Journal (Eugène Delacroix)/15 janvier 1856

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Texte établi par Paul Flat, René PiotPlon (tome 3p. 126-127).

15 janvier. — Concert Viardot. Magnifique concert : l’air d’Armide. Ernst[1], le violon, m’a fait plaisir ; Telefsen me dit chez la princesse qu’il a été très faible. J’avoue mon impuissance à faire une grande différence entre les diverses exécutions, quand elles sont arrivées à un certain degré. Comme je lui parlais de mon souvenir de Paganini, il me dit que c’était sans doute un homme incomparable. Les difficultés et les prétendus tours de force que présentent ses œuvres sont encore pour la plupart indéchiffrables pour les violons les plus habiles : voilà l’inventeur ! Je pensais à tant d’artistes, qui sont le contraire, dans la peinture, dans l’architecture, dans tout.

  1. Henri-William Ernst (1814-1865), violoniste des plus distingués, qui remporta dans les différentes capitales de l’Europe des triomphes éclatants.