Journal (Eugène Delacroix)/13 juillet 1850

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Texte établi par Paul Flat, René PiotPlon (tome 2p. 10-11).

Ems, samedi 13 juillet. — Pris mon premier verre d’eau.

Ouverture de la Flûte enchantée, en plein air, exécutée par un petit orchestre, qui se tient là pour amuser les buveurs d’eau.

L’après-midi, petite promenade vers la hauteur, en passant le pont, et vu le cimetière et l’église. Tout cela est charmant, et pourtant je vis dans l’insipidité[1]. Est-ce que tout cela n’est point fait pour faire éprouver quelque sentiment de plaisir, ou bien est-ce que je commence à être moins susceptible ? Je ne sais comment je vais remplir mon temps. Je n’ai pas de gravures, et n’ai de livres que l’Homme de cour et les Extraits de Voltaire… Je trouverai peut-être à en louer.

  1. Delacroix écrit à Soulier : « Mes mauvais moments ont été dans les promenades à l’usage des promeneurs, parce que j’y rencontrais des faces fardées, habillées, bourgeoises ou aristocratiques, tous mannequins. » (Correspondance, t. II, p. 52.)