Journal (Eugène Delacroix)/24 octobre 1853

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Texte établi par Paul Flat, René PiotPlon (tome 2p. 256-257).

Lundi 24 octobre. — Travaillé jusqu’à quatre heures ; je ne suis sorti qu’à peine une heure, mais j’en ai joui délicieusement. Descendu par la ruelle, le long du jardin Barbier. Admiré les grands arbres près du bord de la Seine. Mille aspects charmants de la pente de Champrosay, etc.

C’est bien là qu’on sent l’impuissance de l’art d’écrire. Avec un pinceau, je ferai sentir à tout le monde ce que j’ai vu, et une description ne montrera rien à personne.

Le soir, encore vers Draveil ; mais le brouillard s’étendait sur toute la vallée de la Seine, et la lune se levait si tard que je n’ai pu en jouir.

Depuis deux ou trois jours, les journées sont si ravissantes que je passerais volontiers tout le temps à ma fenêtre. Je suis sorti quelques instants par le jardin et j’ai été m’asseoir avec enchantement, sous ce soleil si doux, en face de Trousseau.