Histoire du donjon de Loches/Appendice

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Edmond Gautier
Impr. de A. Nuret (p. 205-214).

APPENDICE



INVENTAIRE des munitions fait en janvier 1572, par les ordres du marquis de Villars (Analyse).

Dans une chambre « estant à costé de la salle et première entrée dud. donjon » 146 pics emmanchés et 7 autres sans manche. — 189 tranches emmanchées. — 5 pics-tranches emmanchés et un autre sans manche. — 105 palles besses. — 133 hottes.

Poudres, 2,455 livres. — 18 boulets de plomb pour couleuvrines bâtardes. — 49 boulets de plomb pour fauconneaux. — 44 pièces de fer carrées et taillées « propres à mectre boulletz esd. couleurines ». — 198 boulets à hacquebuzes à crocq, grosses et moyennes. — 8 charges de fer blanc pour servir à hacquebuzes à croc. — 4 ou 5 livres de « salpestres et rouzine ». — 2 pièces de corde de harcquebuze, l’une de 44 brasses et l’autre de 28. — 112 civières « tant rullepettes (?) que à bras, presque toutes pourries, brisées et rompues ».

Les chanoines avaient aussi acheté de la poudre (581 livres) « pour aider et servir aud. chasteau ou les aultres pouldres defauldraient ».

Un autre inventaire du ier mars 1577 constate seulement 2,109 livres de poudre. Il en avait été pris 21 livres pour le service du roi par le commandement du sieur de Paulmy, lors lieutenant aud. chastel, et il en avait été descendu en la ville par son ordre une caque pesant 264 livres pour subvenir aux nécessités que pourraient avoir les habitants. — Quelques pelles et tranches avaient aussi été perdues dans le curage des fossés du château. — Quant aux boulets, le nombre en est à peu près le même, sauf quelques-uns donnés à la ville pour ses besoins. — On trouve aussi dans cette pièce une mention de « cailloux à feu » et d’une chambre qu’on appelait « la chambre du Moulin-de-Bois ».



INVENTAIRE des munitions fait le 20 avril 1578 en présence de Jacques de Saint-Julien, sieur de Narbonne, maître-d’hôtel et lieutenant des gardes du duc d’Anjou, et Antoine Anglerais, lieutenant du château.

A l’entrée du chastel et soubz le portal y a douze arquebuzes à crocq et deux chargeouers de grosses pièces.

Ou petit rang (?) tendant du logis de monseigneur aux jardrins a esté trouvé une pièce coullevryne avec ses roues ferrées, avec les traits, futs, et plate-formes lad. coullevryne estant marquée en chiffre 1567 d’une part et de l’aultre costé 2280 ; portant en harmoisies deux coulonnes lyées d’ung lay d’amour et couronnées et de quelques fleurs de lyz et de lettres de C, et ayant de longueur de canon environ dix piedz et d’ouverture en gueulle d’un doué ou environ[1].

Sur la petite tour, près la chapelle Saint-Ours, y a une petite pièce de flancon de fer a boistes, ayant cinq pieds de long sans culasse, et à laquelle culasse y a deux bouchons de fil.

A la place de davant le donjon a esté une aultre pièce d’artillerye équippée et montée sur fustz et roues ferrées, et son attirail, fors quelle n’a de plate-forme de boys, et est marquée 1568 d’une part, et de l’aultre costé 2270 marquée comme l’autre plus grande pièce susdite et des mèmes armoisies, et ayant de longueur environ de deux pieds, et a led. Anglerais déclaré que lesdites esses et fustz de la plateforme de ladite pièce ont esté par luy faict mettre en une petite estable et escurye, pour prés laquelle de faict ont esté présentement monstrées par luy, et par nous tous veües lesdites esses et fustz.

Ou donjon, en une chambre ou salle basse, a esté trouvé ung moulin à blé, équippé et garny de ce qui lui fault.

Un gros pilon de fer pezant trois cens ou environ.

Plus dix chevalletz d’arquebuzes à crocq.

En une chambre haulte dud. Donjon appellée la Salle, a esté trouvé sept grandes arbalestes, trois vieilles hallebardes, une picque, douze canternes pour charger grosses et petites pièces, 316 boulletz de fer... servant à coullevrynes.

En la chambre la plus près de la Salle ont esté trouvez:

Neuf quaques de poudres... et quantité de piques, pailles besses, tranches, hottes et boullets d’arquebuzes à crocq... (quarante livres ont été employées à tirer les pièces lorsque mond seigneur passa par ceste ville, comme il en a été justifié par assemblée de ville, le 29 septembre dernier passé, et a déclaré ledit Boissemon, l’ung des eschevins, que lesdictes neuf quaques de pouldres feut, au temps des trouppes (troubles) et lorsque messire Jean de Menou, chevalier de l’ordre du roy, sieur dud. lieu de Menou, commandoit en cest chastel pour l’absence de monsieur l’admiral, prises au magazin du roy de Tours pour munition en ce chastel).

133 hottes, 183 tranches, 92 pelles, 156 piques dont y en a partie de cassé et démanché.

Led. Anglerais a déclaré qu’il n’y avoit aud. chastel aucuns meubles de maison et ustanciles appartenant au roy et à monseigneur.




Munitions de la ville à la même date :

24 harquebuzes à croq. — 10 fauconneaux. — Une quaque de poudre, et un peu de poudre dans une autre quaque. — 139 boullets ou balles de fauconneaux. — 7 piques. — 2 hellebardes. — 54 boulets à fauconneaux. — 40 balles d’arquebuses à crocq.




INVENTAIRE des munitions après le décès du duc d’Epernon. — 25 janvier 1642.
chambre des mousquets.

282 mousquets. — 41 arquebuses et mousquets à crosse. — 141 bandoulières très vieilles.

chambre des piques.

100 piques fort vieilles, vermoulues et en partie rompues. — 4 pics. — 6 pelles bêches. — 175 bourguignottes. — 189 hausse-cols. — 150 corselets.

sur les trois tours des murailles du côté de vignemont :

2 fauconneaux en fonte verte de 7 pieds de long, sur lesquels sont les armes de la ville de Loches. — Un autre fauconneau de cinq pieds.

plate-forme du donjon.

2 coulevrines en fonte verte du poids de 1,074 livres. — 1 fauconneau en fonte verte de quatre pieds et demi de long. — 9 arquebuses à croc, de fonte verte, de trois pieds de long chacune. — 5 autres, dont 2 de trois pieds et demi, sur lesquels est écrit loches, les 3 autres de trois pieds, sur lesquels sont empreintes trois loches et les armes de la ville. — 8 futs de roues non ferrés pour monter des coulevrines et des fauconneaux. — 548 balles partie du poids d’une livre, partie de cinq quarterons. — 3 cercles à feu et 7 grenades. — 500 bottes de mèche. — 400 balles de coulevrine de huit livres pièce. — 1,939 balles à fauconneau. — 7 pétards de fonte verte. — 3 grandes rondaches. — 3 saumons de plomb. — Un morceau d’une table de plomb. — 2 seaux ferrés à puiser de l’eau. — 2 lances à feu. — 2 moules à faire des balles de fauconneau. — 4 traits de chanvre servant à l’attirail des coulevrines et fauconneaux. — 40 grandes bariques dans lesquelles sont renfermés plusieurs petits barils de poudre tant grosse que menue. — Une barique de mèche de Flandres. — 2 bariques de poudre et 2 bariques de soulfre.

arsenal.

2 grosses coulevrines sur lesquelles il y a deux piliers liés avec une couronne au-dessus, montées sur roues ferrées. — 5 petits fauconneaux de fonte verte montés sur roues non ferrées. — Un fauconneau de fer monté et un autre non monté, ayant chacun quatre pieds et demi de

long.
corps de garde de nuit

3 pièces de campagne de fonte verte montées sur roues et portant les armes de la ville, garnies de tous leurs ustencilles.

2 boëtes de fer de 3 pieds et demi de long.

400 balles de coulevrines de 8 livres pièce.

corps de garde de la porte

6 mousquets.

3 hallebardes.

6 piques.

sur le portail

1 coulevrine de fonte verte de 8 pieds de long.




« Jean-Louis d’Épernon était engagiste non seulement du domaine, mais encore de toutes les armes et munitions. On en laissa disposer par les héritiers de ce seigneur. » (Liasse EE, dossier 14, Arch. de Loches.)



OBJETS TROUVÉS DANS LES FOUILLES.

Lors des premières fouilles, au mois d’avril 1866, le sol intérieur du Donjon était d’environ 3 m. 50 plus haut que celui de la cour. Cette élévation avait fait supposer qu’il devait exister un étage souterrain. « L’exhaussement actuel du sol, disait Dufour en 1812, empêche de s’assurer s’il existait sous cette tour un cryptoportictus ou galerie à moitié sous terre, mais cela est assez présumable. »

Lorsque le déblaiement fut assez avancé, nous pûmes nous assurer que l’étage en question était divisé, dans le sens de la longueur, par un mur de refend peu postérieur au donjon, avec quelques restaurations du XIVe siècle. Une couche de mortier avec quelques carreaux encore en place indiquait le niveau du sol, et nous engagea à ne pas fouiller plus avant. Au-dessous la terre est jaune et tout à fait différente.

La nature des terrains extraits n’indique pas clairement comment cet étage avait été comblé. On rencontra d’abord une grande quantité de pierres et de moellons, mêlés de mortier pulvérisé provenant de la démolition du revêtement, démolition qui s’arrête juste à la hauteur du sol avant les fouilles, preuve que l’étage était déjà comblé au moins en partie lorsque ces dégradations eurent lieu.

Au-dessous une terre grasse, noire, mélangée de nombreux carreaux, de tessons de poterie, débris de cuisine, os, défenses de sanglier, bois de cerf, etc. On trouva dans cette couche, dont les linéaments assez horizontaux indiquaient qu’elle s’était produite successivement, quelques fers de flèches, quelques boulets de pierre, des clous en assez grande quantité, des morceaux de fer, et des fragments de meules.

Dans l’angle S.-O., la terre noire était mélangée d’une quantité considérable d’os et de crânes de petits rongeurs. Presque au fond de la fouille fut trouvée une monnaie au type chartrain.

La terre extraite du puits était grise et friable ; à 45 pieds de profondeur, on y trouva un petit morceau marbre poli[2], une bague en cuivre doré avec un chaton composé d’une petite pierre bleue ou verte ressemblant à une turquoise, une monnaie, un morceau de soufre, des bois de cerf, des os, des fers de flèches, etc.


HAUTEURS DES DIFFÉRENTES PARTIES DU CHATEAU


Tour-Ronde[3].


Pour descendre au cachot dit de La Balue, 44 marches ayant en moyenne 0m20. Hauteur totale 8m80
Du bas de l’escalier tournant au sommet de la tour, 108 marches. Hauteur moyenne 0m16. Hauteur totale 17m28
26m08


Le Martelet.


Pour descendre au cachot de Sforza, 40 marches. H. m. 0m22. Hauteur totale. 8m80
Du cachot de Sforza au cachot de Guillemet, 20 marches. H. m., 0m 20. Hauteur totale. 4m
Du cachot de Guillemet au souterrain, 33 marches. H. m. 0m 16. Hauteur totale. 5m28
18m08
Donjon.


Du sol à la porte, 12 marches. H. m. 0m18. 2m16
De la porte au premier étage, 40 marches. H. m. 0m17. 6m80
Du premier au deuxième étage, 44 marches. H. m. 0m15 6m60
Du deuxième au troisième étage, 38 marches. H. m. 0m19 5m22
Du troisième étage au sommet, 28 marches. H. m. 0m16 3m48
24m26


FIN.
  1. Ce sont les armes et le chiffre de Charles IX
  2. Jolie brèche verte nommée par les peintres marbre africain fleuri.
  3. Nos calculs ayant été établis sur la hauteur moyenne des marches, il peut se faire qu’il y ait quelques erreurs dans les hauteurs réelles des bâtiments