Journal (Eugène Delacroix)/8 octobre 1856

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Texte établi par Paul Flat, René PiotPlon (tome 3p. 172-174).

8 octobre. — Nous partons à sept heures pour Givry[1]. Beau soleil ; je fais un dernier croquis du terrain qui monte, de la fenêtre au nord.

Vu La Neuville-au-Bois, pays de La Valette. Vu, j’allais dire revu, Givry !

Ce lieu, que je ne connaissais que par les récits de tous ceux que j’ai aimés, a réveillé leur souvenir avec une douce émotion. J’ai vu la maison paternelle[2] comme elle est, mais, à ce que je suppose, sans beaucoup de changement ; la pierre de ma grand’mère est encore à l’angle du cimetière, que l’on va exproprier, comme on fait de tout. Cette cendre n’aura qu'à déménager, comme les marchands qu’on envoie tenir boutique ailleurs.

Je vois, en arrivant, un vieux Delacroix, en blouse, ancien officier qui, à mon nom, me presse à plusieurs reprises les mains, presque les larmes aux yeux.

Je suis dans une mauvaise disposition de santé, et j’assiste au déjeuner du bon juge de paix sans presque toucher à rien.

L'étang de Givry, etc. ; — la halle, etc.

Nous repartons vers dix heures et demie avec le juge de paix ; nous traversons une partie de forêt.

Vu Le Chatellier, origine des Berryer : c’est là qu'étaient les Vauréal. On me conte leur histoire.

Arrivé à Revigny et parti vers deux heures, seul une grande partie de la route. J’ai beaucoup joui de ce voyage par le beau temps.

Je couche pour la première fois dans mon appartement du premier.

  1. Givry en Argonne.
  2. Le père de Delacroix était né à Givry, le 15 avril 1741.