Histoire du chevalier Grandisson/Lettre 137

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Nouvelles lettres angloises, ou Histoire du chevalier Grandisson
Traduction par Abbé Prévost.
(tome VIIIp. 166-167).

LETTRE CXXXVII.

Mylady Grandisson à Miss Jervins.

21 Mai.

Votre prudence, Mon cher Amour, ne m’est pas moins connue que votre bonté ; & j’ai la même opinion de l’honneur & de la discrétion de M. Belcher. Son mérite & sa fortune sont sans objection. Votre Tuteur n’a pas de meilleur Ami. Si vous êtes sûre de pouvoir l’aimer plus que tout autre homme, & si vous le croyez disposé à vous aimer plus que toute autre Femme, je suis persuadée que votre Tuteur ne trouvera point d’alliance plus heureuse, pour tous deux & pour lui-même : car vous savez, ma chere, quel intérêt il prend à votre bonheur. Approuvez, chere Émilie, que pour aider à votre conduite dans une occasion si délicate, je vous adresse à mes propres Conseillers, deux Conseillers presque infaillibles, ma Grand-Mere & ma Tante. N’ayez pas honte de leur ouvrir votre cœur. N’êtes-vous pas sous leurs aîles ? Je garderai tant de ménagemens, qu’elles ouvriront elles-mêmes le chemin à vos tendres confidences. Ainsi la peine sera légere pour vous. Leur avis ne peut manquer d’être d’un grand poids pour Sir Charles. Mais je demande que l’ouverture & la confiance que vous aurez pour elles, ne me privent point de vos charmantes communications.