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Histoire des Vampires/I/Chapitre I

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CHAPITRE PREMIER.

Introduction. — De ce qu’on entend par un Vampire.

Ce qu’il y a de plus étonnant dans l’histoire des Vampires, c’est qu’ils ont partagé avec nos grands philosophes l’honneur d’étonner le 18e siècle ; c’est qu’ils ont épouvanté la Lorraine, la Prusse, la Silésie, la Pologne, la Moravie, l’Autriche, la Russie, la Bohême et tout le nord de l’Europe, pendant que les sages de l’Angleterre et de la France renversaient d’une main hardie et sûre les superstitions et les erreurs populaires.

Chaque siècle, il est vrai, a eu ses modes ; chaque pays, comme l’observe D. Calmet, a eu ses préventions et ses maladies ; mais les Vampires n’ont point paru avec tout leur éclat dans les siècles barbares et chez des peuples sauvages ; ils se sont montrés au siècle des Diderot et des Voltaire, dans l’Europe, qui se dit civilisée.

Et tandis que ces spectres désolaient le Nord, le Midi exorcisait les possédés ; l’Espagne et l’Italie condamnaient des sorciers ; Paris assistait aux convulsions du cimetière Saint-Médard.

On a donné le nom d’upiers, oupires, et plus généralement vampires, à « des hommes morts depuis plusieurs années, ou du moins depuis plusieurs mois, qui revenaient en corps et en âme, parlaient, marchaient, infestaient les villages, maltraitaient les hommes et les animaux, suçaient le sang de leurs proches, les épuisaient et enfin leur causaient la mort[1]. On ne se délivrait de leurs dangereuses visites et de leurs infestations qu’en les exhumant, les empalant, leur coupant la tête, leur arrachant le cœur ou les brûlant. ― Ceux qui mouraient sucés devenaient Vampires à leur tour. »

Le petit nombre de savans qui jusqu’ici ont écrit sur les Vampires soutiennent que l’antiquité n’a eu aucune connaissance de ces sortes de spectres. Il n’est peut être pas impossible de prouver que les anciens avaient aussi leurs Vampires ; et c’est ce que nous allons essayer avant de passer aux aventures toutes récentes.

Nous parlerons dans cette première partie des différens Vampires qui ont pu se montrer jusque vers le 12e siècle. La seconde partie suivra ces mêmes spectres jusqu’aux jours de leur lustre et jusqu’à la décadence du Vampirisme au milieu du dernier siècle.

  1. C’est la définition qu’en donne D. Calmet.