Journal (Eugène Delacroix)/1er avril 1824

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Texte établi par Paul Flat, René PiotPlon (tome 1p. 78).


Jeudi 1er avril. — Été le matin avec Champmartin chez Cogniet, où j’ai déjeuné.

J’ai vu le masque moulé de mon pauvre Géricault. Ô monument vénérable ! J’ai été tenté de le baiser… sa barbe… ses cils… Et son sublime Radeau ! Quelles mains ! Quelles têtes ! Je ne puis exprimer l’admiration qu’il m’inspire.

— Vu Fedel chez lui. — Retrouvé Fedel, comme je me disposais à aller voir l’Italiana in Alaeri[1]. Endormi toute la soirée.

— Peindre avec brosses courtes et petites. Craindre le lavage à l’huile.

— Il me survient le désir de faire une esquisse du tableau de Géricault. Dépêchons-nous de faire le mien. Quel sublime modèle ! et quel précieux souvenir de cet homme extraordinaire !

  1. Italiana in Algeri, opéra italien de Rossini.