Journal (Eugène Delacroix)/24 octobre 1848

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Texte établi par Paul Flat, René PiotPlon (tome 1p. 405-406).

Mercredi 24 octobre. — Parti à neuf heures et demie avec Bornot. Pris l’ancienne route d’Ypreville, par le plus beau temps du monde. J’ai parcouru avec bien du plaisir cette route. Revu la futaie à l’entrée d’Ypreville. Embarqué à Alvimare.

Cette route est toute changée depuis trois semaines : tons dorés et rouges des arbres. Ombres bleues et brumeuses.

A Rouen vers une heure, et fait toute la route jusqu’à Paris sans compagnon de route. Avant Rouen, il était venu une délicieuse femme avec un homme âgé ; j’ai beaucoup joui de sa vue, pendant le peu de temps qu’elle a passé dans la voiture.

J’étais assez mal disposé. J’avais déjeuné sans faim, et cette disposition, qui m’a empêché de manger toute la journée, a agi sur mon humeur. Admiré cependant les bords de la Seine, les rochers qu’on voit le long de la route, depuis Pont-de-l’Arche jusqu’au delà de Vernon, ces mamelons presque réguliers, qui donnent un caractère particulier à tout ce pays, Mantes, Meulan. Aperçu Vaux, etc.

Triste en arrivant : la migraine y contribuait. Attendu longtemps pour les paquets. Trouvé Jenny qui m’attendait. Je n’ai pas été fâché de trouver, en arrivant, ses bons soins.