Invocation à Dieu (Porphyre)

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Les Ennéades de Plotin,
Traduction de M. N. Bouillet
Fragments et extraits de philosophes néoplatoniciens - Invocation à Dieu (Porphyre)


IV. Invocation à Dieu[1].

Père immortel et ineffable, Prophète éternel, Seigneur qui es porté par la voûte éthérée du ciel auquel tu imprimes un mouvement circulaire[2], toi qui des hauteurs où tu as établi le siége de ta toute-puissance vois tout et prêtes à nos prières une oreille bienveillante, écoute tes enfants, que tu as placés ici-bas où tout change sans cesse. C’est au-dessus du monde et du ciel étoilé que réside ta toute-puissance, brillante d’un éternel éclat. Appuyé sur elle et rayonnant de lumière, tu communiques à l’Intelligence infinie la vie qui jaillit de ton sein en fleuve intarissable[3]. Cette Intelligence elle-même enfante l’univers en produisant la matière impérissable, qu’on nomme génération[4] parce que tu l’enchaînes par les formes. C’est ainsi que tu es entouré par les saints rois qui te doivent l’existence[5], ô souverain maître de tous les êtres mortels, ô père des immortels bienheureux. Il y a aussi une autre espèce de rois auxquels tu as également donné naissance, mais qui servent de ministres à ta puissance et à l’Intelligence que tu as enfantée la première. Enfin, tu as produit encore une troisième espèce de rois qui se plaisent, comme tu le veux, à te célébrer chaque jour dans leurs chants et te considèrent face à face. Tu es à la fois le père et la mère pleine de beauté[6] ; tu es la fleur délicate de tes enfants, tu es la forme des formes, tu es âme et esprit, nombre et harmonie[7].

  1. Porphyre, Philosophie tirée des Oracles, livre X, fragment édité par A. Mai à la suite de la Lettre à Marcella, p. 63.
  2. Voy. Plotin, t. I, p. 161.
  3. Voy. t. II, p. 230.
  4. Voy. t. III, p. 248.
  5. Voy. t. III, p. 75.
  6. Voy. Eusèbe, Préparation évangélique, III, 9.
  7. Voy. Plotin, t. III, p. 470 et 527.