Histoire des Canadiens-français, Tome V/Chapitre 2

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Wilson & Cie (Vp. 23-34).

CHAPITRE II

1650 — 1675


De quoi vivent les habitants. — L’argent, la traite, l’eau-de-vie. — Commerce avec les Antilles. — Manufactures. — Les coureurs de bois. — Administration de la justice. — Compagnie des Indes dissoute. — Les Iroquois intimidés. — Laprairie. — Frontenac arrive. — Les ordres religieux. — Moralité de la population.



A
lire et prendre à la lettre certains passages des Relations des Jésuites et des écrits de la mère de l’Incarnation, on est porté à croire que le Canada, de 1650[1] à 1663, subsistait de la traite, comme n’ont pas manqué de le dire plusieurs écrivains. La vérité est que le Canada vivait de l’agriculture et que la traite le ruinait. Selon que l’on suit les Relations des Jésuites ou les écrits de la mère de l’Incarnation dans un but ou dans un autre, on est assuré d’y trouver blanc et noir sur ce sujet. Voici pourquoi. Presque toujours les auteurs de ces pièces parlent de leurs communautés comme s’il s’agissait du pays et du pays comme s’il était question de leurs communautés. Ainsi, M. Parkman, appuyé sur une partie de ces textes, n’hésite pas à dire au sujet de cette époque (1650 — 1663) : « Le pays qui, jusque là, s’était soutenu avec le castor, se trouva privé de cette ressource, son seul moyen d’existence, et il s’en allait mourant depuis que la guerre avait commencé. » Notre présent ouvrage[2] renferme assez de preuves qui renversent cette assertion pour que nous n’y revenions pas en détail, mais il est utile de faire remarquer que nous aussi, nous tirons nos renseignements des Relations des Jésuites et des rapports de la mère de l’Incarnation — seulement nous distinguons entre les sens différents qui existent dans ces écrits. La traite appartenait à une compagnie particulière qui pouvait s’en trouver bien ou mal ; cela n’affectait pas trop l’habitant, et le livre de M. Pierre Boucher le montre fort bien. D’un autre côté, les jésuites et les religieuses subsistaient en partie des revenus de la traite, soit directement soit indirectement ; de là leurs plaintes lorsque le commerce n’allait pas. Le colon vivait des produits de sa terre ; s’il se voyait parfois gêné, c’était par le voisinage toujours dangereux des Iroquois. Rien de plus. Sa vie était en danger, mais la nourriture ne lui manquait jamais.[3] Il en est de même pour le tarif des marchandises, années 1663-1664, qui a été regardé par M. Parkman comme abusif et que nous avons expliqué aux pages 39, 42, 46 du présent ouvrage, tôme iv.

Le malaise du pays en général était si grand par suite de la triste administration des Cent-Associés que, dans les années 1663-1664, il y eut à Québec plus de quatre cents procès de tous genres, aussi comprend-on que le roi et Colbert, en 1665, dans leurs instructions à l’intendant, aient insisté à plus d’une reprise, sur la nécessité de faire accorder les parties sans plaider, ou lorsqu’il fallait recourir à ce moyen, d’éviter les frais et les litiges prolongés. Généralement ceux qui en appellent aux tribunaux sont des hommes du commerce — c’était le cas ici, à l’exception de quelques habitants.

La compagnie des Indes prit naissance au mois de mai 1664. Dès l’automne de 1665, des représentations étaient adressées au roi montrant que ce monopole serait préjudiciable au pays, car outre les prétentions exagérées de la compagnie, les habitants avaient protesté en masse contre la suppression de la liberté du commerce.[4] Ces plaintes furent un instant écoutées. Au mois d’avril 1666, le commerce avec les Sauvages et la France devint à peu près libre ; on laissa à la compagnie des Indes le droit du quart sur les castors, du dixième sur les orignaux et la traite de Tadoussac.[5] Le produit de cette taxe passait donc aux mains de la compagnie, laquelle à son tour, devait verser une somme fixe au trésor pour défrayer les dépenses publiques ; s’il restait un résidu, la compagnie en profitait. Pourquoi n’avoir pas de suite amené le produit de la taxe à Québec, sans passer par un intermédiaire ? L’abus, ici, est flagrant.

Le 17 octobre 1667, le conseil approuva un projet tendant à l’établissement d’une compagnie des Habitants pour faire le négoce à l’exclusion de tous autres. Cette mesure ne paraît pas avoir été exécutée. Elle n’eût fait qu’ajouter aux inconvénients ordinaires des monopoles. De Maistre définit le monopole : Privilége exclusif donné à une compagnie de mal faire.

La traite du nord et celles des Outaouais formaient avec les opérations dirigées à Tadoussac, les trois sources où puisaient les compagnies, petites ou grandes, et les particuliers engagés dans ce genre de trafic. L’argent devenant plus commun, chaque colon se voyait libre d’acheter aux magasins qui lui convenaient.[6]

Depuis 1632 jusqu’à 1666, nous nous sommes appliqué à faire voir que la clef de la situation de la colonie était chez le cultivateur, l’habitant. Le commerce, placé à part, formait comme un autre élément qui eût pu contribuer beaucoup à la prospérité générale, mais qui ne le fit point.

Les seigneurs, Giffard, les sulpiciens, Le Gardeur, Leneuf, Juchereau, etc., agissaient par eux-mêmes et pour l’avantage de l’habitant. Outre les blés, les pois, les seigles, l’orge, le blé-d’Inde, le foin, le sarrazin, les fèves cultivés partout, on entretenait du bétail, bœufs, vaches, et aussi des cochons. Les herbes potagères, les légumes prospéraient à merveille. La pêche était d’une abondance extraordinaire. Le gibier venait se faire tuer à côté de la ferme[7]. La mère de l’Incarnation écrivait à son fils en 1667 : « Les citrouilles du pays des Iroquois valent les pommes de rainette de France et en ont le goût, et les faisoles y croissent à foison. » L’année suivante, s’adressant au même, elle disait : « L’histoire que je vous fis des citrouilles des Iroquois vous en a donné l’appétit. Je vous en envoie de la graine, que les Hurons nous apportent de ce pays-là, mais je ne sais si votre terroir n’en changera pas le goût. On les apprête en diverses manières : en potage avec du lait et en friture ; on les fait encore cuire au four comme des pommes, ou sous la braise comme des poires ; et de la sorte il est vrai qu’elles ont le goût des pommes de rainette cuites. Il vient à Montréal des melons aussi bons que les meilleurs de France ; il n’en vient que rarement ici (à Québec), parce que nous ne sommes pas autant au sud. Il y a aussi une certaine engeance qu’on appelle les melons d’eau (pastèques) qui sont faits comme des citrouilles et se mangent, comme les melons ; les uns les salent, les autres les sucrent ; on les trouve excellents, et ils ne sont pas malfaisants. Les autres plantes potagères et les légumes sont comme en France. L’on en fait la récolte comme du blé, pour en user tout l’hiver, jusqu’à la fin de mai, que les jardins sont couverts de neige. Quant aux arbres, nous avons des pruniers, lesquels étant bien fumés et cultivés, nous donnent du fruit en abondance durant trois semaines. On ne fait point cuire les prunes au four, car il n’en reste qu’un noyau couvert d’une peau, mais on en fait de la marmalade, avec du sucre, qui est excellente. Nous faisons la nôtre avec du miel, et cet assaisonnement suffit pour nous et pour nos enfants. On fait encore confire des groseilles vertes, comme aussi du piminan, qui est un fruit sauvage que le sucre rend agréable. L’on commence à avoir des pommes de rainettes et de calville, qui viennent ici très belles et très bonnes, mais l’engeance en est venue de France. » En 1670 elle ajoute « Le dernier hiver a été extraordinairement froid… nos arbres et nos entes, qui étaient de fruits exquis, en sont morts. Tout le pays a fait la même perte, et particulièrement les mères hospitalières qui avaient un verger des plus beaux qu’on pourrait voir en France. »

Les pommiers envoyés de Normandie par M. de Monts[8], dès les premières années de Québec et plantés par la famille de Louis Hébert, étaient prospères. M. l’abbé Casgrain écrit à ce sujet : « Nos ancêtres avaient transporté de France et propagé dans le pays un certain nombre d’arbres fruitiers, principalement des pommiers. Leurs maisons furent bientôt entourées de vergers qui étaient à la fois un ornement et une source de bien-être et de revenus. Ils avaient même réussi à créer certaines variétés d’arbres fruitiers d’une qualité excellente dont quelques unes furent transportées dans la suite en France, où elles sont encore cultivées avec succès. De ce nombre sont les espèces de pommiers dont les fruits, très estimés sur le marché, sont connus sous le nom de rainette du Canada. Sous le rapport de l’horticulture, et sous bien d’autres, les premiers colons étaient supérieurs à leurs descendants d’aujourd’hui. Où sont les magnifiques vergers que l’on voyait autrefois dans nos environs ? Ils ont disparu peu à peu et n’ont pas été renouvelés. Il n’y a que depuis peu d’années que l’on a commencé à reprendre cette culture. »

Le vin n’était pas d’un usage ordinaire chez les habitants, mais la bière, le cidre et le bouillon[9] le remplaçaient. La bière est peut-être de toutes les boissons usitées en Europe la plus ancienne et à la fois la plus répandue encore de nos jours ; par son invention elle remonte aux Égyptiens d’avant l’ère chrétienne. Pline en parle. On la rencontre chez les Scandinaves qui en avaient apporté la recette du vieux pays troyen. À mesure que les vignes se multiplièrent dans les Gaules, sa consommation diminua. Sous Julien, Paris ne connaissait que la bière pour boisson, et il faut se rendre au xiiie siècle pour y voir introduire le vin en quantité. Au siècle suivant, la bière avait repris son empire dans cette ville. Le nord de la France, patrie des premiers Canadiens, conserva constamment l’habitude de boire de la bière et du cidre. Lorsque Talon eut pris connaissance des besoins du Canada, il ordonna d’établir des brasseries et il y eut des arrêts de promulgués pour défendre la vente des boissons fortes, qui causaient surtout parmi les Sauvages des désordres lamentables. La Hontan disait, une quinzaine d’années plus tard : « L’eau-de-vie fait un terrible ravage chez les peuples du Canada, car le nombre de ceux qui en boivent est incomparablement plus grand que le nombre de ceux qui ont la force de s’en abstenir. Cette boisson qui est meurtrière d’elle-même, et que l’on ne porte pas en ce pays-là sans l’avoir mixtionnée, les consume si fort, qu’il faut avoir vu les funestes effets pour les croire. Elle leur éteint la chaleur naturelle et les fait presque tous tomber dans cette langueur qu’on appelle consomption. Vous les voyez pâles, livides et affreux comme des squelettes. »

En consultant les inventaires des mobiliers qui ont appartenu aux plus anciennes familles du Canada, nous avons été frappé de n’y point voir, au milieu de tant de petites choses énumérées avec soin, la mention d’épices. Ces produits des contrées lointaines étaient encore peu répandus en Europe ; le prix que les marchands y mettaient les rangeaient dans la classe des articles de luxe. La cherté, l’estime qu’on attache ordinairement à ce qui est rare, leur odeur agréable, la saveur qu’elles ajoutent aux liqueurs et aux mets leur donnait un prix inestimable. Chez nos poëtes des xiie et xiiie siècles on lit presque à chaque page les mots de canelle, muscade, giroffle et gingembre. Le goût des buveurs de bière se porta néanmoins bientôt vers l’emploi des épices, ils ne voulurent plus que des bières vigoureuses, et selon M. Le Grand d’Aussy, « de là vint cette expression populaire comme de la petite bière, pour exprimer un homme sans mérite, ou quelque chose qui ne fait aucune sensation. Afin d’avoir la bière telle qu’ils la désiraient, on y mettait jusqu’à du piment, de la poix-résine et des baies, choses, dit un statut, qui ne sont mie bonnes ne loyaux

L’élan imprimé à la colonie la transforma en quelques années. « Colbert connaissait l’importance de l’industrie et il savait quel profit un pays peut retirer en manufacturant lui-même tous les objets dont il a besoin. On encouragea la culture des chanvres, qui venaient très bien, on établit des manufactures de cordes, de toile à voile, de serges ; on recommanda aux écoles d’apprendre à filer aux femmes, aux jeunes filles et aux enfants[10]. Enfin, on forma des établissements pour la fabrication des souliers, des chapeaux, la préparation des cuirs et des draps. M. Talon commença par faire bâtir une halle et une tannerie à Québec ; il s’en établit bientôt dans deux faubourgs de Montréal, qui ont conservé le nom de Tannerie des Rolland et Tannerie de Bélair. M. Talon encouragea aussi les fabriques de savons et de potasse[11] et plusieurs brasseries, suivant ses instructions. Du reste, avant l’arrivée de Talon, il y avait des tanneries et des brasseries[12] à Montréal. On commença aussi à établir des moulins à eau ; on fixa deux jours de marché par semaine pour soustraire les citoyens à l’inconvénient d’acheter des revendeurs. Si l’on considère que l’argent de ce temps valait au moins quatre fois ce qu’il vaut aujourd’hui, l’on verra que le prix des denrées et des services était à peu près ce qu’il est maintenant. Un minot de blé valait huit livres ; cent planches cinquante livres ; le beurre, douze à seize sous la livre ; un bœuf deux cents livres ; la journée d’un ouvrier, trente à quarante sous par jour ; les engagés recevaient trente à quarante écus par an[13]. »

Avant de quitter le Canada, Talon annonçait au ministre que l’habitant pouvait se vêtir, des pieds à la tête, avec les productions du pays et que l’on devait s’attendre, en administrant avec sagesse que dans peu de temps on ne tirerait plus de l’ancienne France que des objets de premières nécessités, c’est-à-dire provenant d’industries spéciales.

Les projets de Talon étaient encore plus vastes. Ainsi il écrivait en 1667 : « La colonie du Canada peut aider par ses productions à la subsistance de celle des Antilles et lui devenir un secours assuré si celui de la France lui manquait. Ce secours peut être de farine, de légumes, de poissons, de bois et d’huile, et d’autres choses qu’on n’a pas encore découvertes. »

Il se mit à l’œuvre sans retard et avec un succès marqué. M. de Villeray, « de tous les habitants du Canada le plus accommodé et qui s’applique le plus au commerce et même qui avait déjà des vaisseaux sur mer » écrivait Colbert à Frontenac (14 mai 1674) fut le premier à entrer dans les vues de Talon. En 1670 la mère de l’Incarnation disait : « L’on introduit encore un triple commerce, en France, aux îles de l’Amérique, et à Québec. Trois vaisseaux, chargés de planches de pin, de pois et de blé-d’Inde vont partir pour aller aux îles ; là ils déchargeront leur marchandises et se chargeront de sucre pour la France, d’où ils rapporteront ici les choses nécessaires pour fournir le pays, et ce triple commerce se fera en un an. L’on fait encore la pêche des morues à cent lieues d’ici, laquelle, étant bien entretenue, produira des revenus immenses. » Il ne faudrait pas croire, avec quelques écrivains que ces heureux commencements n’eurent aucune suite et que les navires, bientôt, revinrent sur leste. En 1681, l’intendant Duchesneau disait au ministre : « Quant au commerce de ce pays avec les Antilles, je vous dirai sincèrement qu’il n’est jamais allé autant de navires à ces îles que depuis que je suis arrivé ici (1675). Il y est allé jusqu’à quatre navires en une année et au moins deux les autres années. » C’est donc qu’ils trouvaient des chargements de retour ? M. Parkman affirme cependant, que dès cette époque, le commerce des Antilles avait presque cessé ! Un peu plus loin, il nous dit que, en 1686, il fut exporté dix-huit mille minots de grain aux Antilles. Dès 1673 Frontenac écrivait que les habitants ne savaient que faire de la quantité de blé qu’ils ne pouvaient consommer sur place. Le Mémoire de 1703 s’exprime comme suit : « Le commerce des fourrures produit trois mouvements : leur importation en France — leur importation ailleurs étant défendue — ; l’importation des marchandises échangées en France pour les fourrures, et l’exportation des produits des Antilles, échangés pour ces mêmes marchandises venant de France. Ce commerce, dans ses trois mouvements, peut produire environ vingt millions par année. »[14] À cette dernière date, la population du Canada était de seize mille âmes, ce qui représentait un mouvement d’affaires plus de deux fois aussi considérable que celui d’à présent. De 1703, jusqu’à la conquête, loin de s’amoindrir ce commerce a augmenté.

« En 1670, la compagnie des Indes occidentales eut permission[15] de faire passer dans les îles de l’Amérique française jusqu’à cent mille francs en petites espèces, marquées à un coin particulier, avec une légende qui lui était propre[16]. L’édit du roi est du mois de février et il portait que ces espèces n’auraient cours que dans les îles, mais sur quelques difficultés qui survinrent, le conseil rendit, le 18 novembre de l’année 1672 un arrêt par lequel il fut ordonné que la susdite monnaie et toutes les espèces qui auraient cours en France, l’auraient aussi, non seulement dans les îles françaises, mais encore dans la terre ferme de l’Amérique soumise à la couronne, avec l’augmentation d’un quart, en sus — c’est-à-dire les pièces de quinze sous pour vingt, et le reste à proportion. Le même arrêt ordonnait que tous les contrats, billets comptes, achats et payements seraient faits entre toutes sortes de personnes au prix d’argent, sans qu’il pût être usé d’échanges, ni compté en sucre ou autres denrées, à peine de nullité des actes. Et pour le passé, il fut réglé que toutes les stipulations de contrats, billets, dettes, redevances, baux à ferme en sucre ou autres denrées seraient réduites payable en argent, suivant le cours des monnaies susdites. En exécution de cet arrêt, la monnaie augmenta d’un quart dans la Nouvelle-France, ce qui ne tarda guères à y causer bien des difficultés… L’intendant se trouva beaucoup embarrassé, soit pour le payement des troupes, soit pour les autres dépenses que le roi faisait dans cette colonie. » (Charlevoix : Journal Historique, I, 134-35.)

Ici commence l’histoire officielle des coureurs de bois. Depuis longtemps déjà des individus isolés se permettaient d’aller en traite au milieu des Sauvages, privant par là la colonie du travail de leurs bras et du secours qu’elle était en droit d’attendre d’eux. Petit à petit, la passion des aventures et l’espoir de faire fortune de cette manière avaient gagné jusqu’aux habitants qui désertaient leurs terres ou les négligeaient de plus en plus. Un arrêt du 5 juin 1673 porta défense à tout Français sous peine de mort, de se tenir dans les bois plus de vingt-quatre heures sans une permission expresse du gouverneur.

Marie-François Perrot, nommé gouverneur de Montréal le 13 juin 1669, et arrivé avec Talon le 18 août 1670, mais placé sous la dépendance du séminaire de Saint-Sulpice, avait obtenu l’année suivante (14 mars 1671) une commission royale que lui apporta sa femme, Marguerite La Guide, nièce de Talon. Voyant qu’il relevait autant du roi que des seigneurs de l’île, où il commandait, il voulut s’émanciper de certaines restrictions concernant la traite ; c’est pourquoi il établit un poste, pour le commerce des pelleteries et celui des boissons, sur l’île Perrot un peu au-dessus de Montréal. Ainsi, rapporte La Hontan, avec deux mille écus d’appointement, il trouva le moyen d’en gagner cinquante mille. En même temps, il s’attribuait le droit d’administrer la justice, ce qui n’était point de son ressort. Les habitants lui dépêchèrent le juge Jean-Baptiste Migeon[17] chargé de leurs plaintes à cet égard ; Perrot emprisonna cet officier. Frontenac parla de sévir ; Perrot se rendit à Québec, y fut retenu un an enfermé au château Saint-Louis, ensuite envoyé en France (automne de 1674) où le roi le mit à la Bastille.

M. Thomas de la Naudière fut nommé (10 février 1674) gouverneur de Montréal ; il avait épousé (1672) Marguerite-Renée, fille de Pierre Denys de la Ronde. Il paraît certain que M. de Maisonneuve a été regardé comme gouverneur de cette place de 1642 à 1671 ; durant ses visites en France M. d’Ailleboust l’avait remplacé en 1652, M. Closse[18] en 1657 et M. Dupuis en 1662 ; au mois de juin 1664, M. Pezard de Latouche avait été nommé à sa place, mais le départ de l’ancien gouverneur n’eut pas lieu avant l’été de 1665 et la commission de M. Pezard fut bientôt considérée comme nulle et contraire aux droits des seigneurs de l’île. Vers l’automne de 1665, M. Zacharie Dupuis remplaça M. Pezard, vu que M. de Maisonneuve avait eu la permission de faire un voyage en France. Pierre de Saint-Paul sieur de Lamothe succéda à M. Dupuis, l’hiver de 1668-69, et à son tour fut remplacé par M. Perrot, « M. de Maisonneuve étant trop âgé pour retourner au Canada.[19] »

La situation commerciale devint embarrassante après la déclaration de la guerre de Hollande (1672) et la compagnie des Indes, qui n’était pas plus aimée qu’il ne le fallait, tomba tout à fait en disgrâce. Le roi la révoqua (décembre 1674), proclama la liberté du commerce et réunit toutes les terres de la Nouvelle-France à la couronne. Les gouvernements-propriétaires ne reparurent plus en Canada ; le gouvernement royal prit leur place. « À l’extinction de la compagnie des Indes la ferme du domaine d’occident fut adjugée[20] à Nicolas Oudiette, à raison de trois cent cinquante mille livres. Le fermier prélevait cent livres de sucre par tête, aux îles françaises de l’Amérique ; au Canada, il recevait le dixième des tabacs et eau-de-vie qui y entraient, le dixième des peaux d’orignaux qui en sortaient et le quart des castors que les habitants achetaient des Sauvages. Il jouissait aussi du droit de faire la traite à Tadoussac, à l’exclusion de tout autre ; il avait aussi le monopole du transport du castor en France, à condition qu’il recevrait dans ses magasins à Québec tout ce qui lui en serait présenté, et qu’il le payerait à raison de quatre francs et demi la livre.[21] »

Aux yeux des Français, le Canada était trop souvent regardé comme un pays de traite où l’on pouvait s’enrichir en achetant à vil prix des fourrures précieuses. Il en résultait que les besoins de la population agricole touchaient médiocrement les fonctionnaires et encore moins les marchands qui entretenaient ici des hommes pour les fins de leur négoce. C’était du reste, la manière de voir de tous les Européens : une colonie devait rapporter des revenus aux capitalistes de la mère-patrie et non pas demander des secours en vue de son développement. L’avenir ne préoccupait guère ceux qui exploitaient les ressources premières de ces contrées. Tirer du castor, selon le terme alors en usage, était la seule politique de ceux qui ne travaillaient point à la terre. Cette marchandise avait un débit extraordinaire en Europe et comme le Canada la fournissait en abondance, la convoitise des traiteurs était sans borne. Dans son Journal Historique (1720) Charlevoix dit : « Le castor n’était pas inconnu en France avant la découverte de l’Amérique. On trouve dans les anciens titres des chapeliers de Paris des réglements pour la fabrique des chapeaux Biévres : or biévre et castor c’est absolument le même animal ; mais soit que le biévre européen soit devenu extrêmement rare, ou que son poil n’eût pas la même beauté que celui du castor américain, on ne parle plus guère que de ce dernier. » Il y a encore en Europe des castors mais en petit nombre. Ils vivent solitaires, ne construisent rien et n’habitent que des terriers. En France on ne trouve plus que quelques individus isolés sur les bords du Gardon, en Dauphiné, sur ceux du Rhône et quelques petites rivières qui se jettent dans ce fleuve, et dans quelques tourbières de la vallée de la Somme.

Le plus sûr moyen de faire à bon marché la traite des fourrures était de vendre de l’eau-de-vie aux Sauvages. Il en résultait des désordres sans nombre. Mgr de Laval s’était élevé vivement contre cette déplorable pratique, mais les marchands le combattaient de tout leur pouvoir. M. de Courcelles se montrait disposé à permettre le commerce de la boisson parmi les habitants ; Talon avait obtenu du ministère la liberté de ce trafic ; Mgr de Laval s’y opposait autant que jamais. Frontenac soutint à son tour que, même chez les indigènes on devait l’exercer, en y mettant certaines restrictions ; les arguments qu’il apportait à l’appui de sa thèse ne sont pas soutenables en présence des maux que l’eau-de-vie occasionnait. L’évêque, au nom de la morale, eut dû être écouté à la cour.

Vers 1668, on commence à remarquer l’introduction des gouverneurs et des intendants dans le commerce des pelleteries. Malgré les ordonnances, ces hauts fonctionnaires se laissaient tenter de prendre part aux entreprises de ce genre. MM. de Courcelles et Talon, qui peut-être n’en attendaient aucun bénéfice personnel, ouvrirent la voie à ce système d’abus en protégeant La Salle. Deux partis se dessinèrent bientôt : celui qui trafiquait ouvertement par permission, et celui qui agissait sous des noms d’emprunt. Nous en parlerons plus loin.

M. l’abbé de Queylus était revenu de France (1668). Nommé par Mgr de Laval l’un de ses grands-vicaires, il s’était fixé à Montréal, ainsi que MM. les abbés d’Urfé, Galinée et d’Allet. Le séminaire de Saint-Sulpice se voyait en état de travailler aux missions sauvages, aussi, le 2 octobre 1668, MM. Trouvé et Fénelon partirent-ils, avec des Iroquois pour aller commencer une mission chez les Goyogouins du village de Kenté, au nord du lac Ontario ; ils furent bien reçus, et M. de Courcelles, qui surveillait d’un œil inquiet la conduite des Iroquois en profita pour agir de ce côté. Quoique résignés à la paix les Cinq-Nations n’étaient pas moins actives à acquérir de l’influence. Déjà elles attiraient la traite des Sauvages des grands lacs et en échangeaient les produits chez les Anglais leurs voisins, ce qui constituait un danger pour le commerce français. Les jésuites retournés dans leur pays vers ce temps, ne pouvaient que mieux comprendre la situation, mais sans être en état de la changer. « Les Iroquois se croyant assurés d’être secourus de leurs voisins, dit Charlevoix, et d’en tirer ce qui leur était nécessaire, toutes les fois que nous les attaquerions, ou qu’il leur prendrait fantaisie de rompre la paix, ne se sont jamais mis en peine de conserver notre alliance ; d’où il est arrivé que nous craignant fort, on ne les a jamais trouvé fort dociles sur le fait de la religion. Les mêmes missionnaires ajoutaient que la traite de l’eau-de-vie, que ces barbares faisaient librement dans la Nouvelle-York, avaient aussi toujours été un obstacle insurmontable à leur conversion. » Les désordres causés par l’ivrognerie étaient devenus tels que, en 1668, les autorités de la colonie anglaise défendirent à leurs gens de fournir des boissons enivrantes aux Iroquois. Les pères jésuites eurent la bonne pensée de fonder sur leurs terres de Laprairie, près Montréal, un village (1670) où pouvaient s’établir ceux qui étaient désireux de se soustraire à ce vice. La même année, M. de Courcelles se rendit, avec cinquante-six hommes, à la baie de Kenté, faire acte de présence et montrer aux Iroquois que les rapides du Saint-Laurent n’étaient point des obstacles sérieux à la marche des troupes françaises. C’est alors, croit-on, que ce gouverneur forma le projet de construire un fort au lac Ontario et d’y concentrer le commerce des fourrures dont les Anglais s’emparaient par l’entremise des Iroquois. Cette démarche, jointe à celle que le sieur Simon-François Daumont de Saint-Lusson exécutait en même temps (14 juin 1671) au Saut Sainte-Marie, était d’une politique habile et telle qu’il la fallait non seulement en Amérique, pour y assurer la prépondérance française, mais aussi aux yeux de l’Europe où Louis XIV visait à tenir la balance des grands intérêts des nations commerciales. Si elle eut été soutenue chez nous par l’envoi d’un simple régiment et d’un certain nombre de colons, rien n’eût pu la contrecarrer. Le patriotisme des Canadiens était une ferme base sur laquelle on pouvait édifier tout un grand avenir, mais on manqua de systême.

Le comte de Frontenac arriva, au commencement de septembre 1672, apportant des instructions nouvelles. L’un de ses premiers soins fut de réunir les habitants et de les consulter sur la situation des affaires. À l’imitation des anciennes coutumes de France, il avait convoqué (23 octobre) les trois ordres : le clergé, la noblesse, les gens de justice et le tiers état, « faisant dépendre la confirmation et la destitution des membres de l’assemblée de la seule volonté du gouverneur, afin qu’il n’y eut point d’autorité qui ne fut soumise à celle des personnes entre les mains desquelles le roi avait confié la sienne. » Colbert (13 juin 1673) se montra choqué de cette action. « Votre assemblée des habitants, écrivit-il à Frontenac, pour prendre serment de fidélité, et la division que vous en avez faite en trois ordres, peut avoir eu un bon effet dans le moment, mais il est bon de vous faire savoir que vous devez toujours suivre dans le gouvernement du Canada, les formes qui se pratiquent en France, » c’est-à-dire, comme la dépêche l’explique, ne recourir à cette mesure que le moins possible, et « vous devez très rarement, ou pour mieux dire jamais, donner cette forme au corps des habitants du pays. » À propos du syndic : « vous devez, à mesure que la colonie prendra de la force, supprimer graduellement cet officier qui présente des requêtes au nom des habitants, car il est bon que chacun parle pour soit et non pas un seul pour tous. » Lorsque chacun parle pour soi, nous le savons par expérience, ce n’est pas le peuple qui est écouté.

Le ministre, dit Garneau, avait expliqué à Frontenac que l’agrandissement du Canada devait être la règle de sa conduite ; « qu’il aurait à penser continuellement aux moyens de conserver tous les habitants dans le pays et d’y en établir d’autres ; il devait encourager les mariages, l’agriculture l’élevage des bestiaux, les pêcheries, la construction des navires, le commerce avec les îles, l’ouverture d’un chemin du Canada à l’Acadie ; s’opposer adroitement et sans partialité aux jésuites qui voudraient porter trop loin l’autorité ecclésiastique et appuyer le séminaire de Saint-Sulpice et les récollets, pour balancer l’autorité que les premiers pourraient se donner au préjudice de celle du roi ; enfin, veiller, suivant la recommandation toujours répétée, à ce que la justice fût administrée d’une manière impartiale. »

Sauf quelques exceptions, tous les colons venus de France avant 1673 se mirent à la culture de la terre et s’établirent permanemment. Ce n’est point là l’occupation d’une classe dépravée. Ce seul caractère suffirait au besoin pour attester du moral des premiers Canadiens. Néanmoins, quelques auteurs ont pensé que les mœurs s’étaient ressenties de l’arrivée et du licenciement des troupes, de 1665 à 1672, mais, comme le remarque M. T. P. Bédard, la criminalité n’avait pas considérablement augmenté en 1675, si l’on tient compte du chiffre de la population établie depuis dix ans. « Les tribunaux étaient aussi bien organisés qu’ils pouvaient l’être, et notons avec honneur que la justice se rendait avec impartialité et sans frais, excepté ceux des greffiers et des huissiers, lesquels étaient fort minimes. En étendant mes conclusions, au moyen de mes longues et scrupuleuses recherches, je puis dire que j’ai parcouru les registres judiciaires du pays jusqu’à la fin du xviie siècle, et j’ai constaté, d’après les procès criminels, en tenant compte de la population et en comparant avec les statistiques judiciaires de nos jours, que le niveau moral des colons d’alors était à peu près le même que celui de la population canadienne-française actuelle, que l’on reconnaît pour être l’une des plus morales des deux continents. » Jusque-là (1663), dit à son tour Charlevoix, «  il n’y avait point eu proprement de cour de justice en Canada : les gouverneurs-généraux jugeaient les affaires d’une manière assez souveraine ; on ne s’avisait point d’appeler de leurs sentences ; mais ils ne rendaient ordinairement des arrêts qu’après avoir inutilement tenté les voies de l’arbitrage et l’on convient que leurs décisions étaient presque toujours dictées par le bon sens et selon les règles de la loi naturelle, qui est au-dessus de toutes les autres. Le baron d’Avaugour en particulier s’était fait une grande réputation par la manière dont il vidait tous les différends. D’ailleurs, les créoles du Canada, quoique de race normande pour la plupart, n’avaient nullement l’esprit processif, et aimaient mieux pour l’ordinaire céder quelque chose de leur bon droit, que de perdre leur temps à plaider. Il semblait même que tous les biens fussent communs dans cette colonie ; du moins on fut assez longtemps sans rien fermer sous la clef, et il était inouï qu’on en abusât. Il est bien étrange et humiliant pour l’honneur, que les précautions, qu’un prince sage prit pour éloigner les chicanes et faire régner la justice, aient presque été l’époque de la naissance de l’une et l’affaiblissement de l’autre. » Le père Le Clercq, témoin oculaire, écrit que Frontenac (1672-81) voyant poindre l’esprit de procédure parmi les Canadiens, s’appliqua, autant qu’il le put, à régler lui-même les différends qui surgissaient, si bien que les officiers de justice se plaignirent bientôt de n’avoir plus de besogne.

Nos ancêtres étaient cultivateurs, et leurs terres étaient très vastes — plus grandes que ne le demandaient les besoins du moment. Le commerce ne les occupait point puisqu’il leur était interdit. Quels procès eussent-ils donc pu amener devant les tribunaux ? Les seuls conflits possibles entre eux et les seigneurs ne pouvaient se produire à cette époque où le censitaire et le seigneur avaient un intérêt conjoint. Plus tard, à la troisième génération, certains démêlés eurent lieu, mais, presque toujours, la couronne favorisa les habitants, d’après le principe que la colonisation devait être protégée. Les squatteurs eux-mêmes eurent bonne grâce à se présenter en justice : il leur suffisait de prouver qu’ils accomplissaient les vues du souverain en défrichant le pays. Toute la législation seigneuriale « du temps des Français » appuyait l’habitant. D’où pouvaient donc venir ces procès, ces luttes dont il a été parlé quelques fois ? Des commerçants. Or, les commerçants formaient un monde à part ; s’ils ne s’accordaient pas entre eux qu’avions-nous à y voir ?

Une communauté qui subsiste de l’agriculture ne fatigue ni les tribunaux ni les procureurs. C’est tellement le cas que le notaire a toujours été parmi nous un homme de loi conciliateur. Ses actes écrits avaient force légale, mais il les rédigeait moins en vue du présent que de l’avenir. Dans son bureau les parties plaidaient, avant que de coucher sur le papier les conditions de l’arrangement. Un notaire au fait de sa profession, supprime dix avocats. Le notaire c’est l’accord. L’avocat retourne les arguments et en tire un casus belli. L’un fait la paix ; l’autre est pour la guerre. Celui-ci désire que l’on s’embrasse, celui-là vous met les armes à la main. Louis XIV n’a jamais voulu permettre aux avocats de s’introduire dans la Nouvelle-France.

Dans un centre qui n’est pas Québec port de mer, ni Montréal, placé sous la direction spéciale d’un ordre religieux, dans le gouvernement des Trois-Rivières en un mot, nous n’avons relevé qu’un nombre insignifiant de procès durant le xviie siècle, à tel point que nous nous sommes demandé si la plupart des contestations n’étaient pas arrangées à l’amiable, au lieu de paraître en cour. Ce procédé était tout à fait dans les mœurs normandes des anciens temps. On évite ainsi les frais et le scandale. Il ne reste rien d’un débat réglé à huis clos. Et puis, en cas d’appel au lieutenant-général d’un gouvernement ou district comme on dit de nos jours — il y avait chance de tomber sous la main de gens étrangers à la seigneurie ou paroisse des intéressés. C’était bien pis lorsque le conseil supérieur prenait connaissance de l’affaire. Là, tout se décidait ex parte, vu l’impossibilité de surveiller soi-même sa cause, car les distances comptaient à cette époque ! Il a donc dû se former une pratique : celle de la justice administrée en bon père de famille. Nous en voyons des traces dans plusieurs litiges, notamment au lendemain de la conquête anglaise, lorsque les habitants, mis en face de juges et de fonctionnaires qui ne les comprenaient point, firent décider leurs différends par le curé, le capitaine de milice et un notable de l’endroit.


  1. Pour le commerce avant 1650, voir le présent ouvrage, tomes ii, 46, 62, 67, 131, 135-138 ; iii, 3, 14, 16, 27, 57, 138.
  2. Voir surtout, pour la période en question, tomes iii, 104-110 ; iv, 7, 17-8.
  3. La Revue de Montréal, 1879, a publié d’excellents articles de M. J.-C. Langelier sur cette question.
  4. Voir le présent ouvrage IV, 39, 43.
  5. Présent ouvrage, tomes III, 40, 58 ; IV, 28.
  6. Présent ouvrage, III, 105, 106, 110 ; IV, 18, 19, 30, 45, 47.
  7. Voir sur tout cela le présent ouvrage II, 21, 35-6, 71-3, 140 ; III, 13, 27, 67, 103-8, 123 ; IV, 46, 89-91.
  8. Voir tômes I, 140, 144 ; II, 77-2 du présent ouvrage.
  9. Voir tômes II, 71-2 ; III, 25, 107.
  10. Voir lettre de la mère de l’Incarnation du 27 août 1670.
  11. Le 23 mai 1671, le sieur Jollin fut autorisé à faire seul de la potasse en Canada.
  12. Il y avait aussi des brasseries à Québec et aux Trois-Rivières.
  13. M. l’abbé Desmazures : Colbert et le Canada, p. 35.
  14. Voir La Revue Canadienne, 1872, p. 184 ; La Revue de Montréal, 1879, pp. 490, 602.
  15. La demande avait été formulée par Talon.
  16. Au revers de la pièce se voit l’écu de France surmonté d’une couronne. Une petite tour figure au-dessus de la couronne. La légende est : Gloriam regni tui dicent, 1670. « Ils rediront la gloire de ton règne. » De face, cette monnaie représente la tête de Louis XIV couronnée de lauriers ; autour : Lud Xiiii. D. G. Fr. et Nav. Reg. Au-dessus de la tête un soleil levant.
  17. Voir le présent ouvrage, IV, 59, colonne 3 ; 77, colonne 3. Sa femme, Catherine Gauchet, était cousine de M. Gabriel Souart, curé de Montréal. Leur fils Daniel, né en 1671, porta le nom de sieur de la Gauchetière, qui s’est transmis à l’une des rues de Montréal.
  18. Tué par les Iroquois, avec douze français, le 6 février 1662.
  19. Société Historique de Montréal, — 4e livraison, p. 235.
  20. Le 24 mai 1675. L’acte est en faveur de Jean Oudiette. Nicolas figure en 1676. — (Harrisse : Bibliographie etc., pp. 117, 326-327.
  21. Ferland : Cours d’histoire, II, 102. Voir Édits et Ordonnances, I, 87.