Journal (Eugène Delacroix)/7 mai 1847

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Texte établi par Paul Flat, René PiotPlon (tome 1p. 309-310).

7 mai. — Reçu une lettre de Mme Sand… La pauvre amie m’écrit la lettre la plus aimable, et son cœur a du chagrin.

— J’ai été voir la figure de Clésinger. Hélas ! je crois que Planche a raison : c’est du daguerréotype en sculpture, sauf une exécution vraiment très habile du marbre. Ce qui le prouve, c’est la faiblesse de ses autres morceaux : nulle proportion, etc. Le défaut d’intelligence comme lignes, dans sa figure ; on ne la voit entière de nulle part.

— J’ai vu le Salon très agréablement, sans rencontrer qui que ce soit. Le tableau de Couture m’a fait plaisir[1] ; c’est un homme très complet dans son genre. Ce qui lui manque, je crois qu’il ne l’acquerra jamais ; en revanche, il est bien maître de ce qu’il sait. Son portrait de femme m’a plu.

J’ai vu mes tableaux sans trop de déplaisir, surtout les Musiciens juifs et le Bateau[2]. Le Christ[3] ne m’a pas trop déplu.

Resté le soir, fatigué, mais point souffrant du tout.

  1. Les Romains de la décadence furent exposés au Salon de 1847 et valurent à l’artiste une médaille de première classe et la croix de la Légion d’honneur.
  2. Voir Catalogue Robaut, no 1010.
  3. Voir Catalogue Robaut, no 996.