Jadis et naguère (1891)/Jadis/La Princesse Bérénice

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Jadis et NaguèreLéon Vanier (p. 103).
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I

LA PRINCESSE BÉRÉNICE


À Jacques Madeleine

Sa tête fine dans sa main toute petite,
Elle écoute le chant des cascades lointaines,
Et dans la plainte langoureuse des fontaines,
Perçoit comme un écho béni du nom de Tite.

Elle a fermé ses yeux divins de clématite
Pour bien leur peindre, au cœur des batailles hautaines.
Son doux héros, le mieux aimant des capitaines,
Et, Juive, elle se sent au pouvoir d’Aphrodite.

Alors un grand souci la prend d’être amoureuse,
Car dans Rome une loi bannit, barbare, affreuse.
Du trône impérial toute femme étrangère.

Et sous le noir chagrin dont sanglote son âme,
Entre les bras de sa servante la plus chère,
La reine, hélas ! défaille et tendrement se pâme.