Journal (Eugène Delacroix)/5 avril 1852

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Texte établi par Paul Flat, René PiotPlon (tome 2p. 93-94).

Lundi 5 avril. — J’ai été à Saint-Sulpice ébaucher un des quatre pendentifs.

Le soir, en me promenant et un moment avant d’être noyé par la pluie d’orage qui est survenue, rencontré, rue du Mont-Thabor, Varcollier, qui m’a parlé avec horreur des petits échantillons de couleurs de L… à l’Hôtel de ville. Il voudrait que je me constitue le vengeur et le dénonciateur de ses crimes. Je lui ai objecté qu’il faudrait se mettre trop en colère, et que les méfaits nombreux de ce genre auraient dû être réprimés il y a longtemps. Je lui ai cité des ouvrages de ses amis.

Le lendemain de ce jour, mardi 6, en revenant de Saint-Sulpice, entré à Saint-Germain, où j’ai vu les barbouillages gothiques dont on couvre les murs de cette malheureuse église. Confirmation de ce que je disais à mon ami : j’aime mieux les imaginations de Luna que les contrefaçons de Baltard, Flandrin et Cie[1].

  1. Les principes d’esthétique de l’architecte Baltard, qui dirigeait la décoration de Saint-Germain des Prés, le rapprochaient de Flandrin, pour lequel personne n’ignore que Delacroix professait la plus profonde des antipathies.