Journal de Bruxelles (1790-1800)/76-1799

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(No. 76.)
JOURNAL DE BRUXELLES

Sextidi 16 Frimaire an VIII de la république française. (7 Décembre 1799)

Nouvelles de Paris. — Arrêté des consuls qui ordonne la mise en liberté de plusieurs ecclésiastiques condamnés à la déportation. — Approbation de la résolution relative aux acquéreurs des domaines nationaux. — Mesures prises par le général Championnet pour couvrir la ville de Gênes. — Nouvelles diverses.

AVIS.

L’abonnement de cette feuille, qui paroît tous les jours très-exactement, est de 9 francs, par trimestre, pour Bruxelles, et 10 francs 50 centimes, franc de port pour les départemens.


De Paris, le 12 Frimaire (3 décembre 1799).

Les personnes qui désirent écrire aux militaires composant l’armée d’Orient, doivent adresser leurs lettres à Toulon. Le directeur de la poste a ordre de profiter, pour les faire parvenir, de tous les bâtimens qui pourroient partir pour l’Egypte.

Le général Mack et son état-major, doivent arriver ces jours-ci à Paris.

Les années impaires sont des années climatériques en France pour les constitutions. En 89, la constitution monarchique est renversée ; en 91, la constitution décrétée alors est annulée par la révision ; En 93, la constitution mixte est remplacée par une constitution démagogique ; en 95, la constitution directoriale fait disparoître celle de 93 ; enfin, en 97 la loi du 19 fructidor porte une atteinte mortelle à la constitution de 95, qui, en 99, reçoit son coup de mort.

La voiture extraordinairement magnifique et digne d’une entrée triomphale, qu’on a vue dans la rue Monmorency, est une voiture qu’on fait pour le compte de la reine d’Espagne. Tous les arts, il est vrai, semblent avoir épuisé leur industrie pour construire ce char somptueux.

Les meilleurs peintres et les artistes les plus distingués ont été appelés et consultés pour le faire : et ce monument nouveau du goût, de l’élégance française et de la magnificence espagnole, sera dans peu de jours exposé aux regards du public. On porte sa valeur à 200 mille francs.

Si nous en croyons quelques personnes, qui, par leurs relations, doivent avoir des renseignemens certains, dit un journaliste, le projet du code civil présenté à la convention par Cambacérés, et celui présenté au corps législatif par le représentant Guillemardet ; doivent servir de base. Les membres de la section se sont divisé les différentes parties du projet de Cambacérès ; chacun d’eux est chargé de comparer les deux projets, de les réfondre en un seul, d’examiner si tout a été prévu, et de proposer ce qu’il croit nécessaire pour arriver à la perfection. On assure aussi, que Cambacérès, ne dissimulant pas que son projet se ressent un peu des opinions qui dominoient à l’époque où il a été conçu, a proposé lui-même de grands changemens à son ouvrage.

On espère que la soierie va reprendre faveur. Voilà sur quoi cette espérance est fondée : Bonaparte se trouvoit ces jours derniers, au milieu d’un cercle brillant de dames ; elles étoient toutes habillées en blanc ; toutes avoient des robes de mousselines, organdis et autres étoffes de manufacture anglaise. Le consul leur témoigne son étonnement et son déplaisir, de la préférence qu’elles donnent aux marchandises anglaises sur les étoffes de leur pays. On se regarde, on sourit, et aussitôt chacune de ses dames de commander pour cet hiver, douillettes, robes, jupons, spencers et schalls en soie. Si cette mode, vraiement patriotique, peut être suivie dans toute la France, elle peut rendre à la malheureuse et intéressante commune de Lyon, quelques jours de son ancienne splendeur ; et, pour les cœurs honnêtes, cette satisfaction vaut bien celle de porter des marchandises prohibées.

La corvette l’Enfant prodigue, arrivée tout récemment de Saint-Domingue au fort de l’Orient, aura sans doute apporté des nouvelles intéressantes de cette malheureuse colonie. Un grand nombre de bâtimens américains se chargeoient à Saint-Domingue de denrées coloniales, ce qui semble promettre que la culture y est en vigueur, au moins dans certains quartiers. Ces américains ont laissé à Saint-Domingue le germe de la fièvre jaune ; deux cents hommes de l’Enfant prodigue sont morts dans la traversée. Justement alarmée à cette nouvelle l’administration de la commune de l’Orient a interdit toute communication entre la corvette et la terre, jusqu’à ce que, d’après le rapport des officiers de santé, elle soit assurée, qu’il ne reste plus à bord aucune trace de cette affreuse maladie.

L’inaction de Massena, dans un moment où le prince Charles abandonné par les russes, est forcé de dégarnir le centre de son armée pour fortifier les extrémités, semble une nouvelle probabilité en faveur de l’armistice dont on parle depuis plusieurs jours.

CONSULAT.

Arrété du 8 Frimaire an 8 (29 novembre 1799).

Les consuls de la république, chargés spécialement du rétablissement de l’ordre intérieur,

Après avoir entendu le ministre de la police générale, arrêtent ce qui suit :

Art. I. Les arrêtés du directoire exécutif, tant individuels que collectifs, rendus en application de l’article 24 de la loi du 29 fructidor an 5, sont rapportées, en ce qui concerne les prêtres qui se trouvent compris dans l’une des deux classes suivantes :

1o. Ceux qui auroient prêté tous les sermens que les lois ont prescrits aux ministres du culte, et aux époques désignées par ces mêmes lois, et qui ne les ont pas rétractés ;

2o. Ceux qui se seroient mariés.

II. Les prêtres compris dans l’une des deux classes, et qui se trouveroient actuellement détenus, soit à l’isle de Rhé, soit à l’isle d’Oleron, seront mis en liberté, après avoir justifié de leur droit à l’une des exceptions ci-dessus déterminées, pardevant l’administration municipale dans l’arrondissement de laquelle ils se trouvent, et par des certificats authentiques délivrés par les administrations municipales des cantons où ils résidoient lorsque leur déportation a été prononcée, et visées par les administrations centrales de leurs départemens respectifs.

III. Ceux qui se seront soustraits à la déportation, justifieront de leur droit à jouir de cette disposition, pardevant les administrations centrales de leurs départemens.

IV. Les individus désignés dans l’article II, se feront délivrer par l’autorité qui aura reconnu leur droit aux exceptions déterminées article I, un acte authentique qui constate l’application qui leur en aura été faite.

V. Les administrations centrales adresseront au ministre de la police, le tableau nominatif de tous les prêtres mis en liberté ; il sera fait mention, dans ce tableau, du lieu dans lequel chacun de ces prêtres déclarera vouloir fixer sa résidence.

VI. Cet arrêté sera imprimé au Bulletin des Lois ; et le ministre de la police générale est chargé de son exécution.

Signé, Bonaparte, etc.

MINISTERE DE LA GUERRE.

Paris, le 6 frimaire an 8 (27 novembre 1799).
Le ministre de la guerre, aux généraux commandant dans les divisions militaires.

Citoyens, d’inombrables réclamations me parviennent de toutes parts sur tous les points de la république, l’administration militaire est dans un état de désorganisation totale, et les braves que vous commandez, sont par-tout à la veille de devenir la proie des premiers besoins de la vie.

Tel devoit être le résultat infaillible d’un systême d’administration vicieux dans ses principes, et corrompu dans les moyens d’exécution. Depuis mon arrivée au ministère de la guerre, je m’occupe sans relâche de réparer les maux sans nombre qu’elle a causés ; mais c’est un édifice ruiné qu’il faut relever sur des décombres.

J’y parviendrai pourtant ; car telle est la volonté d’un gouvernement ferme, qui ne s’occupe que de la prospérité et de la gloire de la grande nation, qui l’en a rendu dépositaire.

Mais l’exécution ne peut être aussi prompte que la volonté : en attendant l’établissement d’un nouveau systême, il faut pourvoir aux besoins urgens du soldat ; il faut assurer son existence, et même son bien-être. Je charge les commissaires ordonnateurs des guerres, employés dans les divisions que vous commandez, de prendre, de concert avec les administrations centrales des départemens compris dans leurs arrondissemens respectifs, des mesures provisoires pour assurer les différentes parties du service administratif.

Je leur recommande de se ménager des ressources pour tout le mois de frimaire. Veuillez les seconder de votre influence, ou des moyens d’exécution qu’ils concerteront avec vous.

J’espère que du premier au 15 nivôse prochain, nous verrons s’établir un nouvel ordre de choses, aussi satisfaisant qu’il sera durable ; et par lui la patrie commencera à s’acquitter d’une dette sacrée envers ceux de ses enfans qui ne se sont jamais écartés du chemin de la gloire, et qui ont constamment montré le plus de magnanimité et de désintéressement.
Salut et fraternité,

Le ministre de la guerre,
Signé, Alex. Berthier.

COMMISSION DU CONSEIL DES ANCIENS.

Séance du 12 Frimaire (3 décembre 1799).

Depeyre propose d’approuver la résolutions du 8 frimaire, portant prorogation du délai pour le payement des domaines nationaux.

La résolution, dit Depeyre, en généralisant les mesures qui s’appliqueront à toutes les classes d’acquéreurs en accordant un nouveau délai, en déterminant avec précision et clarté les valeurs qui seront employées en payement, donnera de grandes facilités de libération aux acquéreurs qui voudront conserver leurs acquisitions. L’on peut se flatter aussi que le plus grand nombre s’empressera de profiter du bénéfice de la loi, alors le trésor public peut compter sur d’abondantes et promptes rentrées. On en fait monter l’apperçu à 57 millions numéraire. Le ministre des finances en fait un de ses moyens, concurremment avec les subventions de guerre, pour atteindre le nouvel ordre de choses relatif au recouvrement des contributions directes, qui n’aura son exécution qu’en germinal.

La section des finances n’a vu dans la proposition des consuls, dans le systême et le plan de la résolution, que de vues d’ordre et de sagesse. Le nouveau délai accordé aux acquéreurs des domaines nationaux doit être regardé moins comme une faveur que comme un devoir. Cette classe des citoyens a lié irrévocablement son existence à celle de la république ; elle sera dans tous les tems le plus ferme soutien du gouvernement. Il importe donc de lui accorder la plus vaste protection et les plus grands encouragemens.

La commission approuve la résolution. Elle approuve également celle du 9, relative aux contributions de l’an 8.

Au quartier-général à Marseille,
le 29 brumaire an 8 (20 novembre 1799).

Proclamation du général commandant la 8me division militaire.

Citoyens,

Le peuple français, victorieux de la lutte de la liberté contre le despotisme, voulut fixer son indépendance et tous les droits qu’elle lui assuroit, en atteignant le terme et le but de toute révolution.

Deux constitutions républicaines étoient nées du sein des orages : l’une et l’autre avoient pour but le bonheur du peuple ; ni l’une ni l’autre ne l’ont opéré, parce qu’on a vu plus de factieux que de vrais républicains. Chaque faction a eu ses meneurs et son règne ; chaque réaction a eu ses crimes et ses victimes : il n’en faut plus.

Périssent désormais ceux qui veulent substituer la vengeance à l’oubli des torts, la discorde à la tranquillité, l’amour de la richesse à l’amour de la patrie ; ceux qui préfèrent la guerre à la paix ! il est tems que le peuple français repose sur le marbre des lois.

L’époque en est venue. Ce qui a été promis doit se réaliser. Nous touchons au terme des agitations politiques. Les conseils législatifs ont senti la nécessité de confier le salut de la république à ceux qui ont le plus utilement concouru à sa défense et à son affermissement, et comme législateurs et comme militaires. Ils ont nommé magistrats suprêmes ceux qui ont le mieux mérité la confiance nationale : ils ne la démériteront point ; ils ne perdront point à discourir, le tems qu’il faut employer à la république.

Citoyens, lisez leurs proclamations, et ne doutez point de ce qu’elles promettent. Ils ne vous ont jamais trompés. Ils aiment les hommes probes et éclairés ; ils connoissent les sacrifices qu’ils ont fait à la liberté, au triomphe de la philosophie ; ils en furent les émules : aujourd’hui ils en seront encore les guides et les soutiens. Tout ce qui a été fait et sera fait pour la république, aura sa récompense.

Que les malveillans, toujours prêts à s’emparer des évènemens qui pourroient favoriser leurs vues criminelles et contre-révolutionnaires, perdent tout espoir, le triomphe en sera pour les républicains.

Appelés au commandement de la 8e. division, vous me connoîtrez sévère, mais juste ; ami de la patrie, des républicains, et leur zélé défenseur. Je n’examinerai que les actions, et je n’approuverai que celles qui ne sont pas réprouvées par les lois ; j’applaudirai à toutes celles qui seront utiles à la république. Je me dévoue, sans réserve, à la tranquillité, au bonheur de mes concitoyens, et j’espère obtenir leur confiance et leur estime.

St.-Hilaire.

De Nice, le 4 Frimaire (25 novembre 1799).

L’armée d’Italie occupe à-peu-près les mêmes positions qu’elle avoit avant sa réunion avec celle des Alpes. Elle soutient sa ligne depuis la Bochetta jusqu’aux frontières de France. Les autrichiens ont fait une tentative pour s’emparer du Col-de-Tende : mais ils ont été repoussés avec perte. S’ils avoient pu s’emparer de ce passage, qui est presque le seul praticable dans cette saison, ils auroient été à portée de menacer Nice et de couper l’armée française.

Coni est bloqué : les autrichiens font des préparatifs pour en commencer le siége.


De Gênes, le 17 Brumaire (8 novembre 1799).

Depuis hier le quartier-général est dans notre ville. Le général en chef, avec son état-major, a été suivi d’un corps de trois mille hommes, qui gardera les postes importans de l’Eperon et du Diamant. Un autre corps de six mille hommes arrivera incessamment, et se placera à la Madonne du Mont, pour couvrir, dit-on, la ville du côté de Bisagno, qui est le plus foible. Il n’y a cependant nulle apparence que les français se disposent à abandonner la Bochetta, ni que les autrichiens, aujourd’hui maîtres de presque toute la rivière du Levant, s’avancent jusqu’au Bisagno. Les français ont resserré leur ligne, afin d’être en état de la défendre.

Deux vaisseaux russes sont à la vue de Gênes depuis plusieurs jours. Des renforts arrivés à l’ennemi dans la rivière du Levant, ont fait penser que ces vaisseaux et les attaques faîtes aux avant-postes, avoient pour but de favoriser les mouvemens qui se sont manifesté dans Gènes. Mais trois bataillons français, arrivés à propos, ont rétabli le calme dans la ville, et sans doute empêché l’exécution des proiets préparés.

On dit que la nouvelle commission militaire, qui avoit été nommée pour juger les prévenus de contre-révolution, a eu ordre de suspendre ses opérations.


De Florence, le 27 Brumaire (18 novembre 1799).

Son éminence le cardinal Ruffo est arrivé ici le 25. Il repartira dans peu de jours pour se rendre à Venise et y assister au conclave.

Avis officiel publié par ordre de M. le général-major comte Palfy, commandant ad interim de la Toscane et de la Romagne.

« On s’empresse d’annoncer aux habitans de la Toscane, que M. le F. M. L. baron de Frolich, a contraint, après un feu de 48 heures des plus vifs, la place maritime d’Ancône à se rendre par capitulation. En vertu de l’acte qui a été conclu, toute la garnison, savoir : le général de division Monnier, 6 généraux chefs de brigade, 225 officiers de l’état-major et autres, et 2,599 bas-officiers et soldats, sont considérés comme prisonniers de guerre jusqu’à leur échange. La conquête de cette place importante nous a mis en possession de 585 canons, 3 vaisseaux de ligne, 3 chaloupes canonières, 9 bricks et un bâtiment corsaire, outre une grande quantité de munitions de guerre et de bouche. »

De Lausanne, le 2 Frimaire (23 novembre 1799).

Quelques corps de troupes françaises sont déja arrives de l’armée d’Italie dans le canton de Leman, et nous attendons encore 12 à 15 mille hommes, dont ont ignore la destination. On présume seulement qu’ils vont rejoindre l’armée de Massera.

De Berne, le 2 Frimaire (23 novembre 1799).

Le canton de Waldstetten continua d’être l’objet des tributs de la bienfaisance. Les communes de Malhausen et de Markirch, dans le Haut-Rhin, ont aussi envoyé, à ses infortunés habitans, des secours de toute espèce, de l’argent, des vêtemens, de chariots chargés de bled et de légumes, etc.

De Bâle, le 4 Frimaire (25 novembre 1799).

Le citoyen Jenner qui est parti le 1er . de ce mois pour Paris, où il a à remplir auprès des consuls une commission très délicate, a emmené, comme secrétaire de sa légation, le citoyen Fornerod, secrétaire-rédacteur du directoire républicain, qui voile des principes austères sous des formes aimables.

Il ne faut pas regarder comme l’expression des vœux du peuple, l’adresse populaire dans laquelle on applaudit à la conduite du géneral Massena, à l’égard des villes de Zurich et de Bâle, et on blâme amerement celle de notre directoire. La verité est que cette adresse est l’ouvrage d’une vingtaine d’anarchistes, qui, comme ailleurs, usurpent le nom de patriotes.

De Zurich, le 4 Frimaire (25 novembre 1799).

Les barques qu’on a prises sur notre lac, et qu’on faisoit transporter vers les bords du Rhin, ne sont pas destinées, comme on l’avoit cru, à seconder un mouvement militaire sur ce fleuve. Il est seulement question de les opposer à la flottille de William, qui est sur le lac de Constance avec deux ou trois mille hommes, et qui pourroit, si on ne la surveilloit pas, opérer tout à coup un débarquement sur notre territoire.

Le genéral Massena est toujours ici. S’il médite quelque opération, son secret est bien gardé. En général, les événemens des 2 8 et 19 brumaire ont été reçus par les Helèvetiens, avec tout l’enthousiasme dont ce peuple sage et Calnie est capable. Ils espèrent rétablir, à l’exemple des français l’ordre dans leur administration, et expulser des places ceux qui ne sont pas faits pour les occuper.


De Leyde, le 9 Frimaire (Leiden, le 30 novembre 1799).

Le citoyen van Dedem tot de Gelder, fils de notre ambassadeur près la Porte ottomane, et qui lui-même a déja rempli plus d’une mission dans l’étranger, a été nommé, par le directoire batave, commissaire pour l’échange de nos prisonniers en Angleterre : le cit. C. Apostool, commissaire au bureau de la marine, l’accompagnera comme secrétaire ; et, partis le 6 au soir de la Haye pour leur destination, il doivent faire le trajet à bord du brick national le Furet.


De Londres, le 30 Brumaire (21 novembre 1799).

Jamais il n’étoit sorti autant de vaisseaux de notre port que pendant les quinze jours qui ont précédé le 23 de ce mois. La plupart partoient pour les Indes occidentales et étoient richement chargés.

Sept cents hommes des gardes, arrivés de Hollande, ont fait ici leur entrée il y a quelques tours. Leur extérieur annonce assez que leur expédition a été aussi fatigante que peu glorieuse. Deux bâtimens de transport, chargés de blessés, sont arrivés à Harwich. Ils étoient partis du Helder e le 12 de ce mois. Plusieurs points de nos côtes occidentales attestent les funestes résultats de la sublime conception de M. Pitt. Les hôpitaux de Yarmouth sont pleins de malades et de blessés russes.

Notre département des affaires étrangères est depuis quelque tems très-activement occupé. Il en part chaque jour des courriers qu’on dit porteurs des dépêches trés importantes. Loin de songer à la paix, notre cour semble occupée de tous les moyens propres à resserrer, et même a étendre les liens de la coalition, tandis que, si l’un en croit nos papiers, la France fait tous ses efforts pour en détacher une puissance principale et cherche à la séduire par des propositions très avantageuses.


De Francfort, le 3 Frimaire (24 novembre 1799).

On a toujours de la peine à concilier le départ de Suwarow, que la plupart des gazettes assurent devoir remener son armée en Russie, avec les nouvelles qu’on reçoit de la Russie et de tout le nord de l’Allemagne. Les dernières qui nous sont parvenues de ces diverses contrées, ne parlent que des préparatifs extraordinaires qu’on fait soit en Russie, soit en Autriche, pour se mettre en état de soutenir la guerre ; et si ces dispositions, qui ne sont souvent que les préliminaires d’une paix plus favorable, ne prouvent point en effet une intention réelle de continuer la guerre, elles ne sont pas non plus un acheminement à cette paix dont on parle tant aujourd’hui en Allemagne. On a peine à concevoir en effet, qu’au moment d’ouvrir des négociations, et où il seroit nécessaire de déployer des forces imposantes devant un ennemi vainqueur, Suwarow découvrit par sa retraite une partie de l’Allemagne et abandonna l’armée alliée déja trop faible en lui enlevant 50,000 hommes. Quelques personnes en avoient conclu que la retraite prétendue de Suwarow n’étoit qu’un mouvement simulé. Mais il paroît difficile de tenir aujourd’hui à cette opinion ; et l’ordre qui vient d’être notifié à tous les émigrés de quitter la Souabe et l’Autriche antérieure, ordre qui, dit-on, va s’étendre à un plus grand nombre d’états, prouve assez que les russes, leur unique appui, vont absolument abandonner l’Allemagne.

On ne peut se persuader que le général Suwarow prenne sur lui cette retraite et que sa haine pour l’archiduc le fasse partir sans autorisation de sa cour. La seule conjecture raisonnable que nos politiques tirent de ces diverses considérations, est que l’Autriche jointe à la plupart des états de l’Empire, auroit reçu ou proposé des négociations de paix avec la république, auxquelles la Russie ne voudroit prendre aucune part et qu’elle auroit donné l’ordre à ses troupes de se retirer, pour ne point autoriser par leur présence des négociations et une paix que l’empereur russe désaprouve.


De Rastadt, le 8 Frimaire (29 novembre 1799).

Nous recevons à l’instant une nouvelle très-importante. Les lettres d’Augsbourg, de Stuttgard, de Munich et de Francfort, s’accordent à assurer qu’il est arrivé de Pétersbourg à Augsbourg quartier-général de Suwarow, un courier extraordinaire apportant aux troupes russes l’ordre positif de retourner de suite en Russie, attendu qu’il ne vouloit pas servir des ingrats. Aussitôt après l’arrivée de ce courier, les généraux russes ont eu une longue conférence à Augsbourg, et y ont, assure-t-on, décidé que l’armée partiroit le 14 frimaire pour la Russie, en passant par la Bavière, l’Autriche, la Moravie et la Galicie. Le corps de Condé étant incorporé dans l’armée russe, retourne en Volhinie. On ne croit que l’électeur de Bavière laisse ses troupes dans la coalition ; on dit qu’il va les retirer dans ses états. L’Autriche se trouve dans la plus grande perplexité par cette retraite subite, qui sans doute la forcera à accélérer la paix.


De Stockholm, le 24 Brumaire (15 novembre 1799).

Le roi vient faire confisquer un écrit intitulé : « Essai sur les moyens de rétablir l’ancienne monarchie de France, et de la consolider pour l’avenir. » Cette démarche est la meilleure réplique qu’on puisse faire à ceux qui se plaisoient à compter la Suède parmi les puissances coalisées.


De Pétersbourg, le 18 Brumaire (9 novembre 1799).

La céremonie de mariage du prince-héréditaire de Mecklembourg-Schwerin avec la grande duchesse Hélène a été célébrée le 1er . de ce mois, et le 8 s’en est ensuivie celle du mariage de l’archiduc palatin de Hongrie avec la grande-duchesse Alexandre Pawlowna. — Les négociations avec la cour de Munich at sont heureusement terminées. Le nouvel électeur de Bavière avait, envoyé ici à cet effet le prince de Birckenfeld, duc de Bavière, son cousin, qui jouit de toute sa confiance. Ce négociateur illustre vient de quitter le château de Gatschina très-content du résultat de son voyage. Notre empereur l’a décoré du premier ordre de Russie, celui de Saint-André, et lui a fait des présens d’une très-grande valeur. Le ministre bavarois, baron de Rechberg, conseiller privé de l’électeur, a reçu la grande croix de l’ordre de Sainte-Anne.


Constantinople, le 7 Brumaire (29 octobre 1799).

Suivant les dernières nouvelles de la Syrie, le grand-visir se dispose à lever son camp de Damas pour passer en Égypte ; l’armée sous ses ordres est de 50 mille hommes. Il paroit que l’on doit attribuer le retard qu’a éprouvé sa marche, au manque de divers objets d’approvisionnement et des charrois nécessaires pour traverser le désert ; la Porte s’est empressée de les lui faire passer. [ C’est sans fondement, comme l’on voit, qu’on avoit annoncé qu’il y avoit eu une action entre l’avant-garde de l’armée du grand-vislr et les français.]

Il ne s’est rien passé en Égypte depuis la prise d’Aboukir. Le commodore sir Sidney-Smith est toujours en Chypres où il attend le renfort de vaisseaux turcs qui ont fait voile des Dardanelles il y a quelque tems. Le blocus d’Alexandrie par mer a été repris instantanément.

Ces jours derniers l’internonce impérial a eu une conférence à Bebeck avec le reiss-effendi. On croit qu’elle a été relative au sort des prisonniers français, que le renvoi du chargé d’affaires d’Espagne a privés de leur supplément des subsistances. On prétend que M. le baron de Herbert à consenti à leur accorder cette espèce de protection commisérative. Le lendemain, il s’est rendu à Pera, où il a assisté avec tous les ministres étrangers à un Te Deum qui a été chanté dans l’église de Ste.-Marie, à l’occasion de la fête de sa majesté l’empereur, et pour le succès remportés par l’archiduc Charles et le maréchal de Suwarow.


POSTE DU MATIN

De Ratisbonne, le 7 Frimaire.

On vient de publier la marche-route de l’armée russe. La colonne de droite sous les ordres du général d’infanterie Rosenberg, a dû se mettre en marche le 4 des environs d’Augsbourg, en deux divisions commandées par les généreux Korsahow et Fersen : elle traversera la Bavière et se dirigera sur Braunau, Lintz et Brunn. Le corps de Condé fait partie de cette colonne.

La colonne de gauche sous les ordres du général de cavalerie Derfelden, s’est ébranlée en quatre divisions, commandées par les généraux Gortschakow, Koslow et Pribichewsky ; elle a dû arriver le 5 à Aicha, d’où elle se dirigera sur Ratisbonne, Pilsen et Prague.

Le prince Constantin de Russie, est parti d’Augsbourg le 6, et a passé le 7 à Bamberg, allant à Cobourg.


AVIS.

Très-belle et spacieuse ferme, bâtie en briques, nommée het hof Betteghem, située sous la commune de Zellick, avec 71 bonniers 21 verges de terre et prairies, à louer publiquement pardevant l’administration municipale du canton d’Assche, le 29 du courant mois : aux clauses et conditions, a voir au secrétariat de ladite administration, ainsi qu’au bureau des domaines à Assche.

J. Delmotte, ancien faiseur et ajusteur sermenté des poids et balances, demeurant Fossé aux Loups, section 5, No. 694, informe le public, qu’étant chargé d’étalonner et jauger aussi les poids merciers de Bruxelles, ceux que la chose concerne, sont invités de s’adresser chez lui, afin d’éviter d’encourir l’amende portée dans les lois et arrêtés qui ordonnent cette mesure de police.

Il prévient aussi qu’il continue de vendre comme par le passé, et à juste prix, les véritables poids d’aphoticaires, les poids de marctant de Paris que d’ici, les poids de diamans les poids et balances pour peser toutes les espèces d’or monnoyé, tant en trébuchets que séparement, les poids du louis neuf, le nouveau poids de kilograme divisé, la nouvelle mesure linéaire du mètre divisé, les poids de fil et autres poids merciers, jusqu’à celui de 100 livres inclus, le poids d’Anvers etc., et toutes espèces de balances fines pour peser les matiéres d’or et d’argent, et autres pour peser les denrées et marchandises jusqu’à 4000 livres et au-delà, ainsi que des balances à la romaine, servant à peser sans poids etc.

À vendre à la chambre d’Uccle, une belle maison toute meublée avec boiseries, trumeaux, miroirs, alcove et jardin, etc., située en cette commune de Bruxelles, en entrant la ci-devant place de St.-Michel, présentement place de la Blanchisserie, en face de la rue des Boiteux, occupée par le citoyen Goubeau, No. 593, section 3 : cette maison se vendra avec paumée et hausses, en 4 jours de séance, dont la mise-à-prix se fera le 22 nivôse, et la vente absolue le 2 pluviôse an 8.


Change d’Anvers, du 14 Frimaire an 8.

Paris à court 56 1/16 à 1/8.
Idem à 2/m 55.
Hamb. à court 36.
Amst. court à c. 101 1/4 à 100 dis.
Idem. à 2/m 102 à 100 3/4 dis.
Rotterdam 101 1/4 à 100 dis.
Idem. à 2/m 101 à 100 3/4 dis.
Bruxelles 1/4 perte.
Gand 1/4 perte.
Bruges 1/4 perte.

SPECTACLE.
Theatre de la Monnoye.

Aujour., le Complot inutile, comédie en trois actes, du citoyen Patrat, dans laquelle l’auteur jouera le principal rôle ; précédée de Robert le bossu, comédie mêlés de chants ; terminée par les Deux Avares, opéra en 2 actes. — Demain, la première représentation des Deux Grenadiers, comédie en 3 actes, du cit. Patrat, et la seconde représ. de la Forée Noire, grande pantomime en trois actes. — Incessamment, la première représ. des Apparences, comédie en 5 actes du cit. Patrat. — En attendant Mr. de Bièvre, l’Enfant du Bonheur et le souper de Famille.