui va de sommets en sommets,
Toujours tourné là-haut, ne s’arrête jamais
  Qu’à regarder voler les aigles.

Empereurs, potentats, capitaines fameux,
Chefs d’un jour surnageant sur les flots écumeux
  Des déchaînements populaires,
Éclatante victoire ou drame ensanglanté —
Grands hommes ou hauts faits ont seuls droit de cité
  Dans ses annales séculaires.

Quand Turenne, frappé d’un boulet de canon,
Rend l’âme au champ d’honneur, elle redit son nom,
  Et va s’incliner sur sa tombe :
Elle donne des pleurs au général mourant ;
Mais passe sans regret, d’un pas indifférent,
  Devant l’humble conscrit qui tombe.

Les peuples, sous ses yeux, roulent en tourbillon ;
Et comme, lorsque au loin défile un bataillon,
  Les hauts cimiers seuls sont en vue,
Des héros et des grands elle compte les jours ;
Mais des petits, hélas ! oubliés pour toujours,
  La foule est à peine entrevue.

Amant passionné des temps qui ne sont plus,
Quand j’évoque, rêveur, des siècles révolus
  L’image au fond de ma mémoire ;
Ou quand, ceignant le front de nos nobles aïeux
D’un diadème d’or, Garneau fait sous mes yeux
  Surgir tout un passé de gloire ;

Alors, dans les reflets d’un songe vaporeux,
Je vois passer au loin les mânes de nos preux
  En cohorte resplendissante,
Jetant à l’Angleterre un sublime cartel,
Et gravant sur nos bords un poème immortel,
  De leur épée éblouissante.

Je compte nos grands noms, soldat, prêtre, trappeur,
Pionniers, chevaliers sans reproche et sans peur,
  Tous ceux dont notre orgueil s’honore :
Depuis l’humble martyr qui convertit les cœurs,
Jusqu’au vaillant tribun foudroyant nos vainqueurs
  Des éclats de sa voix sonore.

Mais, dans les rangs pressés de ce groupe charmant,
D’un regard anxieux, je cherche vainement,
  Quel que soit le livre que j’ouvre,
Tous ces héros obscurs qui, pour ce sol naissant,
Versèrent tant de fois leurs sueurs et leur sang,
  Et qu’aujourd’hui l’oubli recouvre.

Ils furent grands pourtant, ces paysans hardis
Qui, sur ces bords lointains, défièrent jadis
  L’enfant des bois dans ses repaires,
Et perçant la forêt l’arquebuse à la main,
Au progrès à venir ouvrirent le chemin…
  Et ces hommes furent nos pères !

Quand la France peuplait ces rivages nouveaux,
Que d’exploits étonnants, que d’immortels travaux,
  Que de légendes homériques,
N’eurent pour tous héros que ces preux inconnus,
Soldats et laboureurs, cœurs de bronze, venus
  Du fond des vieilles Armoriques !

Le temps les a plongés dans son gouffre béant…
Mais d’exhumer au moins leurs beaux noms du néant,
  Qui fera l’œuvre expiatoire ?…
C’est vous, savant abbé ! c’est votre livre, ami,
Qui se fait leur vengeur, et répare à demi
  L’ingratitude de l’Histoire !

Toujours conduits par le désir d’amener les sauvages au christianisme, les pères jésuites avaient demandé la permission de fonder, à Québec, un collège où l’on pourrait envoyer les jeunes Hurons et les jeunes Algonquins se former lorsqu’il s’en trouverait parmi eux qui voulussent recevoir l’enseignement chrétien. Les jésuites n’étaient pas riches, quoi qu’en eut dit M. de Lauson en leur passant les missions du Canada, et ils devaient recourir, eux aussi, à la charité des âmes généreuses pour exécuter leurs louables projets. Dès 1626, ils avaient reçu la promesse d’un don en argent de la part d’un gentilhomme picard, René Rohault, et en conséquence, le père de celui-ci, le marquis de Gamache, mit une forte somme à la disposition de l’ordre en 1635. Déjà, les pères Lalemant et De Quen avaient commencé une école pour les fils des Français ; on se mit en devoir de préparer les matériaux destinés à un édifice convenable. Un terrain ayant été accordé par la compagnie de la Nouvelle-France (1637), les travaux furent poussés avec vigueur. L’hiver de 1636-37, cinq jeunes Hurons s’étaient joints aux classes, et le père de Brebeuf, qui était alors dans leur pays, en préparait plusieurs autres à se rendre à Québec dans le même but[22]. Ainsi commença humblement l’université qui porte, de nos jours, le nom de Laval. Les sauvages n’y restèrent pas longtemps attachés ; car en instruction religieuse et profane, comme en agriculture, nous n’avons jamais pu rien gagner sur leur esprit ; mais les enfants des familles françaises trouvèrent dans le collège des jésuites l’éducation qui a fait d’une notable partie des anciens Canadiens des hommes aptes à remplir tant et de si belles carrières qu’on s’en étonne aujourd’hui.

Est-ce au collège des jésuites que fut représentée, en 1640, une tragi-comédie sous la direction de Martial Piraube, notaire à Québec et secrétaire du gouverneur ? M. de Montmagny était le patron de la fête. Il s’agissait de célébrer la naissance du dauphin (né 1639), qui fut depuis Louis XIV. « Je n’aurais pas cru, observe le père Le Jeune, qu’on eût pu trouver un aussi gentil appareil et de si bons acteurs à Kebec. Le sieur Martial Piraube, qui conduisait cette action et qui en représentait le premier personnage, réussit avec excellence[23]. » « Pour les sauvages, dit M. Ferland, la partie la plus émouvante du spectacle fut un mystère du genre de ceux qui, au moyen-âge, faisaient une si forte impression sur l’esprit de nos ancêtres[24]. La Relation ajoute : « Nous fîmes poursuivre l’âme d’un infidèle par deux démons, qui enfin le précipitèrent dans un enfer qui vomissait des flammes[25]. »

Deux autres institutions d’une importance égale sinon supérieure à celle du collège des jésuites, se préparaient en même temps que cette dernière. Nous voulons parler des hospitalières et des ursulines. L’année 1639 ne se fermera point sans que la jeune colonie n’ait été dotée des bienfaits d’une organisation religieuse qui embrassera plusieurs branches d’enseignement, tant pour les femmes que pour les hommes de race blanche et pour les sauvages.

Les lettres que le père Le Jeune écrivait de Québec et que l’on imprimait en France faisaient appel aux âmes charitables en faveur du Canada ; elles inspirèrent à certains personnages le désir de contribuer aux missions, soit par des dons en argent, soit par d’autres sacrifices plus directs. Les fondations de Sillery, du collège des jésuites, des hospitalières, des ursulines, et enfin de la colonie de Montréal, en furent le résultat dans le cours des cinq années qui vont de 1637 à 1642.

Marie de Wignerod ou Vignerot était fille de René de Wignerod, marquis du Pont de Courlai et seigneur de Glainai, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, décédé en 1625, et de Françoise Duplessis, sœur du cardinal de Richelieu. François de Wignerod, frère de Marie, devint général des galères de France et remporta une brillante victoire sur la flotte espagnole près de Gênes, le 1er septembre 1638. Trois frères de Marie prirent le nom de Richelieu, conformément aux exigeances du testament du cardinal. Marie signait ordinairement Du Pont, d’après le marquisat de son père.

La famille de Wignerod, originaire d’Angleterre, s’était établie en France sous le règne de Charles VII, et était parvenue aux plus éminentes dignités[26].

Très belle et douée de rares qualités d’esprit, la jeune fille pouvait compter que son oncle lui ferait un avenir. En 1620, lorsque Louis XIII et sa mère se réconcilièrent, on ne fut pas étonné d’apprendre que Richelieu, dont le prestige était déjà grand, avait fait placer l’article qui suit dans les conditions de la paix : « Mademoiselle de Vignerot, dotée par la reine mère de deux cent mille livres, épousera M. de Combalet. »

Antoine de Beauvoir du Roure de Combalet, neveu du connétable de Combalet, et, ce qui valait davantage, neveu du duc de Luynes alors premier ministre, était « fort laid, fort mal bâti, tout couperosé et pauvre, » dit un mémoire du temps ; mais brave et bon officier, il alla se faire tuer dans le Languedoc, sous les murs de Montpellier, à la guerre contre les huguenots (1622), quelques mois après le décès du duc de Luynes. Sa femme, qui, assure-t-on, l’avait pris en grippe, porta son deuil en couleurs, disant partout qu’elle ne se remarierait jamais — et elle tint parole. Richelieu étant devenu premier ministre (1629), le duc Philippe de Béthune, frère de Sully, demanda inutilement la jolie veuve en mariage ; puis vint le comte de Sault, qui prit ensuite le nom de Lesdiguières ; mais elle eut préféré Louis de Bourbon, comte de Soissons, le même qui se ligua contre Richelieu, passa aux Espagnols et fut tué d’un coup de pistolet (1642) à la fin d’une bataille qui tournait pour lui en victoire éclatante. Ce qui retint surtout ce grand seigneur fut, au dire des chroniques du temps, la petite condition de feu Combalet. Ambitieuse ou non, l’intéressante veuve avait des ennemis, notamment Urbain de Maillé, marquis de Brézé, dont la femme était sœur de Richelieu, et qui, avec une langue diabolique, a semé sur le compte de sa parente des anecdotes dont elle eut bien de la peine à effacer l’impression dans les cercles de Paris. Elle vivait à la cour. Un matin, on la trouva réfugiée chez les carmélites. Le cardinal ne voulut point lui permettre d’y demeurer ; mais, d’un autre côté, il l’encourageait dans les bonnes œuvres qu’elle soutenait de sa fortune et de son influence. L’un de ses conseillers ordinaires était saint Vincent de Paul, que l’on rencontre dans l’intimité des missionnaires et de la plupart des personnes qui s’occupaient alors du Canada. Nous devons à ce grand serviteur de Dieu un souvenir de reconnaissance tout canadien en retour des avis précieux dont il a fortifié les fondateurs de notre pays.

Lorsque la Relation du père Le Jeune (1635) lui tomba entre les mains, madame de Combalet eut comme une révélation. C’est au Canada, se dit-elle, c’est au Canada que j’accomplirai l’œuvre principale de ma vie. Aussitôt, elle adressa une lettre au père Le Jeune pour lui offrir d’envoyer à ses frais, à Québec, des religieuses hospitalières de la maison de Dieppe. Le 18 mars 1637, la compagnie de la Nouvelle-France accorda des terrains, et le 16 août, un contrat fut passé pour la fondation des hospitalières de Québec. Richelieu assura au nouveau monastère la rente de 22,400 livres tournois ; quelques mois plus tard (1638), il donna à sa nièce, dont il voulait faciliter les généreuses entreprises, la terre d’Aiguillon, et lui fit accorder le titre de duchesse.

Plusieurs ouvriers étaient partis pour Québec en 1637. L’année suivante, les hospitalières de Dieppe se préparèrent à les suivre, mais il leur fallut attendre jusqu’au 4 mai 1639, date où nous les retrouverons plus loin.

M. de Chauvigny, seigneur de Vaubougon, tenait un rang distingué parmi la noblesse de Normandie. Il demeurait à Alençon. N’ayant pas de fils, il concentra toutes ses affections sur ses deux filles, dont la cadette, Marie-Madeleine, née en 1603, est l’objet de la présente notice. Mariée, à l’âge de dix-sept ans, au chevalier Charles Grivel, seigneur de la Peltrie, gentilhomme de la maison de Tounois, elle en eut une fille qui décéda au berceau et qui fut suivie de près par son père. Devenue veuve (1623) à vingt-deux ans, Marie-Madeleine déclara qu’elle renonçait au monde et allait consacrer sa fortune aux bonnes œuvres, ce qui désappointa d’autant plus le sieur de Vaubougon qu’il rêvait pour elle une alliance brillante et propre à inspirer de l’orgueil à sa famille. Courroucé, il finit par lui refuser sa porte ; mais quelque temps après, vers 1637, la mort de sa mère la rappela dans la maison paternelle, et une violente attaque de fièvre l’y retint forcément. Comme on s’attendait à la voir expirer, elle fit vœu de se dévouer aux missions de la Nouvelle-France ; car ayant lu la Relation du père Le Jeune de l’année 1635, elle y avait trouvé sa vocation. Guérie bientôt, contre toute espérance, elle se mit en devoir d’exécuter son projet ; mais sa famille la traita avec plus de rigueur que jamais, et voulut absolument qu’elle fît le choix d’un époux. Dans cette alternative, ses amis lui suggérèrent d’employer un stratagème assez romanesque : c’était de se faire demander en mariage par un gentilhomme très pieux, nommé M. de Bernières-Louvigny, trésorier de France à Caen, et qui lui-même avait fait vœu de ne point se marier. M. de Vaubougon pensa en mourir de joie, tant il était convaincu que sa fille, une fois sous puissance de mari, serait empêchée de dépenser sa fortune à des œuvres qui ne rapportent rien dans ce bas monde. On profita d’un accès de goutte qui retenait le bonhomme au lit pour aller faire une promenade, qui prit à ses yeux les apparences d’une cérémonie de mariage. Peu après, Vaubougon mourut, et madame de la Peltrie eut à subir un procès de la part de sa sœur aînée, qui voulait la faire enlever et mettre en interdiction, alléguant qu’elle donnait son bien aux pauvres et que, par sa mauvaise conduite, elle l’aurait bientôt tout dissipé ; le tribunal pensa autrement et lui rendit ses droits. C’est alors que, aidée des conseils et des bons offices de M. de Bernières, du père de Condren, général de l’Oratoire, et de saint Vincent de Paul, elle s’adressa au père Poncet de la Rivière, qui la mit en rapport avec la Mère de l’Incarnation, religieuse ursuline de Tours, disposée à partir pour le Canada et déjà préparée à ce voyage depuis plus d’un an.

La mère Marie de l’Incarnation, née à Tours, le 18 octobre 1599, était fille de Laurent Guyard, marchand de soieries, et de mademoiselle Babou de la Bourdaisière, d’une famille distinguée. L’aïeul de Laurent Guyard avait été chargé par Louis XI d’aller en Italie chercher saint François de Paule, le solitaire de la Calabre, et de le conduire au château de Plessis-les-Tours (1485). À dix-sept ans, Marie avait épousé un fabricant de soieries du nom de Martin, et elle en eut un fils, Claude, qui entra en religion. Devenue veuve, sa grande piété lui inspira le désir de passer le reste de sa vie dans le cloître. Elle se présenta au monastère des ursulines de Tours (1631) et y fut admise. Comme la duchesse d’Aiguillon et madame de la Peltrie, son cœur se prononça pour la Nouvelle-France à la lecture des Relations des pères jésuites. Nous connaissons tous ses écrits admirables qui ont fait dire à Bossuet : « C’est la Thérèse du Nouveau-Monde. »

Les pères Charles Lalemant et Le Baillif de la Haye, M. Jean de Lauson, le commandeur de Sillery et M. Fouquet[27], conseiller d’État, prêtèrent leur concours. À la mère de l’Incarnation se joignit une religieuse de mérite, la mère de Saint-Bernard, et une jeune fille, Charlotte Barré, qui fit plus tard profession. Madame de la Peltrie, les deux ursulines et la novice partirent de Tours le 22 février 1639, se rendirent à Paris, où devaient se compléter les préparatifs du voyage, furent reçues par la reine Anne d’Autriche, visitèrent Louis XIV au berceau, et de là, accompagnées de M. de Bernières qui les escortait depuis Tours, se dirigèrent sur Dieppe, le lieu de l’embarquement. On leur adjoignit dans cette ville la mère Cécile de la Croix.

Madame de Montigny, femme du gouverneur de Dieppe, prit soin des ursulines et de leur protectrice. La reine Anne d’Autriche et la duchesse d’Aiguillon[28] écrivirent de Paris des lettres d’adieu et d’encouragement aux hospitalières.

Le Saint-Joseph, commandé par le capitaine Bontemps, contremaître Jacques Vastel, mit à la voile, du port de Dieppe, le 4 mai 1639. Les pères jésuites Barthélemi Vimont, nommé supérieur au Canada à la place du père Le Jeune ; Joseph Poncet de la Rivière et Pierre-Joseph-Marie Chaumonot firent la traversée en compagnie des religieuses. Les pères Jacques Burgum, Charles Lalemant et un frère devaient s’embarquer sur un autre navire de la flotte du Canada.

Voici les noms des religieuses : — Hospitalières : 1o mère Marie Guenet de Saint-Ignace, élue supérieure le 2 février ; 2o mère Anne Le Cointre de Saint-Bernard, âgée de vingt-huit ans ; 3o mère Anne Forestier de Saint-Bonaventure de Jésus, âgée de vingt-deux ans. Ursulines : 1o madame de la Peltrie, fondatrice, âgée de trente-six ans. Elle ne fit jamais de vœux. Après trente-deux ans passés dans la Nouvelle-France, elle mourut à Québec, le 18 novembre 1671 ; 2o la mère Marie de l’Incarnation, âgée de près de quarante ans. Elle mourut à Québec, le 30 avril 1672, en odeur de sainteté ; 3o la mère Marie de Saint-Bernard, née le 7 septembre 1616, au château de Saint-Germain, en Anjou, d’une noble et ancienne famille de cette province, très liée avec celle de madame de Sévigné, était fille de M. de la Troche, seigneur de Savonnière et de Saint-Germain, et de Jeanne Raoul, aussi de maison noble. Partant pour le Canada, elle prit le nom de mère de Saint-Joseph, en l’honneur du patron de ce pays ; 4o la mère Cécile de la Croix, âgée de trente ans ; 5o Charlotte Barré, âgée de dix-neuf ans, et qui fit profession sous le nom de mère de Saint-Ignace.

Après avoir raconté la séparation des religieuses d’avec leurs compagnes sur la plage de Dieppe, M. l’abbé Casgrain s’écrie[29] : « Ah ! qu’il faut aimer cette autre patrie du ciel pour s’exiler ainsi volontairement, s’arracher à tout ce que le cœur adore ici-bas, afin de la conquérir ! Adieu donc, charmant pays de France ! Adieu pour jamais, patrie mille fois aimée ; car le souffle de l’apostolat qui t’enlève aujourd’hui ces saintes voyageuses, l’élite de tes enfants, ne te les rendra plus ! Après une vie d’exil et de labeurs, leurs os mêmes ne reposeront pas parmi ceux de leurs ancêtres ; ils dormiront là-bas, sur cette terre sauvage qu’elles vont arroser de leurs sueurs et qui va devenir leur seconde patrie. Mais qu’elles sont belles à travers leurs larmes, ces anges de la terre ! Comme leurs figures, illuminées par la joie du sacrifice, laissent bien voir que si leurs regrets sont sensibles, ils ne sont pas amers ! Et qu’elle est admirable cette religion qui transfigure ainsi en bonheur céleste de poignantes angoisses, qui met des roses dans la main qui croyait cueillir de sanglantes épines ! »

L’arrivée des religieuses à Québec, le 1er août 1639, fut un événement qui réjouit toute la population. Nos historiens racontent en détail les travaux des deux monastères, et nous font admirer avec raison le courage, l’esprit de foi et de sacrifice qui animaient les saintes femmes arrachées volontairement à l’existence tranquille de leur pays et se plaisant à tout souffrir pour la gloire de Dieu et le salut des âmes dans une contrée barbare, au milieu de privations sans nombre.

Vouées au soin des malades, les hospitalières ont rendu d’immenses services aux sauvages comme aux Français.

Le père Le Clercq[30] fait observer que si les ursulines n’ont pas eu de grands succès dans la conversion des sauvages, elles ont su tirer parti de la permission qui leur était donnée d’instruire les filles des Canadiens, et que par là leur institution a pu se passer bientôt des secours de France. Le projet de madame de la Peltrie avait été, en effet, de charger les ursulines de l’éducation des filles des indigènes ; mais on ne tarda point à comprendre que les sauvages du Canada n’étaient susceptibles ni d’être instruits ni de se former à notre manière de vivre. Le père de Charlevoix exprime fort bien cette vérité : « Ces enfants, au sortir d’une maison régulière, se retrouvant au milieu de la barbarie et exposées à toute la contagion du commerce avec les infidèles, le sang et la nature reprenaient bientôt le dessus, et il ne leur restait de la bonne éducation qu’on leur avait donnée que plus d’ouverture d’esprit et des connaissances qui leur devenaient pernicieuses par l’abus que la plupart en faisaient. Il aurait fallu se borner aux filles des sauvages chrétiens et domiciliés dans la colonie ; mais c’étaient celles qui avaient moins besoin de ce secours, et l’expérience a fait voir qu’il était plus à propos de les laisser dans leur simplicité et dans leur ignorance ; que les sauvages peuvent être de bons chrétiens sans rien prendre de notre politesse et de notre façon de vivre, ou du moins qu’il fallait laisser faire au temps pour les tirer de leur grossièreté, qui ne les empêche pas de vivre dans une grande innocence, d’avoir beaucoup de modestie, et de servir Dieu avec une piété et une ferveur qui les rendent très propres aux plus sublimes opérations de la grâce[31]. »

La liste qui suit donne le nom des habitants connus du Canada, années 1639-40. Perche : Rob. Giffard ; Marie Renouard ; François[32], Louise[32], Marie[32]. Marin Boucher ; Périnne Malet ; Jean-Galeran, Pierre[32]. Gasp. Boucher ; Nicole Lemaine ; Madeleine, Pierre, Nicolas, Marie, Marguerite. François Boucher[33] ; Florence Garemand. Zach. Cloutier ; Xaintes Dupont. Zacharie, Jean, Charles, Louise. Jean Guyon ; Mad. Boulé ; Noël[32], Françoise[32]. Jean Guyon ; Math. Robin ; Jean, Simon, Claude, Barbe, Denis, Michel, François. Rob. Drouin[33] ; Anne Cloutier. Pierre Gadois ; Louise Mauger ; Roberte, Pierre, François[32], Jeanne[32], J.-Baptiste[32], Joseph[32]. Jac. Maheu[33] ; Anne Convent, veuve Amyot ; Mathieu Amyot, Jean-Gencien Amyot, Charles[32] Amyot. Claude Poulin[33] ; Jeanne Mercier. L.-H. Pinguet ; Louise Boucher ; Françoise, Noël, Pierre. Tho. Hayot ; Jeanne Boucher ; Geneviève, Jean, Adrien[32], Anne[32]. François Drouet[33] ; Périnne Godin ; François[32]. Jacq. Badeau ; Anne Ardouin ; Jeanne, Jean. Jean Gagnon[33] ; Marguerite Cauchon. Pierre Paradis ; Barbe Guyon. Julien Mercier[34]. Ths. Giroux[34]. René Maheu[34]. Pierre Gagnon[34]. Mathurin Gagnon[34]. Jean Poisson[34]. Normandie : Nic. Marsolet[33] ; Marie La Barbide ; Marie[32]. Jean Nicolet[33] ; Marg. Couillard[32]. Adrien Duchene et sa femme. Ol. Le Tardif[33] ; Louise Couillard[32]. Jean Godefroy[33] ; Marie Le Neuf ; Michel[32], Louis[32]. Guil, Hubou[33] ; Marie Rollet. Noël Langlois[33] ; Françoise Grenier ; Robert[32], Marie[32], Anne[32], Marguerite[32]. Jean Bourdon[33] ; Jacqueline Potel ; Jacques[32], Geneviève[32]. Pierre Le Gardeur. Marie Favery ; M.-Madeleine, Catherine, J.-Baptiste, Charles[32], Ignace[32] ; Catherine de Cordé, veuve, mère de Le Gardeur. Jean Poutrel ; Madeleine Leneuf ; Gilles. Michel Leneuf, veuf ; Anne ; Jeanne Le Marchand, veuve, mère de Leneuf. Jacq. Leneuf ; Marg. Le Gardeur ; Catherine, Marie, M.-Anne. Antoine Brassard[33] ; Françoise Méry ; Antoine[32]. François Bélanger[33] ; Marie Guyon ; Nicolas[32], Charles[32]. Étienne Racine[33] ; Marg. Martin[32]. Jean Cauchon ; Jeanne Abraham ; Jean, Jacques. Nic. Bonhomme[33] ; Catherine Goujet. Paul de Rainville ; Pauline Poète, jacq. Panie ; Marie Pousset ; Charles. Jacq. Hertel[34]. Thos. Godefroy[34]. François Marguerie[34]. Ch. Le Gardeur[34]. Gasp. Poutrel[34]. René Mézeray[34]. Ant. Damien[34]. Guillaume Grimaud[34]. Bert. Fafart[34]. Nicolas Gourd ou Goujet[34]. Chs. Lemoyne[34]. Guillaume[34], François[34], Pierre[34] et Charles[34] Boivin. Paris et l’Ile-de-France : Guill. Hébert[33] ; Hélène Desportes ; Joseph[32], Françoise[32], Angélique[32]. Chs. Sevestre ; Marie Pichon ; Denise, Marguerite, Ignace[32], M.-Madeleine[32]. Jac. Sevestre ; Marg. Petitpas, sa mère. J.-P. Godefroy[34]. Pierre de Laporte[34]. Beauce : Jean Juchereau ; Marie Langlois ; Jean, Nicolas, Noël, Geneviève. Nic. Pelletier ; Jeanne Roussy ; Marie[35], Louise[35]. Noël Juchereau[36]. Picardie : Ad. Dabancour ; Simone d’Orgeville. Pierre Garemand ; Mad. Charlot ; Nicole-Mad., Marguerite[35]. Louis Sédillot ; Marie Grimoult ; Marie, Jacqueline[35], Adrien[35], Étienne[35]. Brie : Jean Jolliet[37] ; Marie Dabancour. Noël Morin[36]. Maine : Jac. Boissel ; Marie Eripert. Pierre Delaunay[36]. Jean Millouer[36]. Poitou : Jac. Gourdeau[36]. Bretagne : Guill. Bigot[37] ; Marie Panie. Jean Gory[37] ; Isabeau Panie. Champagne : F. de Chavigny ; Éléonore de Grandmaison. Nic. Macart[36]. La Rochelle et la Saintonge : Jean Sauvaget ; Anne Dupuis ; Jeanne, veuve Benassis. Christophe Crevier ; Jeanne Enard ; François[35]. Pierre Miville ; Charlotte Maugis ; Aimée, François, Madeleine, Marie. Guill. Pepin[36]. De lieux inconnus : Guill. Couillard[37] ; Guillemette Hébert ; Louis[35], Elizabeth[35], Marie[35], Guillaume[35], Madeleine[35]. Abraham Martin ; Marguerite Langlois ; Hélène[35], Marie[35]. Nic. Pivert ; Marg. Lesage. Pierre Desportes ; Françoise Langlois. Pierre Blondel[35] ; Alison Gourdin ; Pierre[35]. François Auber ; Anne Fauconnier. Jean Côté[37] ; Anne Martin ; Louis[35], Simone[35], Martin[35]. Martin Grouvel[37] ; Marguerite Auber. Jamen Bourguignon[37] ; Claire Morin. Jacq. Selle dit Lépine[37] ; Marie Bérard ; Pierre[35], Paul[35]. Robert Caron[37] ; Marie Le Crevet. Denis Duquet[37] ; Cath. Gautier. Joblin Bridé, sa femme, un garçon. Louis Gagnier ; Marie Michel. Guill. Isabel[36]. Sébastien Dodier[36]. Pierre Massé[36]. Germain Le Barbier[36].

Résumé : 274 âmes, savoir : 64 hommes mariés, 64 femmes mariées (dont trois nées au Canada), 1 veuf, 4 veuves, 35 hommes non mariés, 58 jeunes garçons (dont trente nés au Canada), 48 jeunes filles (dont vingt-quatre nées au Canada).

Étaient venus de France : 100 hommes, 65 femmes, 52 enfants, en tout 217 personnes. Le Perche en a fourni 68 ; la Normandie, 62 ; Paris, 10 ; la Picardie, 8 ; la Beauce, 7, soit près des deux tiers, tous pris dans le nord du royaume.

M. Dollier de Casson dit que, à la fin de l’année 1641, « le pays ne contenait pas plus de deux cents Européens, y renfermant les deux sexes, comme aussi les religieux et religieuses. » Ce chiffre est évidemment beaucoup trop faible. Prenons à présent la population flottante : De Montmagny et de Champflour, gouverneurs ; de l’Isle, de Malapart, de Saint-Jean, Derré de Gand, Desdames, Marcel et Amable de Champflour, Pierre Nicolet, fonctionnaires ; Audouard, Guitet, Lespinasse, Piraube, Tronquet, notaires ; de Puyseaux, rentier ; vingt-neuf jésuites ; Le Sueur et Nicolet, prêtres séc. ; madame de la Peltrie, trois ursulines, trois hospitalières ; les engagés des jésuites : Amyot, Baron, Blondeau, Carteron, Guérin, Hache, Hertel, Petit-Pré, Rousseau et Valet. Les registres de ces deux années mentionnent les noms que voici : Martin de Vaultpain, Nic. Fouin, Jos. de Beaune, Jean de Saint-Hilaire, Jacques de la Vigne, Chs. Houel (de Rouen), David Dunet dit Deslauriers, Guill. Thibaut, Pierre Le Tourneur dit Latour, Ézéchiel Deschamps, Nicolas Hertel, Jean Gillet, Michel Serrurier, Frs. Léguillon dit Lachapelle, M. Brest. Nous croyons que les filles dont les noms suivent étaient alors dans le pays : Vincente Desvarieux, Jacqueline Chamboy, Hélène Chastel, Marie Joly, Barbe Hubou, Marie Bonhomme, E.-Mad. Nicolet, Marie Marguerie.


  1. Voir la gravure et le récit, p. 9, Relation de 1637.
  2. Ou de Gif en l’Ile-de-France. (Ferland : Cours, I, 511.)
  3. Louis Maheu, qui fut parrain de Louis Joliet (1645), devait être frère de René ci-dessus.
  4. Ferland : Notes sur les registres de N.-Dame de Québec, 28.
  5. Zacharie Joliet fut apprenti tonnelier chez Noël Morin.
  6. Ferland : Notes sur les registres de N.-Dame de Québec, p. 29.
  7. Ferland, Cours, i, 511, et Notes, p. 27, dit Tourouvre, au Perche.
  8. Voir Ferland : Notes, p. 25.
  9. Telle était sa signature. Il mourut en 1673, au Chateau-Richer. Vers 1680, ses fils signaient Cauchon.
  10. Gaignon, Gangnon ou Gagnon.
  11. Ventrouze, au Perche, selon Ferland : Notes, 58.
  12. Le mariage eut lieu à la côte de Beaupré, en présence de Pierre Le Gardeur de Repentigny, Noël Juchereau des Chastelets et Jean Bourdon.
  13. Près de la rivière qui sépare Sainte-Anne du Chateau-Richer.
  14. M. Ernest Gagnon, musicien distingué, a réuni et publié plus de cent de nos chansons populaires. M. Ferdinand Gagnon, rédacteur du Travailleur, est le journaliste canadien le plus en vue aux États-Unis.
  15. De 1630 à 1639, on voit figurer à la cour, dans l’intimité de la duchesse d’Aiguillon, M. Chavigny, qui devint ministre d’État.
  16. Ferland, Cours, i, p. 511, et Notes, p. 27, dit « Appenai, au Perche ».
  17. Voir Le chevalier de Sillery, édition de 1871, pp. 13 et 33. L’auteur, qui ne signe pas, est M. l’abbé Louis-Édouard Bois, curé de Maskinongé depuis 1848.
  18. Ferland : Notes, pp. 42-3.
  19. Crevier-Saint-François, Crevier-Bellerive, Crevier-Duvernay.
  20. François, né 1640, fut tué par les Iroquois dans la commune des Trois-Rivières, 1653. En 1661, François Hertel, captif chez les Iroquois, écrivait à un ami des Trois-Rivières : « Pour le petit Antoine de la Meslée, ce pauvre enfant m’a fait compassion ; car il était devenu le valet de ces barbares, et puis ils l’ont tué à la chasse à coups de couteau. »
  21. Il y fut parrain de Piescaret.
  22. Première mission des Jésuites en Canada, 60.
  23. Relation, 1640, p. 6.
  24. Cours d’histoire du Canada, I, 300.
  25. De 1640 à 1659, d’autres drames furent représentés à Québec. Voir le Journal des Jésuites, pp. 75, 237, 261.
  26. M. l’abbé H.-R. Casgrain : Histoire de l’Hôtel-Dieu de Québec, 1878, p. 32.
  27. Probablement le fameux Nicolas Fouquet, alors maître des requêtes, et plus tard surintendant des finances.
  28. Elle mourut le 17 avril 1675. Son oraison funèbre fut prononcée par Fléchier.
  29. Histoire de l’Hôtel-Dieu de Quebec, 63.
  30. Premier établissement de la Foi, II, 40-41.
  31. Charlevoix : Histoire de la Nouvelle-France, I, 344.
  32. a, b, c, d, e, f, g, h, i, j, k, l, m, n, o, p, q, r, s, t, u, v, w, x, y, z, aa, ab, ac, ad, ae, af, ag, ah, ai et aj Né au Canada.
  33. a, b, c, d, e, f, g, h, i, j, k, l, m, n, o, p, q et r Marié au Canada.
  34. a, b, c, d, e, f, g, h, i, j, k, l, m, n, o, p, q, r, s, t, u, v et w Non encore marié.
  35. a, b, c, d, e, f, g, h, i, j, k, l, m, n, o, p, q, r, s, t et u Né au Canada.
  36. a, b, c, d, e, f, g, h, i, j et k Non encore marié.
  37. a, b, c, d, e, f, g, h, i et j Marié au Canada.