Jupes troussées/2-1

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Texte établi par Société des bibliophiles cosmopolites. Éditeur scientifique, Imprimerie de la société cosmopolite (p. 85-93).

Jupes troussées, Bandeau de début de chapitre
Jupes troussées, Bandeau de début de chapitre



Extraits des mémoires du R. P. Chapelain de l’abbaye de Thétieu (1780 – 1788), copiés textuellement sur les souvenirs écrits de sa main, trouvés dans son secrétaire après sa mort.


I



D eux tendres novices embéguinées depuis six mois, sœur Véronique et sœur Gudule, la première, une mignonne blonde de dix-neuf ans, la seconde, une belle brune de vingt ans, ont fait un accroc à leur robe d’innocence. On les a trouvées la nuit dernière, toutes nues dans la même couche, occupées à égrener, sous leurs doigts agiles, le chapelet de Cythère.

Elles vont expier leur tendre péché, dans la tenue où elles l’ont commis ; elles doivent être fouettées jusqu’au sang, le châtiment ne devant prendre fin, que lorsque chaque fesse aura purgé la dette, par l’effusion de quelques larmes de sang. Pour que la correction dure plus longtemps, et que le souvenir en soit plus durable, sœur Sévère qui doit l’administrer, s’est munie, sur l’ordre de la mère abbesse, d’un martinet composé d’un manche de bois, auquel sont attachées douze lanières de cuir souples et minces, qui n’entament la peau qu’à la longue, quand elle est échauffée par une sévère fustigation. Les coupables, quand elles subissent le châtiment ensemble, restent souvent une heure sur la sellette, avant d’avoir expié leurs péchés conformément à la règle.

La jeune mère abbesse, après avoir donné ses ordres au bourreau femelle, qui les exécutera à la lettre, vient me retrouver dans la cellule qui donne, par une porte vitrée, dans l’oratoire qui sert de salle de discipline.

Dans l’oratoire, les professes réunies, sont assises dans leurs stalles. Deux d’entre elles, après avoir dépouillé les deux novices de tous leurs vêtements, aident à les installer de manière que le bourreau puisse les châtier simultanément. La brune Gudule, agenouillée sur la marche d’un prie-Dieu, est attachée par le milieu du corps, au moyen d’une courroie, et par les jambes à deux anneaux de fer, pour qu’elle ne puisse pas tenter de se dérober à la correction ; on hisse la blonde Véronique à cheval sur la croupe de Gudule, attachée elle aussi, pour qu’elle ne puisse pas se défendre.

Quand les deux étages de postérieurs sont installés, les deux croupes l’une au-dessus de l’autre, immédiatement voisines, offrant une vaste surface aux caresses du martinet, les deux professes regagnent leurs stalles, et sœur Sévère prend l’instrument du supplice.

De notre cachette, la mère abbesse et moi, nous suivons attentivement les préliminaires. Les deux culs, l’un sur l’autre, tout les deux d’une vaste envergure, mais de ton différent, offrent un charmant contraste ; celui de la brune novice est d’une neige éblouissante ; celui de la blonde semble pétri de lis et de roses. Entre les cuisses écartées de Gudule, au milieu d’un fouillis de frisons noirs, on distingue les lèvres vermeilles resserrées ; sous les fesses de Véronique on aperçoit à peine un coin de la fente, tout près du petit trou noir, bien en évidence au bas de la raie élargie par l’écartement des fesses.

La nonne brandit le martinet, et commence la flagellation en partie double. C’est d’abord le blanc postérieur qu’elle vise, et après quelques légers coups adroitement distribués sur toute la surface, elle lui a donné la couleur rose tendre de son voisin d’en haut, sans que Gudule ait manifesté la moindre émotion, car ses belles fesses n’ont pas remué. Maintenant elle va d’un derrière à l’autre ; les lanières retombent plus fort, les fesses s’agitent, le satin rougit, et les tendres sœurettes font entendre des gémissements plaintifs. La flagellation s’accentue, le derrière d’en haut saute sur la croupe d’en bas, dont les globes s’écartent, se resserrent, se lèvent, montrant dans toute sa longueur, la fente du centre des délices.

L’abbesse, qui a fini depuis longtemps son examen de conscience, veut que je l’absolve sur-le-champ. Pour que le confesseur et la pénitente ne perdent aucun détail de la scène qui se déroule dans la salle de discipline, je m’agenouille derrière la pénitente, et la tête sur son épaule, je me mets en devoir de la confesser, en gardant sous les yeux le spectacle salutaire de la punition des pécheresses.

Sœur Sévère cependant fouette sans rémission les deux croupes superposées, qui sont maintenant d’un beau rouge pourpre, tandis que les victimes montent la gamme des lamentations, y mêlant des sanglots étouffés. Mais le bourreau, insensible à leurs plaintes, continue sans sourciller la flagellation alternative, sur les deux étages des derrières fumants, tout en l’accompagnant d’une touchante homélie.

« Flic, flac, aimable Véronique ; flic, flac, charmante Gudule ; la clémence de notre bonne mère vous épargne les atteintes cuisantes de la sainte verge. Flic, flac, ces indulgentes lanières, flic, flac, sont pour des châtiments enfantins. Flic, flac, flic, flac, vous geignez pourtant, comme si on vous écorchait. Que serait-ce donc si c’était Hache-cuir, la bien nommée, qui dans deux minutes met en compote le cul le plus dur ? Flic, flac, tendres novices, gardez donc, flic, flac, quelques larmes pour l’apothéose ; flic, flac, ceci n’est que le prélude, flic, flac, bien indulgent, mes mignonnes. Flic, flac, flic, flac, tenez ceci vaut mieux je crois, flic, flac, flic, flac, flic, flac. »

En ce moment je donnais l’absolution à la tendre pénitente, qui resta un moment plongée dans une extase contemplative. Dès qu’elle est revenue à elle, elle se rappelle qu’elle a oublié quelques fautes graves, et elle veut recommencer une confession incomplète. Je prends le temps de souffler, et après deux minutes passées dans la contemplation salutaire de la discipline, je suis de nouveau disposé à remplir les douces obligations de mon saint ministère. La pénitente, toujours agenouillée devant moi, recommence le confiteor.

Sœur Sévère poursuit la flagellation, sans montrer la moindre fatigue, et reprend aussi ses exhortations. Elle dirige de temps en temps les coups sur les parties coupables, atteignant facilement celles de Gudule, que les lanières longues et flexibles enveloppent en se repliant sur le ventre, laissant les bords sanguinolents et enflammés, quand elle les quitte, pour cingler la fente de Véronique, qu’elle ne peut atteindre, qu’avec les pointes, car la tendre novice reste collée sur les reins qui la supportent. « Flic, flac, punissons ce grand coupable, dit en même temps la fouetteuse ; flic, flac, qu’il expie ses honteuses faiblesses. Flic, flac, flic, flac, ceci vous cuit un peu, flic, flac, flic, flac, aie, aie, ah ! vous sentez les piqûres ! Flic, flac, flic, flac, vos tendres fesses, mes bonnes sœurettes, rougissent de honte, flic, flac, elles sont d’un beau vermillon. Flic, flac, vous en aurez, mes poulettes ; flic, flac, vous en aurez jusqu’à demain. Flic, flac, vous vous remuez, tendre Véronique, comme si vous aviez des fourmis sous la peau ; flic, flac, vous sautez, belle Gudule, flic, flac, vous remuez votre fardeau comme un prunier. Flic, flac, flic, flac, vous vous démenez comme des diablotins dans de l’eau bénite ; flic, flac, flic, flac, et vous criez, comme un chat qu’on écorche. Flic, flac, flic, flac, vous n’avez pourtant pas fini, mes charmantes de vous secouer et de hurler ; flic, flac, flic, flac, flic, flac. »

La mère abbesse, toujours oublieuse de quelque faute, recommençait une troisième confession, qui menaçait d’être plus longue que les autres, car le confesseur pour la mener à bien, obligé de prendre des détours, poussait fort loin ses investigations dans la conscience de sa pénitente, qui se laissait fouiller jusqu’aux replis les plus intimes.

Sœur Sévère, redoublant de fureur, cinglait rageusement les deux derrières cramoisis, alternant les coups, fouaillant les chairs palpitantes, qui tremblaient de douleur et d’effroi. Les deux mappemondes fumantes, luisant comme des tisons incandescents, semblaient devoir éclater à chaque instant. La flagellation dura encore un quart d’heure administrée avec la plus grande sévérité ; la peau se soulevait en cloques livides. Sœur Sévère se taisait, les deux novices hurlaient à l’unisson, leurs culs meurtris bondissaient d’une façon désordonnée. Enfin, à un coup appliqué avec rage, la fesse gauche de Véronique se teint de sang ; les lanières retombent avec fureur sur la fesse droite de Gudule, entamant les chairs ; le troisième coup fend la peau de la fesse gauche, et le dernier coup, appliqué avec un han furieux, que pousse le bourreau, déchire la fesse droite de Véronique d’une ligne sanglante, au milieu des hurlements déchirants des deux patientes.

En ce moment l’abbesse enfin purifiée de toutes ses fautes recevait l’absolution pour la troisième fois. On ne confesse jamais aussi volontiers, ni aussi longtemps, que lorsque l’on a sous les yeux le spectacle édifiant de la rémission des péchés par la discipline.