Hymne matinal

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Les Ailes d’or : poésies nouvelles, 1878-1880Bibliothèque-Charpentier (p. 133-134).

HYMNE MATINAL

Ô Terre, habitacle éternel
Des choses, qu’à la Mort fidèle,
Le Temps disperse d’un coup d’aile :
Ô terre, habitacle éternel
Des âmes, qu’aveugle en sa tâche,
L’Amour consume sans relâche,
Voici le matin solennel !

Déchire le suaire d’ombre
Où le soir, sur tes flancs lassés,
A couché tes fils trépassés ;
Déchire le suaire d’ombre

Où le soir, sur ton front pâli
A versé le rêve et l’oubli !
Sors du tombeau de la Nuit sombre !

Revêts d’un manteau de soleil
Ton épaule tremblante encore
Des premiers frissons de l’aurore ;
Revêts d’un manteau de soleil
Ton épaule tremblante et nue,
Et, dans l’extase de la nue,
Monte au-devant du jour vermeil !