Journal (Eugène Delacroix)/14 juin 1855

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Texte établi par Paul Flat, René PiotPlon (tome 3p. 33-34).

Champrosay, 14 juin. — J’étais engagé à dîner aujourd’hui par Rodrigues et Halévy. J’arrive à Fromont après avoir fait une visite à Mme Parchappe. Je ne trouve que la bonne Mme Rodrigues ; ces messieurs sont à Paris et m’y ont écrit ; or je suis ici depuis plus de deux jours.

Me voilà retenu et dînant avec cette bonne dame et des enfants : cela a fini mieux que je ne pensais. Après dîner, grande promenade dans le parc avec le jeune Rodrigues[1], jeune nourrisson de la peinture, suçant le lait de Picot[2], et me fatiguant un peu de sa naïve conversation ; mais grâce à sa bonne volonté, je prends l’air, au milieu des plus beaux arbres du monde. La vue de la Seine, de la terrasse d’en bas, est très belle et a même de la grandeur.

Pendant le dîner la pluie recommence avec fureur. Tout était mouillé pendant notre promenade.

  1. Georges Rodrigues, qui exposa aux Salons annuels de 1874 à 1882.
  2. François-Édouard Picot (178(3-1808), élève de Vincent et continuateur des traditions de David ; il est l’auteur d’un grand nombre de peintures officielles, et décora plusieurs églises, notamment Saint-Vincent de Paul, en collaboration avec Flandrin.