Jocelyn/Notes de Jocelyn/Note troisième

La bibliothèque libre.
Chez l’auteur (Œuvres complètes de Lamartine, tome 4p. 463).

NOTE TROISIÈME

(DEUXIÈME ÉPOQUE. — Page 131.)

Devant l’abîme ouvert que ces eaux ont fendu,
Mon pied cloué d’horreur s’arrête suspendu…

L’auteur s’est évidemment inspiré ici de la vue de ce magnifique torrent qui descend du lieu appelé le Désert, au village des Échelles. Mais la poésie ni le pinceau n’atteindront jamais à la sublime horreur de ces chutes d’eau qui se sont creusé un lit tortueux dans la pierre, souvent à une profondeur de quarante pieds. Il arrive fréquemment qu’elles percent le rocher, au lieu de le franchir. Des ponts naturels se forment, ainsi, donnant passage aux bergers ou aux chasseurs de chamois. Quand ces ponts s’écroulent sous le choc des eaux ou des avalanches, les habitants des chalets restent séparés du monde jusqu’à l’été. Il y a plusieurs de ces ponts écroulés dans cette partie des Alpes.