Histoire des Trois Royaumes/Préface de 1851

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PRÉFACE.

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Les écrivains chinois ont coutume de placer une préface ou au moins quelques lignes de prose poétique, en tête de chaque chapitre de leurs romans. Ce n’est pas pour les imiter que nous joignons nous-même quelques pages d’introduction à ce second volume du San-Koué-Tchy, c’est pour remettre le très petit nombre de lecteurs, qui peuvent y porter intérêt, au courant de cette publication commencée il y a plusieurs années. Dans ce roman, qui est presque de l’histoire, il se trouve une telle complication de noms propres, un nombre si considérable de faits, qu’il nous a paru nécessaire de faire précéder chaque volume d’une espèce de sommaire, destiné à en rendre la lecture moins fatigante. On ne peut pas faire moins en faveur du lecteur consciencieux qui ne recule pas devant un ouvrage traduit littéralement du chinois.

Le premier volume est presque entièrement rempli par les guerres civiles qui préparent la division de l’Empire en trois royaumes, et d’où sont sortis les principaux personnages du roman. Tsao-Tsao, qui l’emporte sur tous ses concurrents par la supériorité de son esprit et son habileté dans la guerre, tient l’Empereur en tutelle et fait face aux ennemis qui lui disputent le pouvoir. Sun-Tsé, jeune ambitieux que tourmente le besoin de l’indépendance, s’est établi hardiment à l’est du fleuve Kiang. Youen-Chao, que les vassaux ligués naguère contre le tyran Tong-Tcho avaient choisi pour leur chef, garde encore le premier rang parmi ceux qui refusent de se courber devant le ministre tout puissant. Il règne sur les provinces orientales de la Chine : de nombreuses armées lui obéissent ; mais l’indécision et la faiblesse de son caractère l’arrêtent dans l’exécution de ses projets. Son frère Youen-Chu, plus entreprenant, cherche à se former un parti, à le consolider par des alliances, à prendre le rôle brillant qui revenait de droit à son aîné. Liu-Pou, guerrier redouté de tous, violent et cruel, soumet des villes, enlève des provinces, écoute les propositions de tous ceux qui feignent de le traiter en ami, donne dans tous les piéges et se tire de tous les embarras, la lance à la main. Enfin Hiuen-Té, le seul homme de bien de son époque, ne rêvant qu’une chose, le salut de l’Empereur et la restauration de la dynastie des Han ; tantôt maître de quelques districts, tantôt vaincu et errant, toujours noble et dévoué, sans ambition personnelle, promène d’un bout à l’autre de l’Empire son héroïque personne et sa mauvaise fortune.

Donc, six personnages principaux sont en scène à la fin du premier volume ; dans le courant du second, nous les verrons se réduire à trois, lesquels correspondent à la division de l’Empire en Trois Royaumes. Voici les événements qui amènent le dénouement de ce second acte du drame historique.

Youen-Chu se déclare Empereur. Aussitôt Tsao-Tsao fait la paix avec Sun-Tsé et avec Hiuen-Té, puis les lance tous les deux contre l’usurpateur qu’il va lui-même attaquer à la tête d’armées nombreuses. Cependant, inquiet des mouvements de Liu-Pou qu’il est impossible de fixer dans aucun parti, le ministre songe à se défaire d’un si dangereux personnage ; il entoure Liu-Pou de conseillers perfides qui le conduisent à sa perte, et l’on voit ce hardi aventurier, pareil à un tigre traqué par les chasseurs, tomber vivant entre les mains de Tsao-Tsao qui le met à mort. Cet épisode forme l’un des chapitres les plus animés du San-Koué-Tchy ; l’action, bien que fort compliquée, marche rapidement, et le dialogue est semé de phrases fermes et claires qui ne manquent pas de grandeur.

La mort de Liu-Pou est bientôt suivie de la destruction de Youen-Chu. Mais au moment où Tsao-Tsao vient d’affermir sa puissance par un double succès, quand il triomphe au dehors, une conspiration de palais se forme contre lui. Dans une partie de chasse à laquelle il a convié l’Empereur, Tsao-Tsao s’essaie ouvertement au rôle d’usurpateur. Les grands indignés rougissent de leur faiblesse ; ils se sentent humiliés et opprimés dans la personne du Souverain. Le jeune prince qui a retrouvé dans Liéou-Hiuen-Té, — alors retiré à la capitale, — un parent et un ami fidèle, devine confusément le parti qu’il peut tirer de celui-ci contre le ministre arrogant qui convoite le trône. Le petit Empereur, longtemps éclipsé, reparaît sur la scène. Un rayon passager vient éclairer au fond du palais le groupe de mandarins loyaux qui conspirent avec le Souverain : triste spectacle que l’auteur chinois a su rendre touchant et dramatique, en opposant à la majesté inséparable de la personne impériale, les misères d’une cour abandonnée à la merci d’un ministre trop puissant.

La découverte du complot amène le supplice des conjurés, l’assassinat d’une des femmes de l’Empereur et la séquestration du Souverain lui-même. Par ses cruelles vengeances, Tsao-Tsao a épouvanté les grands ; averti pour l’avenir, il s’entoure d’une garde particulière et se fortifie de toute l’autorité qu’il enlève au représentant des Han. Déjà Hiuen-Té a pris la fuite ; après l’Empereur, dont la personne sacrée conserve encore une ombre de prestige, il est désormais le plus redoutable adversaire de Tsao-Tsao ; celui-ci ne tarde donc pas à l’attaquer avec des forces considérables. Vaincu sur tous les points, Hiuen-Té se réfugie près de Youen-Chao qui a hésité à le secourir ; ses compagnons d’armes se dispersent, et le plus héroïque d’entre eux, Yun-Tchang (nommé aussi Kouan-Kong), son premier frère adoptif, est réduit à se remettre aux mains de Tsao-Tsao, lui et les deux femmes de Hiuen-Té confiées à sa garde.

Impitoyable envers ceux qui conspirent dans l’ombre contre lui, Tsao-Tsao se montre toujours généreux envers ses ennemis, quand ils l’attaquent au grand jour. Il accueille avec des égards extraordinaires et comble de présents le général vaincu. Mais la magnanimité intéressée du ministre usurpateur s’éclipse devant la grandeur d’âme et l’héroïsme plus pur de Yun-Tchang. L’écrivain chinois a fait de ce dernier le type du chevalier sans peur et sans reproche. L’honneur au point de vue de l’occident, la fidélité au souverain, à sa parole, à ses devoirs, l’ensemble des vertus qui recommandent à la fois le citoyen et le guerrier, et qu’on peut réduire à deux, l’abnégation et le désintéressement : tels sont les traits distinctifs du caractère de ce héros. En toute occasion il parle et agit d’après les idées que nous appelons chevaleresques ; et ce n’est pas sans une surprise mêlée de plaisir que nous retrouvons, à l’extrémité du monde, au fond de l’Asie orientale, ces saines notions du juste et du vrai, mêlées à tous les scrupules de la morale chinoise. Nous insistons sur ce point, parce que dans les livres de l’Orient, ce qui importe surtout ce sont les idées. Si dans le double épisode de la soumission de Yun-Tchang et de son retour près de Hiuen-Té, on se bornait à voir une série d’aventures romanesques, on serait conduit à le juger trop sévèrement, et l’on se ferait du livre en lui-même une fausse idée. Mais qu’on se place au point de vue de l’auteur chinois ; que l’on cherche dans ce personnage extraordinaire le type du héros d’après les traditions du Céleste-Empire : Yun-Tchang cesse de ressembler à un caballero andante des romans de chevalerie les plus oubliés ; il se transforme et revêt quelques-uns des traits que l’histoire prête à Roland.

La même observation s’applique au récit de la mort de Sun-Tsé, récit qui, sous une forme dramatique, contient un exposé des croyances populaires de la Chine. De tout temps les sorciers ont eu le privilège d’exciter la curiosité et leur histoire se fait toujours lire. Le chapitre où l’auteur chinois nous montre Sun-Tsé luttant jusqu’à la mort contre l’influence supérieure d’un esprit, sera donc un de ceux que le lecteur accueillera le plus volontiers : nous n’avons pas besoin de le lui recommander ; seulement nous lui rappellerons qu’il sert en outre à lier les événements, à ramener dans le courant de l’histoire cette famille déjà puissante, qui doit, dans la personne de Sun-Kuen, fonder d’une façon définitive l’état indépendant de Ou. Youen-Chao à qui son jeune frère (Youen-Chu mort quelques mois auparavant) a donné l’exemple, se décide enfin à se déclarer Empereur. Dès qu’il veut attaquer Sun-Kuen, devenu roi de Ou, Tsao-Tsao accorde à celui-ci des titres et des grades pour l’amener à rester neutre, et va en personne attaquer son rival. Affaibli par l’âge, incapable d’écouter un bon conseil, toujours prêt à punir ses plus fidèles conseillers, à châtier les hommes sages et prudents dont il devrait au contraire récompenser les mérites, Youen-Chao prépare sa propre ruine. Des défaites multipliées, de grands désastres exaspèrent ce vieux guerrier, qui a trop compté sur l’influence de son nom. Il meurt bientôt en laissant un trône mal affermi à son plus jeune fils Youen-Chang ; Youen-Tan, l’aîné, appelle à son secours Tsao-Tsao qui attendait avec impatience l’occasion de s’immiscer dans cette querelle de famille. Le chef-lieu des provinces soumises aux Youen est assiégé ; la garnison serrée de près chasse hors des murs toute la population inutile à la défense de la place, et Tsao-Tsao, qui veut se faire des partisans sur tous les points de l’Empire, distribue lui-même des vivres à ces vieillards, à ces femmes mourant de faim qui tombent à ses pieds en implorant sa miséricorde. À peine la ville est-elle livrée à Tsao-Tsao que la bonne intelligence entre Youen-Tan et lui cesse d’exister ; Youen-Tan périt dans un combat qu’il a l’imprudence de présenter aux troupes victorieuses et aguerries de Tsao-Tsao.

Cependant Youen-Chang, après avoir quitté sa capitale prête à succomber, fuit vers les frontières du nord et va demander asile aux hordes tartares, où il est rejoint par son second frère Youen-Hy. Décidé à exterminer jusqu’au dernier rejeton de cette puissante famille, Tsao-Tsao va porter la guerre chez les barbares : campagne rapide, dans laquelle l’écrivain chinois donne de curieux détails sur ces pays lointains et sur les mœurs des populations cachées dans le désert de Gobi, derrière le Céleste-Empire. Les deux Youen périssent bientôt, assassinés par leurs alliés qui ne veulent pas prendre parti dans cette grande guerre. Plus tard, nous aurons à suivre les armées chinoises dans des expéditions plus étendues et plus importantes chez ces mêmes barbares.

Mais il est temps de revenir à Hiuen-Té. À travers les grands événements que nous venons de signaler, il a paru comme à la dérobée, réfugié d’abord près de Youen-Chao, puis caché chez son parent Liéou-Piao (l’un des vassaux de l’ancienne ligue, établi dans le King-Tchéou) : il a eu bien des épreuves à subir, mais ses compagnons d’armes et ses deux frères adoptifs (Yun-Tchang et Tchang-Fey) sont restés fidèles à sa fortune. Honoré par les populations qui reconnaissent en lui le parent de l’Empereur et le représentant de la cause impériale partout trahie, il ne tarde pas à porter ombrage à Liéou-Piao, ou plutôt aux parents de celui-ci. Liéou-Piao, irrésolu et mal conseillé, flotte entre le désir qu’il éprouve de remettre aux mains de Hiuen-Té la direction de ses petits états et la défiance que parviennent à lui inspirer, contre ce héros, une femme ambitieuse et un beau-frère jaloux. Dans le palais même de Liéou-Piao une conspiration se forme contre Hiuen-Té, qui échappe miraculeusement aux piéges dont il est environné. Après avoir été réduit à s’éloigner successivement de Liu-Pou, de Youen-Chao, de Tsao-Tsao qui l’avaient recueilli à diverses époques, Hiuen-Té a quitté le dernier asile qui lui restât : une trahison l’a chassé de chez son parent Liéou-Piao. Une quatrième fois il parcourt l’Empire en fugitif, en homme qui défie la mauvaise fortune, et les aventures se multiplient sous ses pas ; comme pour grandir son héros au-dessus des proportions humaines, l’écrivain chinois se plaît à l’entourer d’un peu de merveilleux. De mystérieuses paroles prononcées par des sages qu’il rencontre dans la montagne, le mettent sur la trace de deux personnages classés parmi les êtres surnaturels à cause de leurs talents supérieurs, bien que dans la réalité ils appartiennent à l’histoire. Le plus fameux est le Tao-Ssé Tchu-Ko-Léang ; avec le secours d’un pareil conseiller, Hiuen-Té doit surmonter tous les obstacles et conquérir le titre d’Empereur, qu’il ne prendra cependant qu’après que les Tsao auront consommé leur usurpation, quand le dernier des Han de la branche régnante aura cessé de vivre.

L’entrée en scène de Tchu-Ko-Léang marque un point important dans l’histoire des Trois Royaumes ; voilà pourquoi nous avons fait entrer le 7me livre où elle est annoncée dans ce second volume. Nous voulions arriver jusqu’au moment où Hiuen-Té, qui depuis bien des années a l’air d’un proscrit, reprend un peu d’autorité et rassemble autour de lui les éléments de sa future grandeur ; il nous paraissait aussi à propos de montrer sur l’horizon cette figure singulière et importante de Tchu-Ko-Léang, personnage étrange, moitié sorcier et moitié saint, à qui la tradition attribue la découverte de la plupart des machines de guerre usitées en Chine. Sa mémoire s’est perpétuée jusqu’à nos jours ; un livre prophétique de la Dynastie des Empereurs, intitulé Pey-Touy-Tchy, dans lequel est marquée d’avance l’époque où les Tartares chassés du trône feront place à la famille impériale chinoise aujourd’hui déchue (livre prohibé par la police du Céleste-Empire, mais lu avidement par les Chinois fidèles à leurs anciens princes), a pour auteur, dans l’esprit des peuples, ce même Tchu-Ko-Léang. Nous n’avons pas besoin d’ajouter que les prophéties de ce Tao-Ssé se sont vérifiées en ce qui regarde les dynasties précédentes ; de là l’importance qu’on y ajoute pour tout ce qui se rapporte à l’avenir. Telle est, du moins, la ferme croyance des populations du Céleste-Empire.

Ce second volume contient quatre livres, c’est-à-dire un de plus que le premier. Nous l’avons traduit avec une scrupuleuse exactitude ; il nous a semblé que resserrer le texte c’était, sans le vouloir peut-être, éluder les difficultés, et surtout risquer de rendre trop nue une histoire qui se recommande par le soin des détails. Lequel vaut le mieux, d’un arbre émondé, dépouillé de ses fleurs, arrêté dans tous les élans de sa sève, ou d’un autre arbre touffu, surchargé de feuillage, qui malgré l’opacité de ses rameaux laisse tomber encore assez de jour pour éclairer celui qui vient se reposer sous son ombre ? Si l’on coupait les bras symboliques que les idoles de l’Inde ont de trop, pour les réduire à deux, obtiendrait-on une statue parfaite, un objet d’art d’un goût irréprochable ? Les Chinois, on le sait, ignorent les règles de la perspective dans la littérature comme dans le dessin ; ils aiment à détailler les objets les plus lointains, les faits qu’un écrivain plus habile reléguerait au troisième plan. Prenons-les donc comme ils sont : le lecteur intelligent se rappellera que la langue chinoise, procédant d’une manière toute différente des autres idiomes anciens et modernes, a besoin, pour être claire, de recourir aux formes les plus simples du langage, et d’employer souvent le discours direct. Il n’oubliera pas que chaque peuple a son génie particulier ; il sait, comme nous, que la Chine reléguée aux confins du monde, n’a connu ni les règles d’Aristote, ni les préceptes d’Horace !

Il nous reste à expliquer pourquoi nous n’avons pas suivi, dans ce second volume, la même marche que dans le premier, en ce qui regarde la nature et la disposition des notes. À peine le premier volume avait-il paru, que M. le professeur Stanislas Julien, toujours empressé de prêter son appui à ceux qui s’honorent d’être au nombre de ses élèves, voulut bien nous faire présent d’un San-Koué-Tchy, en vingt petits volumes in-18. Cette version populaire de l’histoire des Trois Royaumes est rédigée sur le texte in-8o, chinois-mandchou, de la bibliothèque de Paris, que nous suivons ; elle en diffère donc en très peu de points. Ce sont les mêmes faits, les mêmes épisodes, les mêmes dialogues, et presque toujours les mêmes expressions ; seulement elle contient en plus grande quantité les mots doubles, les signes de temps et de cas, qui facilitent la lecture des passages difficiles. De plus, elle offre cela de particulier et d’important, qu’elle est accompagnée, non pas d’un commentaire, mais ce qui vaut mieux selon nous, d’une foule de notes, d’observations et de pièces de vers. Nous avons cru devoir, çà et là, produire les pensées de l’éditeur chinois, afin d’initier le lecteur au jugement que les lettrés eux-mêmes portent sur les actions qui se déroulent dans le cours du récit. Tantôt nous les avons traduites textuellement, tantôt nous n’en avons donné que la substance, et sur le tout, nous avons choisi. Peut-être ne nous saura-t-on pas mauvais gré d’avoir introduit de temps en temps, entre l’auteur et le traducteur qui se tiennent étroitement unis, ce troisième personnage, ce lettré représentant l’école entière de Confucius et de Mencius, armé du pinceau avec lequel il marque, d’un signe de blâme ou d’approbation, les passages les plus remarquables du livre. Quant aux vers, nous n’y eussions pas fait grande attention, s’ils ne nous eussent paru propres à donner une idée de la poétique des Chinois, appliquée à l’histoire. D’une part ils prouvent que presque tous les personnages du San-Koué-Tchy ont vécu dans des légendes en vers ; de l’autre ils fournissent aux sinologues, sous une forme précise, déterminée, quelques-uns de ces faits historiques auxquels il est souvent fait allusion dans les ouvrages de littérature et qu’on ne sait presque jamais où trouver. Et ces courtes notes, prose ou vers, il était naturel de les mettre au bas des pages, à côté des passages qu’elles expliquent ou développent ; bien que limitées à un petit nombre de lignes, elles servent, nous le croyons du moins, à l’intelligence du texte. D’ailleurs, quand on traduit un ouvrage chinois, on doit tendre, le plus possible, à faire un de ces livres à l’aide desquels les sinologues les moins exercés puissent comprendre le texte original : aider ceux qui commencent, telle doit être l’ambition (fort restreinte assurément) de quiconque se livre consciencieusement à l’étude des langues orientales.

Un grave reproche qu’on est en droit de faire à ce second volume, nous ne nous le dissimulons pas, c’est de paraître si longtemps après le premier. Nous répondrons qu’il était prêt à voir le jour vers la fin de février 1848… S’il plaît à Dieu, le troisième volume se fera moins attendre ! Le courage ne nous manquera pas pour mener jusqu’au bout cette longue et pénible tâche, dussions-nous, à l’exemple des lettrés chinois qui vivaient aux époques pleines de troubles que retrace le San-Koué-Tchy, aller chercher au pied des montagnes ou en un coin des plaines le calme et le repos sans lesquels il n’y a pour l’esprit ni loisir ni liberté.