Journal (Eugène Delacroix)/16 janvier 1861

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Texte établi par Paul Flat, René PiotPlon (tome 3p. 426-427).

16 janvier. — Sur Charlet.

En voyant un Empereur à cheval, de lui, pataugeant dans un marais, d’un fini malheureux, en comparaison du sublime Menuet, et autres ouvrages de son premier temps, qui est incomparablement le plus beau, je note qu’un talent n’est jamais stationnaire. S’il se transforme forcément, il n’arrive guère que la naïveté persiste. Racine en est un exemple.

Ce même jour, je mets à côté des plus beaux croquis de Raphaël ce même Menuet. Il ne perd rien. Cela me rappelle la pensée de Montesquieu : « Deux beautés médiocres se défont ; deux grandes beautés se font valoir et brillent à l’envi lune de l’autre. » (Vérifier ces termes.)